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472Le Royaume-Uni, puissance nucléaire ? La question est posée aujourd’hui où le gouvernement a l’intention de lancer les premières mesures pour le remplacement des missiles SLBM (missiles stratégiques nucléaires tirés de sous-marins) Trident. Le débat révèle des positions inattendues, avec des vérités qui, si elles ne sont pas nouvelles, sont frappantes lorsqu’elles sont dites d’une façon si crue.
Nous parlons du commentaire de Matthew Parris, aujourd’hui dans The Times. Parris est un conservateur, ancien député tory. Il est contre le remplacement des Trident à cause de la dépense que cela implique. Lorsqu’on lui parle de la nécessité du remplacement des Trident pour le maintien en état opérationnel avancé de la dissuasion nucléaire britannique indépendante, il riposte que cette chose n’existe pas.
Sa description des conditions d’acquisition et d’opérationnalité du Trident ne nous surprend pas. Elles ont tout de même le mérite d’être écrites noir sur blanc, sans prendre la moindre précaution oratoire. On comparera cet exposé avec ce que disait Thatcher, parlant justement d’une “dissuasion nucléaire britannique indépendante” lorsqu’elle argumentait en faveur de l’achat du Trident, au début des années 1980.
«For a nonsense Britain’s independent nuclear deterrent has become. In truth Trident never had much potential practical use, even during the Cold War. It was hardly conceivable that we could deploy this weapon except in co-operation with the United States. The one occasion on which the ability to threaten a nuclear strike might have delivered a specifically British policy goal was the Falklands War: the threat of a strike on Buenos Aires might just have turned Argentina back at an early stage. But nobody thought the Americans would have let us do that. Nor should they have.
»Otherwise there was just one good argument for Trident. As a backbench Government MP I on balance accepted it; and voted for it. Solidarity with the United States in the free world’s stand against the advance of Soviet communism may sound a rather abstract goal today, now the Cold War is won, but it mattered then, and Trident was part of it: a potent symbol of parallel resolve, if not a huge practical help. Containing Soviet ambitions was a prize for which the price of our “independent” nuclear deterrent seemed worth paying.
(…)
»…It is true we cannot know how or where we may be threatened, but we can make useful guesses. Such threats are unlikely to include the very thing we originally acquired Trident to deter: threats from a superpower. The USSR is gone. Not only is the British nuclear deterrent not intended for use against America, but it could not even (practically speaking) be used against America’s wishes.»
La clarté et la franchise de telles explications nous indiquent qu’au Royaume-Uni, aujourd’hui, les positions concernant les special relationships sont de plus en plus édulcorées des arguments virtualistes. Le débat virulent qui est en cours à leur propos, parfois avec l’aide des USA, a l’avantage de poser le problème tel qu’il est : les special relationships sont, du point de vue britannique, un acte d’allégeance aux USA et rien d’autre et c’est sur ce point qu’il faut se déterminer. On le savait mais, aujourd’hui, cela se dit et cela se clame. C’est un point important : désormais, le problème est posé dans ses termes réels.
Mis en ligne le 2 décembre 2006 à 15H01