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4541La CIA se débat dans une tempête que ses propres pratiques ont créées de toutes pièces. Deux articles parus dans le ‘New York Times’, le 5 octobre et le 7 octobre, sans guère de doute à partir de ‘fuites’ voulues par l’Agence et aimablement acceptées par le quotidien, ont consisté à monter des digues de protection sous la forme de narrative, contre les critiques structurelles qui se développent :
• le premier article, reprenant un “mémo secret” interne d’une forme complètement inhabituelle, faisait part de la perte (tués ou capturés) d’un nombre considérable d’agents de la CIA, notamment en Chine, en mettant l’accent sur des erreurs et des maladresses au niveau opérationnel. Cette approche, c’est-à-dire cette narrative, conduit à répercuter la responsabilité de ces échecs aux niveaux intermédiaires des chefs de service ou des chefs de station ;
• le second article annonce une restructuration interne de type opérationnel, impliquant qu’il s’agit là d’une mesure pour répondre aux pertes signalées plus haut. Le décompte des mesures est toutefois extrêmement ambigu par rapport aux problèmes identifiés : une division affectée à la Chine, jusqu’alors ignorée (?!) en tant que telle, et trois nouveaux domaines opérationnels, dont le climat et la question sanitaire qui sont des matières très en-vogue et extrêmement ‘woke’. Tout cela provoquant aussitôt des réactions étonnées :
« La CIA a lancé une réorganisation qui comprend la création de deux nouveaux “centres de mission”, l’un se concentrant exclusivement sur la Chine tandis que l’autre, – appelé ‘Transnational and Technology Mission Center’, – suivra les technologies émergentes, le changement climatique et la situation sanitaire mondiale.
» Ces nouvelles unités posent des questions déconcertantes. On peut se demander pourquoi il a fallu tant de temps à la CIA pour mettre en place une unité dédiée à la Chine, compte tenu de l'augmentation à long terme de la puissance économique, militaire et géopolitique du pays.
» Comme le note l'article du ‘New York Times’ annonçant le remaniement, dans la structure précédente, l’agence disposait de bureaux spécifiquement consacrés à l’Iran et à la Corée du Nord, deux nations beaucoup moins influentes. Dans le cadre de la réorganisation, ces deux bureaux ont été intégrés à des centres régionaux plus vastes, mais cela ne fait que souligner l’absurdité de l’absence apparente d'intérêt préalable de la CIA pour la Chine. »
Passée cette première “surprise” (l’absence d’un service spécifique sur la Chine), plusieurs domaines ont été explorés par la critique, qui laisse voir combien la “transformation” de la CIA est profonde et fondamentale. Il ne faut pour nous aucun doute que la CIA est le service de sécurité le plus affecté, et de loin, par la nouvelle orientation imposée par l’actuelle direction et par le courant gauchiste. Elle a conduit toutes les intrigues antiTrump, servant de principal instrument de subversion au parti démocrate. Elle est totalement infiltrée par la nouvelle idéologie du wokenisme, influant très fortement sur ses choix stratégiques, sur ses objectifs, sur ses méthodologies.
Si l’on veut développer la description de cette woke-CIA, du temps de Joe Biden, on doit suivre principalement deux pistes : la piste chinoise et la piste wokeniste.
De nombreuses observations et confidences permettent de conclure que les rapports de la CIA avec la Chine sont extrêmement complexes, notamment à cause des liens de la famille Biden avec la Chine, et plus généralement par alliance “par défaut”. Les Chinois étant les ennemis jurés de Trump par la volonté de Trump, les démocrates étant les ennemis jurés de Trump par inaltérable fureur, les Chinois se sont retrouvés pendant plusieurs années, et peut-être encore secrètement, proches des démocrates (“les ennemis de mon ennemi sont mes amis”).
