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5569Il ne s’agit certainement de l’événement, même parmi le quotidien, le plus important aux USA ces jours derniers. Mais il nous paraît extrêmement symbolique de la folle situation dynamique et psychologique de ce pays. Dans les nuits de samedi et de dimanche, il y a eu des affrontements entre des rassemblements de BLM, attaqués par des groupes de BLM... Il s’agit bien de “ ...Lives Matter”, mais dans le premier cas (rassemblements) le B vaut pour Blue et dans le second (attaques des rassemblements) il vaut pour Black.
En effet, dans diverses villes US, et particulièrement à New York, des groupements BLM (Blue Lives Matter) se sont constitués, en défense de la police (le mot “bleu” désigna nt la couleur des uniformes des policiers). Bien sûr, il s’agit d’ennemis jurés des BLM (Black Lives Matter), d’où les accrochages de New York. Les vidéos nous montrent de belles empoignades.
Bill de Blasio, maire de New York City, est également emblématique et symbolique du comportement et de l’attitude des autorités, essentiellement lorsqu’il s’agit de démocrates, et d’autant plus lorsqu’il s’agit de la tendance gauchiste, ou progressiste-sociétale. La tension est très forte entre NYPD (la police) et le maire, à la suite d’instructions du second à la première de ne pas riposter contre des manifestants, ce qui a déjà amené à des incidents où les policiers oint eu des blessés sans se défendre. La tension est également très forte avec la population, comme le montrent la formation des BLM pro-police, et la circulation d’une pétition demandant la démission du maire.
La formation des Blue Live Matters aussi bien que les incidents de la ville, l’extraordinaire insécurité dans la ville et l’impopularité du maire (que les BlackLM ne soutiennent pas plus que les BlueLM, jugeant son soutien trop modéré et purement tactique), définissent parfaitement la situation des USA où le centre de diverses grandes villes est devenu ce qu’on a coutume de désigner comme “a war zone”, où ni la loi ni l’autorité ne sont présentes. Cette situation se décrit par le désordre-chaotique, l’hostilité rupturielle et haineuse entre les parties antagonistes de la population et l’extraordinaire crise du pouvoir avec une sorte de néantissement de toute autorité au profit dans de nombreux cas d’une attitude de complète démagogie.
... Tout cela se fait au nom de l’héritage de l’esclavage que tout un Système s’est désormais attelé à gommer, ou à faire oublier, ou à transformer, pour fabriquer une nouvelle narrative dont il espère vaguement qu’elle fera redémarrer l’énorme usine à gaz désormais à l’arrêt. Pendant ce temps, observe l’historien américain spécialisé dans la Russie David Kerans, de terrifiants et colossaux problèmes structurels continuent à peser sur les structures quasiment disloquées de l’“Empire” aux abois.
« Le réchauffement climatique hors de contrôle, qui constitue vraisemblablement une menace pour toutes les formes de vie sur terre dans un avenir prévisible.
» Un système financier qui alimente la corruption et la fuite des capitaux du monde entier vers des paradis “offshore”, principalement les dépendances du Royaume-Uni et des Etats-Unis, – échappant ainsi à l’impôt, contrairement à nous. Les montants sont stupéfiants, de l’ordre de dizaines de milliers $milliards.
» L’inégalité des richesses, corrélée avec chaque pathologie humaine mesurable, dans chaque région géographique, dans tous les groupes sociaux. Les conséquences biologiques du stress qui accompagne l'inégalité sont lourdes, et punissent même les riches, comme Richard G Wilkinson et Kate Pickett le développent tout au long de leur livre ‘The Spirit Level’.
» Environ 150 millions d’Américains vivent avec une maladie chronique, attribuable en partie à la pollution par les pesticides, les plastiques, les produits pharmaceutiques, etc. et, probablement aussi, aux effets du stress lié à l'inégalité des richesses.
» Le budget colossal du Pentagone, ‘inauditable’ et donc incontrôlé par le Congrès, gaspille des ressources toujours plus importantes et incite les États-Unis à attiser les tensions internationales afin de justifier cette cataracte d’argent.
