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4852The Hill (papier et site) est une publication spécialisée dans les nouvelles du Congrès US, avec son titre rappelant effectivement le symbolisme géographique de cette institution fondamentale des États-Unis. Nous dirions qu’il s’agit d’une publication assez spécialisée mais largement lue par le monde politique et parlementaire, sans la notoriété d’un des grands organes de la presseSystème ; mais sans aucun doute partie de la presseSystème. C’est dire que The Hill ne s’attarde guère aux informations et analyses critiques de l’antiSystème, qu’il s’agit d’une source précise et très influente du cœur du système de l’américanisme, qu’elle est lue et connue dans cet esprit.
Tout cela pour introduire une référence à un article de l’ancien sénateur républicain Judd Gregg, homme politique retiré de la vie publique qui fit partie de cette aile modérée presque-progressiste du parti républicain, assez proche, assez amicale vis-à-vis des démocrates. On trouve des signes de cette proximité dans le fait que Gregg fut un temps secrétaire au Commerce d’Obama et qu’il vota deux fois (2009 et 2010) en faveur de deux femmes démocrates et progressistes, proposées par Obama pour la Cour Suprême. Cela signifie que lorsque Judd Gregg, qui ne porte pas Trump dans son cœur, publie dans The Hill un article concernant Joe Biden et intitulé « The Coming Biden Coup », on peut être sûr qu’il s’adresse à ses ‘amis’ démocrates, et que ceux-ci le liront en n’y voyant en aucun cas une manœuvre des républicains.
Gregg avertit qui l’écoute et le lit : si Biden gagne, nous sommes en marche pour une présidence qui devrait rapidement aller dans les mains de la partie la plus gauchiste, socialiste sinon marxiste, du parti démocrate ; simplement parce que Biden s’est engagée à prendre une femme de couleur comme vice-présidente, qu’il y a tout à penser que cette femme sera de cette tendance, et que Biden, vieux et malade, devra rapidement lui remettre le pouvoir...
« La voie du contrôle total est clairement tracée une fois qu’ils [les socialistes-progressistes] ont la vice-présidence.
» Il s’agit du 25e amendement.
» Dans les mois qui suivront son accession à la présidence, Biden pourrait être la prochaine statue renversée à mesure que le mouvement socialiste-progressiste se rapprochera du pouvoir.
» Le remplacer par son vice-président pourrait être jugé nécessaire à la cause.
» Ses collègues pourraient le déclarer trop vieux pour assumer la présidence et le démettre de ses fonctions en vertu du 25e amendement.
» Tu Quoque, Brute ?
» La Cause aura été menée à bien.
» Le pouvoir sera entièrement entre les mains des arracheurs de statues, de la police de la justice sociale et de ceux qui considèrent l'histoire politique de l’Amérique comme fondamentalement mauvaise. Les excès socialistes-progressistes gouverneront.
» Ce sera un coup d'État.
» Regarde par-dessus ton épaule, Joe. Surveille tes arrières. Donald Trump n'est pas la plus grande menace contre toi. »
Cette thèse du 25ème amendement éliminant un Biden gagnant mais gâteux et sénile est largement évidente, et c’en est une parmi beaucoup d’autres qui pronostiquent le désordre et peut-être une quasi-révolution/Guerre Civile aux USA en cas de victoire de Biden (dit le “POTUS-Kerenski”).
Il est pourtant loin d’être assuré, contrairement à ce qui pourrait paraître comme l’évidence, que cet avertissement de Gregg soit entendu par les démocrates. Tout continue à se passer comme si Joe Biden était un candidat sûr, plein d’allant et d’ardeur, parti pour rester huit ans à la Maison-Blanche et révolutionner “en douceur” l’Amérique au profit des 0,1% & compagnie, sous un apparent très chic et progressiste Black-LGTBQ : une synthèse extrêmement postmoderne pour les mœurs de FDR et de JFK, sans les agaçantes tendances des deux hommes à tenter de rétablir un semblant de mesure dans le traitement de la pauvreté et la cure des abus des puissances financières et complotistes diverses. La preuve de ce soutien à Biden comme si Biden était l’homme-miracle qui marche sur l’eau, comme le souligne agressivement WSWS.org : Wall Street, le parti des ‘militaristes’ (l’industrie militaire, les commentateurs bellicistes) et une partie importante des républicains antiTrump arrosent de $millions la candidature-Biden. L’idée est que cette victoire résoudra tout, – ou plutôt, non, l’idée fondamentale, sous-jacente, écrasante, est absolument que la défaite de Trump résoudra tout, – et Biden-l’empaillé ou toute autre marionnette fait l’affaire parce que Trump le mérite !
