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5031Admettons que RT.com a réussi un bon coup (journalistique), mais au travers d’un désert médiatique de la presseSystème des USA (United States of America) refusant de se salir la plume au nom d’on ne sait quoi : sens du ridicule ou du simulacre ? Respect des consignes ? Censure de la censure ?
Le “bon coup”, de Chris Sweeney, journaliste britannique travaillant pour RT.com sur les diverses milices et forces armées clandestines aux USA, c’est une interview du Grand’Maître Jay (de son vrai nom, étrange mélange de deux personnalités impliquées dans une tragédie qui a bouleversé l’Amérique, – John Fitzgerald Johnson). Jay est l’inspirateur et l’organisateur, du moins selon ses propres termes, d’une milice noire, la NFAC, ou Not F**king Around Coalition, venue défiler le 4 juillet dans le Stone Mountain Park d’Atlanta où l’on trouve, sur une paroi rocheuse de granit, les sculptures géantes de trois grands chefs confédérés, les généraux Lee et Stonewall Jackson, et le président de la Confédération Jefferson Davis. Bien entendu, cette parade à Atlanta était un défi symbolique lancé à la mémoire sudiste.
Lorsque nous rendîmes compte de l’événement, nous nous interrogeâmes sur sa signification, en fonction de ce qu’était réellement la NFAC : « Première apparition publique d’une organisation dont on sait fort peu, – est-elle sérieuse, est-elle manipulée, est-ce Hollywood ou Chicago-South ? Est-ce la Guerre Civile ou la “société du spectacle”, ou bien la Guerre Civile dans la “société du spectacle” (ce qui est au moins tout aussi sérieux) ? Le Grand’Maître et NFAC affichant des intentions séparatistes, comme le projet fut parfois évoqué par tel ou tel activiste (Malcolm X) dans les années 1960, c’est un pas en avant dans cette crise... »
Aujourd’hui, nous ne sommes pas tellement plus avancé quant à ces faits mêmes du poids, de la représentativité, du sérieux du tandem Jay-NFAC. Mais au niveau de la communication, il s’agit d’éléments nouveaux.
Personne d’autre, donc, n’a parlé de Jay-NFAC dans la presseSystème. Est-ce à dire qu’il (Jay-NFAC) est un farceur en mal de publicité, qu’il n’est pas sérieux, ou bien qu’il est un BlaKkKlansman barbouillé au cirage noir ? Ce n’est certainement pas le silence de la presseSystème, elle-même qui n’est sérieuse en rien et traîtresse en tout, qui est censureuse et autocensurée comme on est vérolée jusqu’à la moelle, qui nous éclairera à cet égard. Jay-NFAC ne manque d’ailleurs pas de souligner l’ostracisme de la presseSystème à son égard, notamment à cause de ses options radicales ; et, pourrions-nous supposer si l’affaire est sérieuse, également à cause de son hostilité à la marque déposée et sanctifiée par la bienpensance et le Politiquement-Correct dans toutes les positions, Black Lives Matter (BLM)... « C’est un fait flagrant que les grands médias américains ont complètement ignoré le NFAC, dit le Grand’Maître. ABC News a essayé de faire une interview avec moi mais ils ont trouvé l’information trop effrayante, alors ils ont enterré l’histoire comme un épisode exotique à Stone Mountain... »
Il est vrai que Jay-NFAC a des projets effectivement “effrayants” pour le commun de la presseSystème pourtant éprise de liberté et d’émancipation, et d’une façon générale pour les esprits mesurés et surtout rationnels façon-Système : il veut qu’un territoire soit alloué aux seuls Noirs US, soit aux USA, soit en Afrique. On décrétera aussitôt que c’est un farceur et que ce genre de projet, remué depuis des décennies, notamment par Malcolm X, a tout de l’utopie radicalisée et de la rêverie “racialisée”. Surtout, il contredit radicalement la feuille de route des BLM et des démocrates, qui veulent au contraire une radicalisation extrême mais manipulable des USA grâce à l’action antiraciste des Noirs restant fermement dans ce pays et votant comme-il-faut, de façon à asseoir la domination électorale des démocrates en même temps que d’enrichir sa diversité dans sa globalité-globalisée.
