RapSit-USA2021 : Joe, l’homme des cartels

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RapSit-USA2021 : Joe, l’homme des cartels

Parmi les tendances les plus étranges qui orientent aujourd’hui l’étrange politique générale des États-Unis sous la direction fantomatique du président Joe Biden (« The Nowhere Man », selon David Keltz), on trouve la politique de l’immigration. “Étrange”, si l’on s’en tient aux réactions du président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO, homme de gauche sincère qui ne cesse de démontrer à tous ceux qui chantent ses louanges, combien ils le font au plus mauvais des propos). Si l’on s’attendait à de l’enthousiasme de sa part, on devra déchanter ; et en cela, effectivement “étrange” mais logique, tant tout ce qui arrive aux USA de Joe Biden illustre ce caractère d’étrangeté...

Par exemple, AMLO, qui a eu une “rencontre virtuelle” avec Biden le 1er mars, lui a dit officiellement qu’il le remerciait d’avoir interrompu la construction du “Mur” entre USA et Mexique lancée par Donald Trump. En même temps, – “mur” contre “Mur”, si l’on veut, avec majuscule en moins, – Reuters nous apprend « que les autorités mexicaines envisagent sérieusement “d’améliorer l'infrastructure” de la frontière de 871 km [du Mexique] avec le Guatemala, ce qui revient à ériger leur propre “mur” à la frontière avec l'Amérique centrale, bien qu’elles aient dénoncé le mur de Trump à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. »

Ce qui revient à dire que non, finalement, et quoi que Joe Biden ait cru entendre, les Mexicains sont très préoccupés par sa politique d’immigration dans la mesure où elle “aspire” littéralement des convois sans fin de migrants d’Amérique Centrale vers le Mexique, passage obligé pour passer aux Etats-Unis. D’autre part, cette politique a donné un coup de fouet au “crime organisé”, aux fameux cartels, qui jugent que les migrants sont un gibier très prometteur : qui pour les utiliser comme “mule” faisant passer la drogue, qui pour en faire des “marchandises” humaines à qui on fait payer leur propre migration vers les États-Unis par des moyens sommaires ($3 750 pour un enfant, et jusqu’à $20 000 pour un non-Américain, soit un Africain ou un Asiatique souhaitant venir aux USA par le Mexique)

RT.com publie un texte sur ce thème, notamment à partir d’une enquête de Reuters au Mexique, avec rencontres d’officiels du gouvernement mexicain, d’officiers des services de renseignement, et divers autres témoignages. L’on voit évidemment que les motifs de satisfaction de AMLO relèvent du Politiquement-Correct (PC), ou “lip service” (minimum syndical, disons), tandis que ses préoccupations sont beaucoup plus pressantes et fondées, tenant à la stabilité déjà bien incertaine de son pays.

« Tout en saluant les projets du président Joe Biden [d’“être sur la voie”] d’accorder la citoyenneté aux Mexicains vivant aux États-Unis, le Mexique est troublé par ses politiques qui ont provoqué un afflux d'immigrants illégaux en provenance d'Amérique centrale et profité aux cartels du crime organisé.
» “Ils le voient comme le président des migrants, et ils sont si nombreux à penser qu’ils vont atteindre les Etats-Unis”, a déclaré le président mexicain Obrador après une réunion virtuelle avec Biden le 1er mars, au cours de laquelle il aurait exhorté son homologue américain à fournir davantage d’aide à l’Amérique centrale pour aider à endiguer la marée... [Ce qui revient à conseiller aux USA de payer pour empêcher que la nouvelle politique US de migration massive ne se réalise...] »
« Le Mexique est heureux que M. Biden ait parlé d‘une “voie vers la citoyenneté” pour les millions de Mexicains vivant aux Etats-Unis en situation irrégulière, ainsi que pour l’arrêt de la construction du mur frontalier entamée par son prédécesseur Donald Trump et l'annulation des politiques de ce dernier qui ont maintenu des dizaines de milliers de demandeurs d’asile au Mexique jusqu’à leur audience devant les tribunaux.
» Mais les autorités mexicaines craignent que Biden n’encourage des vagues de migrants venant du Honduras, du Guatemala et du Salvador, qui sont exploités par les cartels de la drogue et d’autres structures du crime organisé. [...]
» Les syndicats du crime organisé ont changé de stratégie instantanément le premier jour de la présidence Biden et font preuve d'un niveau de sophistication “sans précédent” dans l’acheminement des migrants vers le nord, a déclaré un responsable mexicain anonyme. Les trafiquants utilisent Facebook, WhatsApp, Instagram et YouTube pour indiquer aux migrants les endroits où ils risquent de rencontrer des postes de contrôle, les trains de marchandises dans lesquels ils doivent sauter et la façon dont ils peuvent utiliser les failles des lois sur l’immigration.
» “Par exemple, on fait dire aux Centre-Américains qu'ils sont victimes d’extorsion ou qu’ils sont menacés de mort par des gangs, comme le célèbre MS-13. On leur recommande également d’emmener des enfants avec eux, afin qu’ils aient plus d’arguments pour demander l’asile”, selon les évaluations des services de renseignement mexicains...  [...]
» “Les migrants sont devenus une marchandise”, a déclaré un fonctionnaire mexicain, ajoutant que les cartels les considèrent désormais comme aussi précieux que la drogue. “Mais si un paquet de drogue est perdu en mer, il disparaît. Si les migrants sont perdus, c’est d’êtres humains dont on parle.”
» L’un des rares responsables mexicains disposés à s’exprimer, le procureur général de Chihuahua, Cesar Peniche, a déclaré à Reuters que des criminels recrutaient des migrants comme mules pour la drogue ou les enlevaient pour obtenir une rançon. Le Chihuahua est l'État mexicain qui possède la plus longue frontière avec les États-Unis.
» M. Peniche a ajouté que les politiques mexicaine et américaine devaient être plus claires, “afin de ne pas encourager la migration illégale”. »

