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4274On nous annonce ainsi qu’il a été décidé qu’au moins 5 000 hommes des diverses Gardes Nationales de divers États resteront déployés à Washington D.C. jusqu’au mois de mars. Il faut penser avec compassion à ce que vont en penser les ‘sachant-tout’ de cette mesure qui révèle dans tous les cas à la fois une hystérie d’un paroxysme permanent et une sorte d’‘état de trouille’ tout aussi permanent, comme un ‘état de siège’ dans une ce qui serait une dictature qui serait aux abois.
Il faut également penser au moral de ces troupes, qui resteront ainsi déployées, contre on ne sait quoi, pour on ne sait quoi, à cause d’une procédure constitutionnelle absolument anticonstitutionnelle, absurde et hystérique, qui est le procès en destitution d’un président qui n’existe plus en tant que tel, qui est devenu le citoyen américain Donald J. Trump. (A moins que, d’ici là et pourquoi pas, on le prive de sa nationalité américaine, ce qui constituerait une salutaire mesure pour sortir la Grande République en soldes de son état crisique permanent)...
Qui a décidé cela, au nom de quoi et selon quelle autorité ? Toutes nos pensées doivent aller notamment à l’excellente Nancy Pelosi (la Speaker démocrate de la Chambre) qui, du haut de ses 80 ans passés et de son hystérie constamment renouvelée, se trouve être au centre de l’habile manœuvre. RT.com reprend l’affaire à partir d’un reportage de Politico :
« Quelque 5 000 soldats de la Garde nationale resteraient déployés à Washington DC pendant toute la durée du procès de destitution de l'ancien président Donald Trump, et resteraient dans la capitale jusqu'à la mi-mars. Cependant, un mécontentement est en train de se répandre dans les rangs de ces forces.
» Selon un rapport anonyme de Politico datant de dimanche, une force de contingence de 7 000 soldats de la Garde nationale restera à Washington jusqu'au début du procès de Trump en février, après quoi 5 000 resteront sur place jusqu'à la fin du procès, probablement à la mi-mars.
» Les sources de Politico ont déclaré que le déploiement était nécessaire en raison de “problèmes de sécurité liés à la mise en accusation”, mais les troupes disent qu’elles ont reçu peu d'informations sur leur mission, ce qui, selon un des soldats interrogés, est “très inhabituel pour toute mission militaire”. »
Quelques détails suivent sur les conditions incroyables dans lesquelles ces forces se trouvent déployées, selon une situation qu’on peut qualifier de quelques mots : chaos, simulacre, hystérie et irresponsabilité (les deux derniers, de la part de ceux qui ont pris la responsabilité d’une telle mesure). On notera aussi dans la suite des extraits donnés ici l’attitude d’au moins huit gouverneurs, dont ceux du Texas et de la Floride (les premiers à prendre cette décision) qui ont décidé de retirer les contingents de leurs Gardes Nationales respectives, selon un geste extrêmement inhabituel, – c’est le moins qu’on puisse dire, – par rapport à la hiérarchie des autorités.
On notera par ailleurs que Joe Biden est désormais président, qu’il a beaucoup à dire et ne dit mot, qu’il signe des ordres présidentiels en observant « Je ne sais pas ce que je suis en train de signer » (tandis qu’une voix anonyme lui souffle « Dans tous les cas, signez ici»), enfin que le monde est donc sauvé en même temps que sont restaurés ordre et unité de la Grande République qui mène le monde.
» Quelque 25 000 soldats de la Garde nationale ont été déployés dans [Washington D.C.] suite à une émeute pro-Trump au Capitole au début de ce mois. Les troupes sont restées en alerte maximale jusqu’à l'investiture du président Joe Biden, même si la menace supposée de nouvelles émeutes et d'un ‘extrémisme’ pro-Trump ne s'est jamais concrétisée.
» Depuis lors, le moral des troupes est en train de s’effondrer. Plusieurs milliers de soldats ont été expulsés du Capitole après l'inauguration de Biden et forcés de dormir dans un parking non chauffé, et près de 200 d’entre eux ont été testés positifs au Covid-19. La nourriture est apparemment rare, et même les rations prêtes à consommer sont rares.