» Une constellation d’établissements d’enseignement supérieur orientés davantage vers la production de profits que vers la culture des futurs citoyens, avec pour conséquence une érosion du capital humain américain sur différents plans.
» Une démocratie étouffée, où les contrôles bouffons des collectes de fonds des campagnes permettent aux grands donateurs et aux entreprises d’influencer les politiciens. Le sénateur Dick Durbin (D-Illinois) exprimait en 2009 son désespoir quant à l'élaboration d'une réglementation bancaire significative : “...les banques ... sont les propriétaires incontestés de ce lieu [le Congrès].” Ainsi, le plan de relance donne des centaines de $milliards au secrétaire au Trésor Mnuchin, sans aucun contrôle et avec la corruption comme effet, sans soulever la moindre remarque.
» Une puissance médiatique complètement contrôlée par l’oligarchie et qui érige “un mur de propagande” (selon la formule du commentateur politique Cenk Uygur) contre tout ce qui a quelque odeur de démocratie sociale, – et, ajouterais-je, tout geste de rapprochement avec la Russie, parmi d’autres sujets tabous, dont le changement climatique et les interventions militaire.
» Lesquelles de ces questions dépendent de l'héritage de l'esclavage américain ? »
... Les soldats de l’Union, conquérant le Sud et libérant le monde de l’esclavage, chantait triomphalement « God Is On Our Side ». Depuis et entretemps, Céline nota à notre intention : « Dieu est en réparation ».
Le redémarrage de l’urgence Covid19, avec diverses mesures de reconfinement, notamment en Californie, va aggraver la situation économique et tendre plus encore les relations du point de vue de la tactique politique en vue des présidentielles, entre les partisans (plutôt démocrates) et les adversaires (plutôt républicains, dans tous les cas trumpistes) de ces mesures sanitaires. Surtout, cette occurrence aggrave considérablement la perception d’une situation catastrophique des USA, dont rien ne permet de sortir, qui se détériore à chaque étape, à chaque nouvelle mesure qui tente et échoue à débloquer l’impasse. S’ajoute désormais les perspectives climatiques, avec le début d’une canicule que les services météorologiques annoncent très longue.
Le commentaire de Michael Snyder, spécialiste des catastrophes : « Et maintenant, en plus de tout le reste, voici la chaleur.
» Dimanche [12 juillet], les températures dépasseront les 37° dans toute la moitié ouest du pays...
» “Des alertes à la chaleur sont en vigueur de la Californie à l’Alabama car les températures élevées seront de 9 à 12° au-dessus de la moyenne dimanche.
» “Las Vegas, Phoenix et Tucson connaîtront toutes trois des températures élevées d'au moins 43°, et toutes trois sont susceptibles d'égaler ou de battre leur record quotidien de températures. Au Texas, des villes comme Dallas, San Antonio et Lubbock dépasseront toutes les 37°”.
» Malheureusement, dimanche n’est que le début. Une ‘cloche de chaleur’ s’est formé au-dessus du pays, ce qui devrait se traduire par des températures élevées de 32° degrés ou plus pour environ 80 % de la nation “au cours des prochaines semaines”...
» “Un ‘PERFECT STORM’ de crises se forme à travers les États-Unis. Au-dessus de nos têtes, une ‘cloche de chaleur’ de haute pression pourrait faire exploser 80 % du territoire continental américain avec des températures supérieures à 32° pendant les prochaines semaines. Cela se produira alors que le confinement Covid-19 a enfermé les gens chez eux, alors que beaucoup ne disposent pas de l’air conditionné, – le chômage de masse pouvant signifier que les résidents disposant d’unités de climatisation ne peuvent se permettre de les faire fonctionner.”
