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3611Dans l’actuel mouvement en cours aux USA de déstructuration radicale que nous désignons comme l’effet de la “doctrine” du wokenisme, il est évident que l’attaque contre les forces armées US est un des points les plus importants du fait de l’importance de la puissance militaire dans l’équilibre et la puissance du Système. Nous avons déjà beaucoup exploré le sujet, selon des arguments que nous détaillons de cette façon :
• Effectivement si l’on se retourne sur le passé récent, la puissance militaire US est un pilier fondamental du système de l’américanisme depuis 1945, – par exemple, bien plus que les Big Tech (que le Pentagone a contribué à créer) ; elle l’est tant stratégiquement qu’industriellement, que psychologiquement, voire et surtout peut-être, elle l’est “spirituellement” (le mot avait été dit par le président Eisenhower dans son discours d’adieu de janvier 1961 où il voulut avertir solennellement ses concitoyens sur les dangers immenses du Complexe Militaro-Industriel [CMI] pour la destinée et l’équilibre des États-Unis) ;
• cette puissance est évidemment la structure qui, outre de participer à l’équilibre des USA dans le cadre du Système, donne les moyens d’un investissement global de l’hégémonie US grâce à une myriade d’accords stratégiques et de bases (par centaines, sinon plus d’un millier) disséminées dans le monde ;
• là-dessus, le wokenisme, avec son idéologie gauchiste-sociétale, que l’on veut imposer aux forces armées constitue un état d’esprit et une contrainte psychologique qui paraissent extraordinairement incompatibles avec les caractères guerriers divers (affirmation virile de la force, du sacrifice, etc.) constitutifs en général d’une force militaire, et plus encore des forces armées US dont l’esprit instillé par le Système (violence de la politiqueSystème) s’appuie sur l’affirmation de l’“idéal de puissance”
• d’où le constat d’une extraordinaire contradiction entre cet “esprit instillé par le Système (violence de la politiqueSystème)” et l’esprit évident, également d’une grande violence idéologique mais opposée à l’esprit militaire, qui transparaît dans le wokenisme également développée par le Système ; on en voit même des conséquences politiques surprenantes dans l’opposition à Israël d’une fraction du parti démocrate.
On sait que l’entreprise de wokenisation de l’armée US est lancée à pleine vitesse (voir notamment le 14 mars 2021, le 15 mars 2021 et le 25 avril 2021), avec des signes de malaise évidents (le 17 mai 2021). L’ampleur et l’acuité terrible de la purge qu’on veut imposer aux forces armées sont largement documentée par les détails qui sont publiés sur l’organisme chargé de ces purges, le CEWG (“Countering Extremism Working Group”).
Sur le nouveau site Turcopolier du colonel Lang, l’ancien officier de la CIA passé à la “dissidence” Larry Johnson détaille cette machinerie ressemblant à s’y méprendre à l’institution du “commissaire politique” dans les unités de l’Armée Rouge de l’URSS, et des armées communistes en général au siècle dernier ; sauf que, dans le cas communiste, les commissaires politiques étaient censés veiller au respect d’une orthodoxie idéologique d’ores et déjà présente dans les forces, alors que dans le cas US, il s’agit d’introduire de façon contraignante, d’inoculer comme l’on dirait d’un vaccin ou d’un poison c’est selon, une idéologie complètement contraire à celle qui règne dans les forces. Certes, il s’agit de combattre l’“extrémisme” selon une formule assez molle d’une sorte suprémaciste-blanche du terrorisme, désormais considérée comme la plus terrorisante du domaine. A partir des membres du CEGW, qui sont nommées et détaillées, avec leurs pédigrées et leur état d’esprit, Johnson en arrive à une conclusion d’identification de l’“extrémiste” qui ne surprendra personne par son outrance et son absurdité :
« Si vous êtes blanc, chrétien, de sexe masculin et hétérosexuel, vous êtes, selon la nouvelle définition, un extrémiste. C'est notre Amérique orwellienne d’aujourd’hui. »
Que va-t-il se passer avec cette vaste opération à l’importance primordiale, conduite essentiellement par un homme (le secrétaire à la défense Austin, ancien général) dont on dit déjà beaucoup, et dont on assure qu’il fut l’un des organisateurs de Daesh pour le compte d’Obama, lorsqu’il supervisait l’entraînement des Forces Démocratiques Syriennes, une des organisations anti-Assad en Syrie ? Brandon Smith, de “Alt-Market.com” le 20 mai, tente de répondre à cette question. Nous lui empruntons deux extraits (avec l’aide et l’habileté dans la traduction du Sakerfrancophone).
