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21421er février 2018 – Parmi les journaux “globalistes” les plus influents et les plus acceptés comme “passeurs de consignes” du grand courant qu’ils représentent, on trouve à peu près ex-aequo The Financial Times (FT) et The Economist. Le second, encore plus que le quotidien couleur-saumon parce qu’il a l’ampleur de vue de la semaine écoulée dans un temps où le Temps se contracte et où l’Histoire accélère, a la tâche implicite d’exposer et de détailler pour information impérative à qui de droit, les grandes stratégies en cours ou sur le point d’être lancées, ou qu’il importe de lancer, – et dans tous les cas qu’il importe de suivre sans discussion.
Plus que jamais dans notre époque toute entière inspirée par The Masters of Universe qui nous montrent chaque jour leur considérable subtilité et leur extrême sens du bien des choses et du monde, cet hebdomadaire britannique créé au temps de la splendeur victorienne est resté ce qu’en disait Karl Marx il y a 150 ans, “l’organe européen de l’aristocratie [anglo-saxonne et donc mondiale/globale] des finances”. Par conséquent, on s’attachera avec le plus grand intérêt à son numéro du 25 janvier 2018, dont le thème général traité comme un “numéro spécial” qui désigne un sujet d’une importance considérable, est désigné sous le titre catégorique de “The Next War”.
(L’on remarquera, en matière d’ironie un peu grinçante et pas vraiment rassurante, que le titre “La Prochaine Guerre” aurait trouvé un rythme dynamique plus tendance, et plus conforme à leur philosophie orwellienne du type “destruction-entropisation = renaissance-hypermodernité”, sous la forme ”d’un titre tel que “La Guerre à venir, très-très vite”, ou quelque chose dans ce sens. Tout le numéro, toutes les phrases, derrière le vernis du pseudo-style fabien-postmodernisé, ce pataquès suffisant et arrogant, dégage un irrésistible “besoin de guerre” comme un besoin urgent, cette sorte d’éjaculation en attente, trop longtemps comtenue et brimée. Ces zombies-Système de “l’aristocratie des finances” ne vivent complètement immergés, dans leurs fantasmes où le gentil très-puissant l’emporte toujours sur le puissant qui-s’est-cru-puissant, que pour cette perspective.)
C’est un article de WSWS.org du 29 janvier 2018 qui rappelait cette appréciation de Karl Marx, qui a attiré notre attention sur ce “numéro spécial” de The Economist antidaté, qui a paru deux jours après la fin du Forum de Davos. On sait l’inlassable quête de notre-Cassandre qu’est le rigoureux et dogmatique site WSWS.org pour nous annoncer les catastrophes machinées par un capitalisme qui n’est plus bon et même très-bon qu’à ça, et bien entendu ce “numéro spécial” de The Economist ne pouvait échapper à sa vigilance. Une fois de plus, nous en profitons, d’abord en souscrivant sur l’évaluation qui en est faite par WSWS.org de son importance., – mais pour nous, comme on le verra, importance plus psychologique que directement opérationnelle, car nous restons convaincus qu’il y a forte de (mal)chance qu’ils aient la capacité bureaucratique et psychologique de déclencher la guerre qu’ils appellent tant de leurs vœux.
Reprenant notre remarque toute d’impression première faite plus haut, nous dirons après examen du document qu’il est vrai que la tournure, l’état d’esprit, la psychologie qui imprègne cette littérature globaliste sont absolument tournés, non seulement vers la possibilité d’une ou de plusieurs guerres majeures, – la comptabilité, comme l’esprit, reste ouverte à ce propos, – mais, comme on peut le ressentir entre les lignes et selon les tournures de phrases et la fièvre qui habite les stylos en apparence pleins de sang-froid du bataillon des rédacteurs, vers la nécessité, paradoxalement ou bien au contraire fort logiquement, de la guerre comme un moyen de survie... Et survie de quoi, sinon du capitalisme en cours d’effondrement, c’est-à-dire sinon du Système lui-même, et lui-même en cours d’effondrement ? Comme cette survie passerait par la possibilité/la probabilité d’une guerre qu’il est assez possible/probable de considérer comme celle d’un anéantissement pouvant aller jusqu’à emporter la civilisation et l’espèce, on appréciera l’état de l’esprit paradoxal qui se cache derrière cette même apparence de sang-froid de ce “bataillon de rédacteurs” très-chics et au style absolument objectif détaillant le produit du déterminisme-narrativiste sans cesse grandi par la maniaco-dépression affectant leur psychologie. Le paradoxe est d’autant plus grand que, parallèlement à ce souhait qui les emporte d’une guerre décisive et nécessairement décisive, il y a le constat que cette guerre qui ne peut éviter de passer à un moment ou l’autre au nucléaire, porte avec elle, en elle, la possibilité considérable d’un anéantissement de l’humanité.
