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20991er décembre 2016 – De-ci de-là, “nous” (dedefensa.org) recevons des messages qui nous font la leçon. Les choses dites sur Fillon, par exemple, nous valent de ces leçons de bon jugement politique, de clarté du langage, de ceci et de cela, avec en arrière-fond, comme une basso continuo, voire ostinato, le jugement “naïfs-que-vous-êtes”, dit, – j’espère être autorisé à le croire comme on croit au Père Noël, – avec une sorte de condescendance certes très-sévère mais finalement marquée de cette tendresse et de cette compassion que l’on voue aux faibles d’esprit... (Ou bien quoi si ce n’est “naïfs-que-vous-êtes” ? Vaniteux ? Stipendiés ? “Onan le Magnifique” ? [Sur ce dernier point, Monsieur Charme-en-Tout aurait du savoir que j’aurais préféré Grand-Mamamouchi, cela m’aurait mieux été au teint, avec son Grand-Turban de Très-Grand-Super-Vizir que je me crois...].)
Je parle de ces “choses dites sur Fillon” par dedefensa.org, comme j’aurais pu parler des “choses-dites”, à diverses occasions, sur Trump, sur Obama, sur Poutine, sur bien d’autres, voire très récemment sur Jill Stein... Tiens, justement, il y a un passage, dans ce « Jill Stein, l’inopportune » qui vaut citation (ah, cette habitude de PhG-Mamamouchi de se citer lui-même !). Il est bienvenu parce qu’il est le second facteur, après les observations courroucées à l’encontre de dedeensa.org que j’ai citées, qui complétera le fondement de cette réflexion, laquelle est aussi une mise au point, “quelques points sur les i”. (Ce n’est pas la première ni la dernière de cette sorte de “mise au point”/“points sur les i”, toujours la même, mais il faut encore y revenir, et il faudra encore et encore y revenir, et l’on se chargera de la chose parce que rien n’est jamais fixé et rien n’est jamais désespéré lorsqu’il s’agit de se faire comprendre pour ce que l’on dit et non pas pour ce que quelques autres voudraient que l’on soit.)
Voici donc la citation utile pour la suite et la bonne compréhension de nos pédagogues-un-peu-censeurs et certes vigilants par intermittence :
« Tout ce brouhaha et ces derniers aveux signifient-ils qu’il nous faudrait éventuellement tresser des louanges et adresser des lauriers, – comme l’on dit dans ce mode d’inversion qui prolifère à une vitesse à ne pas croire, – à l’intention de Jill Stein ? Et pourquoi pas, eventually ? Il n’y a rien de plus volatile, par les temps qui courent à une vitesse si effrénée, même si c’est un peu en rond, que la fonction d’antiSystème ; elle vole de l’un à l’autre, aussi rapide que l’éclair et selon une course aussi prévisible qu’une feuille morte secoué par les écarts furieux de la tempête. Dans certaines circonstances et selon certains points de vue, – rien ne nous effraie à cet égard, – dans cette instance que nous venons de décrire effectivement Stein est antiSystème tandis que Trump et Infowars.com ne le sont plus et se retrouvent, avec tous les autres, y compris au côté de la clique pourrie démocrates-DNC-Clinton.
