Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
3894Ce sont les deux États du Dakota, celui du Sud et celui du Nord, qui vont peut-être adopter des lois dont la logique devrait être révolutionnaires pour l’Union. Nous sommes là dans un registre délicat, qui concerne :
• d’une part la situation constitutionnelle des USA, extrêmement complexe et nullement tranchée dans nombre de ses aspects ;
• et, d’autre part, à l’intérieur de cette “ situation constitutionnelle [...] extrêmement complexe ”, la situation des relations entre les États et le “centre” directeur de l’Union, situation qui n’a jamais été tranchée mais forcée dans un sens par le fer, le sang et le feu de la Guerre de Sécession, ce qui ne représente en aucun cas une jurisprudence légale.
Aujourd’hui, toutes ces incertitudes reviennent au premier plan dans la mesure où s’est installé un pouvoir représenté par le parti démocrate qui se développe sous une poussée extrémiste de gauche (le wokenisme), avec des décisions et des mesures, souvent prises par ‘décrets’ (Executive Order [EO] sans consultation ni débat d’aucune assemblée représentative comme le Congrès). Le sens de cette politique se fait vers un extrémisme que refusent nombre d’États de l’Union, notamment parmi ceux qui sont aux mains des républicains (27 des 51 États).
On a déjà eu des échos de cette situation en constante évolution, notamment dans le chef de deux grands États à majorité républicaine, le Texas et la Floride. Les domaines où s’exercent directement ou indirectement ces oppositions, d’ailleurs partagées par d’autres États, concernent la décision d’arrêt de la fabrication de l’oléoduc Keystone entre le Canada et le Texas, et le comportement de censure des Big Tech (GAFAM & autres).
Les deux Dakotas travaillent actuellement sur des lois dont le but serait de chercher à contrecarrer, sinon à annuler des EO décidés par le pouvoir fédéral (Biden). Voici le texte mis en ligne par NationalFile.com, axé essentiellement sur les données constitutionnelles, les intentions, etc., des deux Dakotas (le parti républicain y occupe une position majoritaire écrasante).
« Les législateurs républicains du Dakota du Nord prennent des mesures proactives - et constitutionnelles, – pour faire face aux décrets [EO] anticonstitutionnels émanant de l'administration Biden, et ils le font avec la Constitution de leur côté.
» Un nouveau projet de loi présenté à la législature de l’État du Dakota du Nord (House Bill [HB]1164), donnerait instruction au procureur général (AG) de l’État de contrôler la constitutionnalité de chacun des décrets émis par Joe Biden.
» En vertu de la loi proposée, si le procureur général du Dakota du Nord estime qu’un EO est illégal, – ou inconstitutionnel, – le EO serait ‘annulé’ [‘canceled’, selon le terme favori du wokenisme] : il serait interdit à tout État, comté ou agence locale, ou à toute organisation financée par l’État de l’appliquer.
» La proposition de loi a été présentée par le représentant de l’État Tom Kading et huit autres républicains à la Chambre du Dakota du Nord.
» Plus précisément, la proposition HB1164 énumère les points suivants pour l’annulation :
» • pandémies ou autres urgences sanitaires ;
» • réglementation des ressources naturelles, y compris le charbon et le pétrole ;
» • réglementation de l’industrie agricole ;
» • utilisation des terres ;
» • réglementation du secteur financier en ce qui concerne les normes environnementales, sociales ou de gouvernance ;
» • réglementation du droit constitutionnel de détenir et de porter des armes.
» En outre, le représentant de l'État Sebastian Ertelt a introduit une législation réservant le même sort à la législation anticonstitutionnelle émanant du pouvoir législatif fédéral [le Congrès des Ettats-Unis].
» La loi HB1282 d’Ertelt créerait un “Comité de neutralisation des lois fédérales”.
» Ce comité, composé des dirigeants législatifs des États et de leurs représentants, examinerait la constitutionnalité d’une loi ou d’un règlement fédéral donné. Si le comité concluait qu’une loi ou un règlement est inconstitutionnel, la législature du Dakota du Nord adopterait une résolution concomitante sur l’annulation de la loi ou du décret en question.
» Après la recommandation de la commission, et jusqu’à ce que la résolution soit adoptée, les agences de l’État, des comtés et des administrations locales se verront interdire d’appliquer la loi ou le règlement.