... “Plus claires”, c’est-à-dire ? Écarter l’hypocrisie et dire les choses telles qu’elles sont ? AMLO est certainement celui qui se rapproche le plus de la sincérité dans ce cas. Biden est perdu dans les tourments incertains d’un cerveau atrophié et mangé par l’âge, sinon par la maladie ; les démocrates du Congrès de Washington D.C. et de la direction du parti se fichent bien de ce qui se passe aux frontières, car ce qui leur importe c’est de faire entrer le plus de migrants qu’on puisse endoctriner après leur avoir donné la nationalité américaniste (plus qu’américaine, pour le compte de ces affreux décomptes), pour en faire des électeurs démocrates et ainsi installer une base durable d’électeurs “captifs”. Cette illusion stratégique justifie tous les simulacres tactiques imaginables, dans un infernal tourbillon de narrative diverses et impératives.

Bien entendu, la prospérité surenchérie des cartels engendre la prolifération de l’insécurité, de la corruption, du désordre aux USA même (l’énorme gang MS-13 règne en maître aussi bien dans les bas-fonds de Los Angeles que dans ceux de Chicago) ; en même temps elle renforce leur mainmise sur le Mexique, – après eux le déluge, – ou plutôt “avec eux”, là, tout de suite. L’extraordinaire corruption de l’esprit, le cynisme le plus complet derrière le PC complètement fabriqué à l’aide de mensonges, narrative & simulacre, voilà la vérité-de-situation de ce “néo-puritanisme” (vertu de “l’ouverture aux autres” pour l’accueil des migrants) absolument et totalement inverti, en plus d’être une contrainte rigoureuse de comportements et de mœurs étranges, dans le cadre d’une pensée complètement emprisonnée. L’exemple américaniste a au moins l’avantage d’une démonstration fulgurante de rapidité de la désintégration de la société, encore plus, beaucoup plus rapide que celle des Européens en 2015.

La déconstruction et la déstabilisation à une vitesse-record, voilà le programme démocrate avec Joe Biden comme poupée de son qu’on manipule sans la moindre vergogne. La vertu de la chose est la pureté de la démonstration, le goût réaffirmé de la décadence et l’accélération de l’effondrement déjà bien mis sur les rails avec le passage de Trump. Le paradoxe de cette besogne est bien entendu qu’elle met le Mexique dans une situation extrêmement délicate, parce que l’invasion des USA par le Sud commence d’abord par l’invasion du Mexique par le Sud, avec les cartels pour faire circuler violence et corruption dans tous les sens. Entre crime organisée et manipulations politique, avec leur cortège de déstabilisation et les terribles pressions psychologiques et culturelles qui l’accompagnent, la crise migratoire tourne comme une toupie au gré des occasions et des manœuvres électorales, sans jamais trouver ni son port ni une issue, tant la toupie tourne vite et tant les situations changent.

La crise migratoire est certainement ce qu’il y a de plus “liquide” dans cette catastrophe déferlante pour les structures de civilisation qu’est la globalisation. De ce point de vue, les folies des démocrates américanistes sont une aubaine paradoxale au point de la catastrophe où nous en sommes désormais, parce qu’elles précipitent tellement vite le déluge liquide des crises globalisantes qu’elles nous conduisent directement à leur point de rupture, c’est-à-dire à l’autodestruction de l’organisateur opérationnel de toutes ces machinations, – le Système, en tant que courroie de transmission de la crise civilisationnelle.

 

Mis en ligne le 11 mars 2021 à 21H55