» Ainsi vont les choses... La veste antiSystème est d’un modèle universel et adaptable à tout, et donc faite pour être retournée constamment et selon les circonstances et la rapidité d’évaluation du coup d’œil, pourvu qu’elle conserve cette coupe impeccable et sublime de la référence de l’antiSystème ; c’est-à-dire la seule référence acceptable, structurante et principielle, loin des sornettes idéologiques et des humeurs d’une psychologie hystériques ; c’est-à-dire pour parler en mode opérationnel ce fameux “ennemi principal” du tacticien communiste Ho Chi-minh, qui devient ici, sous notre plume constante, l’“ennemi principal absolu”, celui qui ne changera pas jusqu’à ce que son effondrement et sa dissolution s’ensuivent ; c’est-à-dire le Système certes... »
Tout cela veut dire qu’écrivant comme “nous” le faisons de Jill Stein, je n’épouse en rien son parti ni aucune de ses ambitions, mais d’ailleurs et au reste d’une façon fondamentale, pas moins au fond et à l’extrême de la logique que je n’épouse le parti et les ambitions d’un Trump. (Tout juste pourrait-on m’accuser d’une certaine tendresse passagère pour cette femme mûre, politique et sans doute idéaliste, Jill Stein, à laquelle je trouve fort belle allure, avec toute la grâce élégante et presque aristocratique, à-la-Charlotte-Rampling, dont Hillary est totalement dépourvue ; cette dernière, Hillary, qui évoque pour moi, j’avais besoin de le dire, la poissonnière qui a fait fortune par ambition d’hybris et se vautre dans l’intellectualisme, l’ésotérisme et l’invective.) Tout cela veut dire que “nous” importe peu les différents sapiens qui s’agitent sur la grande scène du monde, leurs programmes et leurs visions, et d’ailleurs qui pourraient disparaître instantanément si les immenses et puissantes forces suprahumaines qui s’expriment aujourd’hui décidaient d’abaisser le grand rideau rouge pour un instant, pour faire le ménage, avant de se lever sur un tout autre spectacle qui leur convienne mieux. Je suis l’adepte de la plus grande souplesse et élasticité possible pour passer d’un “camp” à un autre, sans soucis des frontières (“frontières ouvertes”), pour débusquer l’antiSystème là où il jaillit un instant, inattendu et imprévu, et lui faire gloire un instant de ce qu’il est durant un instant.
Ce n’est pas que je dénie nécessairement et d’une façon générale au sapiens (*) toute capacité d’influer sur la tactique des grands événements métahistoriques, mais dans l’époque que nous vivons certainement je suis proche de ce jugement. Ma conviction est que, dans notre époque, un de Gaulle, un Churchill, même un Staline avec toutes sa flicaille terroriste seraient bien en peine d’intervenir comme ils le firent dans leurs temps, ni même d’intervenir petitement mais d’une façon créatrice, dans les événements tactiques du monde tant est grande la surpuissance du système du technologisme et surtout du système de la communication (celui-là, avec ses ambiguïtés-Janus) qui sont les deux bras armés du Système. Le seul rôle souhaitable que peut tenir sapiens aujourd’hui, de “notre”/de mon point de vue, est celui de destructeur de la bonne marche de ces deux systèmes, et du Système par conséquent ; c’est-à-dire, le rôle de l’antiSystème, qui ne demande pour ce qui est de l’action politique aucune capacité créatrice décisive ; car il faut s’abstenir de vouloir “créer“ aujourd’hui quelque chose de durable, qui ne le serait que selon le diktat du Système, et attendre pour cela que s’effondre le Système. (On nous avertira, je crois, lorsque la chose sera terminée.)
C’est pour cette raison que des “hommes/femmes inattendus” peuvent apparaître et bien remplir ce rôle (c’est le cas de Trump, ce pourrait être celui de Fillon, et à chaque occasion d’une telle apparition qui est aujourd’hui monnaie courante car gronde la dynamique de la révolte il faut explorer l’hypothèse). On peut encore remarquer, dans le même sens, que l’homme le plus célèbre aujourd’hui comme antiSystème a débuté de manière aussi obscure et sans beaucoup de perspective, à la façon de Fillon (ou d’un Trump dans un autre genre), lorsqu’il vint au pouvoir en 1998-1999, dans le camp d’un Eltsine ; et le même Poutine, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a développé depuis une tactique défensive, contre-offensive, nullement créatrice de quelque chose de nouveau mais plutôt utilisant des forces anciennes, comme la tradition, pour la destuction des entreprises montées contre lui par le Système.