Il n’est nullement assuré que cette rapide mise en perspective contredise l’actuelle politique agressive contre la Chine, notamment à partir du traité AUKUS (Australie-UK-USA). Comme on l’a vu, c’est-à-dire entendu de la bouche de Perry, Biden n’était absolument pas au courant des détails essentiels de la vente des sous-marins US à l’Australie. Il apparaît donc très probable que c’est essentiellement le Pentagone qui mène le jeu dans l’affaire Taïwan-Pékin et de la stratégie dans le Pacifique. Cela n’empêche pas, selon Scott Ritter, que les USA (le Pentagone) sont complètement déraisonnables dans cette crise, risquant une très sérieuse défaite à Taïwan.
De toutes les façons, la CIA ne peut certainement pas être d’une grande aide, à moins de s’adresser directement à Hunter Biden... D’où ce texte de ‘Streiff’, dans ‘RedState.com’ :
« Il a été largement rapporté que les réseaux secrets de la C.I.A. en Chine communiste ont été largement démantelés. En mai 2017, la C.I.A. a admis avoir perdu au moins 18 agents en Chine. Le mot clé est “admis”, car le nombre d’agents liquidés a rapidement grimpé à au moins trois douzaines. Il y a eu un bref spasme de contre-espionnage de notre côté [...] [puis] les choses sont revenues à la normale. Pendant que [le député démocrate de Californie] Eric Swalwell couchait avec une espionne chinoise, [le président de la commission de la Chambre sur le renseignement, le démocrate] Adam Schiff le chargeait de la surveillance de la C.I.A.
» Au moment où des agents chinois se promenaient donc librement au sein de la C.I.A., celle-ci a ignoré la compromission d’un système de communication qui a coûté la vie à au moins 30 agents ; elle ne s’est même pas posée la question de sa sécurisation, celle-ci allant de soi dans l’esprit de la chose, plutôt que de le vérifier voire de s’en convaincre après un débat interne. Il y a un an, ma collègue Jennifer Van Laar avait publié un article (« Are Hunter Biden's China Travels With Michael Lin Related to the Loss of 30 C.I.A. Assets ? ») sur la curieuse corrélation entre la perte de la plupart de nos agents secrets en Chine et l'amitié de Hunter Biden avec l'homme d'affaires taïwanais et agent présumé de la C.I.A. Michael Lin. Biden et Lin sont devenus associés en affaires, et Lin a volé avec Biden sur Air Force Two. [...]
» La CIA fut impliquée jusqu'au cou dans la tentative de coup d'État contre le président Trump. De 2016 jusqu’au début de 2021, elle s'est beaucoup plus attachée à saboter le président Trump et à entraver les enquêtes qu’à s’occuper du renseignement. Il n’est pas exagéré de dire que la C.I.A. s'est davantage attachée à être “woke” qu’à être compétente. [...]
» Je pense que c'est la partie émergée de l’iceberg et que nous sommes fonctionnellement aveugles du côté du renseignement humain en Chine et en Asie du Sud-Ouest. »
… Mais, selon notre point de vue, la grande affaire, parce que fondamentalement structurelle, c’est la ‘wokenisation’ de la CIA. Il semble que cette opération de renversement fondamentale de l’Agence soit un complet succès (pour le wokenisme), touchant tous les aspects du fonctionnement de la CIA. Comme noté plus haut, la CIA “est totalement infiltrée par la nouvelle idéologie du wokenisme, influant très fortement sur ses choix stratégiques, sur ses objectifs, sur ses méthodologies”.
Il y a 5 mois, lorsque la CIA avait lancé une grande campagne de recrutement, sa wokenisation était apparue, ou s’était confirmée au grand jour. Une vidéo montrait divers officiers, hommes et femmes, essentiellement de couleur, très diversifiées, porter témoignage de l’accueil chaleureux que la CIA fait aux “gens de la diversité”, wokenisme bien compris, et tout cela selon des arguments irrésistiblement sociétaux. Nick Arama, de ‘RedState.com’ avait rudement réagi avec un vigoureux sarcasme. Détaillant l’intervention de telle officier, mettant en avant sa qualification évidente pour le travail de renseignement du fait de sa condition de “femme de couleur”, il observait :
« Cette femme se croit victime d’un vaste système patriarcal, alors qu'elle a apparemment obtenu une place de choix en tant qu’officier de la CIA dans une agence qui a longtemps été un bastion masculin. Cela ne me donne pas confiance dans la CIA, non pas parce que c’est une femme, mais parce qu'elle semble avoir été engagée à cause de ses problèmes personnels. Elle me fait penser à beaucoup de politiciens de gauche, alors que je ne devrais rien connaître de ses opinions politiques.
