Il y a 2 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
398Horreur, les marchés chancellent. Une fois de plus, certes. Les économistes vont vous expliquer cela parce que les économistes savent bien ; ils vont vous expliquer avec une grande assurance pourquoi il s’est produit le contraire de ce qu’ils vous annonçaient avec autant d’assurance quelques jours plus tôt… Ecoutons-les, ces quelques mots suffisent, – dans The Telegraph du 28 décembre 2010.
«Shares on Wall Street and in Europe clawed back early losses to trade up slighlty in thin volumes, with the eastern seaboard of the US also affected by blizzards that disrupted travel.
»The Conference Board’s confidence index fell to 52.5pc from 54.3 in November as the number of Americans warning they were finding it hard to find jobs rose to a 10-month high.
»The surprise fall defied economists who had expected the index would rise to about 56.3. The index averaged 96.8 during the last economic expansion that ended in December 2007. Brian Bethune, chief US financial economist at IHS Global Insight said: “Confidence is certainly a long way from normal. I don’t think we’re going to get back to normal for quite some time, maybe 2012.”»
@PAYANT Nous n’allons pas vous parler une seule seconde d’économie, car cela serait leur faire bien trop d’honneur… Nous allons vous parler de psychologie, de “confiance”, de l’appréciation quantitative de l’univers qui est l’appréciation la plus basse possible, accompagnant le refus ou l’ignorance quasiment entropique de la qualité et de tout ce qui est haut. Ainsi, lorsqu'on lit ce monsieur Brian Bethune, ainsi lorsqu'on l'entend affirmer que “la confiance est certainement loin de la normale… […] nous ne reviendrons pas à la normale avant un temps assez long, peut-être 2012”... Mesurer “la confiance” comme on mesure un litre de whisky ou cent grammes de caviar, et vous annoncer que la chose, la confiance, est certainement loin de “la normale” (loin du litre, loin des cent grammes), qu'on ne peut attendre “la normale” que pour 2012 (sans préciser le mois, tout de même), – voilà par contre, dans ce processus et cette façon de juger comme on jauge, une mesure assez précise de l’état de notre civilisation…
La question de la “confiance” est, pour les économistes de l’école dominante (hyper libéralisme) un point fondamental puisqu’il s’agit véritablement du carburant humain qui permet au moteur de cette économie de fonctionner. On connaît bien entendu le principe de cette inversion totale. Le “facteur humain”, au service duquel l’économie devrait se développer selon un mélange harmonieux des besoins généraux et des nécessités universelles (y compris le respect des équilibres des constituants de l’univers), est devenu par l’activité qui lui est imposée le principal “carburant” de cette économie, à la fois producteur et consommateur pour le renforcement du processus. L’inversion est totale dans la mesure où le champ d’activité de l’économie, comme de toute autre activité dépendante du système du technologisme, devrait être effectivement l’univers selon ses besoins et ses nécessités considérés dans l’harmonie la plus grande (vision haute) ; et que ce champ d’activité à basculé complètement, cul par dessus tête si l’on veut, en rétrécissant le champ de l’ambition “créatrice” permise à la seule activité du fonctionnement de l’économie elle-même (vision la plus basse possible). L’économie fonctionne donc aujourd’hui pour elle-même, quasi essentiellement. Nous ferions l’hypothèse que les inégalités, les situations de pauvreté, les situations d’exploitation, de dévastation de l’environnement, etc., sont moins des résultats substantiellement recherchés par idéologie, la logique de classes, l'appât du gain, etc., que des “accidents” multiples et effectivement de plus en plus graves, des sortes de “dégâts collatéraux” suscités par les heurts des circonstances autant que par les activités des sapiens habiles qui ont compris le fonctionnement du système, qui ont admis sa supériorité et se sont adaptés effectivement à ce fonctionnement pour en profiter. Nous voulons dire par là que ce domaine des effets dévastateurs sur l'espèce est accessoire, dans le chef du Système, par rapport au fait central de son propre fonctionnement, qui détermine tout le reste. L’économie est devenue partie intégrante du Système, ce qu’elle n’était pas nécessairement au début (y compris la théorie capitaliste), et son fonctionnement s’est logiquement adapté à la logique systémique qui est elle-même de fonctionner pour elle-même, pour produire toujours plus de puissance, de toutes les façons possibles.
L’économie mesure donc la “confiance” du consommateur qui est nécessaire à son propre fonctionnement selon des références qui sont propres à elle-même, qu’elle choisit elle-même selon une conception économiste du monde et des choses ; il est naturel que les sapiens, qui constituent son matériel de prédilection, soient effectivement soumis à ces références essentielles. C’est dans ce cadre qu’il faut considérer les résultats rapportés ces derniers jours, et la mauvaise surprise éprouvée par les économistes qui attendaient un rebond de la confiance des consommateurs aux USA. Cela conduit à une mesure réelle de la gravité de la situation : même lorsque les références choisies sont complètement intégrées dans le champ de l’économie elle-même, selon ses conceptions, selon la vision d'emprisonnement du monde qu'elle cultive, selon la définition systémique que nous avons tenté d'en donner enfin, même dans ces conditions l’indice de “confiance” de sapiens met en échec les prévisions des économistes et, par conséquent, inflige un démenti à la mécanique économiste qui fonctionne de façon systémique. (Bien entendu, le cas présenté ici est exemplaire. Ce n’est pas la première fois que les “prévisionnistes” économistes se trompent dans leurs prévisions sur l’évolution de la “confiance”. Cela est particulièrement significatif et extrêmement récurrent depuis l’automne 2008 où les erreurs de prévision dans un sens trop optimiste ont dépassé les erreurs de prévision dans un sens trop pessimiste dans un rapport de plus de 10 à 1.)
Cette situation signifie que la psychologie, qui est et reste malgré toutes les tentatives pour changer cette situation le seul processus dont dépend l'évolution de la “confiance”, parvient à surmonter les pressions qu’imposent les choix de références favorables à l’économisme, pour refléter une “confiance” en baisse contre l’attente des économistes eux-mêmes. Il s’agit d’un signe important de l’importance toujours grandissante de la psychologie dans le comportement des citoyens, y compris des citoyens US qui sont par définition, dans les catégories nationales, les plus conditionnés par l’économisme (par le Système). Après deux ans (depuis septembre-novembre 2008) de lutte acharnée pour faire redémarrer l’indice de la “confiance”, c'est-à-dire le “carburant humain” de l'économie, l’économisme (le Système) s’avère incapable de reprendre en main la psychologie de ces citoyens pour la subvertir à nouveau à son avantage, comme elle était primitivement. Et les marchés chancellent, une fois de plus…
Il s’agit d’un signe important de l’essoufflement du système. (On le mettra bien entendu à côté de ce que nous apprenions sur la disparition de l’optimisme de la psychologie américaine.)
Mis en ligne le 30 décembre 2010 à 04H59
Forum — Charger les commentaires