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4395Les militaires français ont-ils lancé une nouvelle forme d’insurrection ? Se forme-t-il une très étrange et inhabituelle “Internationale des généraux”, bien entendu tous aussi “factieux” sur un bord que sur l’autre de l’Atlantique, et selon le jugement du camarade-spécialiste Jean-Luc Mélenchon ? Y a-t-il une branche secrète et cachée du Rassemblement National qui a entrepris le même travail de sape contre la démocratie exemplaire aux USA, que celui qu’il a évidemment effectué en France ? Questions exotiques et fascinantes, alors qu’on n’imaginait pas que le danger fasciste fut aussi grand et aussi répandu, qu’il parvînt à franchir l’Atlantique en moins d’un mois.
On jugera dans tous les cas, et en retrouvant notre calme, que la “Lettre Ouverte” publiée par 124 officiers généraux (généraux et amiraux) à la retraite, des trois armes des forces armées US (y compris le Corps des Martines) est une initiative qui renvoie à l’agitation chez les militaires français, opérationnalisée par deux “Lettres Ouvertes”.
Le texte de la “Lettre Ouverte” est publié sur le site “The Federalist” du 11 mai 2021 et suivie par d'autres sources. Certes, 124 généraux et amiraux à la retraite, cela constitue une minorité dans la myriade d’étoiles que les forces armées US génèrent, y compris pour celles qui ont quitté le service. Néanmoins, le chiffre indique un certain poids, par exemple si l’on en juge par rapport au nombre d’officiers généraux en activité : 905 officiers généraux et amiraux de une à quatre étoiles, 302 pour l’US Army, 279 pour l’USAF, 244 pour l’US Navy, 80 pour le Corps des Marines. Il implique pour les signataires une certaine prise de risques par rapport aux autorités fédérales et aux us & coutumes de l’establishment dans leur pays ; et par conséquent l’abandon probable de certains privilèges, – notamment des positions avantageuses et fort bien rémunérées dans l’industrie de défense et dans les médias comme consultants.
Voici le texte de “The Federalist”, relayé essentiellement sur des sites alternatifs, dissidents ou indépendants. Son aspect le plus remarquable est que ce groupe d’officiers généraux accuse le gouvernement de l’administration Biden de vouloir mettre en action des mesures et des structures spécifiquement marxistes-léninistes.
« Plus de 120 officiers d’état-major à la retraite appellent les Américains à se rassembler et à rejeter les excès du programme de gauche radicale de l’actuelle administration, en particulier les efforts de “lutte contre le racisme” que la gauche à tendance marxiste-léniniste utilise pour faire la chasse aux dissidents.
» “Notre nation est en grand péril. Nous nous battons pour notre survie en tant que République fondée sur notre Constitution, comme jamais depuis notre fondation en 1776”, a écrit ce groupe de 124 généraux et amiraux à la retraite. “Le conflit oppose les partisans du socialisme et du marxisme aux partisans de la liberté constitutionnelle.”
» Les signataires, parmi lesquels figurent l'ancien conseiller à la sécurité nationale du président Ronald Reagan, l’amiral John Pointdexter, l’ancien sous-secrétaire adjoint à la défense du président George W. Bush, le général William Gerald Boykin, et le général de brigade à la retraite Donald Bolduc, qui se présente actuellement au Sénat dans le New Hampshire, s'insurgent contre la litanie des activités de gauche présentées au cours des 100 premiers jours de la nouvelle administration dirigée par le président Joe Biden, qui a redéfini ce que signifie une présidence d’extrême gauche.
» Les officiers généraux à la retraite ont critiqué l’attaque des démocrates contre l'intégrité des élections, la poursuite de l’ouverture des frontières, la censure rampante de la Silicon Valley, le réengagement dans l'accord sur le nucléaire iranien, le rejet de l'indépendance énergétique mis en évidence par l’élimination du pipeline Keystone, l’utilisation de l’armée pour tenter de donner du crédit aux affirmations de “menaces de droite”, le laxisme à l’égard des anarchistes de gauche lors de troubles et d’émeutes dans les villes et la récente confusion à propos des procédures du code nucléaire à la Maison Blanche.
» “Avec un Congrès démocrate et l’administration actuelle, notre pays a pris un virage à gauche vers le socialisme et une forme marxiste de gouvernement tyrannique”, ont écrit les officiers.
» Biden a poursuivi ce programme de manière agressive, en grande partie grâce à l’utilisation des décrets, sans mandat législatif clair pour promulguer un programme de gauche dure, compte tenu d'une victoire en novembre de moins de 43 000 voix d’écart dans trois États décisifs, d’un Sénat divisé exactement à égalité et d’une courte majorité de six sièges après des pertes démocrates inattendues à la Chambre.
» “L’administration actuelle a lancé d’une façon dictatoriale un assaut contre nos droits constitutionnels, contournant le Congrès, avec plus de 50 décrets signés à la hâte, dont beaucoup annulent les politiques et réglementations efficaces de l’administration précédente”, écrivent les officiers généraux, notant que Biden le président qui a signé le plus de décrets [durant la même période de son mandat depuis Franklin D. Roosevelt]. “De plus, les actions de contrôle de la population telles que les confinements excessifs, les fermetures d’écoles et d’entreprises et, plus alarmant, la censure de l’expression écrite et verbale, sont autant d’agressions directes contre nos droits fondamentaux.”