(De ce point de vue, Orlov a raison quant au ‘rôle’ des Noirs aux USA : « Aux États-Unis, la vie des Noirs [‘Black Lives’] compte [‘Matter’] – tous les 20 à 30 ans environ, mais presque jamais le reste du temps, pendant lequel on considère qu’il est bien de les laisser s’entre-tuer, de les emprisonner en masse et de contribuer à leur déchéance en leur fournissant un logement et en distribuant de l’argent et de la nourriture à des familles noires sans père. La routine est maintenant si bien rôdée qu’elle peut être recyclée à l’infini... [...] Dans la politique américaine, les Afro-Américains sont des pions politiques manipulés en permanence à des fins partisanes, notamment par le parti Démocrate. Ils sont des pions politiques depuis la guerre civile... »)
De toutes les façons, farceur ou pas, on comprend que le discours de Jay-NFAC n’est pas le bienvenu dans la bienpensance-PC radicalisé façon-antiraciste. Le fondement de l’idéologie-antiraciste, c’est la diversité intégrée, le métissage ethnique aussi bien que politique de façon à fournir une assise stable à ceux qui entendent dans leur grande sagesse assumer le pouvoir qui est mis à disposition par le Système toujours en quête d’une courroie de transmission la plus efficace possible. Tout ce qui est séparatisme, souverainisme ethnique ou psychologique, etc., de la part des Noirs aux USA doit être absolument proscrit, y compris selon les progressistes-sociétaux et ‘woke-mob’. De ce point de vue, farceur ou pas, Jay-NFAC remue des sujets ‘malodorants’ et ‘nauséabonds”, selon la rhétorique-PC habituelle, et il est par conséquent évident que l’on doit l’écouter, comme l’on doit prêter attention à toute réflexion, remarque, proposition, qui charrie une dynamique déstructurante des États-Unis.
Voici donc les quelques affirmation de Jay-NFAC, farceur peut-être certes, mais farceur-peut-être après réunion d’une milice qui se balade à plusieurs centaines, en combinaisons et masques noirs, avec des fusils d’assaut de bonne compagnie. On le prendra pour ce qu’on jugera qu’il est, on ne s’étonne de rien aux USA dans une telle période où rien n’est impossible ni insensé, et l’on jugera beaucoup plus sûrement et ironiquement, complot en bandouillère, que le réseau russe RT.com a sauvé la presse aux USA de l’infamie si souvent dénoncée de n’avoir pas donné la place qu’il faut à toutes les opinions. De toutes les façons et pour nous rassurer de façon définitive, on comprendra que les propos du Grand’Maître sont évidemment plus intéressants et plus significatifs que ceux de la horde des ‘élites’ Africaines-Américaines, reconditionnées et “blanchies” (!) par le Système, parfaitement intégrées puisque corrompues jusqu’à la moelle et fermement installées dans le cirque progressiste-sociétal des démocrates.
Ci-dessous, nous avons extrait les principales déclarations de Jay-NFAC, de l’article de RT.com de Chris Sweeney, avec une rapide présentation quand cela est nécessaire.
• « “Nous sommes ici pour protéger la communauté noire, car c’est elle qui est attaquée. Personne ne protège les enfants, les hommes et les femmes noirs en Amérique. Ce qui a nécessité la création de la NFAC, c’est la nécessité de faire face à une marée montante de brutalité policière, de brutalité raciale, d’injustice dans le système judiciaire.
» “La plupart d’entre nous, comme moi, sont d’anciens militaires, nous ne sommes pas des jeunes du quartier, nous sommes des électeurs, nous sommes des gens responsables selon vos critères, nous sommes ceux qui ont de bons emplois”. »
• Le principal objectif de Jay-NFAC étant le séparatisme des Africains-Américains qu’il considère comme des “prisonniers politiques”, il entend, avec d’autres, obtenir une “ injonction de libération” de la Cour Internationale de Justice de l’ONU : « Je veux qu'ils déclarent tout Noir descendant de la traite des esclaves portugaise prisonnier politique des États-Unis. »
• ... Et là-dessus, enchaînant aussitôt sur les deux options qu’il voudrait voir présentées pour la réinstallations des Africains-Américains :
« Je voudrais que [la Cour] autorise les États-Unis à faire l'une des deux choses suivantes. La première est de nous donner notre propre terre ici, afin que nous puissions y entrer, mettre en place notre propre gouvernement et tout le tralala. » (Il y a eu des interprétations selon lesquelles Jay-NFAC songeait à réclamer le Texas, mais ce n’était qu’un exemple dans son propos. Ce qu’il veut, « c’est de se voir attribuer des terres qui ne sont plus contrôlées par la Maison Blanche »).
