Ralph Peters, ou la “solution finale” du problème de l’information

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Tout le monde doit savoir, et sait effectivement que Ralph Peters est certainement un de nos auteurs et penseurs favoris, dans la mesure où ses œuvres et ses agitations sont une remarquable illustration de l’esprit des temps. Depuis le “barbare jubilant”, ce texte de 1997 (le surnom que nous lui avions donné) qui ne cessa de faire notre plat du jour du menu des temps postmodernes, Peters est une excellente référence pour voir de quoi il retourne.

Nous apprenons, par l’intermédiaire de Jeremy Scahill, de The Nation, dans un texte repris le 22 mai 2009 sur Antiwar.com, que Peters a publié une savante et décisive analyse, dans le n°16 (printemps 2009) de Journal of International Security Affairs, la belle revue théorique liée aux néo-conservateurs, au Lobby (l’AIPAC, représentant en vérité les intérêts du Likoud) et toute cette bande. Peters nous parle de «Wishful Thinking and Indecisive Wars», – et il expédie tout cela, d’une façon diablement expéditive.

Jeremy Scahill s’attache au traitement que Peters, et d’autres dans la horde des neocons, réserve aux médias. Les journalistes sont en effet déclarés les ennemis n°1 puisqu’ils ne nous ont pas informé de la victoire absolue de l’Amérique, des néo-conservateurs, d’Israël, et de Ralph Peters enfin, autant que de leurs vertus, dans toutes les batailles que ces vaillantes et subtiles figures de notre civilisation conduisirent à terme.

«A new report for a leading neoconservative group that pushes a belligerent “Israel first” agenda of conquest in the Middle East suggests that in future wars the U.S. should make censorship of media official policy and advocates “military attacks on the partisan media” (via MuzzleWatch). The report for JINSA, the Jewish Institute for National Security Affairs, was authored by retired U.S. Army Col. Ralph Peters. It appears in JINSA’s “flagship publication,” The Journal of International Security Affairs. “Today, the United States and its allies will never face a lone enemy on the battlefield. There will always be a hostile third party in the fight,” Peters writes, calling the media “the killers without guns.”

»“Of course, the media have shaped the outcome of conflicts for centuries, from the European wars of religion through Vietnam. More recently, though, the media have determined the outcomes of conflicts. While journalists and editors ultimately failed to defeat the U.S. government in Iraq, video cameras and biased reporting guaranteed that Hezbollah would survive the 2006 war with Israel and, as of this writing, they appear to have saved Hamas from destruction in Gaza. […]

»“Although it seems unthinkable now, future wars may require censorship, news blackouts, and, ultimately, military attacks on the partisan media. Perceiving themselves as superior beings, journalists have positioned themselves as protected-species combatants. But freedom of the press stops when its abuse kills our soldiers and strengthens our enemies. Such a view arouses disdain today, but a media establishment that has forgotten any sense of sober patriotism may find that it has become tomorrow’s conventional wisdom.

»“The point of all this is simple: Win. In warfare, nothing else matters. If you cannot win clean, win dirty. But win. Our victories are ultimately in humanity’s interests, while our failures nourish monsters.”

»It is, of course, very appropriate that such a despicable battle cry for murdering media workers appears in a JINSA publication. The organization has long boasted an all-star cast of criminal “advisers,” among them Dick Cheney, Richard Perle, James Woolsey, John Bolton, and Douglas Feith. JINSA, along with the Project for a New American Century, was one of the premiere groups in shaping U.S. policy during the Bush years and remains a formidable force with Obama in the White House.»

Le programme est sur la table. Il faut rappeler ce que tout le monde sait, que ces divers commentateurs, Peters au premier rang, tiennent pignon sur rue, qu’ils sont toujours écoutés et entendus là où il faut. Après tout, Peters est un des deux chroniqueurs favoris de Cheney (avec l’historien Victor Davis Hanson) et l’on sait qu’aujourd’hui, Cheney est considéré comme l’un des penseurs les plus avisés à Washington.

Avec Ralph Peters, l’extrémisme courant semble être devenu une sorte de centrisme qui vous ferait un peu honte, – question de mollesse. D’où sa recherche constante, minutieuse, pleine d’alacrité et ainsi de suite, pour parvenir à débusquer un extrême “au-delà de l’extrême de l'extrêmisme” si l’on veut. Dans ce cas, sa trouvaille de base n’est pas vraiment originale (“les journalistes sont nos ennemis”) mais le traitement est, lui, assez radical pour mériter une mention, une définition, voir l’apprécier comme une méthode entièrement nouvelle. Ralph Peters a inventé la “solution finale” du problème que l’information pose aux armées démocratiques et vertueuses qui sont les nôtres.


Mis en ligne le 25 mai 2009 à 15H39