Question de confiance

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Question de confiance


30 septembre 2002 — Les Américains soutiennent-ils la guerre ? C'est une question extraordinairement controversée. Les réponses, même au travers des sondages, restent étonnamment ambiguës. Un des plus récents sondages, réalisé les 12-16 septembre sur 1,150 adultes, par le Pew Research Center for the People & the Press, avec une marge d'erreur de 3,5%, donne les résultats suivants, surtout marquées par un extraordinaire (pour les Américains) appel aux alliés. :


« Would you favor or oppose taking military action in Iraq to end Saddam Hussein's rule? »

• Overall — 64 percent favor, but that drops to 33 percent if the United States must act without allies.

• Republicans — 77 percent favor, dropping to 43 percent if no allies.

• Democrats — 42 percent favor; 13 percent favor if no allies.

• Independents — 65 percent favor; 38 percent favor if no allies.

« Would you favor or oppose taking military action in Iraq to end Saddam Hussein's rule, even if it meant that U.S. forces might suffer thousands of casualties? »

• Overall — 48 percent favor, but that drops to 25 percent if no allies.

• Republicans — 66 percent favor; 20 percent favor if no allies.

• Democrats — 35 percent favor; 13 percent favor if no allies.

• Independents — 47 percent favor; 24 percent favor if no allies


Un autre document intéressant a été publié par le site democracynow.org et nous rapporte les messages que reçoivent les parlementaires de leurs électeurs. Ces messages sont opposés à la guerre, souvent dans une écrasante majorité.

Voici le texte qu'a diffusé democracynow.org :


« Republican and Democratic Senate offices report “overwhelming” opposition from their constituents to war with Iraq. This comes as Congress prepares to pass a war resolution granting President Bush sweeping powers to invade Iraq.

» The national news radio show Democracy Now! conducted an informal survey on Thursday of 70 Republican and Democratic Senate offices.

» Of the 26 offices which responded to our inquires, 22 reported an overwhelming majority – in some cases up to 99 percent -- of constituents opposed war in Iraq; three said the response was split and just one office reported a majority called backing the war. Among the findings:

» Democrats

• Wisconsin Sen. Herb Kohl: Aides say they are receiving 1,000-2,000 calls per week with the overwhelming number opposed to an attack on Iraq.

• Washington Sen. Patty Murray: Over 5,000 letters and phone calls were received last week on Iraq, aides say. Only about 100 came from constituents who supported an attack.

• California Sen. Dianne Feinstein: Staff in her San Francisco office reported about 200 calls a day with 99 percent of the callers opposing the war.

• New Mexico Sen. Jeff Bingaman: The D.C. office has been receiving at least 1,300 calls a day with about 70 percent opposed to war.

» Republicans

• North Carolina Sen.Jesse Helms: Staff declined to give figures but said the “majority is against” when it comes to calls on Iraq.

• Nebraska Sen. Charles Hegal: According to aides, constituents favor diplomacy over war at a rate of 5 to 1.

• Virginia Sen. John Warner: About 150 constituents a day are calling into the D.C. offices. “A very small minority supported military action,” said one aide. »


Ces divers constats sont particulièrement significatifs. Ils indiquent des tendances profondes. Ils méritent des commentaires. Nous en ferons deux.

• Le premier est très simple et nous paraît évident. Il concerne le constat que les Américains, en général, ont du mal à comprendre cette guerre et, surtout sa justification ; que leur sentiment est plutôt le désarroi, l'incertitude, le doute. On ne peut imaginer plus grave pour les Américains.

• Le second est beaucoup plus complexe et concerne les extraordinaires résultats du premier sondage, qui est particulièrement impressionnant à cause de ce qu'il montre du besoin des Américains d'avoir le soutien de leurs alliés. Les idéologues parleront, avec enthousiasme s'ils sont européens, de la force du sentiment internationaliste — mais c'est très accessoire à notre sens, et d'ailleurs assez douteux. Ce que reflète plutôt cette préoccupation des personnes interrogées, c'est une extraordinaire absence de confiance des Américains dans leur direction, et, par conséquent dans la politique de cette direction. L'appel aux alliés, c'est une demande de confirmation de la justesse de cette politique.

Ce constat est d'une importance tout simplement essentielle. Il rejoint une autre de nos analyses du 28 septembre, sur la proposition de mobilisation de l'économie US par des dépenses d'armement très fortement augmentées. Comme complément de l'analyse que nous donnions le 28 octobre, nous dirions que cette proposition de mobilisation de l'économie implique effectivement que l'état de l'économie est jugé très mauvais aux USA ; nous dirions, dans la logique de notre analyse, que cette perception très pessimiste, d'ailleurs confirmée par les résultats de Wall Street, se réfère essentiellement, là aussi, à l'effondrement de la confiance des Américains depuis le 11 septembre. Cet effondrement de la confiance pour l'économie rencontre et confirme l'absence de confiance dans la politique de la direction US et pour la guerre qu'on relève dans le sondage ci-dessus.

Il s'agit d'une crise de confiance dans le destin des USA. Notre appréciation générale est très nette : les USA traversent aujourd'hui la plus grave crise de confiance de leur histoire, équivalente seulement à la crise de confiance de la grande Dépression (1929-33) qui faillit conduire à la dislocation du pays, — qui aurait conduit à la dislocation du pays si Roosevelt n'était pas devenu président. On en déduira que les USA attendent, inconsciemment, leur Roosevelt version-XXIe siècle. Il n'y a pas lieu d'être optimiste à cet égard.