Puisqu’il n’y a pas de fumée sans feu (entre Israël et les USA) …

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Poursuivons sur notre lancée, à la recherche des traces éparses de ce qui pourrait devenir une querelle majeure entre les USA et Israël. Sur le même site Antiwar.com où Justin Raimondo publiait, hier, un article très inhabituel sur les relations USA-Israël, que nous avions commenté aussitôt, on trouve aujourd’hui 17 janvier, un article de Patrick Buchanan d’une tonalité très similaire.

Buchanan reprend le même incident extraordinaire entre Olmert et Bush, puis avec Condi Rice à l’ONU, et enchaîne sur quelques constats et commentaires autour de rumeurs…

«Yet, public gloating by an Israeli prime minister that he can order a U.S. president off a podium and instruct him to reverse and humiliate his secretary of state may cause even Ehud's poodle to rise up on its hind legs one day and bite its master. Taking such liberties with a superpower that, for Israel's benefit, has shoveled out $150 billion and subordinated its own interests in the Arab and Islamic world would seem a hubristic and stupid thing to do.

»And there are straws in the wind that, despite congressional resolutions giving full-throated approval to all that Israel is doing in Gaza, this is becoming a troubled relationship.

»Two weeks ago, Foreign Minister Tzipi Livni, in opposing any truce, assured the world there “is no humanitarian crisis in the (Gaza) Strip,” and the humanitarian situation there “is completely as it should be.”

»Not so to Hillary Clinton. In her confirmation hearings, the secretary of state-designate, reports the New York Times, “struck a sharper tone toward Israel on violence in the Middle East.” Clinton “seemed to part from the tone set by the Bush administration in calling attention to what she described as the ‘tragic humanitarian costs’ borne by Palestinians, as well as Israelis.”»

Buchanan termine en citant à son tour l’article de Sanger, du New York Times, le 11 janvier, sur le refus US de soutenir un projet de raid israélien contre l’Iran, et même de l’entraver par divers refus de demandes spécifiques d’Israël. Il conclut: «With Olmert, Rice and Bush departing, and Obama and Hillary taking charge committed to talking to Iran, can the old intimacy survive the new friction and colliding agendas?»

Buchanan développe le même son de cloche que Raimondo. Il a une orientation très proche de celle de Raimondo mais c’est un autre type de personnage, un autre type de professionnel de l'information politique. Buchanan est beaucoup plus “politique”, il travaille dans les médias à Washington, entretient nombre de contacts avec le monde politique. Ses appréciations reflètent, également, à l'occasion, et ceci en est une, plus l’aspect politicien de la politique US que celles de Raimondo, qui est un théoricien polémiste et un militant libertarien. Cette observation de Buchanan, notamment, est caractéristique pour nous signifier que ce qu’il écrit est moins une spéculation polémique, comme à son habitude, qu’une analyse un peu décousue destinée à étayer des rumeurs désormais insistantes à Washington: «And there are straws in the wind that, despite congressional resolutions giving full-throated approval to all that Israel is doing in Gaza, this is becoming a troubled relationship.

De toutes les façons, il y a, autour de cette affaire, certains aspects mystérieux, dont la “sortie” d’Olmert n’est pas la moindre. La description publique d’Olmert de son intervention auprès de GW Bush, celui-ci interrompant un discours pour répondre à son appel téléphonique, et “exécutant” ses consignes, est d’autant plus étonnante (son effet a évidemment été fâcheux à Washington, quoi qu’il en soit des spéculations qu’on rapporte ici) qu’elle est factuellement fausse. Comme le rapport notamment Steve Clemons, de The Washington Note, la vidéo du discours de Bush auquel Olmert fait référence montre qu’il n’y a eu aucune interruption de la part de l’orateur, donc que la version d’Olmert est fausse au moins sur ce point, – et, dans ce cas précis, l’intervention d’Olmert particulièrement incompréhensible en termes d’effets publics et politiques (comme l’écrit Buchanan: «a hubristic and stupid thing to do»).

Les précisions de Buchanan concernant les déclarations de Clinton portent sur ce que la nouvelle secrétaire d’Etat a dit sur Gaza, mais aussi sur l’ouverture d’un dialogue avec l’Iran («Hillary taking charge committed to talking to Iran»). Dans ce cas, la circonstance des “colliding agendas” entre Clinton (l’administration Obama) et Israël peut être rapprochée des remarques de fond de Raimondo, sur la cause du changement en cours, et très rapidement en cours, dans les relations entre les USA et Israël: «What Gaza signals is a new turn for the Israelis, a clean break, if you will, with their status as an American puppet in the Middle East. They are clearly going off on their own, intent on waging a war of unmitigated aggression against all their neighbors. Their expansionist tendencies have lately taken on pretty grandiose dimensions… […] Events are rapidly reaching a dramatic climax, and Gaza is just the start.» Cette approche de la question indique que la querelle, si querelle il y a, porte sur des questions de fond, sur la divergence des politiques générales, sur un cas (d’éventuels contacts US avec l’Iran) qui va très rapidement se concrétiser et qu’Israël ne semble pas vouloir accepter.

• Notons, pour ce dossier dont l’importance potentielle, selon ce qui se confirmera, est essentielle, cette note de Steve Clemons, le 16 janvier à propos d’un éditorial du même 16 janvier, du New York Times, qui renforce cette idée d’un désaccord caché mais profond entre les USA et Israël (le New York Times pouvant être considéré en l’occurrence comme un organe “semi-officiel” du gouvernement US): «Today's New York Times has a powerful editorial, the bottom line of which I think is basically an instruction to Israel: “enough already.”».


Mis en ligne le 17 janvier 2008 à 12H58