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3046Hier a été une folle journée autour de Tweeter (de Facebook aussi, mais Tweeter fut particulièrement en vedette). L’une des hypothèses de cette folle journée est que l’on commence à distinguer comment les énormes GAFAM, absolument enivrés par la rapidité d’accumulation de leur puissance financière, peuvent très vite aller trop loin, en confondant comme c’est de rigueur aujourd’hui, leur ‘opinion’ avec à la fois la vertu et la vérité ; une autre hypothèse concerne effectivement, comme Tweeter l’a notamment affirmé, d’une “série d’erreurs”. Même si nous conservons jalousement la première, on admettra aussi que l’une n’exclue pas l’autre, ces nouveaux géants pouvant effectivement accumuler tous les travers de leur époque, comme on enfile un collier de perles.
Il y a eu plusieurs épisodes d’intervention de censure, – aucun autre mot n’est possible, – concernant des articles du New York Post sur des documents confirmant des liens de corruption avérés entre les Biden fils et père (et candidat), et divers correspondants ukrainiens (et chinois éventuellement). Nous le signalions hier, plaçant la chose dans le contexte global, sinon cosmique, qui est le sien :
« Il existe dans cet immense ébranlement cosmique des rassemblements crisiques complètement inédits, sans précédents dans la forme et la dynamique, dont on distingue mal le sens et la stratégie, qui manient des mesures à la fois liberticides, incohérentes, sans la moindre coordination s’il devait y avoir eu des intérêts communs, – ce qui n’est pas le cas. Comparez par exemple le comportement de quelques ‘Big Tech’, comme Facebook et Tweeter (qui vont devoir rendre des comptes au Sénat), censurant aussi bien des officiels, des parlementaires, etc., qui font circuler des articles mettant en évidence la corruption ukrainienne (et chinoise éventuellement) si incroyable de Hunter Biden, mettant en cause son père Joe. »
L’intervention de Tweeter a été extrêmement brutale, les réactions qui l’ont suivie en riposte également. L’intensité des échanges, ; notamment avec des personnalités médiatiques et politiques, a été d’une intensité rarement atteinte. Dans un premier temps après cet échange, Jack Dorsey, le CEO de Tweeter, est intervenu pour désavouer l’action de son entreprise et la qualifier d’« inacceptable », – bien qu’elle ait suivi les règles de conduite extrêmement excessives que lui-même, Dorsey, lui autorise. La saga s’est poursuivie dans la journée, avec d’autres interventions...
« Après avoir minimisé la censure des liens vers un article du New York Post sur les prétendues transactions commerciales douteuses de la famille Biden, Twitter a continué à bloquer les liens vers cet article qualifié de “dangereux”, même ceux publiés par les législateurs américains.
» Lorsque le New York Post a publié mercredi une série d'e-mails révélant les transactions en coulisses de Hunter et Joe Biden en Ukraine, l'histoire s'est répandue comme une traînée de poudre, jusqu’à ce que Twitter et Facebook commencent à empêcher les utilisateurs de partager des liens vers l’article incriminé. Alors que républicains et conservateurs dénonçaient la censure, le PDG de Twitter, Jack Dorsey, intervenait pour clarifier les choses, expliquant également que l’article contenait du “matériel piraté”, en violation des règles de Twitter.
» Les républicains de la Commission judiciaire de la Chambre des représentants ont contourné l'interdiction en plaçant l’article sur leur site officiel (‘gov.’), recommandant “Click, Share, and RT” l’article du NYP.
» Les utilisateurs qui ont essayé de cliquer sur le lien ont reçu jeudi un avertissement de Twitter, leur disant que le lien “pourrait être dangereux”, [...] pourrait “induire les gens en erreur ou perturber leur expérience”, avec “un contenu violent ou trompeur qui pourrait causer des dommages dans la réalité”.
» Les conservateurs ont été scandalisés. “Ils ne cachent même plus leurs choix politiques, ont tweeté les Républicains de la commission judiciaire. “C'est une attaque contre les conservateurs.” Le député Mark Walker (Caroline du Nord) a qualifié la suppression du lien d’“interférence électorale”.
» Twitter a annulé son interdiction plus tard dans la matinée de jeudi... Un porte-parole de Twitter a déclaré au Daily Caller (conservateur) que la décision de qualifier le site web de “dangereux” était une “erreur“.
» Néanmoins, les républicains de la commission parlementaire de surveillance [notamment les sénateurs Ted Cruz et Lindsey Graham] ont demandé une audition d’urgence [sans doute pour le 24 octobre] sur “les efforts répétés de Big Tech pour interférer dans l'élection de 2020”, avant que les électeurs ne se rendent aux urnes. Le sénateur Josh Hawley (R-Missouri), qui siège à la commission judiciaire, a également demandé jeudi que Dorsey et le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, témoignent sur d'éventuelles “violations de la loi sur les campagnes électorales”.