Dès les premières lignes de l’éditorial, disons dès les trois premiers paragraphes, le rouge est mis...
« Au cours des 25 dernières années, la guerre a coûté trop de vies. Pourtant, alors même que les luttes civiles et religieuses ont fait rage en Syrie, en Afrique centrale, en Afghanistan et en Irak, un affrontement dévastateur entre les grandes puissances mondiales est resté presque inimaginable.
» Plus maintenant. La semaine dernière, le Pentagone a publié une nouvelle stratégie de défense nationale qui a placé la Chine et la Russie au-dessus du djihadisme comme principale menace pour l'Amérique. Cette semaine, le chef de l'état-major britannique a mis en garde contre une attaque russe. Même maintenant, l'Amérique et la Corée du Nord sont dangereusement proches d'un conflit qui risque de se traîner en Chine ou de dégénérer en catastrophe nucléaire.
» Comme le souligne notre rapport spécial de cette semaine sur l'avenir de la guerre, les changements puissants et à long terme de la géopolitique et la prolifération des nouvelles technologies sont en train d’éroder la domination militaire extraordinaire dont jouissaient l'Amérique et ses alliés. Un conflit d'une ampleur et d'une intensité jamais vues depuis la seconde guerre mondiale est une fois de plus plausible. Le monde n’y est pas préparé. »
Tous les montages, toutes les narrative, tous les fantasmes et toutes les inversions à propos de la Russie particulièrement (et le reste avec le même traitement, mais celui de la Russie les vaut tous), sont présents dans cet éditorial et dans les articles du “numéro spécial”. Le même caractère étrange de l’impossibilité d’apprendre quoi que ce soit de ses erreurs et de continuellement répéter les mêmes erreurs est présent à chaque colonne de chaque page, comme un fil rouge de la taille d’un câble d’amarrage liant fermement aux territoires inexplorés du déterminisme-narrativiste qui fait peser sa pression de fer et oblige ses piètres victimes à suivre jusqu’à son terme la logique de chaque mensonge radical posé comme vérité irréfragable.
Un exemple ? Prenons ce très court extrait : « Que devrait faire l'Amérique ? Près de 20 ans de dérive stratégique ont joué dans les mains de la Russie et de la Chine. Les guerres infructueuses de George W. Bush étaient une distraction et sapaient le soutien du public US pour le rôle global de l'Amérique... » “Vingt ans de dérive stratégique ont joué dans la main de la Russie...” ? “Les guerres infructueuses de George W. Bush” ? Il est difficile de déformer plus complètement l’histoire extrêmement récente en si peu de mots. Churchill aurait dit, paraphrasant son jugement sur les pilotes de la Bataille d’Angleterre : “Jamais aussi peu de mots ont soumis à tant de déformations considérables l’histoire la plus récente”.
