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418Dans une analyse désolée sur la politique générale d’Obama vis-à-vis du monde musulman, DEBKAFiles terminait en observant qu’il ne restait plus à Israël que “ses prouesses militaire”. (Voir le 19 juin 2012.)
«Israel, it must be said, finds itself in a strategic pits deeper than ever before as it faces the Islamist revolution overtaking Egypt. While promising Israel every possible security perk, Obama has relentlessly pursued a policy of accommodation with revolutionary Islam, both Shiite – through a nuclear deal with Iran after it progressed beyond the point of no return for building a bomb – and the Sunnis, by collaborating with the Muslim Brotherhood and its branches. This policy has stripped Israel of its strategic assets barring one – military prowess.»
Au moment (18 juin) où cette analyse était rédigée, les évènements démontraient exactement le contraire, à la fois sur la frontière entre Israël et l’Egypte, devenue un point d’une extrême sensibilité, et sur les frontières avec les Palestiniens. Une situation de désordre considérable naissait après un attentat sur la frontière israélo-égyptienne, marquée par le spectacle d'une armée israélienne complètement désorganisée. Le 20 juin 2012, DEBKAFiles décrit avec fureur la cascade d’erreurs, de mauvaises interprétations, de renseignement fautifs, de réactions inappropriées et tardives, qui firent prendre l’attaque terroriste du 18 juin venue d’éléments d’al Qaïda, pour une attaque du Hamas, suivie de représailles injustifiées contre Hamas, suivies d’une riposte du Hamas et ainsi de suite…
«At a particularly sensitive moment in Israeli-Egyptian relations, Israel’s military leaders were caught napping by the June 18 terrorist attack from Sinai on the southern Route 10, in which an Israeli fence team worker was killed. Because they were too slow to catch on to the identity of the perpetrators, those military chiefs misdirected their reprisals at the wrong quarters and so sparked a three-day missile-for-air strike cycle in Gaza.
»That slowness of uptake was evident at the different military and defense levels of responsibility – the field command, the Southern Command and the general staff. Above all, the forces under the Southern Command were not ready for action although their sector abutting the Gaza Strip and the Egyptian border of Sinai should have been on high alert. It took three days and scores of missiles from the Gaza Strip before an Iron Dome missile defense battery was finally deployed Wednesday, June 20. The battery immediately intercepted a Grad missile before it exploded in the town of Netivot.
»DEBKAfile’s military sources trace the start of the downward turn of events to Monday, June 18. After word was received of a major roadside bomb-RPG-shooting attack on an Israeli team working on Route 10 on the Israel-Egyptian border fence and the death of Said Fashasha, the IDF made every possible mistake.
»Instead of waiting for solid intelligence to come through on the terrorists’ identity, Israeli commanders lashed out in every direction. An unidentified officer decided that the hand behind the attack was that of the Palestinian Jihad Islami. He may have been the same wise guy who attributed to Hamas the double Grad missile attack two days earlier on two southern locations, Ovdat and Mitzpeh Ramon. Some military sources “explained” to Israeli media that Hamas was shooting missiles on orders from the Muslim Brotherhood in Egypt in order to heat up the Egyptian-Israeli border ahead of the second round of the presidential election.
»This caused Israeli media to hare off in the wrong direction. Neither Hamas nor the Muslim Brotherhood was actually involved in either of those attacks, but since the information was not corrected, the misapprehension stood and generated more damage. The field commanders concerned were not informed by the general staff or military intelligence that the Grad missiles in southern Israel were fired by al Qaeda from Sinai…» (etc., etc.)
Outre d’être particulièrement regrettable en raison de la tension qui existe actuellement en Egypte et, par conséquent, sur la frontière israélo-égyptienne, dans une relation stratégique devenue absolument vitale pour Israël, l’affaire est chronologiquement très déprimante. Elle vient cinq jours après un rapport d’une commission d’enquête sur le comportement de la direction israélienne (les civils cette fois, la paire Netanyahou-Barak) durant l’attaque de la “flotille pour la paix” des Turcs, fin mai 2010 (voir notamment le 1er juin 2010). Le 14 juin 2012, AFP, via SpaceWar.com, reprenait quelques indications du rapport, extrêmement sévère sur la façon dont la direction politique a agi… Avec cette conclusion facile à imaginer, qu’on retrouve dans la presse : si ces deux-là ne sont pas capables de gérer proprement une affaire aussi simple que l'affaire de “la flotille de la paix”, quelle catastrophe nous attend pour une attaque contre l’Iran ?
