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5664On citera, pour débuter ce texte d’analyse, le début d’un autre texte sur les événements de Kenosha, dans le Wisconsin, État où le gouverneur vient de proclamer l’état d’urgence et d’appeler des renforts de la Garde Nationale dans la ville qui a connu sa troisième nuit de troubles très graves avec deux morts (deux manifestants) tués par balles. Ce texte cité vient de RT-français, un réseau qu’on ne peut guère soupçonner de favoriser les démocrates dans ses comptes-rendus, ni de minimiser d’une manière outrancière et faussaire les troubles en cours aux USA ; c’est-à-dire que RT ne fait pas partie, pour nous, de ce que nous désignions d’habitude par l’expression “presseSystème”.
« Un nouveau vent de colère a soufflé dans plusieurs grandes villes américaines au lendemain d'une apparente bavure policière sur un homme noir à Kenosha (Wisconsin). Un drame qui ravive les braises du mouvement engendré après la mort de George Floyd.
» Une nouvelle fois, la scène a été filmée par un témoin. Elle s'est déroulée le 23 août à Kenosha, dans le Wisconsin, et implique un Afro-Américain touché par plusieurs coups de feu tirés par un policier alors qu’il tentait de rentrer dans son véhicule. Une scène qui a suscité l’émoi et entraîné des mouvements de protestation ainsi qu'une vague de soutien venue principalement du monde sportif.
...Pourtant, ces deux paragraphes sont truffés des effets d’une contre-vérité fondamentale et font absolument la part belle à la narrative démocrate, progressiste-sociale qui a établi une ligne de conduite unitaire de l’information dans l’espace transatlantique. A lire ces deux paragraphes, on en déduit :
• qu’il y a eu une “première” flambée de violence à l’occasion de la mort (le 25 mai) de George Floyd, tué par un policier dans des conditions qui, depuis, mériteraient d’ailleurs un examen beaucoup plus approfondi ;
• que, depuis, – tout de même depuis trois mois, – quelques braises couvaient, qui ont été ranimées par les blessures de l’Africain-Américain Clarke, dans des conditions là aussi ouvertes à la discussion.
C’est pour le moins succinct, sinon absolument faux. La violence, les émeutes, les pillages, se poursuivent depuis le 25 mai à partir de Minneapolis-St-Louis, sans discontinuer ou avec régularité dans un certain nombre de villes (Seattle, Portland, Chicago, New York City, etc.), essentiellement des villes avec des maires démocrates qui brident systématiquement l’action de la police et accompagnent de leurs applaudissements extasiés les émeutes et destructions diverses estampillés Black Lives Matter (BLM). Parallèlement, la criminalité a augmenté d’une façon exponentielle dans les grandes cités (New York City, Chicago, Los Angeles), notamment à cause de l’affaiblissement dramatique de l’action de la police, mais aussi parce que de très nombreux prisonniers de droit commun ont été libérés sans la moindre surveillance pour éviter des contagions au Covid19 et permettre au maire de New York City De Blasio d’affirmer avec fierté qu’il n’y a jamais eu aussi peu de prisonniers dans les prisons de la ville depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Parallèlement encore, des déplacements intenses de population ont lieu, avec de nombreux habitants et professionnels quittant les villes où les violences ont lieu sans intervention sérieuse de la police. (Outre NYC, Chicago, Los Angeles, voir par exemple Portland.)
Tous ces mouvements et événements ne sont pas le résultat de “mouvements de colère” implicitement vertueux puisqu’à la suite de ce qui est nécessairement désigné comme une “violence policière” injustifiable. On peut avoir une idée de la situation de l’ordre civil, par exemple en lisant ce texte de Daisy Luther, sur OrganicPepper, repris par ZeroHedge.com, qui reprend une description générale, domaine et zone par domaine et zone, de la situation des troubles civils aux USA ; avec ces quelques lignes d’introduction, qui suffisent pour notre propos :
« Une partie de la ‘nouvelle normalité’ en Amérique semble être des zones de combat qui éclatent à travers la nation. Je ne parle pas seulement de protestations, mais de sièges complets qui peuvent durer des jours, des semaines, voire des mois. Certains d’entre eux ont commencé par des actes de brutalité policière, tandis que d'autres ont pris leur propre vie par des pillages et des violences massives.
» Les États-Unis d’Amérique que nous voyons aujourd'hui sont incroyablement différents de ce que nous connaissions au début de l’année. Nous avons été frappés par une pandémie, une catastrophe économique subséquente et des troubles civils massifs et généralisés. »
Ou bien encore, autre exemple, cet article de Michael Snyder, grand spécialiste des catastrophes et qui, aujourd’hui, ne sait plus où donner de la plume et en est simplement arrivé à nous confier son impuissante tristesse devant le sort de son pays... Voici, là aussi les deux paragraphes de début, de son article du 24 août sur son site The Economic Collapse, qui devrait songer à se renommer, par exemple Collapse tout court, sans précision spécifique.
« Cette semaine, [c’est] Kenosha, dans le Wisconsin, et la semaine prochaine, ce sera ailleurs. Une autre fusillade policière insensée a été suivie de nouvelles émeutes, de pillages et de violences. Les émeutes, les pillages et la violence sont devenus des événements nocturnes réguliers et constants en Amérique à ce stade. Les manifestations semblent ne jamais s’arrêter dans certaines villes, et le taux de criminalité monte en flèche dans tout le pays. Une grande partie de ce qui est écrit sur tout ce chaos se concentre sur la tentative de rejeter la faute sur quelqu’un, mais même si nous identifions correctement les responsables, cela mettra-t-il réellement fin à la violence ? Je ne le pense pas. En fait, je ne pense pas que quoi que ce soit puisse mettre fin à la violence de sitôt.
