Question de fond : « Is Putin One of Us? »

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Question de fond : « Is Putin One of Us? »

Qui connaît un peu Patrick Buchanan, celui-là sera troublé et intéressé, stupéfait dans un premier temps, finalement écartant cette surprise inutile et dépassée, en lisant le commentaire de Buchanan du 17 décembre 2013 sur le site ‘UNZ.com’ qui reprend les textes originaux et importants de personnalités US, – et commentaire de Buchanan sous ce titre : “Is Putin One of Us?”  Buchanan fut le speechwriter de Nixon, partisan de Reagan, républicain et conservateur traditionnel anticommuniste et viscéralement antirusse durant l’essentiel de sa carrière, devenu “paléo-conservateur” pour se distinguer des “néoconservateurs”, mais restant marqué dans le chef de ses accusateurs rémunérés de tendance extrême-droitières (et bien entendu d’antisémitisme pour achever de plier le discours dans le sens convenu) comme isolationniste, adversaire de Roosevelt à cause de sa collusion avec l’URSS de Staline, etc. Dans le texte cité, où question vaut réponse positive évidemment, Buchanan fait de Poutine le porte-drapeau d’un mouvement mondial, transnational, contre les ravages du “progressisme” ou “libéralisme” (ce que nous nommons le “progrès”-Système dans notre F&C de ce même 18 décembre 2013, qui constitue un excellent complément pour ce commentaire de Buchanan, – ou bien est-ce le commentaire de Buchanan qui constitue un complément par le fait d’une application concrète du discours de Poutine).

En un sens, l’opinion de Buchanan sur Poutine ne surprend absolument pas, si l’on accepte les nuances fondamentales, les révisions de sens, la méfiance nécessaire devant l’aspect subversif des “étiquettes” idéologiques que nous impose le Système. Tout cela est passé en revue dans notre F&C déjà cité. Mais le fait d’être exprimé aussi clairement, aussi crument et brutalement si l’on veut, représente un événement de communication considérable, dans tous les cas un événement de communication alimentant un courant souterrain puissant, qui va accélérer des répercussions aux USA, dans le reclassement politique actuellement en période tourbillonnaire.

Is Putin One of Us? – Is Vladimir Putin a paleoconservative?», complète Buchanan... Dans la terminologie US, les “paléoconservateurs” désignent les républicains conservateurs restés fidèles aux doctrines républicaines d’avant le Guerre froide, notamment l’isolationnisme et, surtout, le non-interventionnisme. Par exemple, Justin Raimondo et Ron Paul sont aussi des “paléoconservateurs”. Le terme, qui s’oppose évidemment à “néoconservateur”, est à la fois fait de dérision des “paléos” pour eux-mêmes mais au second degré, pour caricaturer indirectement le terme de “conservateur” dans “néoconservateur” ; mais aussi, et involontairement cette fois, selon nous, parce que les “étiquettes” US n’ont pas l’habitude de dépasser la chronologie de l’histoire des USA, en nous suggérant une référence qui pourrait bien correspondre à celle que nous développons vers les Anciens et leurs conceptions, enfin vers la Tradition. De ce point de vue, il faut aussi noter combien il est inhabituel qu'un commentateur US en général, et de cette tendance en particulier, s'intéresse si en détails, comme fait Buchanan, à un discours de provenance étrangère, et surtout d'un dirigeant russe. Cela annonce les développements dont nous allons parler, l'ouverture complètement paradoxale au reste du monde de certains commentateurs US, notamment, paradoxe des paradoxes, de ceux qui se disent eux-mêmes isolationnistes.)

Nous citons abondamment le texte de Buchanan, parce qu’il constitue un exemple extrêmement intéressant du reclassement en cours à une vitesse extraordinairement rapide, notamment aux USA, avec la Russie et Poutine comme détonateur de la chose. L’observation de Buchanan du passage d’une conception verticale de l’affrontement à une conception horizontale, transnationale, absolument étonnante pour un commentateur US qui a toujours entretenu une hostilité constante pour tout ce qui n’est pas US et pour la globalisation, pulvérise l’argument habituel “globalistes versus nationalistes” qui est un autre faux-nez du Système pour diviser les tendances antiSystème (d’ailleurs souverainistes plus que nationalistes) en les enfermant dans un ghetto isolationniste, alors que leur cause se retrouve dans un nombre de plus en plus élevé de pays, et devient par conséquent une cause globale. (Ce terme de “global” sans plus, et l’on pourrait même dire “mondiale” ou “universelle”, pour éviter de trop se référer au globalisme, doctrine spécifiquement pro-Système puisque réunissant les forces-Système dans une structure transnationale.)

«...In the culture war for mankind’s future, is [Putin] one of us? While such a question may be blasphemous in Western circles, consider the content of the Russian president’s state of the nation address.