• Depuis 1992-1996 et sans discontinuer, les USA, avec l’aide fidèle de UK, de l’OTAN et ainsi de suite, n’ont cessé de resserrer l’étau stratégique, commercial et politique sur et autour de la Russie, – d’abord par la continuelle extension vers l’Est de l’OTAN malgré les promesses, formelles, renouvelées, actées, etc., dont on en trouvé des traces supplémentaires dans des documents déclassifiés récemment ; ensuite, par le continuel renforcement stratégique autour de la Russie, par des bases antimissiles (“contre l’Iran” !), notamment en Pologne, en Roumanie et dans les mers adjacentes à la frontière russe, provoquant un déséquilibre stratégique nucléaire au profit des seuls USA ; par la pression culturelle et politique de la stratégie des “révolutions de couleur” jusqu’à l’agression (la guerre de Géorgie en 2008), avec tout le financement qu’il faut ($5 milliards pour favoriser le changement de régime en l’Ukraine, selon la précision de Victoria Nuland elle-même), avec pour objectif d’enfermer la Russie dans une chaîne d’États hostiles ; seules la stupidité, la corruption et la médiocrité conjointes des manipulateurs et des marionnettes empêchant la réussite complète de l’opération. Et tout cela est classé, sans nécessité de reprendre son souffle, sous la rubrique : “dérive stratégique... qui joue dans la main des Russes”.
• La dénonciation des “guerres infructueuses de George W. Bush” est particulièrement réjouissantes, pour ceux qui apprécient à la fois le surréalisme et le comique de l’absurde. Qui n’entend encore l’écho des cris d’enthousiasme, de satisfaction, d’autocongratulation, d’arrogance satisfaite de tout l’establishment anglo-saxon et transatlantique, Blair et The Economist en tête, lors des attaques de l’Afghanistan et de l’Irak qui devaient achever l ‘hégémonie US/anglo-saxonne complète sur le monde ? (Pour rappel « Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et alors que vous étudierez cette réalité, – judicieusement, si vous voulez, – nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez à nouveau étudier, et c’est ainsi que continuerons les choses. Nous sommes [les créateurs] de l’histoire... Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé]. ») Inutile de s’attarder sur la chose sauf pour l’effet comique, l’affirmation est tellement grotesque.
L’éditorial est également parcouru d’exhortations angoissées pour que les USA se remettent à développer les nouvelles technologies où ils dominent avec tant d’aisance et une telle efficacité, quand ils le veulent, le monde entier et le cosmos avec lui... Ces exhortations sont faites comme si les USA avaient abandonné la voie du technologisme, qui nous a pourtant donné le F-35, le destroyer classe Zumwalt, le porte-avions USS Herbert GW Bush, comme autant de système hyper-avancés et hyper-catastrophiques, avec des difficultés parfois cocasses, des coûts de dépassements budgétaires pharaoniques et aucune, aucune garantie qu’ils fonctionnent un jour comme promis. Quant au président Obama, l’homme qui, selon The Economist, ne croyait pas à la “puissance brute” (« Barack Obama a poursuivi une politique étrangère de retranchement, et était ouvertement sceptique quant à la valeur de la puissance militaire brute »), c’est lui qui a lancé le programme de modernisation des armes nucléaires, avec un “investissement” de $1 300 milliards en dix ans.
Ainsi voguons-nous en plein Disneyland, dans une sorte de monde magique où l’on serait invité à prier pour qu’enfin l’on restaure et renforce le budget décidément très maigrelet du Pentagone (autour de $1 200 milliards réels par an contre, par exemple, $69,2 milliards pour la Russie) et qu’enfin les USA affirment leur puissance militaire qui reste potentiellement sans équivalent mais qui s’est laissée aller ces derniers temps. Ainsi la narrative est-elle bouclée, par un appel au président Trump pour qu’il fasse tout ce qu’il faut, non au seul profit de l’America First, mais le reste compris, America not alone ... (Trump avait prévu le coup, dans son discours de Davos où il a finement esquissé sa doctrine très originale de la tautologie : il précise que s’il dit America First, il ne dit pas America alone, – car effectivement, quand on est First c’est qu’il y a au moins un deuxième et qu’on n’est par conséquent pas alone.)
