RapSit-USA2021 : du Dictateur au Texit

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RapSit-USA2021 : du Dictateur au Texit

Lorsqu’on accuse Biden d’être un “dictateur”, on penserait plutôt au Dictateur de Chaplin, selon une autre formule que celle d’un Hitler caricaturé ; ce serait donc plutôt un Brejnev ou un Tchernenko caricaturé. La méthode, elle, est techniquement celle d’un dictateur selon la notion classique : le gouvernement par décret, hors de tout contrôle démocratique, notamment de la représentation législative. Au reste, les ‘démocraties’ aux abois et les simulacres de démocratie y sacrifient volontiers, nous montrant parfaitement de quoi sont faits ces régimes qui donnent des leçons au reste du monde.

Aux USA, le “gouvernement par décret” se fait en général par la voie des Executive Order (EO) du président. (En France, nous avons l’article 47/47-2 et ses différents aspects qui peuvent en faire un instrument de décision unilatérale de l’exécutif.) Le comportement extraordinaire de Biden pendant les premiers jours de sa présidence font effectivement songer à un ‘gouvernement par décret’, ou, selon les mots du candidat Biden (le 15 octobre 2020), prononcés comme une attaque directe contre Trump qui venait de signer un EO : « Vous ne pouvez pas gouverner par décrets, à moins d'être un dictateur. »

La chose est documentée par l’‘American Presidency Project’ de l'Université de Californie à Santa Barbara. Elle fait l’objet de divers commentaires (« Selon Joe Biden, Joe Biden est un dictateur ») de divers sites conservateurs, s’appuyant notamment sur la vidéo du 15 octobre 2020 de ABC.News. Rapidement résumée, cela donne ceci, avec l’emploi intensif de la majuscule :

« Au cours d'une réunion publique diffusée par ABC News un peu plus de quinze jours avant l’élection, Joe Biden discutait de ses propositions fiscales et déclara que pour les voir mises en œuvre, il aurait besoin des votes du Congrès.

» “J'ai cette étrange notion que nous sommes une démocratie", a déclaré Joe Biden avec sarcasme, soulignant que “certains de mes amis républicains et certains de mes amis démocrates disent parfois que ‘si vous ne pouvez pas obtenir les votes de soutien, alors il faut agir par décrets’”.

» “Vous ne pouvez pas gouverner par décrets, à moins d'être un dictateur”, a déclaré Biden, ajoutant : ”Nous sommes une démocratie, nous avons besoin d'un consensus”.

» Revenez au premier jour de la présidence de Biden. Il a signé DIX-NEUF Executive Order [décrets].

» Avant la fin de la première semaine de sa présidence, Biden en a signé TRENTE-SEPT .

» Malgré la probabilité que Biden ne sait même pas ce qu'il signe, il a déjà mis sa signature sur trois fois plus d’Executive Order que les quatre présidents précédents COMBINÉES.

» Dans leur première semaine de présidence, Trump en a signé quatre, Obama cinq, George W. Bush aucun et Bill Clinton un. »

C’est un bien curieux pouvoir qui s’est installé avec Biden. Cette démonstration qu’il agit comme un ‘dictateur’ s’ajoute à ce qu’on a vu de lui, comme un “président impuissant”, qui s’avère en fait le “président de l’impuissance” ; on y pourrait ajouter, pour faire le bon compte, une marionnette manipulée par d’autres pour tout de même poser des actes politiques radicaux (bien entendu, de gauche). Les trois interprétations doivent être considérées, et même être envisagées comme pouvant être confirmées toutes les trois sans nécessairement se contredire.

Quel est le manipulateur, dans ce cas de la ‘marionnette’ (troisième interprétation) ? Le site ‘WhatDoesItMean’, dont on connaît depuis longtemps les caractères contrastés, avance une hypothèse, fleurie comme à son habitude d’un décor de film d’espionnage (“document circulant au Kremlin”, etc.). Mais le fait est que, dans ce cas, comme dans nombre d’autres ces temps-ci, il documente ses affirmations de sources ouvertes relevant du domaine où l’on a l’habitude de travailler ; son hypothèse pourrait alors tout aussi bien être la nôtre, selon ce que nous indiquent notre intuition et notre expérience. Bien entendu, et en ce qui concerne la cohérence et la loyauté, sinon une éventuelle vérité-de-situation, cela vaut bien et toujours mieux que le suivi strict des consignes du wokenisme caractérisant la stupéfiante démarche de la presseSystème, des diverses narrative accouchées par le simulacre dans lequel baignent ces gens et leurs machineries de communication d’une puissance usurpatrice.