»With America clearly in mind, Putin declared, “In many countries today, moral and ethical norms are being reconsidered.” “They’re now requiring not only the proper acknowledgment of freedom of conscience, political views and private life, but also the mandatory acknowledgment of the equality of good and evil.” Translation: While privacy and freedom of thought, religion and speech are cherished rights, to equate traditional marriage and same-sex marriage is to equate good with evil.

»No moral confusion here, this is moral clarity, agree or disagree.

»President Reagan once called the old Soviet Empire “the focus of evil in the modern world.” President Putin is implying that Barack Obama’s America may deserve the title in the 21st century. Nor is he without an argument when we reflect on America’s embrace of abortion on demand, homosexual marriage, pornography, promiscuity, and the whole panoply of Hollywood values. Our grandparents would not recognize the America in which we live... [...]

»Peoples all over the world, claims Putin, are supporting Russia’s “defense of traditional values” against a “so-called tolerance” that is “genderless and infertile.” While his stance as a defender of traditional values has drawn the mockery of Western media and cultural elites, Putin is not wrong in saying that he can speak for much of mankind. Same-sex marriage is supported by America’s young, but most states still resist it, with black pastors visible in the vanguard of the counterrevolution. In France, a million people took to the streets of Paris to denounce the Socialists’ imposition of homosexual marriage.

»Only 15 nations out of more than 190 have recognized it... [...]

»While much of American and Western media dismiss him as an authoritarian and reactionary, a throwback, Putin may be seeing the future with more clarity than Americans still caught up in a Cold War paradigm. As the decisive struggle in the second half of the 20th century was vertical, East vs. West, the 21st century struggle may be horizontal, with conservatives and traditionalists in every country arrayed against the militant secularism of a multicultural and transnational elite. And though America’s elite may be found at the epicenter of anti-conservatism and anti-traditionalism, the American people have never been more alienated or more divided culturally, socially and morally.

»We are two countries now...

»Putin says his mother had him secretly baptized as a baby and professes to be a Christian. And what he is talking about here is ambitious, even audacious. He is seeking to redefine the “Us vs. Them” world conflict of the future as one in which conservatives, traditionalists and nationalists of all continents and countries stand up against the cultural and ideological imperialism of what he sees as a decadent west.

»“We do not infringe on anyone’s interests,” said Putin, “or try to teach anyone how to live.” The adversary he has identified is not the America we grew up in, but the America we live in, which Putin sees as pagan and wildly progressive. Without naming any country, Putin attacked “attempts to enforce more progressive development models” on other nations, which have led to “decline, barbarity and big blood,” a straight shot at the U.S. interventions in Afghanistan, Iraq, Libya and Egypt.

»In his speech, Putin cited Russian philosopher Nicholas Berdyaev whom Solzhenitsyn had hailed for his courage in defying his Bolshevik inquisitors. Though no household word, Berdyaev is favorably known at the Russell Kirk Center for Cultural Renewal.»

Il s’agit évidemment et impérativement, pour bien appréhender notre démarche, de bien comprendre l’aspect relatif des valeurs nationales, religieuses, etc., qu’on trouve citées dans le texte de Buchanan, pour en venir à l’essentiel qui est justement dit, – ce passage d’une bataille verticale à un affrontement horizontal. Même si ces “valeurs” paraissent essentielles à certains, ce ne sont que des “valeurs” alors qu’il doit être question aussi de principes. S’en tenir aux “valeurs” fait le jeu du Système (voir le 14 décembre 2013).

Si l’on parvient à mener à bien cet exercice de souplesse intellectuelle, de capacité d’adaptation, cette affirmation enfin de l’opérationnalité de la liberté de l’esprit, sortie de la gangue théorique qui acclame la liberté de l’esprit sans jamais permettre de l’exercer, alors le code fondamental, la parole centrale de notre Sphinx moderne “antiSystème versus Système” apparaissent dans toute leur évidence et toute leur puissance. Tout cela, enfin, parce qu’il est temps, impérativement et sans hésitation, avec l’audace de l’esprit qui se débarrasse des “étiquettes” politiques étriquées même (surtout, pardi !) lorsqu’elles ont des prétention plus élevées, ces “étiquettes” qui sont ce par quoi le Système nous enchaîne, – il est temps d’identifier l’“ennemi principal” (et même l’“ennemi exclusif”, si l’on veut bien prolonger la pensée de l’oncle Ho en 1946, classant la Chine comme “ennemi principal” et mettant de côté son hostilité pour les Français), – il est temps d’attaquer cet ennemi exclusif par tous les moyens possibles, avec tous les alliés possibles. On ne cherchera pas, ici, à poursuivre cette prétention folle de définir et d’élaborer un programme post-Système, – “folie” parce que l’effondrement du Système bouleversera tout, absolument tout, et d’abord tous les schémas post-Système d’avant son effondrement ; on cherchera d'abord à alimenter tout ce qui accélère le processus d’autodestruction du Système, – notre delenda est Cartago, ou delenda est Systema.

