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590Une opposition très vive a été enregistrée dans la préparation du sommet du G8 de la semaine prochaine en Italie. Le côté US, conformément au discours de Strasbourg d’avril de Barack Obama, voudrait une déclaration d’intention du sommet recommandant une évolution vers la suppression des armes nucléaires et un monde dénucléarisée. Il y a eu une opposition farouche d’un pays, – la France, bien entendu, dont l’appréciation théorique de la dissuasion nucléaire est extrêmement ferme, sinon intangible. Pour les Français, y compris pour Sarkozy qui a réaffirmé son engagement lors de la “réintégration” de la France dans l’OTAN, la force nucléaire est la référence inaliénable de l’indépendance nationale.
Après Strasbourg, les analystes français n’avaient pas pris très au sérieux le discours d’Obama sur le nucléaire, classé plutôt parmi les “gadgets” du nouveau président. Depuis, l’évocation d’une zone dénucléarisée au Moyen-Orient, tout comme l’avancement des négociations avec l’URSS pour un nouveau traité de réduction des armes nucléaires (voir Antiwar.com ce 1er juillet 2009), montrent que la démarche d’Obama est sérieuse.
La même très forte opposition à de tels projets US, – ou USA-URSS à l ‘époque, – s’était manifestée en 1986 et 1987, lorsque Reagan et Gorbatchev flirtèrent avec la possibilité d’un accord pour rechercher l’élimination de toutes les armes nucléaires (à Reykjavik, à l’automne 1986) et lorsqu’eurent lieu les négociations finales pour l’accord de suppression des armes nucléaires intermédiaires de théâtre (traité FNI, signé en décembre 1987). Dans cette sorte de négociations, les pays nucléaires “moyens”, dont la France est le meilleur représentant, craignent également de perdre la crédibilité de leur capacité nucléaire dans les paliers intermédiaires du processus de désarmement auxquels eux-mêmes seraient éventuellement soumis, – si même cette idée de désarmement était concevable dans la réalité, ce que les Français ne croient pas. A cette époque (1986-1987), les Français n’étaient pas seuls; les Britanniques, avec une Thatcher qui ne s’en laissait pas conter, étaient à leur côté (comme Thatcher fut au côté de Mitterrand, en 1989-1990, pour freiner le processus de réunification de l’Allemagne à ses débuts alors que les USA soutenaient ce processus). Aujourd’hui, les Britanniques sont en pleine déconfiture, ils n’ont plus de capacités budgétaires et sont complètement incertains à propos d’un nucléaire d’ailleurs contrôlé par les USA.
D’autre part, les projets US pourraient conduire les Français à chercher des alliances pour renforcer leur position, et, par exemple, à régénérer un projet récurrent, dont on reparle à intervalles réguliers, bien entendu sans résultat jusqu’ici. Certaines sources dans l’entourage du candidat Sarkozy avaient très fermement évoqué ce projet durant la campagne électorale de 2007. Il s’agit d’une proposition française de collaboration nucléaire avec les Britanniques, qui sont effectivement dans l’embarras qu’on décrit par ailleurs, et qui pourraient envisager de prendre une certaine distance des USA; ces Britanniques, qui sont confrontés à des décisions concernant leur propre force nucléaire, absolument dépendante actuellement des USA.
Ce n’est encore qu’une partie du problème, une autre étant les rapports entre cette poussée US et la situation au Moyen-Orient, entre l’armement nucléaire effectif des Israéliens et les ambitions iraniennes à cet égard. Là aussi, des évolutions potentielles surprenantes seraient possibles.
Mis en ligne le 2 juillet 2009 à 11H59
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