Ce qui importe c’est que le sapiens-devenu-antiSystème rencontre une de ses grandes forces dont il m’arrive souvent de parler, et que je suis bien incapable d'embrasser exactement et rationnellement, sinon parfois d’en offrir une identification qui satisfait l'intuition. (Cela, un autre débat dont il y a beaucoup d’échos sur ce site [voir surtout la rubrique Glossaire.dde autant que La Grâce de l’Histoire].) L’une d’entre elles, de ces forces, est cette sorte de puissant courant collectif, où la psychologie joue le rôle premier d’émetteur-récepteur, qui peut animer des ensembles qu’on décrirait comme sociaux, que je décrirais, moi, comme sociaux par la psychologie, avec la psychologie en premier. Tout cela se passe, dans les apparences, souvent d’une façon décousue, souvent d’une façon rocambolesque, souvent avec des personnages à mesure (The-Donald). Nous sommes dans un époque a-héroïque, où “un de Gaulle, un Churchill, même un Staline”, précipité dans les choses en l’état ne pourrait rien, et même refuserait d’y être précipité ; nous sommes dans une époque où, pour parvenir au tragique qui est sa vérité-de-situation qu’elle ne veut pas voir, il faut passer par le bouffe (tragédie-bouffe, on l’aura compris).
Cela pour dire, ou plutôt redire et redire encore qu'il m’importe bien peu de savoir ce que celle-ci a fait, ce que celui-là annonce qu’il fera, dès lors que sa venue suscite quelque chose de l’ordre d’une dynamique importante, ou plutôt nous révèle cette dynamique importante en agissant comme un détonateur de ce qu’elle ou lui-même n’avait pas envisagé ni prévu. C’est cela qui était dit de Trump par Michael Moore, le comparant à un cocktail-Molotov (« Across the Midwest, across the Rustbelt, I understand why a lot of people are angry,” he said. “And they see Donald Trump as their human Molotov cocktail that they get to go into the voting booth on Nov 8. and throw him into our political system.” “I think they love the idea of blowing up the system.” »). C’est cela qui est dit à propos de Fillon :
« Cette appréciation, qui correspond au standard de la vision centriste de l’UE à Moscou, tient peu compte de la vérité-de-situation qui est en train de s’élaborer avec l’émergence de Fillon et les conséquences en France sur la perception, et donc sur la psychologie collective conduisant à l’élaboration de la politique, de la situation de l’UE et de la France dans l’UE dans les nouvelles perspectives qui sont ouvertes. C’est dire qu’on pourrait raisonner selon l’hypothèse que l’élection de Fillon comme candidat, dans les conditions où elle a eu lieu, a ouvert une brèche fondamentale dans la psychologie et la perception collectives, en France mais aussi dans certains cas hors de France pour évaluer la situation française, à propos de la question de l’UE. »
Voilà la conviction qui m’anime, voilà la conviction qui est à la base du travail de dedefensa.org. Cela implique par conséquent que dedefensa.org a une méthode qui s’appuie sur cette conviction et s’en sert comme soin principal outil de compréhension de la situation du monde, et qu’on ne peut juger de sa production qu’en fonction d’elle. La chose (“dedefensa.org a une méthode”) peut faire rire grandement certains, ce qui est mieux que de pleurer. .. Bref, notre méthode est ainsi faite que je ne m’arrête pas à cette sorte de rire, par simple manque de temps et manque d'intétêt au fond, sans hostilité aucune ; simplement et de toutes les façons, on ne parle pas de la même chose.
(*) L'emploi assez courant sur ce site du terme de la sorte qui se rapproche de la moquerie, – sapiens, – signifie effectivement que l'on parle de cet acteur appartenant à l'espèce humaine, devenu quasiment impotent et impuissant au coeur du Système à la croissance duquel il a pleinement contribué, dans une sorte d'illusion éclairée d'une hybris qu'on croirait innocente et inconsciente, bref une hybris pavée de bonnes intentions. L'acteur est devenu second rôle, puis figurant muet et désormais tout juste élément du décor ; sapiens, quoi...
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