Tout cela étant exprimé avec conviction et force, l’on peut alors mieux considérer ce qu’une position comme celle de Buchanan représente de révolutionnaire dans le paysage politique des USA, de Washington. Faire sortir un conservateur US, même “paléo”, de sa gangue anticommuniste nécessairement recyclé en hostilité latente pour la Russie, cette gangue qui s’appuie sur un antiétatisme radical né des conceptions fondamentales des Pères Fondateurs et de l’origine libertarienne et localiste (“démocratie localiste” jeffersonienne) des USA, réactualisée d’une hostilité violente pour tout ce qui peut être assimilé au “socialisme” européen, cela donne une mesure éclairante du reclassement accéléré en cours. Il est assez probable que le discours de Poutine à la Douma va de plus en plus être considéré comme un texte fondamental, acceptable par tout un courant transnational et antiSystème qui ignore encore sa puissance. Buchanan termine son texte par une question énigmatique après son apologie de Poutine : «Which raises this question: Who is writing Putin’s stuff?»... Question (“Qui écrit les discours de Poutine ?”) à laquelle nous pourrions apporter notre réponse en forme d’hypothèse : “It could be myself”, – Patrick Buchanan, ex-speechwriter de Nixon et auteur du livre très récent portant ce titre : Suicide of a Superpower: Will America Survive to 2025?”.

• Pour ajouter un exemple illustratif des contradictions de plus en plus criantes entre les politiques anti-Poutine extraordinairement haineuses et barbares comme y pousse le Système, de certains pays du bloc BAO, – de tous, devrions-nous dire d’ailleurs, – et les débats fondamentaux qui agitent tous ces pays, voici le cas de la Lituanie. On sait la position de la direction-Système de ce pays, anti-Poutine parce qu’antirusse, absolument infectée et subvertie par l’UE, OTAN, l’européanisme et l’américanisme comme autant de relais-Système ; on y ajoute l’aliment manipulé par le Système de la rancune anticommuniste recyclée en haine antirusse, fondée sur la mémoire de tant de massacres, mais dépassée lorsqu’on la transpose dans l’affrontement actuel où il y a désormais cet ennemi exclusif ...

Russia Today rapporte, ce 17 décembre 2013, la nouvelle de la polémique en cours dans le pays par l’imposition, à partir d’une recommandation si exquisement moderniste, c’est-à-dire stéréoyptée-Système, du Conseil de l’Europe en 2010 («The issue first flared up in 2010, when the Council of Europe issued a recommendation for EU member states to exclude words “mother” and “father” from the official documents as a manifestation of sexism»). Le cas concerne donc cette tentative de remplacer les termes “père” et “mère” par “parent-1” et “parent-2”, avec les variations surréalistes qui vont avec et déroulent toutes les facettes de ce fascinant abrutissement béat qui en accouche. On notera que l’idée, repoussée après une intervention contre la bureaucratie lituanienne, a réapparu dans les manuels scolaires grâce à la programmation électronique automatique, – où l’on voit que l’alliance des poussées déstructurantes des tendances sociétales (voir le 30 avril 2013) trouvent leurs principaux alliés dans la bureaucratie, puis dans l’automatisme des machines du système informatique général (voir le 7 juin 2013) contrôlé par le Système, assimilant aussi bien les Google divers que les NSA variées, – non, unique NSA pour ce dernier cas. Le tout se résume enfin en un pays qui développe une politique haineuse anti-Poutine, alors qu’une majorité de réactions s’élèvent contre une initiative et ses conséquences-Système automatisées du vaste champ de subversion que Poutine est le seul dirigeant politique au monde à dénoncer comme l’“ennemi principal” devenu “exclusif”.

«Electronic diaries in hundreds of Lithuanian schools now display “Parent I” or “Parent II” entries where they used to be “mother” and “father”. This comes after the same initiative for kindergartens was abolished over public outrage.

»The change in family ways has popped up in the Lithuanian system of electronic school diaries which are filled in by the form master. The Parent I / II initiative was first introduced in Lithuania by the mayor’s office in the capital, Vilnius, where parents registering their children to kindergartens were forced to fill the relevant entries in the official form. The initiative provoked a debate. “I just cannot make out which entry I belong to and just which I am: Parent One or Parent Two,” a mother told the Lithuanian news outlet Delfi at the time. Also, some feminist groups declared the entries for all-women alliances should rather be Mother I and Mother II.

»The media scandal that followed the Vilnius Mayor’s office initiative, forced bureaucrats to give up their plans regarding ‘Parent I’ and ‘Parent II’ entries in kindergarten documents. Still, it appears to have resurfaced in schools. The electronic diaries system, already introduced in around 500 Lithuanian schools, is being administrated by the company Tavo Mokykla. The head of the company, Viktorija Burinskaitė, said the change was implemented in the new version of the diary. ‘Mother’ and ‘father’ columns might return to the final version of the program, she said.

»The initiative, though following an EU draft bill, is seen by some as an assault on the traditional family... [...] »

 

Mis en ligne le 18 décembre 2013 à 10H46