Le tableau ainsi présenté dans The Economist dépasse toutes les espérances, s’intégrant parfaitement dans le “Temps-Dali” ; ainsi sa longue étude sur la “prochaine guerre” que devrait mener l’Amérique alone, puisque seule capable de s’y mettre, acquière-t-elle cette matière caoutchouteuse dont parlait PhG :
« Je veux surtout parler de cette mollesse élastique, de cette dilution des formes permettant les transformations les plus audacieuses et si ésotériques, de cette exceptionnelle description de la nature déstructurée du monde de la modernité, comme l’est déjà son époque... Les fameuses montres molles de Dali décrivent assez bien l’état informe et gluant en quoi se sont transformés le Temps et avec lui l’histoire et les événements... [...] La peinture de Dali est faite comme si elle décrivait parfaitement notre temps, [...] cette informité devenue difformité sans fin, en un constant mouvement fou mais paradoxalement immobile, et tout cela se faisant sans réelle brutalité après tout, sans détonation, sans rupture cosmique... »
L’objet du délit ayant été exposé vaille que vaille, on peut essayer de l’analyser pour le comprendre. Une telle complète déformation des faits, de la situation actuelle, autant que de ce qui y a historiquement conduit, c’est-à-dire aussi bien une représentation complètement faussaire du monde qu’une appréciation complètement faussaire de l’histoire récente qui y a mené, implique une psychologie exacerbée et hystérique d’une part, une psychologie complètement aux abois d’autre part (mais aux abois mous, par respect pour Dali).
Ce morceau d’anthologie que constitue le “numéro spécial“ de The Economist symbolise bien la situation, immédiatement après la rencontre de Davos. Celle-ci a été marquée par une perception écrasante semi-consciente et parfois effleurée, en arrière-plan, d’une situation inextricable de la chute du capitalisme et du Système et une apparence quasiment festive suscitée par les chiffres triomphants eux-mêmes faussaires et symptomatiques du mal, et les formules revigorantes du bateleur-téléréalité Trump soudain adopté par tous après avoir été consciencieusement conchié pendant un an et plus.
The Economist s’est donc assigné comme tâche de réconcilier le simulacre de l’avenir doré du capitalisme maintenu comme une bouée de sauvetage pour ne pas sombrer dans l’effondrement psychologique, et l’argument du complot des “puissances révisionnistes”, – curieuse ou plutôt révélatrice réminiscence du vocabulaire soviétique pour désigner les “infidèles”, – qui constituent le seul obstacle à cet avenir étincelant, et qu’il faut se préparer à affronter si nécessaire ; et cette nécessité, pas loin d’être irrésistible. Si l’hebdo fait bien entendu de la prospective à long terme pour laquelle il est infiniment doué, il y aussi le danger immédiat qu’il ne veut surtout pas dissimuler, – car l’on a une réputation de sérieux, voyez-vous...
(On remarquera dans cet extrait la réserve qui confirme le désordre extraordinaire de la direction US vis-à-vis du processus de décision d’emploi du nucléaire, et vis-à-vis de l’autorité de Trump contestée par les militaires : “Malgré une faible confiance dans le succès d'une telle frappe, [le Pentagone] doit être prêt à exécuter l'ordre du président s'il le donne.)
« Le danger pressant est la guerre dans la péninsule coréenne, peut-être cette année. Donald Trump a juré d'empêcher Kim Jong Un, le chef de la Corée du Nord, d'être capable de frapper l'Amérique avec des missiles balistiques à armement nucléaire, une capacité que des tests récents suggèrent qu'il pourrait avoir dans les mois, sinon d’ores et déjà. Parmi de nombreux plans d'urgence, le Pentagone envisage une frappe préventive contre les sites nucléaires du Nord. Malgré une faible confiance dans le succès d'une telle frappe, il doit être prêt à exécuter l'ordre du président s'il le donne.
» Même une attaque limitée pourrait déclencher une guerre totale... »
Hormis cela, The Economist ne laisse aucun doute : les US doivent se mettre sur le pied de guerre parce que les “puissances révisionnistes” sont un danger trop grand pour le Système, et il faut être prêt à les réduire par la force si nécessaire... “Et cela sera nécessaire”, complète-t-on mentalement, – ou par écrit dans notre cas. Mais il faut raison garder, c’est-à-dire “simulacre psychologique garder”, et rappeler, enfin rassurés un instant et déjà presque triomphants en retrouvant des accents d’autrefois, que l’Amérique est notre sauvegarde à tous, la garante de la paix, le phare de la civilisation ; et cela, tout cela si glorieusement proclamé, intégré avec bonheur et enthousiasme dans “l’ordre international”-globaliste auquel Trump est invité d’une façon pressante et respectueuse(on le respecte, désormais) doit se rallier ; et alors nous pourrons chanter ensemble notre ronde enfantine saluant le Bonheur-Progrès-Post-Postmodernité enfin atteint...