» Le groupe appelle les Américains à rejeter les politiciens d’extrême gauche [et jugent que] les conditions présente doivent conduire à la renaissance d’un nouveau mouvement Tea Party.
» “La survie de notre nation, de ses libertés, de sa liberté et de ses valeurs historiques est en jeu”, écrivent-ils. »
Il s’agit d’une proximité assez inattendue entre militaires américains (américanistes) et français, dans une occurrence tout à fait inhabituelle d’une résistance contre un gouvernement civil d’obédience globaliste. Nous employons ce terme général pour qualifier les deux gouvernements extrêmement différents par ailleurs, pour mieux synthétiser la situation et lui donner sa véritable dimension. Les oppositions de détails sont très différentes, les exigences et les situations intérieures aussi, les personnalités des acteurs et leurs vertus également (par exemple, le général Boykin, évangéliste extrémiste, n'est pas des plus attachants). Il reste que les gouvernements Biden et Macron peuvent effectivement être définis du fait de leur opposition au fait national comme “globalistes” en plus de leurs diverses étiquettes idéologiques, et que c’est bien là le principal reproche que leur adressent ces oppositions.
On lira ci-dessous l’extrait d’un texte (10 mai 2021) de “WhatsDoestItMeans” (WDIM), donnant une ouverture inattendue sur cette proximité des militaires des deux pays. Il est difficile de distinguer, selon les habitudes un peu incontrôlables du site, ce qui peut être pris pour du comptant, et le reste. On notera tout de même combien l’hypothèse d’une proximité entre des forces d’élite des deux pays qui ont effectivement servi en coordination sur certains théâtres est intéressante... Quoi qu’il en soit, ce qui importe à ce stade de l’analyse est l’existence d’une tendance nous conduisant à envisager un rapprochement des activités antiSystème dans les personnels des deux forces, et c’est ce qui nous intéresse.
« Ce que l’on ne dit pas aux Américains sur les personnes [soi-disant “suprémacistes”] que l’armée américaine recherche dans ses rangs, c’est que cela n’a absolument rien à voir avec le président Trump. Cette recherche effrénée entreprise par le Pentagone concerne plutôt les effectifs des forces d’opérations spéciales américaines qui ont opéré secrètement en Afrique au cours de la dernière décennie, et qui ont toutes combattu au côté des forces militaires françaises d’élite engagées dans ce que l’on appelle “la guerre éternelle de la France” sur le continent africain.
» S’appelant eux-mêmes “La Génération du Feu”, ces troupes d’élite françaises ont eu une forte influence sur les forces spéciales US, et cette influence inquiète grandement le Pentagone, – inquiétude qui est devenue une véritable panique il y a un peu plus de quinze jours lorsque l’establishment militaire français a adressé une ‘lettre Ouverte’ à sa direction civile et au gouvernement : “‘Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants’ : 20 généraux appellent Macron à défendre le patriotisme” dans laquelle ces chefs militaires français ont averti : “il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers”. Hier, une nouvelle ‘Lettre Ouverte’, rédigée pas plus d’un millier d’officiers français d’active est venue encore accentuer la panique au Pentagone, où l’on se demande dans combien de temps cette sorte de révolte se manifestera aux USA... »
Bien entendu, WDIM reprend la nouvelle ce 12 mai en la mettant évidemment en perspective avec les deux ‘Lettres Ouvertes’ françaises, mais sans rien ajouter de très nouveau. Il est évident qu’il existe au moins une connivence de circonstances entre les deux événements ; elle conduit à l’hypothèse d’officiers généraux US inspirés par l’exemple français qui a eu un certain retentissement aux USA, certainement dans la presse dissidente.
Ce qui est fascinant, certes, c’est justement la proximité établie de facto par les événements, entre des forces aux relations si ambiguës, aux actions également très différentes selon leur tradition et les politiques des deux gouvernements. Les buts poursuivis, ou les actes reprochés aux gouvernements respectifs sont également différents. Ce n’est pas ici l’hypothèse d’une “alliance formelle” que nous privilégions, encore moins celle d’un complot du type pieds-nickelés armés jusqu’aux dents que les antifascistes et antiracistes au service du Système, en général très prompts à dénoncer le complotisme lorsqu’il s’agit des commentaires de leurs adversaires, dénoncent avec entrain et sans souci de la contradiction...
• Il s’agit plutôt du constat renouvelé de l’importance capitale de la communication, et, par conséquent, de l’observation que ces militaires “dissidents” mènent leur combat avec les armes nouvelles que leur fournit la communication ;
• Il s’agit plutôt du constat renouvelé de l’extraordinaire plasticité des positions en fonction des événements, avec le jugement que ce qui doit être considéré pour l’essentiel est le constat stratégique que, – quoi qu’il en soit et quoi qu’en veuillent les uns et les autres, – ces militaires “dissidents” établissent un front qu’on qualifiera d’antiSystème et contribuent à fragiliser les positions de deux gouvernements qu’on doit identifier avec les intérêts du Système.
Mis en ligne le 12 mai 2021 à 17H50