On empruntera donc, pour le cas évoqué, deux références à partir desquelles on en déduit l’hypothèse de la manipulation du ‘dictateur de l’impuissance’ que se révèle être Joe Biden, le président qui signe des décrets plus vite que sa plume, sans savoir ce que décrète ce qu’il n’a pas lu.

• Le premier point repose sur une affirmation répétée (c’est la deuxième fois qu’il en parle) de Richard Grenell, ancien ambassadeur en Allemagne et ancien directeur par intérim du renseignement national (DNI), dans les années 2017-2020. Grenell pense que Biden est manipulé par Susan Rice, qui a été nommée à la tête du département de la sécurité intérieure, et qui a une très vaste vision de politique extérieure pour avoir été ambassadrice à l’ONU puis directrice de la sécurité nationale d’Obama. C’est une très-proche collaboratrice d’Obama, – mêmes conceptions, mêmes arrogance et sûreté de soi, mêmes tendances très gauchisantes par certains aspects, voire révolutionnaires, tout en restant pleinement intégrés dans le système de l’américanisme, avec ses avantages et ses privilèges (peu importe la couleur pourvu qu’on ait l’ivresse, en un sens) ...

« “Elle ne connaît rien à la politique intérieure, mais elle a dirigé la structure de la sécurité nationale, elle a certainement [une grande capacité de contrôle] de la délégation US à l’ONU, elle est également largement introduite au département d’État qu’elle aurait adoré diriger.

» “Il ne fait donc aucun doute qu’elle dirige la politique intérieure [du point de vue de la sécurité nationale] et la politique étrangère”, a poursuivi M. Grenell, ajoutant que la vice-présidente Harris passerait en ce moment “la plupart de son temps au Sénat”, en raison du rôle décisif qu’elle y joue [dans la procédure de destitution de Trump]  puisqu’elle y détient [le VP, président de droit du Sénat]  le vote décisif d’une assemblée bloquée à 50-50.

» “Rice est extrêmement heureuse que la vice-présidente Harris soit occupée par le Sénat, et la présidence-fantôme de Rice contrôle le tout, cela ne fait aucun doute”, a-t-il ajouté. »

• On ressort, dans la référence citée à partir de l’article de ‘WhatDoesItMean’, un entretien vieux de plus d’un mois, d’Obama reçu par Stephen Colbert dans ‘The Late Show’. Obama confirme qu’il ne voudrait pas revenir au pouvoir pour un troisième mandat, comme certains lui demandent ou le lui ont suggéré, mais qu’il aimerait avoir (dans le pouvoir qui se mettait en place lorsqu’il parlait) des relais d’influence très directs, – tout cela étant dit sous une forme ironique, très cool, à-la-Obama dans le rôle du comploteur complètement à l’aise :

« Si je pouvais arriver à un arrangement où j’aurais un relais dans la place, un homme ou une femme de tête, avec une oreillette par où recevoir mes suggestions de proposition ou d’action, et moi dans ma cave, à  consulter fiévreusement ma documentation, et que je pourrais en quelque sorte exercer mon influence [comme si j’étais président] tandis que quelqu’un d’autre se chargerait de la conversation et du cérémonial, ce serait parfait pour moi parce que je trouve ce travail à faire absolument fascinant. »

L’ironie mise à part, mais sachant qu’il s’agit du véhicule dialectique favori d’Obama pour faire ‘passer des messages’, les liens de l’ancien, président avec Rice autorisent à envisager l’hypothèse suggérée ici. On aurait ainsi une assez bonne approche explicative du caractère extrême et radical de la méthode et du contenu des décrets signés par Biden. Dans le même entretien, Obama explique, toujours dans son langage allusif et fleuri, qu’il faut « refonder les institutions et changer les vieilles habitudes » ; cela renvoie au caractère révolutionnaire de certaines conceptions d’Obama, exprimées dans sa jeunesse d’activiste social, et dont il jugerait que l’occasion est bonne de les faire avancer.