» Le travail de la CIA n’est-il pas censé servir les États-Unis contre ses ennemis ? Où est-ce que cela est indiqué dans cette publicité ? La mission de la CIA n’est pas d'être un endroit où l’on peut régler ses problèmes ou déclarer son wokenisme. Elle a un but très précis, la défense des États-Unis. Pourquoi ne pas détailler les qualifications dont vous auriez besoin pour ce poste, plutôt que les points de qualification pour le wokenisme ? A moins qu’il s’agisse des critères de qualification ?
» Que doivent penser nos ennemis lorsqu’ils voient des publicités comme celle-ci, axées sur tout sauf sur ce que l’Agence est censée faire ?
» La communauté du renseignement est censée être apolitique. Nous pouvons maintenant voir plus clairement que jamais combien, sous Joe Biden, la “transformation fondamentale” a progressé. »
D’autres journalistes intervinrent pour signaler que ce processus avait largement commencé sous la direction de John Brennan, directeur de la CIA jusqu’au début de 2017 et ensuite acharné dénonciateur-comploteur de Trump comme consultant à CNN, avec un salaire somptueux. Le 3 mai 2021, Glenn Greenwald confirmait qu’effectivement la wokenisation de la CIA vient de très loin (impliquant évidemment que l’Agence est très fortement orientée aujourd’hui par cette idéologie et ses pratiques) :
« Beaucoup de personnes qui ne prêtent guère d’attention à la CIA et à l’État de Sécurité Nationale semblent penser que cette vidéo de la CIA est la première fois qu’elle promeut, soutient et adopte l’idéologie woke. Cela fait des années qu’ils le font. J’ai écrit à ce sujet en 2015... »
Cette transformation de la CIA est un phénomène très singulier, en fonction de ce qu’on sait de la puissance de la CIA, de la dureté de ses méthodes, de son hostilité affichée, viscérale, pendant des décennies au communisme et à tout ce qui s’en rapproche (et l’on peut penser que c’est le cas du wokenisme, également perçu par certains comme du “marxisme culturel”, ou “gramscisme”) ; et surtout, jugerait-on dans le même sens, en fonction de sa position idéologique affirmée de défense de l’américanisme.
Pour autant, un argument inverse peut être développé. Il n’est pas vraiment assuré qu’on doive s’étonner de cette façon, si l’on a bien à l’esprit que la CIA fut au départ une création de l’américanisme progressiste du clan Roosevelt (formation de l’OSS durant la guerre, à partir des réseaux d’influence et d’espionnage privés entre les grandes familles progressistes de l’Est des USA liées à des élites britanniques ; puis formation de la CIA à partir du socle de l’OSS). La proximité de ces milieux avec certaines branches marxistes comme les trotskistes était également avérée, – et l’on sait après tout que le directeur John Brennan, déjà nommé, fut membre du Parti Communiste Américain dans les années 1970, avant d’entrer à la CIA. L’américanisme lui-même, s’il a une face conservatrice, a un puissant aspect progressiste et globaliste auquel la CIA pourrait être redevenue très sensible. D’une façon générale, on peut dire que la CIA du cœur bouillonnant de la Guerre Froide fut très anti-communiste et très proche du complexe militaro-industriel (son hostilité à Kennedy, son activisme sous Reagan), mais cela ne signifia jamais qu’elle avait viré à droite, du côté des conservateurs isolationniste. De ce point de vue, on peut comprendre la logique de la wokenisation de la CIA, sa vulnérabilité à la pénétration de ce mouvement. Mais cette évolution compromet gravement les capacités de l’Agence.
Où l’on voit que tout est possible, sauf une bonne agence de renseignement...
Mis en ligne le 10 octobre 2021 à 20H20