Quelques dizaines de milliers, 100.000, 500.000 ?

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Bien chaotique, la couverture par “la presse la plus libre du monde” de la manifestation anti-guerre de Washington, du 27 janvier 2007. Aujourd’hui, trois jours après qu’elle ait eu lieu, il semble bien que cette manifestation soit la plus importante jamais réalisée contre la guerre en Irak. Il a été extrêmement difficile d’en arriver à cette conclusion.

• Samedi, on parlait de “quelques dizaines de milliers”, décompte répercuté notamment par AP (et repris par le New York Times). Dans le texte d’AP, pour que la cause soit entendue, on indiquait : «United for Peace and Justice, a coalition group sponsoring the protest, had hoped 100,000 would come. They claimed even more afterward, but police, who no longer give official estimates, said privately the crowd was smaller than 100,000.»

• Le lendemain, les médias MSM parlés et télévisuels étaient particulièrement discrets à propos de l’événement. Le groupe FAIR, spécialisé dans la surveillance des médias, a publié une analyse de ce comportement. Il note : «One day after an anti-war rally in Washington, D.C. attracted a crowd estimated at 100,000 by the Los Angeles Times, the networks' Sunday morning talk shows remained mostly unaffected by the expression of broad opposition to the war, keeping their discussions confined to the narrow spectrum of Beltway elites.»

• Les 100.000 participants mentionnés par le Los Angeles Times, selon FAIR, sont dépassés par la comptabilité de The Nation, le 28 janvier, qui parle de “plusieurs centaines de milliers de personnes”.

• Hier, 29 janvier, deux jours après la manifestation, la réalité semble se situer désormais à un niveau considérable, selon IPS : «Peace activists from across the United States gathered in Washington Saturday for what they said was the largest demonstration to date against the Iraq war. “It's time for a new day,” the Reverend Jesse Jackson told what organizers estimated as a crowd of 500,000 demonstrators gathered outside the halls of Congress on the National Mall.»

Quel dommage que cette manifestation n’ait pas été marquée par une “couleur” approuvée par le département d’Etat (orange, par exemple) et qu’elle n’ait pas eu lieu dans un pays de démocratie avancée comme l’Ukraine ou la Géorgie. Quelle curiosité de voir, à notre époque de communication si rapide, si intense, et au cœur de ce qui est connu comme “l’empire de la communication”, cette lenteur, cette pusillanimité à rapporter des appréciations convenables d’un tel événement.

La manifestation et ses suites ont démontré que, malgré l’extraordinaire débâcle de GW Bush, — ou à cause d’elle, justement ? — c’est tout l’establishment qui se sent concerné, menacé par les réactions de mécontentement populaire et l’opposition à la guerre. A cet égard, les élections du 7 novembre 2006 n’ont pas changé fondamentalement les choses. Manière responsable comme une autre de défendre une conception de la démocratie.


Mis en ligne le 30 janvier 2007 à 14H19