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3727Nous connaissons William S. Lind depuis longtemps, – homme d’église, conservateur proche de la tradition, citoyen américain qui se situe politiquement comme un ‘royaliste-français’, expert militaire respecté proche du Corps des Marines et théoricien de la Guerre de 4ème Génération (G4G), également historien de la Grande Guerre. Il s’est fait très discret depuis dix-15 ans, après avoir beaucoup œuvré pour son concept-G4G. Il garde tout de même un contact avec la vie publique, par le biais d’une chronique irrégulière sur le site TraditionalRight.com.
La dernière fois que nous l’avons cité longuement, c’était il y a quatre ans, le 5 décembre 2016, lorsqu’il semblait s’orienter vers une doctrine nouvelle pour protéger les États face aux poussées dissolvantes et néantissantes des organisations transnationales, sociétales et progressistes, au travers de concepts nouveaux depuis largement représentés par les concepts dits LGTBQ et, plus récemment, au concept-‘woke’ aux USA... Nous parlions alors, tentativement pas plus puisque Lind lui-même ne le fait pas, de G5G, en donnant à ce concept un tour nettement antiSystème ; à cette occasion, en plus de présenter le nouvelle orientation de Lind, nous rappelions nos liens avec lui :
« Nous-même connaissons bien William S. Lind (première citation et référence à Lind le 3 mars 2003) et son concept de G4G (première citation et référence le 30 juillet 2006). Le concept de Lind, que nous avons souvent interprété de différentes façons opérationnelles nous intéresse parce qu’il est si proche des conceptions gaullistes (voir le 23 janvier 2009), c’est-à-dire d’une conception principielle du monde basée sur la souveraineté et la légitimité.
» Nous-mêmes avons la perception que les événements, tout en ne déclassant en rien la G4G telle qu’elle est présentée, surtout selon sa référence à la Grande Stratégie, doit donner à un nouveau prolongement, que nous nommons G5G, déjà référencée pour introduire une analyse plus profonde. »
Du concept G5G, mentionné dans l’extrait à partir d’une référence, nous disions ceci, à partir de la référence citée. Il s’agissait d’identifier et de conceptualiser ce nouveau type d’action, – en général sommairement identifiée comme ‘populisme’, mais qui mérite à notre sens beaucoup plus de précision et d’attention à cause des moyens employés, de la puissance de la communication utilisée comme une arme, etc. L’‘idéologisation’ ou approchant, sous le nom de ‘populisme’, ne suffit certainement pas à définir le phénomène. Nous parlions donc, déjà, de G5G (qui rejoint évidemment, en lui donnant une nouvelle dénomination de meilleure convenance, à la GC4G [‘Guerre Civile de 4ème Génération’] dont nous avons parlé depuis sans revenir sur la G5G) :
« Le théoricien stratège William S. Lind avait défini et développé le concept de G4G (“Guerre de 4ème Génération”) pour définir ces attaques de violence et de contraintes diverses par déstructuration et dissolution d’entités transnationales, type organisations terroristes ou/et du crime organisée, et surtout finalement cette attaque généralisée de la globalisation-Système contre les structures principielles dans un but quasiment reconnu de destruction du monde. L’antiSystème est en train d’inventer la G5G, en gestation depuis un certain temps dans la G4G elle-même et qui emploie des méthodes de la G4G adaptées à ses moyens (la démocratie !) pour les retourner contre ses véritables adversaires. Les choses vont si vite : le “commencement de la fin” (“The Beginning of the End”) n’est plus très loin de la “fin du commencement” (“The End of the Beginning”) qu’on a déjà identifié ces dernières semaines avec l’élection de Trump. »
Par ailleurs, et aussitôt après le texte référencé sur la G5G, nous tentions de donner une approche plus conceptuelle et plus décisive de ce ‘néo-concept’ accouché de la G4G : « Ce qui fait le principal caractère qui apparente le G5G à la G4G, et qui donne à cette nouvelle forme d’affrontement une actualité et une légitimité exceptionnelles, c’est que son action porte finalement, au bout de la chaîne des effets & conséquences, sur des principes qu’il s’agit de rétablir ou de renforcer. En quelque sorte, il s’agit de la véritable “Grande Stratégie” des deux conflits, effectivement “stratégie sublime” à un point où l’adjectif prend le pas sur le sujet, où ce qui importe avant tout c’est la sublimité de la démarche, qui fait passer cette démarche du champ historique au champ métahistorique. En quelque sorte, le G5G, enfantée par la G4G, l’est en haussant décisivement son champ d’action et, par-là même, élève également la G4G dans ce même champ. »
Dans le texte ci-dessous, qui date d’hier 9 octobre 2020, et suivant un autre texte du 5 octobre sur le même sujet, sous le titre de « MAWA : Make America White Again », Lind aborde évidemment la question crisique de l’élection du 3 novembre. Il y a longtemps que Lind n’avait plus eu une telle activité éditoriale, et pour nous et parmi d’autres indications, il s’agit d’une mesure précise de la gravité de la situation. D’une façon générale, Lind juge que Trump remportera l’élection et que c’est certainement la moins mauvaise chose puisqu’il s’agit d’un obstacle brutalement érigé devant la poussée marxiste-gramsciste qui s’est brusquement développée à visage découvert ces derniers mois, selon Lind comme selon l’évidence du constat.