» Je me sens si triste aujourd'hui. Nous assistons littéralement à l'effondrement de notre société, et ce processus va se poursuivre quoi qu'il arrive en novembre. Je n’ai jamais ressenti autant de colère en Amérique, et ce qui est effrayant c’est que le niveau de colère semble continuer à augmenter. »
Il est totalement impossible de rendre compte de cette situation extraordinaire, et qui nous réserve des rebondissements susceptibles de faire s’effondrer le Système, en lisant la presse “courante”, presseSystème et presse disons ‘suiviste’. En citant RT, nous n’avons aucune arrière-pensée de critique ou de polémique. Nous avons simplement le désir de montrer que tout le monde est touché par le black-out total sur la situation aux USA, imposé par la presseSystème US, donc “la plus libre du monde”, si l’on ne va pas chercher un peu de matériel vrai et autres vérités-de-situation dans le domaine de l’information, dans les organes très solides qu’on trouve sur les réseaux internet, dans la presse indépendante, bien supérieurs au WaPo ou aux NYT tombés au niveau de sous-Pravda. Dans la presseSystème, il n’est parlé des troubles aux USA que lorsqu’éclatent des incidents directement liés à la mort ou à la blessure d’un Africain-Américain par un policier de façon à pouvoir aussitôt gloser sur les “violences policières”..
(RT-France n’aurait d’ailleurs qu’à consulter régulièrement son grand frère US, RT.com, excellemment informé, pour réaliser ce fait fondamental de la situation US et cesser d’écrire comme la galerie des perroquets parisiens répétant les incroyables sornettes de la “presse de référence”, les papiers à ordure NYT-WaPo.)
Est-il possible que l’un des plus grands événements de notre époque, qui n’en manque pas, voire de notre histoire depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, voire plus loin encore dans notre passé (c’est notre conviction), est-il possible que cet événement de l’effondrement des États-Unis d’Amérique se passe sous nos yeux sans que nous n’en voyions rien ? Oui, bien sûr, c’est tout à fait possible, c’est même une spécialité de cette société hypersophistiquée, absolument imbue d’elle-même, éclatante d’un hybris au rabais, pétante d’innombrables vertus bombastiques dont elle inonde le monde y compris selon les spasmes de son réflexe compulsif d’autocensure contre tout ce qui ne correspond pas aux narrative de ses utopies, et faite régulièrement cocue par un système de la communication qu’elle croit contrôler et qui la mène par le bout du nez où cela lui chante, effet-Janus en pleine action.
Nous ne cessons de rater les grands événements, dont nous comptabilisons ensuite avec gravité et componction les effets, au profit des narrative dont nous nous gavons et dont nous devenons les prisonniers en vertu du déterminisme-narrativiste. Il n’y a pas de complot à moins que nous mettions la bassesse humaine et la dégénérescence extraordinaire de rapidité de nos élites-Système sur le compte d’un complot d’un type inhabituel.
Il devient de plus en plus évident que rien ne pourra arrêter ce train des événements, ce train fou du point de vue de la raison humaine, mais plein de signification et de justification si l’on se place d’un autre point de vue, éclairés par d’autres références que cette pathétique “raison humaine” qui se débat dans un tunnel totalement aveugle et transformé en impasse. « Nous assistons littéralement à l’effondrement de notre société, et ce processus va se poursuivre quoi qu'il arrive en novembre » constate Snyder, fixant ainsi la ligne de fuite de la séquence vers des situations totalement inconnues et incontrôlables.
Snyder n’a également pas tort lorsqu’il constate, – cette idée comme complémentaire de la précédente, – que personne n’est véritablement capable de stopper ce train fou, de “chevaucher le tigre” qui est désormais emporté dans une fureur que nul ne peut plus maîtriser : « En fait, je ne pense pas que quoi que ce soit puisse mettre fin à la violence de sitôt. » Les USA sont arrivés à la maturation du paroxysme des effets de leurs contradictions internes, d’ailleurs à l’image du Système dont ils sont la principale production.
Pour ceux qui ont connu les luttes pour les droits civiques des années 1955-1965 ou qui en sont informés, sans doute l’élément symboliquement le plus fort pourrait bien être le rétablissement, à la demande de la bienpensance-Woke et progressiste-sociétale, de la ségrégation qui figura si longtemps l’archétype du diable sur terre, et surtout sur la Terre-Promise des USA. L’université de New York a en effet décidé d’établir une telle ségrégation, avec ces inscriptions devant ses dortoirs, ses salles de travail, entre White et Coloured qui remplissaient de colère, d’amertume et de tristesse Martin Luther King, l’homme qui “avait fait un rêve” (« I have a dream »). Frank Furedi écrit à ce propos, sous une photo montrant ces deux pancartes :
« Lorsque les étudiants retourneront à l’université la semaine prochaine, beaucoup devront se préparer à vivre et à manger uniquement avec des personnes de la même couleur. Qu’est-il advenu du rêve d’un pays ‘déségrégé’ ?
» La ségrégation raciale est une très mauvaise idée. Il n’est donc pas surprenant que les partisans de la politique identitaire demandent que des dortoirs réservés aux étudiants noirs soient créés sur les campus américains.
» Le Washington Square News, le journal des étudiants de premier cycle de l'Université de New York (NYU), a récemment rapporté que l'université était prête à “aider à mettre en place des communautés résidentielles ouvertes uniquement aux ‘étudiants identifiés comme Noirs, avec du personnel d’assistance noir’”. La NYU vise à mettre en place une telle situation en établissant un tel étage résidentiel séparé d'ici l'automne 2021. »
Mise en ligne le 26 août 2020 à 13H20