RapSit-USA2020 : Atlanta brûle (un peu)

Brèves de crise

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RapSit-USA2020 : Atlanta brûle (un peu)

Décidément, ce monde dément peuplé de zombieSystème, même lui n’échappe pas aux ironies des chronologies inattendues. C’en est une tout de même de voir Atlanta flamber, dans tous les cas allégoriquement à partir des incidents de la nuit où le restaurant Wendy’s  a été brulé par les “protestataires” désormais coutumiers de la chose. Cela se passe trois jours après  la censure par HBO-Max d’Autant en emporte le vent, dont l’une des séquences les plus spectaculaires est l’incendie en décembre 1864 d’Atlanta par les troupes du général nordiste Sherman. On y trouvera un symbole, dans le sens qu’on veut, et l’on érigera bien une statue à la gloire du général Sherman, l’homme du « Un bon Indien est un Indien mort ».

Le gouverneur de l’État de Géorgie est républicain mais la maire de la ville d’Atlanta est démocrate (et raisonnablement Africaine-Américaine). La série des incidents graves et des points de tension maximale continue, aux USA, dans la cadre de cette Grande-Émeute2020 commencée le 25 mai, à toucher des points où les autorités sont démocrates, et donc pour Atlanta la nuit dernière. Ce constat n’est pas anodin, et il contribue à alimenter la tension. De plus en plus souvent, les autorités démocrates sont les otages des activistes, elles qui doivent veiller en rentières avisées à ne pas mécontenter leurs supposés-électeurs.

La maire a immédiatement condamné la mort dans la nuit de vendredi, du fait de la police, d’un Noir, Raychard Brooks. Les circonstances qui sont pour l’instant  assez confuses et semblent résulter d’une querelle avec les policiers suivant son interpellation pour vérification du taux d’alcoolémie, puis d’une fuite de Brooks poursuivi par les policiers. Peu importe, cela mérite un incendie.

Les deux policiers impliqués ont été placés en garde à vue. La cheffe de la police, qui avait été jusqu’alors une des favorites de la presseSystème pour son brio dans la dés-escalation des situations de tension par indulgence affirmée pour les “protestaires”, a immédiatement donné sa démission.

La mort de Brooks intervient comme la possibilité d’une relance du flux de manifestations et d’incidents qui avaient pris moins d’importance ces derniers jours, toute l’attention étant concentrée sur la “Zone Autonome” de Seattle (CHAZ).

La surprise Poutine

C’est tout à fait inhabituel, comme l’a fait remarquer l’intéressé lui-même, qui s’abstient d’habitude de commenter ou commente très peu ce qui se passe dans les situations intérieures d’autres pays. Mais cette fois, Poutine n’a pas pris de gants, ce qui nous donne une indication de l’importance qu’il attribue à cette crise... Ces déclarations viennent  d’une conversation avec le présentateur TV Zaroubine, qui l’a retranscrite sur son compte Instagram :

• « Ce qui se passe  [aux Etats-Unis]  est la manifestation d’une crise interne profonde » ;

• Poutine précise que la crise vient de loin : « Quand il a gagné, et sa victoire était absolument évidente et démocratique  [mais]  le parti vaincu a inventé toutes sortes d’histoires bidons pour tenter de mettre en question sa légitimité » ; 

• le problème, aux USA, semble-t-il à Poutine, est que « les intérêts des partis et des groupes sont placés au-dessus des intérêts de la société entière et des intérêts des gens ».

... Cette intervention de Poutine est si inhabituelle, et si marquante, qu’elle nous dit bien combien il estime  d’une importance gravissime la crise aux USA.

Baader-Meinhoff ou Gladio-II?

Par ailleurs et à côté des événements à proprement parler de cette crise de la Grande-Émeute2020, il y a bien entendu énormément de spéculations concernant les groupes impliqués dans les manifestations. D’une façon générale, on s’intéresse moins à BLM (Black Lives Matter) qu’au groupe Antifa, dont les buts, les structures, les origines, les sponsors sont moins évidents et moins identifiables que BLM. Alors que les BLM sont identifiés aux Noirs, les Antifas sont perçus comme des groupes transnationaux n’ayant que le seul but de la destruction et du chaos, et si possible pour les USA d’une guerre civile. (Il y a d’ailleurs certaines indications selon lesquelles les relations des Antifas ne sont pas excellentes avec toutes les tendances BLM.)

Il y a un long développement sur les Antifas (première partie) de Soeren Kern, du Gatestone Institute. La tonalité du texte, ses références, montrent une réelle hostilité, de la part de l’auteur d’un site qui est en général de tendance américaniste et neocons. D’une façon générale, les Antifas sont vus comme un groupe terroriste international qui serait l’héritier direct du groupe Baader-Meinhoff, en Allemagne dans les années1970. (Les Black Box, qui sont intervenus en interférence dans les manifestations des Gilets-Jaunes sont en général rapprochés des Antifas.) Une autre version, qui renverse l’orientation et reprend les thèses des manipulations des groupes extrémistes par les “services” occidentaux dans les années1970 et au-delà, parlent avec les Antifas d’une opération Gladio-II, le but étant une color revolution pour faire tomber Trump.

Il faut surtout signaler  un texte paru sur Sic Semper Tyrannis [SST], signé d’un très-incertain ‘J’. Le propos est radical : « L’objectif d’ANTIFA étant la destruction des États-Unis en tant que République constitutionnelle, le seul moyen efficace de combattre ANTIFA sera la neutralisation silencieuse, où que se trouve cette organisation.  Pas d’arrestation publique ni  d’interrogatoires “musclé”, mais un enterrement discret et pour toujours. »

Le texte a provoqué des commentaires extrêmement vifs, extrêmement contrastés, certains jugeant inacceptable cette proposition de liquidation secrète. Le colonel Lang s’est même cru obligé, au milieu des commentaires, de préciser ce qui était déjà évident : « Pour tous : Sur le plan juridique, je dois dire que l'opinion de J sur la manière de traiter Antifa est la sienne et non une position éditoriale de SST. » Il n’empêche, de telles appréciation sur un site dont l’éditeur a des connexions évidentes, notamment avec le renseignement militaire (DIA), montrent qu’il y a un côté extrêmement sérieux dans cette crise qui, du point de vue de la communauté US de sécurité nationale, dépasse largement le seul cadre de groupes anarchiques épars et pas vraiment dangereux.

 

Mis en ligne le 14 juin 2020 à 16H30