Rand : il y aura sans doute un Paul en 2012

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Rand Paul, nouveau sénateur républicain du Kentucky et fils de Ron Paul, a déclaré qu’il y aurait sans doute un Paul dans la campagne électorale pour les présidentielles US de 2012. Rand Paul précise que la seule certitude est qu’en cas de candidature de son père, lui-même ne sera en aucun cas candidat. Ron Paul, dans une autre déclaration, laisse effectivement envisager la possibilité de sa candidature, notamment en raison de la situation actuelle des USA.

Sur Huffington.post le 24 mars 2011.

«Ron Paul, a U.S. representative from Texas, unsuccessfully sought the Republican nomination in 2008. Now Rand Paul, the junior Kentucky senator and tea party favorite, is being encouraged to jump into the political fray if his father sits out next year's race – never mind that he's only weeks into the job after one of the fall's most-watched Senate races.

»The Kentucky senator said he's not ruling out a bid if his father decides against a repeat run. “The biggest decision for me is whether my father runs or not,” the younger Paul told reporters Thursday. Nonetheless, Rand Paul said it sounded “pretty reasonable” that one of the politically prominent Pauls would be in play. “I think there will be one on the ballot,” Paul told reporters after speaking to a Rotary club gathering in Louisville. “I think there's a good chance of that.”

»His father was in the crucial primary state of New Hampshire on Thursday. During a college campus stop, Ron Paul said he hasn't ruled out running for president again but isn't on the verge of making a decision. Ron Paul said his focus right now is on the nation's economy and whether it worsens, signaling its course could influence his decision. “If we get a reprieve and things just look great, I might not be as enthusiastic,” the elder Paul told reporters after a speech at the University of New Hampshire in Durham, N.H. “But if it continues like right now, it makes it almost inevitable that somebody will have to start talking about what we need to do.”

»Asked about father-and-son presidential prospects, Ron Paul said the matter hasn't come up with his son. “We've never discussed it,” he said.»

C’est la première fois que les deux Paul parlent, d’une part d’une “candidature Paul”, – le père ou le fils, – pour les présidentielles de 2012, et qu’ils parlent publiquement d’une concertation et d’une coordination entre eux deux à propos de cette candidature. Bien entendu, logique de la hiérarchie familiale est respectée, puisque Rand envisage la sienne en fonction de la décision de son père, qui est ce qui réglera tout.

D’un autre côté, et pour substantiver ce débat, il est remarquable qu’un sénateur aussi “jeune” que Rand (trois mois à cette fonction) et disposant d’une notoriété si récente, dans laquelle son nom de famille joua au départ un rôle important, semble songer si sérieusement à sa candidature. Rand Paul précise qu’il est sollicité dans ce sens par divers milieux de Tea Party, ce qui semble indiquer qu’il y a un mouvement de fond partant de la base, dans Tea Party, en faveur d’une telle candidature, pour cette candidature, ou, pour voir plus large, pour la candidature de l’un ou l’autre Paul. Cela semble indiquer d’une part que les deux Paul sont identifiés comme représentant une orientation politique commune, d’autre part que cette orientation gagne de plus en plus de crédit au sein de Tea Party. C’est une démarche différente, sinon opposée, de celle d’une Bachmann ou d’une Palin, qui cherchent chacune de leur propre initiative à obtenir le soutien de Tea Party pour leur candidature. On pourrait en déduire l’hypothèse que Tea Party tend à se reconnaître de plus en plus dans la philosophie des Paul, qui est radicalement adversaire de la puissance fédérale centrale, et qui est antiguerre en politique extérieure. Cela signifierait encore que Tea Party, qui connaît un reflux depuis quelques mois, avec le courant populiste de plus en plus accaparé par la gauche démocrate et extra-démocrate (mouvements de protestation dans le Wisconsin et dans d’autres Etats de l’Union), commence à reconnaître que sa fraction trop proche des intérêts du Big Business (comme le gouverneur du Wisconsin, Walker) le dessert considérablement auprès du public. Dans ce cas, effectivement, se tourner vers le radicalisme anti-fédéral de la droite libertarienne des deux Paul, qui est d’essence purement populiste, constitue une dynamique naturelle.

Les Paul, surtout Ron Paul, sont très sensibles à la situation des USA. (Voir la déclaration de Ron Paul : si la situation économique ne s’améliore pas, il faudra “faire quelque chose”, – ce qui signifie dans ce cas, “il faudra que je fasse quelque chose pour 2012”). Il y a donc moins le désir, sans doute sans espoir d’un résultat quelconque, de simplement représenter une tendance dans l’élection, que l’observation qu’une candidature Paul peut correspondre aux nécessités d’une situation urgente et donc pouvoir espérer dépasser très largement sa base idéologique normale. Les résultats de Ron Paul dans diverses enquêtes internes chez les républicains, qui le mettent en première place pour la préférence des personnes interrogées, ainsi que sa popularité dans certains milieux non-républicains, sont une puissante indication à cet égard. Ron Paul, s’il était nommé par extraordinaire candidat républicain, serait le seul républicain pouvant espérer attirer à lui une grande partie des indépendants et une partie importante des démocrates. Le paradoxe de cette situation, dans une situation générale qui ne semble caractérisée que par le paradoxe, est que le seul républicain qui soit assuré d’une opposition sans retour de l’establishment contre sa candidature républicaine, est aussi le seul républicain le plus apte à réunir sur son nom une majorité dépassant très largement ce parti et donc théoriquement victorieuse. Mais ceci explique bien sûr cela, puisqu’une candidature Paul ne peut-être qu’anti-establishment (clef de son succès présumé), et que l’establishment ne peut que chercher à l’interdire à tout prix. La perspective est alors, s’il y a une candidature et un succès aux primaires, que Paul se tourne vers une candidature indépendante, ce qui rendrait la situation de l’élection très confuse et très incertaine.

D’une façon plus générale, il est remarquable d’observer combien une candidature Paul (Ron ou Paul, même signification) acquiert, discrètement, un crédit grandissant alors qu’elle est entourée d’une boycott minutieux et presque surréaliste, et quasi général, de la presse-Système sur ce point d’une candidature. Ce boycott-censure sur ce point précis de la candidature (Ron Paul n’est nullement boycotté par la presse-Système sur ses activités générales) est une indication a contrario du sérieux de la chose ; il est réellement le candidat potentiel qui fait une peur panique à l’estblishment, pour tant de raisons évidentes d’ailleurs.

On voit qu’on est naturellement conduit à privilégier systématiquement une candidature Ron Paul (plutôt qu’une de Rand). Là aussi, les raisons sont évidentes, à commencer par l’exceptionnelle popularité de Ron Paul. On pourrait également observer que la fluidité de la situation pré-électorale des Paul, dans des conditions d’une situation générale vraiment exceptionnelles, plutôt que faire s’interroger sur l’idée de “l’un ou l’autre”, pourrait déboucher sur celle de “l’un et l’autre”. Certains militants de base ont d’ores et déjà envisagé un “ticket” Ron-Rand pour les présidentielles, pour les candidatures respectives de président (Ron) et vice-président (Rand). Cela montre que, vraiment, rien n’est fait ; que, fort probablement, il se fera quelque chose chez les Paul vis-à-vis des présidentielles de 2012; que, sans doute, cela constituera un élément important, si pas essentiel, dans la campagne électorale US de 2012.


Mis en ligne le 26 mars 2011 à 06H57