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17 novembre 2004 — Blair ne garde aucune rancune à Chirac de ses remarques de lundi. Il faut être po-si-tif. Un article du Financial Times de ce matin ne nous laisse aucun doute là-dessus.
Directement “inspiré” par Downing Street, cet article met en évidence tous les terrains d’entente nécessaires entre les deux hommes, en plus de leur sympathie commune bien connue (« “Whatever the ups and downs . . . Blair and Chirac get on each with other,” said a Downing Street aide. “Blair often says that whatever their differences he especially likes talking to Chirac. And there are good reasons to think that the president feels the same way about Blair.” ») A le lire, il apparaît évident qu’on pourrait bien voir s’ouvrir une nouvelle ère d’Entente Cordiale, au moment où on boucle les cérémonies du centenaire de cette Entente (raison protocolaire de la visite de Chirac à Londres demain et vendredi).
On appréciera le ton de l’article du Financial Times, rarement aussi amical et bienveillant pour un président français. Le FT arrive même à trouver dans la position française sur les relations transatlantiques un utile complément pour la politique transatlantique de Tony Blair. Cet optimisme est remarquable bien qu’il coupe un peu le souffle… Tout va tellement bien que les proches de Blair suggèrent qu’il y aurait presque une doctrine originale du président français (le “chiraquisme”, ou chiracism, certes).
« As they prepare for Mr Chirac's arrival, the mood in Downing Street on Tuesday was upbeat. “If journalists ask Chirac what he thinks about the Iraq war, then he will say what he thinks,” said an aide to the prime minister. “But there is no doubt, either, that Chirac will want to accentuate the positive aspects of our bilateral relationship.”
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A côté de l’amoncellement de confidences et de déclarations de pure relations publiques, on distingue, parce que c’est une évidence, une volonté britannique (partagée plus discrètement par les Français) de rapprochement. La cause en est simple : même Blair commence à s’apercevoir de ce que certains conseillers lui disent discrètement, et de ce que la presse écrit régulièrement : que ce soit sur le Moyen-Orient ou sur d’autres questions, GW et Washington sont aujourd’hui encore plus unilatéralistes qu’hier et ne céderont rien de substantiel à Blair. Blair obtiendra encore moins que ce qu’il a déjà obtenu, c’est-à-dire “moins que rien”, et même l’establishment commence à partager cette analyse, comme l’exprime le Times du 16 novembre. S’il veut effectuer une courbe rentrante vers l’Europe, les Français l’aideront sans trop appuyer sur ses erreurs. La rencontre de demain sera peut-être l’occasion de l’amorce de cette manoeuvre.
Mais le vrai sujet européen, évoqué par les Français et moins par les Britanniques, c’est la défense européenne. C’est l’enjeu principal, surtout lorsque les Français et les Britanniques parlent entre eux. C’est là-dessus qu’on pourra éventuellement mesurer une évolution de la position britannique. On notera cet avis intéressant du président du Royal Institute of International Affairs (RIIA), perdu dans un compte-rendu général des réactions des Européens après la nomination de Rice comme secrétaire d’État. Certains pourraient considérer cette appréciation comme un appel du pied, ou une prévision.
« Not everyone was convinced that Rice's appointment is all bad. While predicting that a U.S.-Europe partnership is going to be difficult in the next four years, Victor Bulmer-Thomas, the director of the Royal Institute of International Affairs in London, said there was a silver lining for Europe.
» “Europe also wants to develop a unified security and foreign policy,” he said. “Paradoxically, a bad relationship with the United States is an opportunity for Europe. Coming up with a unified European policy will be made easier by not having a sympathetic person” as secretary of state. »