La variété d’opinion sur les résultats de l’élection du mois prochain est très grande, notamment chez ces conservateurs traditionnistes, paléoconservateurs ou libertariens selon la classification-USA, et en général personnalités très informées et producteurs de positions politiques extrêmement élaborées. (Tous, sans être, et de très loin, des soutiens de Trump, sont des adversaires affirmés de la poussée marxiste-culturelle/LGTBQ/progressiste-sociétale des démocrates.) Ainsi, et contrairement à Lind, le colonel Lang, que l’on peut classer dans cette catégorie, entretient l’opinion exactement inverse, dans plusieurs messages de ces derniers jours, accompagnés de nombreux messages intéressants des lecteurs de son site :
« J’estime que l’“équipe” Harris/Biden va gagner les élections et les deux chambres du Congrès. Cela se produira en raison de l’hystérie de beaucoup de gens qui pensent avec leur émotion plutôt qu’avec leur tête et préfèrent ce qu’ils considèrent comme des ‘gentils’ par-dessus tout. Les démocrates et leurs alliés marxistes et bientôt maîtres de la situation vont alors s’orienter vers la bolchevisation de ce qui a été connu sous le nom de ‘United States’. »
[...]
« La route de l’enfer est pavée de bonnes intentions. Des gens qui n’ont jamais dirigé une organisation importante, qui n’ont jamais gagné d'argent qui ne leur ait été donné et qui pensent que tout ce qui importe pour créer une utopie est de la ferveur et de l’enthousiasme doivent s’attendre à être menés par le bout du nez par Old Joe. Les cadres combattants de rue des marxistes purs et durs prendront inévitablement le contrôle du processus et derrière eux se trouveront les ploutocrates de gauche qui jugent que c’est leur chance de tout diriger, – TOUT ! »
[...]
« Je tiens à préciser que, bien que mon jugement analytique me dit que les démocrates vont à une nette victoire grâce aux femmes, j’espère désespérément le résultat inverse. La mienne me dit qu’elle va voter pour Trump et moi aussi. »
On voit ainsi à quel degré d’angoisse et d’appréhension se trouve aujourd’hui le sentiment politique aux USA. Si le texte de Lind commence et se termine par sa croyance dans la victoire de Trump, l’essentiel se trouve être une analyse de “que se passera-t-il si... Trump perdait” ?
Manifestement, pour Lind c’est le pire des cas, et un cas où effectivement la nouvelle G5G se déploierait dans toute sa violence. Pour lui, la situation basculerait immédiatement dans le mode insurrectionnel d’affrontement de guerre civile, selon divers scénarios possibles, – soit l’interdiction et la saisie des armes individuelles ; soit l’interdiction des “discours de haine” (comprendre “des paroles antimarxistes”), impliquant des arrestations arbitraires de masse conduisant directement à une insurrection ; soit l’ouverture des frontières du Sud qui conduiraient certains États comme le Texas à refuser les ordres du centre, à faire de facto sécession et à boucler leurs frontières, tandis que l’administration centrale de Washington D.C. se désagrégerait.
Partout dans ces textes apparaît comme une chose acquise le fait qu’en cas de victoire démocrate, Biden ne fera pas long feu. Cette perspective semble quasiment assurée par la décision de Pelosi d’installer une ‘commission sur le 25ème Amendement’, chargé d’examiner le cas de cette disposition de la Constitution (le 25ème Amendement examine le cas de la destitution du président pour incapacité sanitaire ou mentale de porter sa charge). Interprétée d’abord comme une disposition concernant Trump et son Covid, l’interprétation, menée d’ailleurs par Trump lui-même, s’est déplacée et portée vers Biden lui-même. Les rumeurs à cet égard disent que Pelosi entend obtenir la destitution de Biden pour incapacité sanitaire dès le printemps 2021 en cas de victoire démocrate, ce qui conduirait quasi-automatiquement à un ‘gauchissement’ et une ‘marxisation’ extrême du pouvoir sous la direction de Harris.
Voici le texte de William S. Lind, du 9 octobre 2020. Il faut noter que Lind n’envisage qu’un seul scénario de troubles : le cas de la victoire des démocrates. Il semble considérer qu’une victoire de Trump éviterait ces troubles spécifiques jusqu’à la désagrégation des États-Unis mais il n’élabore pas sur la situation interne dans ce cas. Entre BLM, Antifas et marxisme-culturel, il nous semble que la crise serait évidemment très loin d’être finie et qu’il faut envisager d’autres scénarios tout aussi déstructurants ; cela, sans parler de la situation intermédiaire d’une élection non concluante en raison de la proximité des résultats et du refus probable des candidats, – porte ouverte à un chaos général.
