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1245Les déclarations du Premier ministre tchèque démissionnaire Mirek Topolanek, tous comptes faits, ont fait grand bruit, et un bruit particulièrement significatif bien plus que polémique. Une fois les interventions conformistes habituelles absorbées, il apparaît que ces déclarations sont prises pour du comptant, comme exprimant une opinion, certes d'une forme extrême, mais certainement accordée en substance au sentiment européen sur la politique US. (Cette idée apparaissait déjà dans le commentaire du journaliste praguois Machacek, tel qu’il était rapporté par CNN.News: «That said, Machacek argued, Topolanek's position is not completely outside the pale in the European Union. “The Czech perspective doesn't differ that much from the German position,” he said. “But the Germans would never be so undiplomatic.”»)
Stefan Steinberg fait, sur WSWS.org, ce 27 mars 2009, une excellente analyse de la “sortie”, au double sens du mot, de Topolanek devant le Parlement européen. Il analyse les divergences considérables existant entre USA et UE à la veille du G20 et en fonction de ce G20, avec l’inévitable et entêté Britannique qui apparaît un peu dérisoire avec sa prétention d’être à la fois d’un côté et de l’autre, et sa suffisante certitude d'avoir la capacité de réparer le monde après avoir si fortement contribué à sa mise en pièces et sa mise à sac.
La dernière partie du texte de Steinberg est également intéressante pour un autre aspect, qui est la confirmation de l’évolution accélérée de l’Europe de l’Est, d’une position aveuglément pro-américaniste à une attitude extrêmement critique des USA, proche de l’Allemagne, et de la France par conséquent. Dans cette affaire de la préparation du G20, les Tchèques ont marché main dans la main avec les Allemands et les Français, et le rôle de Topolanek avant-hier revient finalement à dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. Cela nous paraît effectivement bien plus qu’un mouvement de circonstance. (Voir notre F&C du 20 mars 2009: «Parmi les mouvements tectoniques en train de se faire, il y a une évolution massive des pays d’Europe de l’Est vers une attitude beaucoup plus distanciée des USA, voire nettement critique. Entre l’affaire géorgienne, les anti-missiles (BMDE) qu’on projette et qu’on laisse tomber selon les caprices du temps, la crise elle-même, où l’on attend en vain l’aide US, il y a de quoi modifier un jugement. Sur ce point également, la situation n’a rien de semblable avec celle de 2002.»)
Vioici le passage du texte de Stefan Steinberg sur cet aspect des événements:
«The latest comments by Mirek Topolanek only serve to ratchet up the tensions between the US and Europe prior to the G-20 summit. There is a further important political aspect to the remarks made by the former Czech prime minister. In the decades following the reintroduction of capitalism in the countries belonging to the former Stalinist Soviet bloc, the US was able to bank on considerable political support and good will from Eastern European states.
»At the end of the 20th and at the start of the 21st century the US and its unbridled free-market system was regarded as a role model for Eastern Europe and the Baltic states. In the course of its war against Iraq, for example, the US could rely on the backing of a number of Eastern European countries. Former US defence secretary Donald Rumsfeld even sought to put pressure on Western European nations (“old Europe”) by stressing the harmonious relations between the US and so-called “new Europe”, i.e., the Eastern European countries.
»The international financial crisis, however, is redrawing the political map with a layer of politicians in Eastern European countries now openly taking sides with leading Western European nations such as Germany and France against the US. For their part the latter countries feel that their hand is strengthened when it comes to standing up against Washington.
»The growing war of words across the Atlantic reflects imponderable and growing political differences between the US and Europe, which rule out any sort of binding agreement at next week's G-20 summit.»
Il y a certes une logique et une dynamique d’une puissance qu’on ne peut croire un instant pouvoir arrêter dans cette évolution. La crise est bien générale, échappant désormais largement à son domaine initial (finance, économie) pour cette séquence, pour toucher tous les domaines, et précisément le domaine politique. Il faut s’attendre, avec les pays d’Europe de l’Est, à un reclassement généralisé, accéléré par la probable disparition du programme militaro-politique américaniste (le programme BMDE) qui devait structurer l’allégeance de cette partie de l’Europe aux USA.
Mis en ligne le 27 mars 2009 à 09H55
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