Le Texas riposte et prend ses marques

Tout cela concerne l’agitation au moins gauchisante, sinon gauchiste, sinon révolutionnaire, d’un pouvoir US qui devient pour l’instant un pendant du Kremlin d’avant, – le fameux « une devinette, enrobée de mystères, à l'intérieur d’une énigme » de Winston Churchill. Pour autant, les positions se forment et s’affirment, contre ce nouveau pouvoir. On ne s’étonnera pas d’y trouver, en première ligne, l’État du Texas, entouré de plus en plus d’une odeur de barbecue à la sauce sécessionniste.

En effet, lundi un juge fédéral a examiné une plainte de la législature du Texas, dans le chef de son procureur général (Attorney General , équivalent d’un ministre de la justice) Ken Paxton, et donné raison au plaignant dans sa demande de suspension d’un décret (Executive Order) de Biden sur l’expulsion d’immigrants illégaux. Il s’agit bien entendu d’une première passe d’arme, d’autant que d’autres décrets sur ce sujet doivent être promulgués demain par le même Biden.

Ce qui importe ici, pour l’instant et puisqu’il s’agit d’une querelle en plusieurs étapes, c’est la façon dont Paxton présente la décision du juge dans un tweet, là aussi à grand renfort de majuscules triomphantes :

« VICTOIRE.

» Le Texas est le PREMIER État du pays à déposer une plainte contre l'administration Biden.

» ET NOUS AVONS GAGNÉ.

» Dans les 6 jours qui ont suivi l'inauguration de Biden, le Texas a BLOQUE son décret illégale sur le gel des expulsions.

» Cela constituait une insurrection séditieuse de gauche. Et mon équipe et moi l’avons arrêtée. »

Paxton est l’homme qui a présenté en décembre la requête du Texas à la Cour Suprême. C’est lui qui avait réagi au rejet de la plainte pour une question de forme, en suggérant la formation d’une sorte de (doit-on dire le mot ?) ‘confédération’ des États US qui, eux, respectent la Constitution, au contraire des quatre États (Géorgie, Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin) qu’il mettait en accusation :

« La Cour suprême, statuant sur la requête du Texas à laquelle se sont joints dix-sept États et 106 membres du Congrès américain, a décrété qu’un État peut prendre des mesures anticonstitutionnelles et violer sa propre loi électorale. Il en résulte des effets néfastes sur les autres États qui respectent la loi, tandis que l'État coupable ne subit aucune conséquence. Cette décision établit un précédent selon lequel les États peuvent violer la constitution américaine et ne pas être tenus responsables. Cette décision aura des ramifications profondes pour l'avenir de notre république constitutionnelle. Peut-être les États respectueux de la loi devraient-ils s’unir et former une Union d'États qui respecteront la constitution. »

Paxton est l’homme en pointe délégué par le gouverneur du Texas pour assurer la position du Texas contre l’administration Biden. Le grand État se trouve en opposition frontale avec l’administration sur au moins deux sujets fondamentaux : l’immigration sur la frontière Sud et la question de l’oléoduc Keystone reliant le Texas au Canada, dont Biden a ordonné l’arrêt de sa mise en place. Ce sont des sujets d’intérêt direct pour les deux parties, sur lesquels aucune des deux parties n’envisage de transiger.

Il s’agit donc de cette sorte de sujets qui, à force de s’envenimer, peuvent déboucher sur des querelles majeures au-dessus desquelles planerait le mot ‘sécession’, et tout cela très vite au rythme où vont les choses. Le dépôt d’un projet de loi pour la législature du Texas pour un référendum des résidents du Texas sur la sécession de cet État est évidemment l’utilisation d’une opportunité de climat par le Parti Nationaliste Texan, qui ne représente pas une force politique considérable. Disons qu’il s’agit, par l’évidence même en retournant la remarque, d’une indication qu’il exister désormais un tel climat, que la possibilité de la sécession devient une question d’actualité, qui pourrait devenir une menace et ainsi de suite.

 

Mis en ligne le 28 janvier 2021 à 12H00