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1912Tout le monde connaît désormais le “général” Abdul Hakim Belhadj, commandant des forces armées rebelles, dans tous les cas à Tripoli, maître d’œuvre de la prise de Tripoli, homme fort manifestement des forces armées ex-rebelles et libyennes officielles de la Libye new age… Qui plus est et particulièrement, ex-proche d’al Qaïda, sinon al Qaïda lui-même dans le temps, et torturé dans les années 2004-2006 par la CIA, avec des interférences du MI6 britannique et des services secrets et également tortureurs du colonel Kadhafi. Belhadj, qui garde un souvenir cuisant de ses rencontres avec la CIA et les amis, a été particulièrement ulcéré d’apprendre les nouvelles fraîches sur les liens entre le couple CIA-MI6 et Kadhafi, et l’intense coopération entre eux pour monter, notamment et entre autres gâteries, une campagne de torture contre lui-même.
…Belhadj a donc confié au Guardian, ce 5 septembre 2011, son intention de demander des excuses officielles aux USA et au Royaume-Uni, ou bien son intention d’envisager de porter plainte, – sans autre précision… (Contre qui ? La CIA et le MI6 ? Les USA et le Royaume-Uni ? Belhadj va-t-il faire en sorte que des hommes de la CIA et du MI6 se retrouvent, aux côtés d’hommes du régime de Kadhafi, devant une législation internationale, par exemple à La Haye.)
«One of Libya's senior rebel commanders has demanded an apology from the British and American governments following the discovery of secret documents which show that MI6 and the CIA were involved in a plot that led to his capture and torture. Abdul Hakim Belhaj, the security commander in Tripoli, told the Guardian he is considering suing over the episode, which raises further damaging questions over Britain's knowledge of the rendition and ill-treatment of prisoners.»
De son côté, Kim Sengupta, de The Independent, nous fait profiter, le 5 septembre 2011, de ces dernières trouvailles, également nouvelles fraîches du domaine… A savoir, comment le MI6, en coopération avec la CIA et (un peu) la DGSE française, passa de longues années à protéger Saif Kadhafi, fils du colonel, des complots montés contre lui par une cellule terroriste, type-al Qaïda, qui était menée par le ministre de l’intérieur du gouvernement du Quatar, en 2003 lorsque se déroulait cette campagne. Ainsi tout cela suit-il un ordre logique puisque, aujourd’hui, le MI6 et ses amis de la CIA et de la DGSE, sont à “la chasse au Saif”, le même fils de Kadhafi qui fut couvert de fleurs et de protection pendant des années, par ces mêmes services, contre les menées terroristes conduites par au moins un ministre du gouvernement du Quatar ; et cette “chasse au Saif” d'aujourd'hui conduite conjointement avec le Quatar, principal allié arabe des pays de la vertueuse coalition otanienne.
«British intelligence and Scotland Yard were involved in an international operation to protect Saif al-Islam, the son of Muammar Gaddafi, from an Islamist plot to assassinate him on British soil, secret files discovered by The Independent have revealed. The British intelligence services suspected that the plot was linked to Qatar, currently the West's foremost Arab ally against the Libyan regime.
»MI6 and the SAS are now involved in the hunt for Saif, along with other members of the Gaddafi family who remain elusive in the endgame of the Libyan civil war. The dictator's son has been condemned by the Prime Minister, David Cameron, and Nicolas Sarkozy, the French President, for his part in the brutal crackdown which followed the February revolution and for which he faces war-crimes charges.
»But, in the past, MI6 urgently contacted its French counterparts after Libyan authorities reported that a terrorist cell linked to the Gulf state of Qatar was planning the attack from Paris. The French told UK officials at the time that “the Qatari Interior Minister was known to be an Islamist extremist sympathiser”.
»No evidence was presented to back up the charge. But, in 2003, the same minister was likewise believed by members of the US intelligence community to have links to al-Qa'ida. In a Los Angeles Times report in March of that year, Sheikh Abdullah bin Khalid al-Thani was said to have sheltered terrorists at his farm. Richard Clarke, a former White House counterterrorism director, said that his role as security chief inside Qatar presented a serious danger to US forces posted there. Qatari officials did not comment on the claims.