» Je m’attends à ce que le président Trump soit réélu, probablement par une large majorité, et à ce que les républicains tiennent le Sénat et reprennent la Chambre. Pourquoi ? Parce qu’à ce stade, le nombre d'Américains qui sont en colère est plus important que le nombre de ceux qui ont peur. Les démocrates sont le parti de la peur et les républicains celui de la colère. Ce sont donc ces derniers qui vont gagner.
» Mais que se passera-t-il si la peur l’emportait et que Biden devenait président alors que les démocrates tiendraient la Chambre et s'empareraient du Sénat ? Biden est un politicien de l'establishment de la vieille école qui ne fera probablement rien de radical de sa propre initiative. Mais il sera soumis à la pression de la gauche gauche “éveillée” [woke], des radicaux de la Chambre et de sa propre vice-présidente pour faire des choses très stupides. S’il cède, ou si nous nous retrouvons soudain avec une femme de gauche dure de Californie à la présidence, les démocrates pourraient prendre des mesures qui déchireraient le pays.
» La plus évidente est une tentative de confisquer leurs armes aux citoyens américains. Un espoir démocrate qui a fait long feu en début de campagne, Beto O'Rourke, a dit : « Allons-nous vous retirer vos armes ? Absolument ! » Il s’est effacé mais ce projet reste très cher à de nombreux démocrates. S’ils le décident, peut-être après avoir élargi le collège des Juges de la Cour Suprême et obtenu qu’ils statuent pour changer l’interprétation du Deuxième Amendement, nous assisterions à une scission massive entre les villes et les campagnes. Un signe que la guerre de la quatrième génération se propage serait la mise en place de points de contrôle armés dans les campagnes, avec des volontaires locaux. Un signe plus important encore serait un mouvement de policiers et de militaires pour passer du côté des réfractaires. Dans cette hypothèse, je surveillerais ces deux champs d’action.
» Une deuxième possibilité serait d'amener la Cour Suprême à annuler la liberté d'expression selon l’idée que le “discours de haine” n'est pas protégé par la Constitution. La “haine” est le terme utilisé par les marxistes culturels pour désigner tout défi au marxisme culturel. Ainsi, quiconque critiquerait leur idéologie ou ne s'inclinerait pas devant elle serait en route pour le goulag. Cela s'est déjà produit dans d'autres pays soi-disant “libres”, dont le Canada, la Grande-Bretagne et la France. En Grande-Bretagne, un homme a été arrêté pour avoir critiqué l'Islam. Lors de son procès, il a prouvé que tout ce qu'il disait était tiré du Coran. Le juge l’a envoyé en prison, déclarant que « la vérité n'est pas une défense ». La vérité n'est pas une défense dans le pays où nos libertés sont nées ? Les générations précédentes de Britanniques auraient conduit ce juge hors de la ville à coups de pied dans le train. Les Américains ne seraient pas aussi doux, je suppose, et la résistance à la perte de la liberté d’expression pourrait devenir violente.
» L’action la plus susceptible de briser le pays serait d’ouvrir la frontière sud et de dire : “Venez, Venez tous !” La surveillance frontalière serait abolie, les forces de surveillance verrait leur mission transformée en sauvegarde des immigrants illégaux perdus, et plus du tout de les expulser. En Amérique Centrale, des millions de personnes se formeraient en caravanes vers le nord. Les démocrates ne cachent pas leur stratégie visant à noyer les votes des Américains de souche dans ceux des immigrés d'autres cultures, se garantissant ainsi une majorité permanente et faisant de nous des étrangers dans notre propre pays.
» S’ils font cela, je m’attends à ce qu’au moins le Texas et l’Arizona mobilisent leur Garde Nationale et l’envoient à la frontière pour les interdire aux envahisseurs. Un président démocrate déciderait la ‘fédéralisation’ de la Garde et ordonnerait sa démobilisation. Les gouverneurs du Texas et de l’Arizona, ainsi que les adjudants généraux commandants les Gardes de leurs États, pourraient refuser l’ordre présidentiel. À ce moment-là, Washington se trouverait au bord du gouffre. Si le président acceptait que son ordre de fédéralisation soit annulé au niveau de l’État, il se révélerait délégitimé et impuissant. S’il ordonnait à l’armée régulière de combattre la Garde, je pense que les forces refuseraient. Si les généraux, dont l’emploi est en jeu, ordonnaient à leurs troupes d’attaquer la Garde Nationale, l’armée elle-même pourrait se fracturer, probablement selon des lignes ethniques. À ce moment-là, le scénario du roman de Thomas Hobbes, Victoria, serait devenu réalité ; le gouvernement fédéral devrait laisser son marxisme culturel délégitimer l’État au point que l'Amérique se désagrégerait. La guerre de la quatrième génération ne serait plus une construction intellectuelle mais une réalité irrésistible.
» Je ne m’attends pas à ce que tout cela se produise, car je pense que le président Trump sera réélu triomphalement et que la colère l’emportera sur la peur. Mais si je me trompe, l’histoire dira alors à notre vieille devise ‘E Pluribus Unum’ : “Plus jamais ça !” »
Mis en ligne le 10 octobre 2020 à 15H20