On ne s’arrête pas là. D’autres incidents sont survenus dans la soirée du jeudi, notamment des incidents généraux d’accès à Tweeter, mais dans ce cas plus comme une panne généralisée que comme une série de sanctions venues de Tweeter. Néanmoins, cette ‘panne’ avait un rapport direct avec les ‘sanctions’ du jour, notamment par les protestations que ces ‘sanctions’ avaient amenées.
« Les utilisateurs américains et européens ne pouvaient pas accéder à Twitter le jeudi soir, pour des raisons inconnues, et recevaient un message d'erreur indiquant que la plateforme de médias sociaux était “en surcapacité”.
» Le site de suivi des pannes DownDetector a noté une forte augmentation des plaintes concernant Twitter vers 21h30 GMT, et la carte des pannes montre les États-Unis et le Royaume-Uni comme les plus touchés.
» Cette panne inexpliquée survenait quelques heures avant les assemblées publiques télévisées concurrentes, auxquelles participaient le président américain Donald Trump et son challenger démocrate Joe Biden, et qui ont remplacé le débat initialement prévu pour le 15 octobre, mais qui a été abandonné en raison d'un désaccord sur un changement soudain des règles.
» Il se trouve également que la panne fait suite à une journée de critiques intenses à l’encontre de la plateforme, pour ses efforts en vue d'annuler le partage d'un article du New York Post sur le fils de Biden, Hunter, et ses relations d'affaires avec l'Ukraine et la Chine. En plus de signaler le lien vers l’article comme “potentiellement nuisible” et de prétendre qu’il violait la politique de partage des documents “piratés”, Twitter a verrouillé les comptes de plusieurs personnes qui l'avaient partagé, – de l’acteur James Woods et de la secrétaire de presse de la Maison Blanche Kayleigh McEnany aux républicains et journalistes de la Commission judiciaire de la Chambre des représentants.
» La cause de la panne de jeudi soir n'est pas encore connue. Sur sa page de situation, Twitter a déclaré qu'il enquêtait sur une “irrégularité” impliquant ses interfaces de programmation d’applications (API). »
Voilà à peu près l’affaire de la ‘journée folle’ de Tweeter. Il est rarissime, sinon complètement inédit de relever un acte de censure aussi patent, indécent et grossier, portant sur des événements en cours de l’importance de l’élection présidentielle, et encore de cette importance de USA2020. Pourtant, tout un segment, largement puisé dans la presseSystème et la presseWoke (pour changer un peu en parlant de la presse progressiste-sociétale ou révolutionnaire qui s’affiche antiSystème mais qui est d’abord antiTrump et qui se retrouve là où on la retrouve, bien alignée en rang), ne s’est pas trouvé particulièrement bouleversé par cette aventure ; dans tous les cas, pour bon nombre d’entre eux, on s’est abstenu d’en parler.
(Il nous apparaîtra singulièrement amer et un peu triste, et également comme un rappel de la réalité de ce que représente comme appauvrissement du jugement et pourrissement de la psychologie l’idéologisation des personnes et des combats, que le site WSWS.org, qui s’est toujours montré à la pointe de la bataille contre la censure dans internet n’ait semble-t-il, – à notre connaissance dans tous les cas, – pas publié une ligne sur cette affaire dans ses éditions du jour. Puisque cette affaire, n’est-ce pas, est d’abord une attaque contre les républicains et Trump., c’est-à-dire Hitler. Si cette accusation est fondée, l’est également le jugement de mépris qui s’ensuit.)
Quoi qu’il en soit, il est possible que cette fois, les wonder-boys de la Silicon Valley, Dorsey en tête, soient allés un peu trop loin. Il semble bien que, si Trump réussit à se faire réélire, il s’attaquera sérieusement à une législation de contrainte pour ce qui concerne le fonctionnement des GAFAM, et il sera soutenu par bien des républicains malgré leur réticence à s’engager dans une voie de l’interventionnisme de la puissance publique. La fameuse Section 230 de la Communication Decency Act de 1996 devrait être clarifiée et précisée, de façon à activer des sanctions et des contraintes sur les actions des grands acteurs de la communication, allant dans la démarche de les considérer désormais comme des éditeurs et non plus comme des plateformes, ce qui les soumettrait à une législation extrêmement rigoureuse en matière de respect de la liberté de publication et de diffusion.
Mis en ligne le 16 octobre 2020 à 10H50