» Ces propositions de loi sont en bonne position pour être adoptées. Les républicains du Dakota du Nord contrôlent le Sénat 40 à 7, et la Chambre 80 à 14.
» Le Dakota du Sud dispose d’une législation similaire à celle du Dakota du Nord, la House Bill 1164, qui vise le pouvoir législatif exécutif de Biden.
» Le HB1194 du Dakota du Sud met en place un conseil exécutif chargé d’examiner la constitutionnalité de tous les décrets présidentiels. Il énumère également les six points énoncés dans la législation du Dakota du Nord.
» La législature du Dakota du Sud, – comme celle du Dakota du Nord, – est dominée par les républicains ; 32 contre 3 au Sénat, et 62 contre 8 à la Chambre.
» La clause de suprématie de la Constitution des États-Unis enjoint à chaque État de suivre les lois qui sont constitutionnellement saines et uniquement sur les questions que la Constitution a donné au gouvernement fédéral le pouvoir de décider.
» Si le gouvernement fédéral, – qu’il s’agisse du pouvoir exécutif, législatif ou judiciaire, – agit de manière anticonstitutionnelle, les États individuels ont le droit d’ignorer le décret transgressant la Constitution. Cette notion a été défendue par nul autre que le grand champion d’un gouvernement central fort, Alexander Hamilton, dans le n°33 des cahiers ‘The Federalist’ [publication produisant un débat constant sur la fondation des USA avant l’adoption de la Constitution.] ».
Un autre texte sur ce sujet (sur WorldNetDaily [WND]), reprenant certains éléments de NationalFile.com, ajoute que d’autres dispositions en préparation existent dans les deux Dakotas contre la censure des Big Tech (par exemple, pour le Dakota du Nord « la House Bill 1144 permettrait “des plaintes au civil contre des actions de censure des sites de réseau social” ») et l’obligation faite aux médecins d’accepter de pratiquer des opérations de ‘changements de sexe’
Bien évidemment, les deux Dakotas ne sont pas les seuls à travailler sur de telles lois, même si l’on sait que la gouverneure du Dakota du Sud Kristi Noem est une des plus activistes parmi les gouverneurs républicains. Il est donc inutile d’en juger par rapport à l’importance des deux Dakotas dans l’Union, où ces deux États tiennent une place minime et que certains pourraient juger peu représentative.
Ce travail législatif extrêmement important se fait dans la plus grande discrétion imposée et dans nombre d’États, à un rythme différent selon les agendas et les structures légales et procédurières, mais le plus souvent en étroite coopération. Ainsi est-on conduit à observer que se forme, dans la plus grande discrétion toujours, une sorte de “Ligue des États républicains”, ou dans tous les cas des “États anti-Biden”. Cela explique que l’on voit apparaître cette sorte de nouvelles dispositions de façon inattendue, et sans que les commentateurs courants qui travaillent au travers de la presseSystème ne soient au courant de rien et n’apprécient en rien l’importance qu’on doit accorder au phénomène.
Nous insistons ci-dessus sur la discrétion du processus : “dans la plus grande discrétion imposée”, “dans la plus grande discrétion toujours”, et nous devons l’expliciter. Il s’agit d’une attitude courante des médias nationaux de la presseSystème, dont l’arme principale face aux nouvelles qui déplaisent mais qui sont néanmoins officiellement actées, est la censure par le silence. Les mouvements qu’on a décrits ne bénéficient d’aucune publicité, et les médias locaux qui les suivent ne sont absolument pas repris. Il faut un cheminement complexe et le plus souvent bien long pour faire circuler l’information, notamment par les médias sociaux ou la presse de résistance.
(L’article de NationalFile.com date du 3 février, celui de WND du 6 février, et cette affaire des Dakotas reste néanmoins complètement ignorée malgré les efforts de dedefensa.org.)