» “Même si elles arrivent toutes à l’heure, les calories ne sont pas là pour la quantité de travail que nous fournissons et le temps que nous passons debout, dans le froid, avec tout notre équipement”, a déclaré un membre de la Garde à Politico.
» Un autre a comparé les conditions de vie des troupes à celles du temps de guerre. “Franchement, cela n’a rien d’une ‘zone de guerre’, donc les conditions de combat ne devraient pas être appliquées”, a déclaré un membre de la garde, un ancien combattant de la guerre en Afghanistan.
» Le déploiement a provoqué la colère de certains républicains, qui le considèrent comme un simulacre théâtre politicien orchestré par les démocrates, plutôt que comme une nécessité de sécurité. Au moins huit gouverneurs républicains, parmi lesquels Ron DeSantis (Floride) et Greg Abbott (Texas), ont rappelé les troupes de leur Gardes Nationales dans leurs États respectifs. “Ce sont des soldats”, a déclaré Ron DeSantis à Fox News vendredi, “ils ne sont pas les domestiques de Nancy Pelosi.” »
Malgré les soldes, il semble donc bien que la Grande République n’arrive pas à trouver preneur. Le foutoir de ce déploiement de la Garde autour du Capitole est absolument sidérant et surréaliste ; c’est donc bien, à part que c’est le contraire, ce que nous disait un commentateur français spécialiste des affaires-USA, en commentant d’une façon un peu leste qui le mit en évidence, la prise de fonction de Biden et donc le départ achevé de Donald Trump : « Au moins, le bordel est terminé »... On ne peut mieux dire, sinon l’inverse : vous avez remarqué le bordel-Trump ? Vous n’avez encore rien vu, avec Biden cela va être extra-atmosphérique.
Néanmoins, pour tenter tout de même de figurer au-delà du constat du foutoir-bordel, on peut avancer, en regard de cet événement extraterrestre, quelques remarques de circonstance...
La situation de la Garde Nationale autour du Capitole, telle que nous en prenons conscience, est absolument extraordinaires. D’abord, il faudrait dire “des Gardes Nationales”, puisque cette force est constituée par l’entité de l’État de l’Union. Tucker Carlson nous avait averti qu’il y avait dans les 25 000 hommes rassemblés autour du Capitole, des détachements des 50 États, ce qui est manifestement une pensée créatrice du couple Pelosi-Schumer qui est sans aucun doute l’‘autorité’ de facto, sans aucune légitimité formelle, agissant dans cette affaire.
(Nancy Pelosi n’est pas le leader démocrate en titre à la Chambre, puisque placée au-dessus en tant que Speaker [président de la Chambre, numéro 2 dans l’ordre de la présidence ad interim si le président est empêché d’exercer ses fonctions pour une raison ou l’autre]. Chuck Schumer est leader de la majorité du Sénat, la présidence du Sénat revenant au vice-président de l’exécutif.)
État par État , la Garde Nationale dépend de deux autorités :
• du gouverneur de l’Etat pour les situations intérieures d’urgence, dans l’État considéré, mais aussi, éventuellement, dans d’autres États si le gouverneur y consent ;
• du Pentagone pour des opérations extérieures (il en a été fait grand usage depuis 9/11, notamment en Irak et en Afghanistan).
La légitimité suprême est très mal définie, comme tant de choses aux USA, avec une Constitution sacralisée mais extrêmement imprécise. Dans le cas qui nous occupe, ce sont les gouverneurs qui ont accédé à la demande de Pelosi-Schumer. Ce sont eux, ou certains d’entre eux (huit, dont ceux du Texas et de la Floride) qui ont décidé de retirer leurs contingents sans rien demander à Pelosi-Schumer, voire même sans les avoir avertis ; parce que leur décision tient à la scandaleuse façon dont sont traités les soldats de la Garde : ‘logements’ dans des parking, nourriture rare quand nourriture il y a, infection galopante à la Covid, service épouvantable pour une mission absolument incompréhensible. (« Ce sont des soldats, ils ne sont pas les domestiques de Nancy Pelosi. » explique, furieux, le gouverneur de la Floride, désignant ainsi la responsable principale de l’affaire.)