»Seven years on, Qatar is now one of the largest funders of the Libyan opposition who are forming the new government in Tripoli after overthrowing Muammar Gaddafi. Qatar is also a conduit, it is claimed, for supplying Western arms to the rebels…»
…Et ainsi de suite, poursuivrions-nous. Le désordre libyen est bien, semble-t-il, d’abord et avant tout, l’extraordinaire bordel américaniste-occidentaliste, entre terroristes et non-terroristes, les uns et les autres se mélangeant, dictateurs diaboliques et quasi-hitlériens et loyaux et vertueux alliés de l’Occident et de sa civilisation, l’un et l’autre se mélangeant, entre services de renseignement, torture et coopération, trahisons et retournements de veste. Il y a beau temps qu’il ne s’agit plus de renseignement, ni même d’“espionnage”, ni même d’agent double ou d’agent triple, mais de désordre absolu dans ces activités parallèles, qui sont menées par le bout du nez par les écarts et les soubresauts extraordinaires d’une “politique” anti-terroriste définie selon les analyses des services de communication liées aux directions politiques et influencées de main de maître par des stratèges de l’école-BHL. Il n’y a plus aucune logique de renseignement dans ces changements de côté et ces retournements de veste, mais bien le renseignement mis au service des caprices d’une évaluation “politique” uniquement et exclusivement faite, désormais, en fonction des impacts de communication par rapport aux dirigeants politiques, sans plus rien de haute politique et de vision élargie aux réalités du monde.
En principe et quant aux modalités qu’on se glorifie d’habitude de juger avec un certain cynisme, celui que mérite la politique du bloc américaniste-occidentaliste, il n’y aurait rien précisément pour nous étonner dans ce tourbillon de contradictions et d’errements politico-communicationnels. Mais non, quelque chose nous arrête et nous étonne tout de même : la chronologie et la puissance de communication des “fuites”, le caractère des “fuites”, sous la forme de documents écrits, secrets mais quasiment officiels, retrouvés dans des lieux où l’on savait évidemment qu’on trouverait beaucoup de ces documents écrits et secrets, particulièrement agaçants s’ils sont rendus public ; le fait que tout cela apparaisse aussi violemment en pleine lumière et au grand jour, alors que les divers acteurs de la pièce informe en cours sont encore en place, ou en position de responsabilités, en général dans des rôles à contre-emploi. Là où nous commençons à être vraiment étonnés, c’est de voir les risques pris à laisser toutes ces révélations prendre la poudre d’escampette et aller vers des médias de grande diffusion, sans que des équipes ad hoc de ces fameux services du bloc BAO ne se soient chargées de faire main basse sur ces documents, pour qu’ils n’atteignent pas le domaine public.
Certes, il y aura sans doute des explications, des batailles autour de ces révélations qui ridiculisent encore plus qu’elles n’accusent, alors qu’elles accusent déjà beaucoup. Mais l’essentiel du mal est fait, avec le passage de ces documents dans le circuit public de la communication. On est alors obligés de constater qu’à côté des divers comportements détestables de tous ces services désormais complètement affiliés au Système, l’un commence à s’affirmer de plus en plus ; il s’agit de l’incompétence, sinon de la stupidité ; ou bien s’agit-il, de façon encore plus inquiétante (pour le Système, pas pour nous), d’indifférence, d’irresponsabilité, de désintérêt découragé pour le suivi des affaires diverses, parce que ces “affaires diverses” reflètent le cynisme, l’aveuglement, l’incompétence (le mot est à a sa place, à ce point) des directions politiques qui, justement, changent de politique comme on change de sondage pour se voir confirmé dans une bonne position électorale… Par dessus tout cela, une immense et intense impression de voir une énorme machine tourner à vide, sans but ni dessein, bouleversant tout autour d’elle, rendant les êtres stupides et irresponsables, sans rien mesurer, fermée à tout enseignement de la vérité du monde.
Mis en ligne le 5 septembre 2011 à 13H43
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