Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.
365Nous l’avouons sans aucune fausse honte, le personnage apparent et le rôle de Cécilia Sarkozy avant, pendant et depuis l’élection ne furent pas notre tasse de thé. Il y avait sans nul doute une forte part de préjugés et puis l’impression tirée de diverses informations connues de tous, — sans enquête particulière de notre part, donc sans précisions inédites et sans intérêt vraiment appuyé. Et puis, il y eut ce rôle de Cécilia dans l’affaire libyenne. Là aussi, au début, toujours pas du thé à notre goût. Depuis, notre sentiment commence à se nuancer.
… Il se nuance à mesure que les critiques montent contre elle, dans un cadre général de critiques anti-sarkozystes dans cette affaire, — cadre général dont nous reparlerons, qui doit être traité à part. Nous résumerons ces critiques qui conduisent à nuancer notre attitude au texte du Monde (en français, nombre de nos lecteurs respirent) publié le 26 juillet, sous le titre «Super-Cécilia, madone des Balkans»… Allons-y pour “Super-Cécilia”, l’image est plaisante.
Après avoir décrit le rôle “sans statut” de la femme du Président, ses interventions hors-circuit Quai d’Orsay, son absence de “communication”, bref tout ce qui sort de l’ordinaire dans son comportement, avec ce qu’il faut d’ironie bien française lorsqu’il s’agit de jauger un comportement soupçonné d'amateurisme, et d’une femme en plus, qui ignore les bornes du conformisme hiérarchique bien français, — après tout cela, l’auteur en arrive à ses réflexions finales :
«Au milieu de la liesse du peuple bulgare, la madone des Balkans rayonnait. Un sourire flottait sur son visage. D'une voix à peine audible, elle acceptait de dire quelques mots. C'était pour se déclarer “très fatiguée” par ces négociations “très difficiles”, mais “très heureuse” de leur issue. Sur France 2, on vit Mme Ferrero-Waldner la chercher du regard pour l'inviter à se joindre à une conférence de presse improvisée. Trop tard ! L'émissaire personnel du président s'était déjà envolé dans le grand avion blanc de la République. Comme ces héros de bande dessinée qui, une fois accomplie leur mission de sauvegarde, tournent discrètement les talons et replongent dans l'anonymat.
»En devenant Super-Cécilia, l'épouse du président pose avec encore davantage d'acuité la question de son statut. Un émissaire de cette trempe pourra-t-il longtemps se cantonner au personnage que l'on voit beaucoup mais que l'on n'entend guère ou qui laisse à d'autres le soin de parler à sa place ? Car, pour l'instant, Cécilia Sarkozy, c'est plein d'images mais très peu de son.»
D’abord, répétons que nous séparons les problèmes, pour bien clarifier la chose. Nous ne parlons ni de la conduite de l’affaire libyenne, ni de la méthode, bref rien du fond des choses. (Nous nous réservons pour le côté “cadre général” mentionné plus haut.) Nous nous en tenons à “Super-Cécilia”.
Tout de même, il faut fixer une attitude dans les impératifs de sa logique et ne pas balancer d’une critique radicale à une critique radicale qui est son contraire selon l’air du temps. Les premiers barrages anti-Cécilia ont été pour dénoncer sa “visibilité”, son omniprésence, ses déclarations rapportées d’indépendance, la place voyante qu’elle prenait lors de certaines cérémonies, son côté people, etc. Bref, manque de discrétion, d’effacement, rôle qui sied peu à une Première Dame qu’on aimerait, en France, pays de la libération féminine, à la fois présente et effacée, pas trop bête mais qu’elle se taise, pas trop soumise à son mari mais dans l’ombre du Président, solennelle mais pas chiante et ainsi de suite. Dans ce cas, voilà que la critique porte sur sa discrétion, son refus de “communiquer”, sa façon de s’effacer sur la pointe des pieds. Elle refuse les interviews, les déclarations, elle s’éclipse.
Horreur, elle refuse même de partager la tribune de l’interview avec la Commissaire européenne Ferrero-Waldner, dont les déclarations ont sans doute été le miel de nos journalistes MSM toujours à l’affût de déclarations intelligentes. Voudrait-on qu’elle se conduise, “Super-Cécilia”, comme la Ferrero-Waldner, monument exceptionnel d’incompétence bien connu à la Commission, rivalisant en cela avec ses confrères les plus fameux, Ferrero-Waldner dont les déclarations publiques sont d’une extraordinaire vacuité, d’un conformisme sur fiches qui vaut celui de Barroso, — en français comme en autrichien?
Cécilia n’était pas notre tasse de thé. La discrétion de “Super-Cécilia” commencerait à nous la rendre plus sympathique. Quant à ses critiques, ils sont bien ce qu’ils ne cessent d’être, totalement irresponsables; dénonçant le “cirque médiatique” qu’est devenue notre vie publique et dont ils font eux-mêmes partie; dénonçant ceux qui n’y sacrifient pas lorsque c’est le cas, au nom de la démocratie probablement.
Voilà, c’était notre réaction d’humeur. Cela ne nous engage en rien auprès de “Super-Cécilia” mais cela nous engage un peu plus contre ce monde médiatique et virtualiste. Leur vertu principale n’est même pas la malhonnêteté intellectuelle, c’est l’irresponsabilité intellectuelle, — c’est-à-dire l’incapacité d’établir des connexions de logique entre un fait et l’autre, et d’en tirer les conclusions nécessaires au risque de reconnaître une faiblesse initiale du jugement de la sorte que tout le monde rencontre nécessairement sans nécessairement déchoir.
Mis en ligne le 27 juillet 2007 à 1OH35
Forum — Charger les commentaires