Et le plus extraordinaire dans ce traitement extraordinaire de leur propre armée par des autorités politiques sur place, à Washington, c’est l’attitude du Pentagone. Normalement, on aurait pu penser que le Pentagone, qui a en partie autorité sur la Garde, assurerait la logistique de cette force. Il semble bien qu’il n’en soit guère question jusqu’ici. On fera donc l’hypothèse que le Pentagone se lave les mains dans cette affaire où il estime n’avoir rien à faire, puisque rien à gagner et tout à perdre. Cela n’étonnera qu’à moitié si l’on accepte la version de plus en plus probable de la façon furieuse et méprisante dont le chef d’état-major du Corps des Marines a accueilli la demande de Pelosi de déployer une de ses unités autour du Capitole. (« ...Je vous suggère de surveiller très attentivement les mots qui s'échappent de vos lèvres tordues et empoisonnées ; ils équivalent à une trahison. », a répondu le général Berger à Nancy Pelosi. Ambiance.)
Autrement dit : 1) Qui commande à Washington ? (Personne et tout le monde) ; 2) si le rassemblement des Gardes a été fait pour montrer la force dont dispose le nouveau pouvoir aux citoyens récalcitrants (ceux qui ont voté pour Trump) autant que la fidélité de ces forces au pouvoir, c’est raté en mode de complète inversion : si cela continue de la sorte, et si les gouverneurs restant impliqués n’agissent pas comme les huit ‘rebelles’, on risque d’avoir des épisodes de mutinerie dans la Garde.
Exceptionnel bordel ou remarquable foutoir ? Comme dans toute belle et bonne démocratie, on a le libre choix des mots et des maux.
“ Qui commande à Washington ?”, demande-t-on. Dans ce cas, il semblerait s’avérer que ce sont finalement les gouverneurs. On sait que la situation ne cesse d’évoluer dans ce sens depuis la Covid et le démarrage du wokenisme organisé avec la mort de George Floyd. On l’a vu aussi lors des élections. On le voit maintenant dans une situation soi-disant de sécurité nationale, où le Pentagone ne dit mot. Les crétins du Congrès et du parti démocrate ne s’en sont peut-être pas aperçus, mais on évolue vers une situation de quasi-jurisprudence quant aux prérogatives des gouverneurs.
Si le ‘centre‘ continue à monter autant son illégitimité, en organisant des simulacres de complot et d’insurrection, et des procès staliniens en destitution d’une personne qui n’est plus en situation d’être destituée, la légitimité du pouvoir va glisser vers les composants de moins en moins intéressés aux instructions absentes ou démentes du ‘centre’. (Et Biden le bien-élu ? dira-t-on. Il a marmonné ici ou là que c’était “l’affaire du Congrès”, toutes ces histoires d’insurrection et de destitution, et il est de toutes les façons bien assez occupé à essayer de comprendre, voire seulement de lire les décrets qu’il signe.)
Bien sûr, on l’a assez répété, il y a chez les gouverneurs qui ont repris leurs Gardes Nationales, deux poids lourds républicains et éventuellement trumpistes (peu importe), et certainement anti-démocrates dans le sens du populisme : Texas et Floride. Tout cela conduit à parler de sécession, dont notamment la conversation texane est friande. La chose est légalement impossible, selon l’ancien Juge de la Cour Suprême Scala ; mais lorsque la légalité est hors les murs, que faire ? Et d’ailleurs, la sécession, c’est justement le déni de légitimité de la légalité en place.
Ce à quoi nous avons assisté ces derniers mois, avec le renforcement du pouvoir des gouverneurs, et qui se poursuit et s’amplifie avec cette affaire de Garde Nationale, c’est, si l’on veut, une sorte de marche ‘à-bas-bruit’ vers une sorte de sécession. Un jour, ils se réveilleront tous ‘sécessionnés’ comme on est saucissonnés, sans l’avoir vraiment proclamé ; un peu comme la fonction crée l’organe...
Les conséquences de cette situation, quant à nos considérations hypothétiques, sont de deux ordres :
1) Une conséquence est d’abord de mettre en évidence combien la ‘prise de pouvoir’ par les démocrates, pourtant préparée depuis des mois, sinon des années, est marquée par une folle accentuation de la dissolution du pouvoir à Washington. Cela est essentiellement due à l’absence de fortes personnalités, à la très grande disparité des idéologies qui se regroupent dans ce parti, aux effets de la ‘diversité’ dans la composition de l’électorat et de ses représentants, à la rupture entre ces représentants et les communautés qu’ils sont censées représenter. (Ainsi de la radicalisation extrême des Africains-Américains dans l’élite politique washingtonienne, alors que l’électorat a nettement évolué vers le conservatisme, comme le montrent les résultats obtenus par Trump.)