Peu importe et même, tant mieux peut-être puisqu’ainsi aucune interférence majeure ne vient se mettre dans le cheminement des choses. On voit bien que tout cela, toute cette censure et ce déni d’existence au profit des absurdes et catastrophiques narrative de la communication postmoderne n’empêchent pas ces processus d’avoir lieu et ils sont tenus par ceux qui nous en informent, exactement pour ce qu’ils sont : des actes de résistance. (Titre du texte de NationalFile.com : « THE RESISTANCE: North Dakota Legislators Plan To Nullify Biden’s Executive Orders At State Level »)
Cette sorte d’interprétation est importante dans la mesure où elle institue de facto l’idée de sécession en arrière-plan (ou arrière-pensée) de toutes les réactions contre une administration et une direction démocrate qui ne cessent de se gauchiser sans que quiconque ait le moindre autorité, sans même parler de légitimité certes, d’orienter et de contrôler ce mouvement de déconstruction des USA.
Il est bon de rappeler sans cesse la confusion et l’imprécision peu ordinaires de la constitution US, essentiellement sur cette question, brûlante dès l’origine, du droit des États. C’est là-dessus que tablent les gouverneurs ‘révoltés’ selon des manœuvres législatives qui mettent en échec l’autorité centrale dans ‘certains’ (?) domaines, selon le principe bien général et tant sujet à interprétation qu’il faut « suivre les lois [fédérales] qui sont constitutionnellement saines et uniquement sur les questions que la Constitution a donné au gouvernement fédéral le pouvoir de décider. » Cette mise en échec de l’autorité centrale par des manœuvres qui pourraient être apparentées à l’action des termites, mine effectivement la structure centripète du système de l’américanisme.
Quoi qu’on dise et fasse, et selon une situation et un antagonisme idéologique et sociétal qui ne devraient pas cesser de se détériorer et de s’aggraver, il nous semble évident que cette antagonisme centrifuge devrait lui aussi ne cesser de s’aggraver et de détériorer les relations internes aux USA. La menace de la sécession avec l’affirmation des États est une orientation trop tentante parce qu’elle permet aux adversaires des démocrates et d’une façon générale, par logique antagoniste, de l’extrémisme postmoderniste et wokeniste, de trouver un point d’appui où ils disposent à la fois d’une autorité et d’un soutien populaires.
Cet antagonisme sécessionniste, – qui redouble ‘en miroir’ les antagonismes qu’on trouve en France entre Paris et “le désert français” avec son superbe patrimoine et ses Gilets-Jaunes, – se retrouve même à l’intérieur du parti républicain, entre Washington et les États. Ainsi, Liz Cheney, fille de son père, et l’une des dix députés républicains qui ont voté pour la mise en accusation (seconde du nom) du président Trump, pour le destituer alors qu’il n’est plus du tout ‘institué’, a été sauvée de l’exclusion du parti par ses pairs républicains de la Chambre, à Washington. Au contraire, elle se trouve absolument mise à l’index dans son État du Wyoming :
« Liz Cheney, députée républicaine et présidente du GOP [parti républicain] du Wyoming, a été censurée dans son État d’origine, le Wyoming, parce qu’elle a voté pour la destitution du président Trump en janvier.
» La motion, adoptée samedi, demande à Cheney de “démissionner immédiatement de son poste” et de “rembourse immédiatement les dons” faits à sa campagne par le parti républicain du Wyoming. Le parti lui refusera tout futur don politique. Selon ‘Forbes’, la motion a été votée par 56 voix pour et 8 contre, bien qu'aucun décompte officiel n'ait été fait. »
... On ajoutera que les neuf autres députés qui ont voté la mise en accusation de Trump, sont également et fort naturellement eux aussi mis à l’index dans le GOP de leurs États. Cette situation est complètement paradoxale, dans la mesure où des partisans de Trump adoptent dans cette querelle une posture centrifuge et un activisme sécessionniste jusqu’au sein même de leur parti, alors que Trump lui-même, – capitaliste, nabab new-yorkais nécessairement partisan d’un ‘centre’ fort, représentant des Deplorables (Gilets-Jaunes & populistes) comme dans la télé-réalité, – est effectivement adversaire de la sécession qui est essentiellement une idée anticapitaliste quoi qu’en disent les universitaires progressistes-sociétaux, et wokenisés.
Qu’importe le paradoxe, et même au contraire... L’on doit avoir à l’esprit que le paradoxe est aujourd’hui, aux USA, la véritable substance de la bataille en cours. La sécession, dont tout le monde repousse l’idée avec horreur, deviendra rapidement, – est en train de devenir très-rapidement la seule voie de sortie de l’imbroglio haineux et sans retour de la crise du système de l’américanisme.
Mis en ligne le 8 février 2021 à 15H05