« Mon autre objectif est un exode vers l’Afrique, pour établir notre destin et construire notre propre nation, – et obtenir un siège à l’ONU comme tout le monde. Quarante-cinq millions d’entre nous sont une nation dans une nation, nous pouvons donc nous rendre dans un endroit où deux pays amis sont prêts à nous céder des terres.
» Ce serait en Afrique, car c’est de là que nous venons, où nous sommes plus nombreux, où se trouvent les ressources et j’ai déjà des relations avec certains des dirigeants de ces pays.
» Hypothétiquement, je veux obtenir une zone d’environ 100 miles de chaque côté, la déclarer zone souveraine et construire une infrastructure. »
• L’exode proposée par le NFAC ne concernerait que des Noirs. Rien de raciste là-dedans, bien au contraire puisque Jay-NFAC nous informe que la couleur de peau “n’est en rien une identité” :
« Toutes les autres entités ont les leurs [leurs racines], nous sommes les seuls sur la planète à ne pas en avoir.
» Si quelque chose arrive à un Chinois en Amérique, la Chine s’énerve. S’il s’agit d’un Britannique, la Reine a son mot à dire. La couleur noire n’est pas un pays, donc si quelque chose arrive à un Noir en Amérique, personne ne s'en plaint.
» Nous n’avons pas d’identité, ils nous appellent Afro-Américains mais dites-moi, où en Afrique ? Il y a 55 pays en Afrique. »
• A propos de BLM...
« Black Lives Matter ne représente certainement pas les sentiments de la communauté africaine-américaine, nous nous en sommes complètement éloignés.
» BLM ne croit pas en la violence, nous y croyons. Nous avons choisi le jour de l’indépendance de l'Amérique [défilé de la milice le 4 juillet dans le Stone Mountain Park d’Atlanta] pour envoyer ce message car nous étions esclaves quand cela s’est produit, nous n’étions pas membres de ce pays.
» Nous avons essayé d’être ici pendant 247 ans, nous avons eu la reconstruction et ils ont brûlé nos villes, nous avons eu Jim Crow quand ils ont lancé des chiens féroces contre nous et ils nous ont dit que nous ne pouvions pas nous asseoir à côté d’eux, – nous avons essayé autre chose avec l’action affirmative et ils ont fait marche arrière.
» Il est évident qu'ils ne veulent pas de nous ici. »
• Précisions sur l’organisation du groupe NFAC, sur ses activités, sa composition, etc.
» Il y a un processus de contrôle, nous inspectons [les candidats pour entrer dans le groupe] et ensuite ils prêtent serment au NFAC.
» Nous sommes aussi une coalition, donc certaines organisations existantes veulent aussi faire partie de nous, donc nous contrôlons aussi leurs membres.
» C’est pourquoi nous sommes si discrets sur nos chiffres, c’est pourquoi vous ne pouvez pas savoir où nous nous entraînons, c’est pourquoi nous ne sommes pas aussi ouverts à donner des détails. »
• Ambition et mission de Jay : il ne veut pas sauver l’Amérique... Le Grand’Maître Jay a été candidat à la présidentielle 2016 mais il a eu le sentiment qu’on le mettait volontairement sur la touche. 2020 ?
« Depuis l’annonce de la candidature [du rappeur] Kanye West, qui est une blague politique, j’ai reçu des appels téléphoniques me disant “vous savez que si vous vous présentez à la présidence maintenant, vous gagnerez haut la main”.
» Mais ma mission n’est pas de sauver l’Amérique, j’ai essayé et j’ai découvert que, avec beaucoup d’argent et les médias, on peut détruire les bons candidats. Je n’irai pas plus loin dans cette voie. Je ne veux pas sauver l’Amérique.