«A damning report that slammed Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu's handling of the 2010 flotilla raid has raised fears over how a strike on Iran would be managed, press reports said on Thursday. The 153-page report by State Comptroller Micha Lindenstrauss dominated the headlines.
»Most commentators heaped scathing criticism on Netanyahu and Defence Minister Ehud Barak for their handling of the raid on the Mavi Marmara, the lead ship of a Gaza-bound flotilla, in which nine Turkish nationals were killed. Most were quick to point out the deeply-flawed decision-making process exposed in the report raised serious questions about Netanyahu and Barak's ability to make sound decisions on crucial issues like a strike on Iran's nuclear programme. “The state comptroller issued a charge sheet,” wrote Shimon Shiffer in the top-selling Yediot Aharonot newspaper. “It cries out to the prime ministers bureau that if this is how you manage affairs in an uncomplicated matter like how to stop the Turkish flotilla, who will believe that you will handle things differently while preparing to attack nuclear facilities in Iran?”
»Lindenstrauss said there were "significant shortcomings" in the decision-making process which was led by Netanyahu, and accused the premier of failing to hold any structured, formal discussions with a group of top ministers nor with the National Security Council about the handling of the flotilla. Instead, Netanyahu had held separate, private discussions with Barak and with Foreign Minister Avigdor Lieberman, none of which were documented.»
Cette avalanche et cette concentration de mauvaise nouvelles pour la soi-disant “prouesse militaire” d’Israël interviennent à un moment effectivement crucial, où se bousculent à la fois les projets grandioses de déstabilisation de la paire Netanyahou-Barak (l’attaque contre l’Iran, certes), et de nouvelles menaces de déstabilisation sur les frontières syrienne et égyptienne. L’armée israélienne semble désormais confrontée aux limites des armées ultra-modernes et ultra-sophistiquées sur lesquelles se greffent des directions politiques avec des projets idéologiques souvent déstructurants pour ces mêmes forces armées. Il faut se rappeler que la dernière véritable “prouesse” de l’IDF (ex-Tsahal, qui ne mérite plus guère ce nom) remonte à l’été 2006, et que ce fut un cuisant revers face au Hezbollah. (Les opérations contre les Palestiniens, entretemps, ne sont que des missions de répression policière avec des moyens écrasants et en toute impunité, sans aucune signification militaire mais beaucoup d’indices moraux et psychologiques sur l’emploi et l’état de l’armée.)
Il semble bien que l’établissement de sécurité nationale israélien dans tous ses composants, à l’exemple mimétique de son “grand cousin“ américaniste, étouffe sous les poids additionnés de la super-sophistication, des concurrences de commandements et des bureaucraties, des certitudes appuyées sur des réputations de moins en moins justifiées des services de renseignement, etc. Il s’agit d’un appareil postmoderne classique (si l'on peut dire), à l’intersection antagoniste des systèmes du technologisme et de la communication, souffrant à la fois de centralisations extrêmes dans certains domaines du technologisme, et de capacités considérables (au niveau de la communication) de décentralisation. En plus de cela, une atmosphère de constante mobilisation et d’hystérie à la fois antiterroriste et contre certaines entités voisines, amène à des surréactions, à des initiatives individuelles prises dans l’improvisation, etc., – ce dernier aspect psychologique dépendant de la politique de la direction politique fondée sur l’affectivité et sur l’hystérie. Ces derniers incidents nous font comprendre que l’hypothèse d’un malaise profond qui s’est faite jour dans l’appareil de sécurité national israélien depuis un an (voir le 4 juin 2011), dans le chef de plusieurs prestigieux dirigeants des services de sécurité, à la retraite ou encore actifs, peut être étendue à tout cet appareil de sécurité nationale, pour des raisons différentes, et plus variées.
On peut donc désormais parler d’une crise générale de l’appareil de sécurité nationale israélien, qui est effectivement, comme l’écrit DEBKAFiles, le dernier atout d’Israël, et qui n’est désormais plus tout à fait, et même plus du tout une “prouesse”… Cela, au moment où les dangers ne cessent de s’accumuler autour d’Israël, et même sur ses frontières les plus proches et les plus stratégiques, que ce pays jugeait jusqu'alors complètement sécurisées (la Syrie et l’Egypte, certes).
Mis en ligne le 21 juin 2012 à 15H18