Le premier extrait intervient après une description de l’extrême difficulté, si pas l’impossibilité d’adapter le recrutement et l’entraînement des forces aux diktat du wokenisme. Du coup, apparaît le scepticisme complet quant à la possibilité que le recrutement puisse assurer une wokenisation des forces, dans la mesure où l’individu-woke, selon les stéréotypes connus et évidents, est très mal adapté pour se tourner vers le métier des armes. S’ensuit une observation statistique des forces actuelles, par catégorisation politique ou idéologique, pour tenter tout de même d’apprécier la possibilité de wokéniser ces forces. Smith nous conduit aisément à sa propre conclusion pessimiste à cet égard.
« Par exemple, les sondages de 2016 ont montré qu’environ 31% à 35% des militaires américains sont républicains, tandis qu’environ 25% à 29% votent démocrate. Mais qu'en est-il du reste ? Les médias appellent souvent les autres électeurs en service actif “modérés” ou “indépendants”. Il s'avère que, selon les sondages, jusqu'à 40 % des militaires de cette catégorie sont en fait de tendance libertarienne ou constitutionnaliste.» Les grands médias tentent de dissimuler ce fait en ne parlant que des “votes républicains” et des “votes démocrates”. La réalité est que la grande majorité des militaires est d’orientation conservatrice, avec des valeurs fondées sur la liberté individuelle et le constitutionnalisme. Ces 40 % de libertariens et de constitutionnalistes sont ce qui inquiète vraiment les élites. C'est à eux qu’elles font référence lorsqu’elles parlent d’“extrémistes” dans l’armée.
» Et que dire des 25 à 29 % de démocrates ? C’est l’étendue de l’emprise de la gauche dans les rangs de l’armée et il est improbable que la plupart de ces démocrates soient des gauchistes purs et durs. D’autres études montrent également que la majorité des anciens combattants quittant l’armée s’identifient massivement comme républicains, conservateurs ou “indépendants”, et non comme démocrates ou gauchistes.
» C’est probablement la raison pour laquelle les dernières publicités de recrutement de l'armée en faveur de la justice sociale sont reléguées aux oubliettes par les soldats et le public. [...] La dernière fois que j’ai vérifié, la nouvelle vidéo de l’armée “Emma : l’Appel”, d’inspiration LGBTQ et féministe, n’avait reçu que 700 votes positifs et plus de 33 000 votes négatifs. C’est un échec épique. Où sont tous les combattants purs et durs de la “justice sociale” [du wokenisme] qui ne demandent qu’à s’engager dans l’armée et à “s’éclater” ? Ils n’existent pas. L'establishment essaie de faire appel à une démographie fantôme.
» Le fait est que le seul endroit où vous trouverez une prépondérance de fous furieux dans l’armée est parmi les officiers généraux et parfois dans le reste de la hiérarchie. Le leadership des forces a été soigneusement préparé pour créer une consolidation gauchiste/globaliste, et ce depuis des décennies. Les généraux sont pour la plupart des politiciens, pas des soldats.
» Si les chefs militaires peuvent se “wokeniser”, cela ne signifie pas que le reste de l'armée le fera, ni que les troupes suivront les ordres anticonstitutionnels de ces personnes. »
Reste alors la question plus générale d’envisager ce qui va se passer. Smith envisage absolument l’échec de la wokenisation des armées, de toutes les façons envisageables, et il fonde son espoir sur la formation d’une sorte de “contre-armée” s’opposant à l’armée régulière devenue fantôme. Il se réclame ainsi du système des milices, qui est en fait un fondement historique des Etats-Unis : à l’origine, l’armée fédérale n’existait pas (la Constitution ne cite que la marine comme organisation militaire), tandis qu’existaient des milices de citoyens (les “minutemen”, civils capables de se transformer en soldats de milices “en un instant” [une minute], un peu à l’image de l’armée suisse). Ainsi, l’“Armée Continentale” de Washington durant la Guerre d’Indépendance (“la Révolution” disent les américanistes) était composée de milices, – ce qui ne facilitait pas le commandement, et encore moins la coordination avec le corps expéditionnaire français formé en véritable armée du maréchal de Rochambeau, dont l’intervention permit la victoire décisive de Yorktown en 1780.
Bien entendu, ce n’est pas cette sorte de conflit qu’on envisagerait nécessairement dans l’actuelle crise américaniste. Smith fait intervenir un facteur important, dans le chef des vétérans des longues guerres depuis 2001, qui sont en énorme majorité des conservateurs adversaires du wokenisme.
« Il y a bien sûr des préoccupations constitutionnelles pour la structure militaire. L’Amérique n’a jamais été censée avoir même une armée permanente ; nous étions censés avoir des milices locales composées de chaque citoyen mâle valide dans une communauté. Cela dit, je serai le premier à admettre que même dans un système de milice, une classe de combattants va se développer naturellement. Il y aura toujours des gens qui se distingueront des autres à cet égard.» Une autre préoccupation est le problème des chefs. Comme nous l’avons dit, il ne faut pas faire confiance à la direction militaire actuelle, non plus qu’à la direction politique américaine. Pour la plupart des combattants, la question sera toujours : “Serai-je envoyé pour me battre et peut-être mourir pour une cause juste, ou une cause corrompue ?”