« Le meilleur garant de la paix mondiale est une Amérique forte. Heureusement, elle bénéficie encore d'avantages. Elle a des alliés riches et compétents, de loin les forces armées les plus puissantes du monde, une expérience de combat sans égale, les meilleurs ingénieurs systèmes et les plus grandes entreprises technologiques du monde. Pourtant, ces avantages pourraient trop facilement être gaspillés. Sans l'engagement de l'Amérique envers l'ordre international et la puissance brute pour le défendre contre les challengers déterminés et capables, les dangers vont grandir. Si c'est le cas, l'avenir de la guerre pourrait être plus proche que vous ne le pensez. »
Il est évident qu’il nous faut une explication de l’ordre du psychologique pour donner une appréciation convenable et logique d’une telle attitude, d’un tel simulacre d’une dimension si énorme construit avec tout le matériel dialectique habituel de The Economist. Ce “numéro spécial”, avec tout ce qu’il contient, avec l’analyse qu’on en doit faire, constitue une explication générale et globale d’un état d’effondrement de la psychologie de tous les serviteurs du Système, et par conséquent du Système lui-même. Si l’on rejoignait les thèses habituelles de certains critiques du Système, y compris des thèses complotistes, on perçoit bien combien la ligne directrice de cette pensée conduirait, dans sa logique extrême, au souhait d’une guerre d’extermination des “puissances révisionnistes” (« L’Ouest ne veut qu’une chose de la Russie, c’est qu’existe plus », comme dit l’ancien directeur du renseignement soviétique Cherbarchine). Bien entendu, la chose est à la fois différence et bien plus sophistiquée : nous avons affaire à des cerveaux de grand format.
On comprend qu’il y a là, à la fois une sorte d’extrémisme hystérique de type maniaque et un désespoir profond devant la vérité-de-situation (l’effondrement du Système) qui pèse sur tout ce raisonnement. C’est une maniaco-dépression de type cosmique où le malade vivrait sans le moindre frein les deux épisodes à la fois, et c’est un signe de plus que la psychologie-Système de tous ceux qui ont la lourde tâche de faire fonctionner l’usine à gaz est elle-même au bord de l’effondrement, à ainsi développer les maladies fondamentales du domaine de façon si originale. Tous les simulacres issus du déterminisme-narrativiste sont appelés à la rescousse, mais l’effort demandé pour les faire nous assurer un semblant de crédit épuise des psychologies déjà accablées par la nécessité grandissante depuis vingt ans d’assumer des dénis formidables de la vérité et de construire des édifices de simulacre à mesure.
Bref, ce n’est pas nécessairement la guerre que nous annonce The Economist, mais c’est certainement l’accélération irrésistible du mouvement d’effondrement du Système. L’hebdomadaire britannico-globaliste le fait dans sa manière, arrogante, impérative, marquée de l’apparence de la raison et de la mesure ; mais tout cela ne fait que mettre plus en évidence l’ampleur fantastique du simulacre dans lequel se trouvent ces gens, et la panique épouvantable qui les presse inconsciemment. Nous en demeurons bien sur ce constat : arrivé à un tel degré de confusion, de désarroi, d’impuissance et de paralysie de l’analyse et de la perception, le danger du déclenchement d’une guerre par un coup de folie désespérée diminue de plus en plus, toujours par impuissance et paralysie, au profit (!) de l’accélération exponentielle du processus d’effondrement que personne n’est capable une seule seconde d’appréhender, et encore moins de reconnaître.
Somme toute, avec un zeste de cynisme, on dirait que ce “numéro spécial” de The Economist est presque rassurant...
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