Quel meilleur moyen, on vous le demande, d’éviter une attaque le jour de l’élection que de suspendre l’élection ?

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Quel meilleur moyen, on vous le demande, d’éviter une attaque le jour de l’élection que de suspendre l’élection ?


12 juillet 2004 — GW-Cheney (ou GW-X) ? Kerry-Edwards ? Qui l’emportera le 2 novembre 2004 ? Posons ces questions autrement : bon Dieu, ces questions ont-elles un sens ? Nous sommes en guerre, que diable, et il n’est pas temps de s’amuser à ces mignardises démocratiques, — surtout, surtout, quand elles constituent une cible si tentante pour les puissants terroristes radicaux et internationaux.

Depuis les déclarations du général Tommy Franks, en novembre dernier, nous suivons avec une attention goulue tous les bruits autour de ce qui pourrait être une tentative de déstabilisation interne permettant de verrouiller le maintien de GW au pouvoir. Il y a trois courants de conception tactique pour une telle opération, qui serait bien sûr le fait du pouvoir éminemment démocratique qui règne aujourd’hui à Washington D.C.

• L’hypothèse d’une attaque terroriste, “réelle” ou vraiment réelle selon qu’elle serait sollicitée, facilitée, ou bien qu’elle se produirait tout simplement. Son effet serait de rassembler les Américains autour du président, verrouillant sa réélection. C’est, si vous voulez, le scénario “Madrid a contrario”. (Car les Américains, infiniment plus honorables et civilisés, et avisés que les Espagnols, réagiraient à cette attaque en soutenant celui qui en est la cause indirecte, GW Bush, au lieu de le sanctionner comme les Espagnols firent avec Aznar.)

• L’hypothèse d’une attaque terroriste (celle de Franks), une hypothèse disons bien “réelle” (c’est-à-dire, plus ou moins réelle, non ?), obligeant à des mesures de suspension de la Constitution, de maintien au pouvoir de l’équipe en place.

• L’hypothèse d’une suspension de l’élection simplement par crainte que les terroristes profitent de cette élection pour attaquer les US. Des autorités officielles, une nouvelle commission fédérale électorale, ont officiellement demandé qu’une telle procédure soit prévue dans les mécanismes de contrôle et de gestion des élections.

C’est bien sûr la dernière hypothèse, relativement nouvelle, qui est en vogue aujourd’hui. Voici ce qu’en dit la dernière parution de Newsweek, publiée à la date du 19 juillet, sous la signature de Michael Isikoff :


« American counterterrorism officials, citing what they call “alarming” intelligence about a possible Qaeda strike inside the United States this fall, are reviewing a proposal that could allow for the postponement of the November presidential election in the event of such an attack, Newsweek has learned.

» The prospect that Al Qaeda might seek to disrupt the U.S. election was a major factor behind last week's terror warning by Homeland Security Secretary Tom Ridge. Ridge and other counterterrorism officials concede they have no intel about any specific plots. But the success of March's Madrid railway bombings in influencing the Spanish elections—as well as intercepted “chatter” among Qaeda operatives—has led analysts to conclude “they want to interfere with the elections,” says one official.

» As a result, sources tell Newsweek, Ridge's department last week asked the Justice Department's Office of Legal Counsel to analyze what legal steps would be needed to permit the postponement of the election were an attack to take place. Justice was specifically asked to review a recent letter to Ridge from DeForest B. Soaries Jr., chairman of the newly created U.S. Election Assistance Commission [Soaries, déjà cité plus haut.] Soaries noted that, while a primary election in New York on September 11, 2001, was quickly suspended by that state's Board of Elections after the attacks that morning, “the federal government has no agency that has the statutory authority to cancel and reschedule a federal election.” Soaries, a Bush appointee who two years ago was an unsuccessful GOP candidate for Congress, wants Ridge to seek emergency legislation from Congress empowering his agency to make such a call. Homeland officials say that as drastic as such proposals sound, they are taking them seriously—along with other possible contingency plans in the event of an election-eve or Election Day attack. “We are reviewing the issue to determine what steps need to be taken to secure the election,” says Brian Roehrkasse, a Homeland spokesman. »


Dans sa colonne d’aujourd’hui, le chroniqueur d’Antiwar.com Justin Raimundo développe ce thème d’une suspension de l’élection présidentielle. La nouvelle est effectivement partout, comme sur CNN ce jour. Confirmation, c’est le dernier sujet sur lequel on spécule à Washington D.C., avant les vacances.

Et alors, que faut-il en croire ? Que faut-il en prévoir ? Pas de réponse car, en cette matière, tout bouge, et bouge vite. Et les surprises, depuis le 11 septembre, nous n’en manquons pas ; ce qui signifie que, d’ici novembre, effectivement, un courant assez fort et bien orchestré pourrait renforcer cette idée du report jusqu’à sa réalisation. Quoi qu’il en soit, ce qui est remarquable dans cette nouvelle hypothèse prospective, c’est :

• que la possibilité de la suspension de l’élection est en passe d’être complètement “officielle”, voire passée dans les textes de l’exécutif ;

• que cette possibilité est, du point de vue de l’administration au pouvoir, celle du moindre risque : inutile de “favoriser” un attentat ou autres manipulations, il suffit d’orchestrer une campagne d’alertes débouchant sur l’argument de la nécessité de la suspension des élections pour ne pas prêter le flanc à une attaque terroriste, — en un sens, suspendre l’élection présidentielle US comme acte ultime de la lutte anti-terroriste, comme victoire décisive dans la guerre contre la Terreur, enfin comme acte ultime de patriotisme — qui dit mieux ?

• que cette possibilité est sans limites puisque nous sommes dans la guerre contre la Terreur, dont on sait que personne ne sait quand elle finira, et si elle finira d’ailleurs.