Nous avons déjà longuement et souvent évoqué cette “haine de Trump” qui relève de la pathologie et dépasse toute sagesse, et fait penser que Gregg, s’il est écouté, ne sera guère entendu. Ce qui compte est la destruction du monstre comme nous l’écrivions le 17 juin 2020 :
« Certains commentateurs, et nombre de démocrates bien entendu, jugent qu’une victoire démocrate apporterait un tel changement qu’on verrait le calme se rétablir et les fonctions du pouvoir reprendre leur cours normal dans une Amérique régénérée. Nous ne donnons pas de nom ici sinon celui de Trump, c’est-à-dire aucun nom démocrate ; car l’état d’esprit est tel chez certains de ces commentateurs parmi ces “certains commentateurs” à pronostiquer un “lendemain qui chante”, que la seule chose qui compte, le seul fait qui importe n’est pas de savoir quel démocrate sera élu, et comment, et dans quel sens, etc., – mais ceci : Trump sera battu, éliminé, envoyé dans le Trou Noir de l’Enfer, et le soleil brillera à nouveau. »
Cela conduit au paradoxe de voir un site comme WSWS.org constater, malgré sa haine politique de Trump (la pathologie des trotskistes ne s’attache par à la personne mais à l’étiquette de ‘fasciste’ en général, qu’ils attribuent ridiculement à Trump), que l’évolution des démocrates permet à Trump de se poser, sans craindre le ridicule ou l’outrance, comme le défenseur de la démocratie américain...
Dans la même logique, le texte dénonce la confusion chez les démocrates avec l’obsession raciste qui est une explication, – seconde derrière la haine de Trump, – de leur aveuglement devant la possibilité extrêmement forte désormais d’une évolution gauchiste. Le fait que les troubles sont conduits par les gauchistes, quasi-exclusivement au nom de l’antiracisme, impose aux jugements des démocrates et des puissances financières qui les soutiennent une vision Politiquement-Correcte irrésistible. Les voici donc empêchés de distinguer toute autre possibilité que la vertu-PC, tant il est vrai que ce sont bien les élitesSystème qui ont été transformées en “zombies-PC” et marche au rythme de la chose bien plus qu’au swing des complots...
« Bien sûr, le vrai problème dans l’approche de Trump concernant la Déclaration d’indépendance et la Constitution n’est pas son ignorance. C’est bien plutôt que ses opinions sont celles d’un admirateur du fascisme. S’il n’en tenait qu’à lui, il renverserait la Constitution et présiderait une dictature militaro-policière. C’est précisément ce qu’il a tenté de faire début juin. Cela a échoué faute de préparation adéquate, mais reste l’objectif de Trump. Dans son discours au Mont Rushmore et dans celui de Washington DC le 4 juillet, il a menacé d’écraser ses opposants politiques, en particulier les “marxistes” et la “gauche radicale”.
» Cependant – et c’est ce qui est le plus remarquable dans son discours au Mont Rushmore et dans celui prononcé le 4 juillet – Trump a maquillé son discours essentiellement fasciste en défense des traditions démocratiques révolutionnaires de l’Amérique. Ses opposants, a-t-il clamé, répudient tous les principes et traditions démocratiques associés à la Révolution américaine et à ses dirigeants. Mais lui, Donald Trump, est le champion de l’héritage révolutionnaire de l’Amérique.
» Comment Trump a-t-il pu se poser en défenseur de la démocratie américaine?
» Comme l’explique le Wall Street Journal, qui ne tarit pas d’éloges sur son discours:
» “Les élites libérales ont ouvert cette brèche pour lui en ne s'opposant pas aux radicaux qui utilisent la colère justifiée contre le meurtre de George Floyd comme un levier pour détourner les institutions libérales américaines et imposer leurs opinions politiques intolérantes à tous les autres.”
» Se référant au ‘Project 1619’ du New York Times, qui tourne en dérision la fondation de l’Amérique en 1776 et la remplace par une histoire qui réduit le pays à “une entreprise d’esclavage qui reste raciste jusqu’au bout”, le Journal demande: “Qui alimente vraiment la division et une guerre des cultures?”
» Le journal conclut que, malgré la gestion désastreuse de la pandémie de COVID-19 par le gouvernement Trump, ce dernier pourrait même être réélu s’il continue dans cette voie:
» “M. Trump espère sans aucun doute que ce thème pourra relancer sa campagne électorale, et pour une fois, il a fait un discours qui portait sur quelque chose de plus que lui-même. Restez fidèle au scénario, ajoutez un programme pour le second mandat, et il pourrait même avoir une chance. Mais, quel que soit le résultat de novembre, le thème de M. Trump au Mont Rushmore ne disparaîtra pas. Les élites progressistes courent le risque de faire surgir plus d’un champion contre elles.”
» Autrement dit, Trump profite pleinement du fait que le Parti démocrate cherche à diriger les manifestations multiraciales contre la violence policière sur la voie d’une politique réactionnaire basée sur la race.