» Mon but est bien plus noble que cela, non seulement de faciliter l'exode de la nation noire ici en Amérique mais aussi la mise en place de ce que nous appellerions les États-Unis d’Afrique. »
• La péroraison de Jay-NFAC et le destin de la ‘nation noire’
« Tant que nous ne sommes pas seuls et que nous n’avons pas appris à nous aimer nous-mêmes, nous ne pouvons pas aimer les autres. Lorsqu’un peuple se voit refuser la connaissance de sa culture et de son histoire, il n’a pas de quoi être fier.
» Vous avez vu la fierté qu’ils ont ressentie en voyant le film ‘Black Panther’ qui fait de nous des croyants ? Les Noirs aspirent à appartenir à quelque chose, nous devons leur donner quelque chose à quoi appartenir. Je préfère donner ma vie pour quelque chose de noble comme la libération de mon peuple, plutôt que de la gâcher en restant en vie en étant une mauviette.
» Et ce que vous découvrirez, c’est que je ne suis pas seul. »
On conviendra que les paroles de Jay-NFAC laissent un goût d’incertitude et d’ambiguïté. On ne sait pas vraiment quoi penser, ce qui est bien le signe de l’atmosphère d’une sorte de folie qui touche l’Amérique. Dans cette folie, les Noirs sont loin d’avoir trouvé leur place, et notamment par rapport aux Blancs qui s’affirment de leur côté, les blancs progressistes-sociétaux plongés dans les délices de la repentance d’une façon qui, parfois et même de plus en plus, irrite les Noirs. Les déclarations du Grand’Maître, qu’elles soient de pur délire de simulacre ou d’espérance fondée sur quelques signes, passent de toutes les façons par une rupture volontaire et affirmée avec l’Amérique blanche, et précisément dans ce cas il s’agit de cette Amérique blanche (progressiste-sociétale) qui se voudrait à ses côtés et à leurs côtés.
On a déjà rencontré cette attitude, qui se répand de plus en plus chez les Noirs, chez un Van Jones ou chez un Spike Lee par exemple, qui est un agacement grandissant à propos de ces Blancs qui, comme pourrait nous le faire penser Orlov, se servent des Noirs pour soulager leurs conscience, plus qu’ils ne les servent à prendre conscience d’eux-mêmes. Par ailleurs, se multiplient les signes de confusion, dans un théâtre essentiellement monté par les mêmes progressistes-sociétaux (les Blancs des foules BLM) et des Noirs complètement intégrés au Système et roulant pour les démocrates, – pour Joe Biden, c’est dire ! Des signes qui montrent combien la tragédie-bouffe se joue sur un théâtre-bouffe où l’on se bat pour peindre ou dépeindre des grandes lettres jaunes (une “fresque BLM”) sur la chaussée de la 5th avenue, où une dirigeante (noire) de BLM apostrophe une autre Noire mariée à un Blanc, parce qu’elle « chevauche un pénis blanc », où Portland (Oregon) connaît sa cinquantième nuit de manifestations, avec l’intervention des agents fédéraux, mais aussi d’une femme nue (et blanche) s’interposant devant les forces de l’ordre...
De ce désordre qui est propre à l’univers-simulacre et “festif” imposé par les progressistes-sociétaux nés de la postmodernité, il ne serait pas étonnant que sorte un sentiment de rupture chez les Noirs, accompagné d’une recherche d’une identité qui leur soit propre. Dans ce cas, ce qu’on verrait comme les rodomontades ou les délires du Grand’Maître Jay, loin de n’être que cela, rencontrerait un sentiment collectif naissant chez les Noirs, et serait plutôt apprécié comme un signal annonciateur. Le paradoxe serait alors qu’une révolte évidemment voulue par les globalistes qui ne rêvent que diversité mêlée, identité effacée et déstructuration, pourrait aboutir à une pression par les Africains-Américains pour affirmer une identité et une différence structurantes du genre que la globalisation hait littéralement et au-delà de tout.
Mis en ligne le 20 juillet 2020 à 16H10