Cette parcellisation extrême du pouvoir est parfaitement représentée par la stature et l’action de Nancy Pelosi, qui dispose certainement de plus de pouvoir et d’influence qu’un Biden, alors qu’elle n’a guère d’idées politiques et qu’elle retient sa fonction par défaut et par intrigue. Pelosi caractérise absolument l’évolution du parti démocrate : centriste et réaliste à l’origine, et menacée par la montée de l’extrémisme, elle s’est radicalisée en basant l’essentiel de son action dans la communication, et assurant ainsi, aujourd’hui, une sorte de dictature d’influence du fait du soutien de la presseSystème et de tous les relais d’influence du wokenisme. Du point de vue de la communication, elle est perçue comme plus radicale qu’une Alexandria Ocasio-Cortez alors qu’AOC et le ‘Squad’ se placent en véritable marxistes tendance exotique. Il est vrai que la place considérable que Pelosi laisse à ses sentiments personnels, notamment sa haine de Trump, lui assure une position de choix dans la communication qui recherche instinctivement l’affectivisme.
Ainsi décrivions-nous Pelosi début 2019, comme prisonnière-otage de l’extrême-gauche type-AOC, – pour la voir aujourd’hui mener les affaires tambour battant :
« La rentrée du Congrès, avec la nouvelle Chambre désormais à majorité démocrate, s’est donc passée en grande fanfare. L’agitation législative de ceux que Rozeff nomme les ‘néo-démocrates’ et le New York Times “un Congrès bouillonnant”, a commencé le premier jour. Nancy Pelosi, vénérable-presque octogénaire, a été reconduite au siège de Speaker qu’elle occupait jusqu’en 2016. Dès ce premier jour de son élection, on a pu voir les limites de son pouvoir et combien elle risquait de devenir l’otage de son groupe plutôt que son inspiratrice. Alors qu’elle prêchait depuis plusieurs semaines une certaine retenue, avec une attitude de compromis avec Trump sur certaines questions, elle a au contraire été obligée de s’aligner sur cette agitation en s’agitant elle-même énormément pour éviter d’apparaître dépassée par ses jeunes troupes extrêmement activistes... Le contraste est saisissant entre le discours inaugural de Pelosi, préparé à l’avance et plutôt d’un ton conciliant, et les actes qu’elle a dû poser sous la pressions de “ses” troupes. »
Toute la séquence, – l’interprétation du 6 janvier au Capitole, la deuxième destitution et l’affaire de la Garde Nationale, – est de son fait. Elle ne construit rien de solide, ni ne propose la moindre structuration du pouvoir (rien d’une dictatrice). Au contraire, elle favorise la dissolution du pouvoir en s’en servant pour renforcer sa position. Pelosi est la meilleure alliée de l’antiSystème, dans la mesure où elle constitue l’opérationnalisation parfaite de l’autodestruction du Système ; elle est moins un ‘Kerenski’ que Biden, mais peut-être plus destructrice du Système par ses outrances affectivistes qui surpassent les pressions des concurrences idéologiques et autres. Peut-être devront-ils attendre que l’âge ou la démence, ou l’un et l’autre ajoutés, fasse son œuvre.
2). La deuxième conséquence concerne l’hypothèse, ou l’hypothèque complotiste. On voit que, régulièrement, les hypothèses de complots en tant qu’opérations préparées en secret, – sans aucune trace d’ironie dans cette description, – sont avancées avec des arguments, et régulièrement démenties par les faits du désordre et de la dissolution du pouvoir. La présence de la Garde Nationale au Capitole attire des remarques de cette sorte, qui sont d’ailleurs logiques et poursuivent le constat de Carlson dans un sens plus complexe et tordu : « De toute évidence, il se passe des choses de plus en plus étranges à Washington D.C. »
Cela n’est pas faux, et c’est même encore plus étrange qu’on ne croit. Mais c’est plutôt de l’ordre de la dissolution que de la consolidation, de l’ordre de la désorganisation que de l’organisation.
Mis en ligne le 25 janvier 2021 à 15H30