Puisque cela marche si bien, pourquoi pas un “surge” en Afghanistan… et contre le Pakistan?

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Les néo-conservateurs sont à nouveau sur le pont et à la manœuvre. Une perspective s’ouvre pour eux si la position de force de John McCain se confirme du côté républicain. Pour certains “neocons”, McCain ferait, avec sa rhétorique belliciste, un président si conforme à leurs vues qu’ils pourraient le juger supérieur à GW Bush.

En attendant, les mêmes “neocons” pressent pour un renforcement de la guerre. Ce qu’ils veulent, c’est un “surge”, selon la formule désormais classique, contre l’Afghanistan et indirectement contre le Pakistan. Dans leur univers virtualiste, le “surge” est la formule magique puisque l’une de leurs affirmations centrales est qu’il a réussi à retourner la situation en Irak où ces mêmes “neocons” parlent d’une “victoire” contre toutes les évidences de la réalité.

(Les signes de ce montage virtualiste qu’est la “victoire” du “surge” ne cesse de s’accumuler. Un excellent article de Pepe Escobar, le 27 janvier sur Atimes.com, vient renforcer ce sentiment. Le jugement peut se résumer à ce paragraphe, justifié plus loin par de nombreux détails: «What the “surge” has facilitated instead is the total balkanization of Baghdad – as well as the whole of Iraq. There are now at least 5 million Iraqis among refugees and the internally displaced - apart from competing statistics numbering what certainly amounts to hundreds of thousands of dead civilians. So of course there is less violence; there's hardly any people left to be ethnically cleansed. »)

Un grand séminaire de l’American Enterprise Institute vient d’entériner dans tous les détails cette nouvelle proposition stratégique fondamentale. Tous les grands noms de ces stratégies catastrophiques, enchaînant échec sur échec, fausse prévision sur fausse prévision, étaient là pour à nouveau développer une proposition qui trouvera sans aucun doute bien des oreilles attentives dans l’administration. Les “neocons” sont aussi forts en relations publiques et en publicité qu’ils sont nuls en politique et en stratégie. D’où leur réussite à Washington.

Defense News du 29 janvier rapporte ceci:

«The American Enterprise Institute, the think tank that came up with the “surge” strategy for Iraq, has just completed a re-evaluation of U.S. strategy in Afghanistan and Pakistan and concluded that another surge of U.S. forces is required, this time into southern Afghanistan.

»AEI gathered at least “two dozen” experts for three days of discussions that finished Jan. 27, according to a Washington source familiar with the proposal. The AEI team was headed up by resident scholar Fred Kagan and included “many of the previous participants” from the discussions that preceded AEI’s Iraq surge proposal, including retired U.S. Army Gen. John M. “Jack” Keane, the source added.

»In a telephone interview, Kagan said AEI did not conduct the study at the administration’s request. While a “core group” of AEI employees worked on both studies, along with a small number of retired Army officers, “otherwise the personnel were [experts on] Afghanistan instead of Iraq,” Kagan said.

»“Our goals are just to take a look at this obviously very important issue, understand it and make recommendations about what should and should not be done,” he added.»

La proposition porte sur un renforcement des forces terrestres dans la zone Sud et aussi sur la frontière avec le Pakistan. De ce dernier point de vue, l’AEI propose un ensemble de mesures offensives contre le Pakistan, pour battre Al Qaïde dans son “sanctuaire”. L’habituelle rengaine: monter une campagne de “strikes”, essentiellement aériens avec des incursions de forces spéciales, à l’intérieur du Pakistan. Le premier résultat assuré sera au moins une montée de la tension avec le Pakistan et un affaiblissement de la position de Musharraf. Il y aura donc des résultats.

Il est très probable que l’AEI influencera l’administration. L’AEI compte lui exposer ses idées en mars, à temps pour influencer le sommet de l’OTAN de Bucarest en avril.

En supposant cette influence acquise, l’important sera la réaction du Pentagone. Le renforcement terrestre proposé par les “neocons” (trois brigades US) ne fera pas l’unanimité. La réaction peut être différente concernant un renforcement de la présence et de l’activité aérienne, qui fait d’ailleurs partie intégrante, voire majoritaire, de la formule-miracle du “surge”. (On peut lire l’article de Tom Engelhardt sur le sujet, le 29 janvier sur TomDispatch.com.) La proposition “neocon” peut être modifiée pour faciliter l’évolution vers un renforcement de l’activité aérienne, avec notamment des pressions pour acquérir une complète autonomie des forces US dans ce domaine (par rapport à l'OTAN et à ses contraintes nationales) dans l’ensemble Afghanistan-Pakistan. Cela irait dans le sens de l'évolution de la stratégie US dont on fait l'hypothèse actuellement.


Mis en ligne le 30 janvier 2008 à 09H30