» Sous l’establishment actuel, la guerre est en effet un racket, et la plupart des soldats aspireront à un vrai combat, un combat honorable. Mon désaccord personnel avec l’armée n’est pas tant pour l’institution que pour ceux qui la dirigent. Je ne peux pas me battre pour des gens corrompus.
» Cependant, pour les gauchistes qui ont avidement soutenu Barack Obama lors de son expansion massive des guerres au Moyen-Orient, l’engagement ne porte pas sur la valeur morale de la direction. Leur engagement porte sur les valeurs fondamentales qui font de l’armée ce qu’elle est. Il sera extrêmement difficile d'essayer de supprimer le modèle basé sur le mérite de l’armée américaine. L’idéologie de la justice sociale et les normes militaires de promotion s’excluent mutuellement ; elles ne peuvent coexister dans le même espace. Ainsi, pour que l’armée devienne totalement wokenisée, l’establishment devrait supprimer tous les éléments qui rendent l’armée efficace. Ils devraient détruire l'armée afin de la “diversifier”.
» Et peut-être est-ce là le but ultime. Peut-être que les globalistes VEULENT saper les fondements de l’armée américaine dans l’intention de rendre l’Amérique faible et plus facile à conquérir. Mais là encore, partout où il y a un vide, la dynamique de la civilisation cherche à le combler.
» L’un des résultats positifs des longues guerres en Irak et en Afghanistan est que des centaines de milliers de vétérans ayant une grande expérience du combat sont rentrés chez eux au cours des 20 dernières années, et la plupart d’entre eux sont conservateurs. Ils sont également très méfiants à l’égard de la dynamique politique à Washington DC. Ils savent exactement ce qui se passe dans ce pays. En outre, toute tentative d’imposer une propagande de justice sociale aux militaires en service va aliéner plus de 60 % d’entre eux. Bien qu’ils ne soient pas légalement autorisés à s’exprimer politiquement, ils ne suivront pas aveuglément le culte du wokenisme et ne se retourneront pas contre les leurs.
» L’establishment est maintenant confronté à une grande énigme : en imposant son programme au sein de l’armée, il crée par défaut une armée séparée et opposée, qui pourrait le balayer. Sur qui parieriez-vous ? Une armée de progressistes mous, obsédés par la diversité et entraînés à avoir une main molle dans des gants de velours ? Ou une armée de conservateurs endurcis qui ont traversé l’enfer et en sont revenus ?
» Même si l’objectif est d’avilir l’armée américaine jusqu’à ce qu’elle se désagrège, cela ne signifie pas que l’Amérique restera sans défense. Nous nous réorganiserons, peut-être sous la forme d'un système de milice non officiel échappant au contrôle fédéral. En fin de compte, une armée wokenisée ne peut pas survivre ni prospérer ; elle ne ferait que faire naître contre elle une force militaire libre et soucieuse de la liberté agissant comme un contrepoint à l'agenda mondialiste. »
Voilà une hypothèse détaillée sur le destin des forces armées. Il nous paraît inutile d’émettre un jugement à cet égard, sinon en rappelant les remarques déjà faites sur la fragilité paradoxale de l’armée US (notamment avec l’exemple de la fin 1945), – mais en observant également que jamais l’armée ne s’est trouvée confrontée à une telle situation, une telle menace, venue de l’intérieur d’elle-même. Bien entendu, on retrouve les mêmes remarques, les mêmes étonnements, la même sidération dans ce domaine de l’armée que dans tous les autres domaines essentiels qui sont sous l’assaut du wokenisme (l’éducation, l’université, l’entertainment, le sport, le Corporate Power, la police et le renseignement, etc.). Observer ce phénomène, dans la puissance qui domina le monde pendant trois-quarts de siècle, essentiellement appuyée sur son opposition, voire sa haine inextinguible du socialisme et du communisme, alors que le wokenisme emprunte tant de traits et de conception de ces deux tendances, est une expérience complètement exceptionnelle qui mesure parfaitement le caractère cosmique et catastrophique de la crise.
Telle qu’elle est décrite ici, la situation crisique des forces armées apparaît impossible à modifier dans le sens d’un arrangement, là aussi comme toutes les autres situations crisiques dans le pays. C’est de ce point de vue qu’il importe de considérer le scénario de Smith, hors de tout apriorisme et sans exiger plus d’argument, et encore moins certes une démonstration scientifique.
Brandon Smith écrit que « L’establishment est maintenant confronté à une grande énigme » qui est la possibilité que la déstructuration de l’actuelle armée US conduise à la création d’une autre armée, hostile au wokenisme. Nous aussi, nous avons devant nous notre “grande énigme“ : l’Amérique elle-même, son destin, les conséquences de ce destin sur le nôtre, et tout ce qui en découle...
Mis en ligne le 22 mai 2021 à 16H40
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