» Trump et les Républicains ont saisi l’occasion pour se présenter, ce qui est absurde, comme les défenseurs de l’héritage révolutionnaire des États-Unis, alors que la demande légitime de retrait de monuments confédérés s’est transformée en une attaque de
» Washington, Jefferson, Lincoln, Ulysses S. Grant et des abolitionnistes qui ont combattus et sont morts pour mettre fin à l’esclavage.
» Suivant la logique exposée par le Times dans sa réécriture raciale de l’histoire, son ‘Projet 1619’, qui présente Lincoln comme un vulgaire raciste, un monument à Lincoln et à la destruction de l’esclavage doit être enlevé de la vue du public à Boston. Un article d’opinion publié lundi par le Times appelle à la destruction du Jefferson Memorial à Washington DC. Selon le Times, puisque Jefferson et beaucoup de ses contemporains étaient des propriétaires d’esclaves, ce qu’ils ont fait était sans contenu progressiste.
» Du point de vue de la stratégie politique, la dissociation de la “gauche” des traditions révolutionnaires des États-Unis est une stupidité de proportions ‘monumentales’ (un mot approprié), donnant à Trump l’occasion de légitimer son message fasciste en tant que défenseur de la démocratie américaine. »
Il nous semble que les antiTrump perdent une bonne occasion de rappeler que le président est une marionnette du Kremlin/de Poutine. Évidemment, dans le cas qui nous occupe ils risqueraient également l’accusation de ‘racistes’, ce qui est absolument insupportable et explique tant de choses...
Il nous apparaît qu’il s’agit d’une hypothèse tout à fait plausible de considérer que l’irruption dans les colonnes de RT.com du commentateur Wayne Dupree est un coup de main médiatique donnée à la campagne de Trump. D’abord, précisons-le car cela est d’une importance considérable que l’on comprend bien : Wayne Dupree est Africain-Américain. Ensuite, il a comme particularité politique et singulière d’être depuis 2016 le président du caucus “Blacks for Trump”.
Il se trouve que, depuis le 23 juin, 6 articles de Dupree ont été publiés par RT.com, évidemment sur le thème des tropubles aux USA, de la campagne présidentielle, de Trump, etc. En même temps, sont annoncés les Wayne Dupree Shows qu’anime Dupree sur Facebook. Plus encore dans ce sens, chaque article de Dupree est précédé de l’habituelle présentation de l’auteur, et dans son cas commençant par l’annonce qu’il a récemment été reçu par le président Trump pour discuter du message que lui, Dupree, pourrait faire passer à la communauté noire :
« Wayne Dupree was recently invited to the White House to talk to President Trump on messaging to the black community. He was named in Newsmax’s top 50 Influential African-American Republicans in 2017, and, in 2016, served as a board member of the National Diversity Coalition for Donald Trump. Before entering politics, he served for eight years in the US Air Force. His website is here: www.waynedupree.com. Follow him on Twitter @WayneDupreeShow. »
Cette présentation fait de Wayne Dupree le représentant officieux de Trump auprès des Noirs, et sa publication dans RT.com devient effectivement un coup de main sérieux et de bonne guerre du réseau russe de grande diffusion dans sa version US ; il est en effet évident que les articles de Dupree n’ont guère de chance d’être publiés par la grande presseSystème et les grands réseaux à cause de sa proximité avec Trump, et dans ce cas RT.com avec sa grande diffusion est un bon substitut.
En même temps paraît dans RT.com (le 8 juillet 2020) un article qui peut également s’insérer dans une éventuelle tactique de Trump pour tenter de renforcer le soutien de la communauté noire, en attaquant de ce fait l’axe central de la campagne démocrate fondée sur les événements en cours. Il s’agit d’un article de Charlie Stone, journaliste britannique, suggérant que Trump se débarrasse de Pence et donne la candidature à la vice-présidence au rappeur Kanye West, lui-même conservateur pro-Trump, et qui a lancé sa propre candidature à la présidence, proche du parti républicain. Trump a reçu récemment West (lui aussi) à la Maison-Blanche et a jugé que sa candidature serait un bon “galop d’essai” pour 2024. Stone suggère, lui, que Trump prenne West comme candidat vice-président, ce qui le renforcera considérablement contre Biden et sa candidate vice-présidente “de couleur”. Il est impossible de savoir pour l’instant si Stone a publié cet article de son propre chef, ou s’il est commandité et officieusement considéré comme un ‘lanceur de ballon d’essai’ pour le compte de Trump, ou de West.
Bref, tout le monde est au travail auprès de la communauté africaine-américaine, pour obtenir son soutien pour USA2020. Dans tous les cas et de toutes les façons, le résultat immédiat et direct sera une division de cette communauté auprès de laquelle Trump n’avait jusqu’ici fait que très peu d’efforts, et par conséquent un accroissement du désordre dans la situation politique du pays puisque les Africains-Américains jouent pour l’instant, volens-nolens, un rôle fondamental dans le désordre en cours.
Mis en ligne le 9 juillet 2020 à 10H55