» Il va sans dire que cela n’arrive pas au bon moment. Le taux de criminalité explose et les rues de beaucoup de nos grandes villes ressemblent déjà à des zones de guerre. »
La perception de la catastrophe en cours alimente la perception de la catastrophe à venir, enchaînant en ne cessant d’enfler, comme une tempête qui s’alimente d’elle-même, et satisfaisant ainsi au catastrophisme ambiant, général, pressant et oppressant, inéluctable enfin car la perception dicte la course des événements, ou plutôt l’exprime et en témoigne... D’ores et déjà la réflexion s’ouvre sur la perspective du 3 novembre (l’élection), avec la recherche de toutes les sources possibles de tension conduisant à la catastrophe, chacun distinguant une catastrophe complètement “folle” dans un cours du temps qui est déjà catastrophe lui-même... Que cela soit perçu alors que, dans divers lieux de l’immense pays, le thermomètre va atteindre et dépasser les 40° ces prochaines semaines, quoi de plus “normal” ?
Ainsi, l’article de Wayne Dupree dans RT.com à nouveau, comme cela devient habituel pour ce commentateur qui est le meneur des “Blacks pour Trump” : l’annonce d’une défaite certaine pour Biden, et de la panique qui saisirait les démocrates (« The Left is showing epic panic because they know a November loss is on their doorstep »). L’intérêt n’est pas pour nous, d’accepter une prévision ou de la ridiculiser, il est de montrer l’état d’esprit qui caractérise de plus en plus les partisans de Trump, qui se convainquent de plus en plus que toutes les prévisions, sondages, analyses de la presseSystème sont tricherie et pure propagande. (Cet emprunt à David Kerans : « Une puissance médiatique complètement contrôlée par l’oligarchie et qui érige “un mur de propagande” (selon la formule du commentateur politique Cenk Uygur) contre tout ce qui a quelque odeur de démocratie sociale [‘populiste’]. »)
Encore une fois, ces remarques n’impliquent aucun pronostic. Si l’on y ajoute l’état d’esprit d’extrémisme de gauche qui prévaut chez les démocrates, elles impliquent la perspective d’un affrontement catastrophique autour de l’élection du 3 novembre, quel que soit le résultat. C’est de plus en plus la vision qui occupe les esprits et presse les psychologies.
Celte observation permet d’envisager une autre perspective catastrophique ‘au goût du jour’, dans les susdites circonstances, en étendant la folie américaniste au reste du monde. Elle est détaillée par Michael Every, de Robobank, qui commence son article du jour (« Crazy World ») par cette proposition : « Je pense que nous serons tous d’accord pour dire que nous vivons d’ores et déjà dans un monde sacrément dingue... »
Certes, certes... Et alors, que peut-on attendre de ce monde “d’ores et déjà sacrément dingue” ? Eh bien, une perspective de dingue...
« L’hypothèse-catastrophe du jour est un article de Bloomberg d'aujourd'hui, – “China Renew Push for Increased Global Yuan Role”, – soulignant que la Chine est déterminée à internationaliser le yuan pour renforcer sa main et neutraliser l’‘arme du dollar’. L’article donne une longue liste d’experts chinois qui soutiennent la nécessité de cette démarche ; mais il remarque à juste titre que pour ce faire, soit la Chine doit s’ouvre au capitaux extérieurs, ce qu’elle ne peut faire sans provoquer un krach, soit elle doit importer beaucoup plus pour combler son déficit, ce qu’elle ne fera pas non plus car cela signifierait une bien plus grande vulnérabilité. Heureusement, la conclusion reste que les USA n’utiliseront pas l’‘arme du dollar’ parce que cette décision “serait catastrophique” pour tous.
» Et pourtant, et si Trump avait besoin de modifier sa narrative offensive sur le thème de ‘Biden complice de Pékin’ ? Et si, après avoir perdu les élections de novembre, Trump utilisait sa période de transition [entre novembre 2020 et janvier 2021] pour utiliser justement cette ‘arme du dollar’ ? Apparemment, un tel risque est beaucoup trop “une folie”, même dans le monde d'aujourd’hui. Mais ce jugement tient-il encore, “dans le monde d’aujourd’hui” [« d’ores et déjà dans un monde sacrément dingue... »] ?
» “Vous serez emporté comme par un ouragan”, chantait également le groupe des ‘Scorpions’. »
Mis en ligne le 14 juillet 2020 à 15H45