Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
3071C’est un grand événement symbolique dans la psychologie américaniste : le basculement du sentiment populaire de “grande confiance” dans les forces armées qui n’est plus majoritaire (moins de 50% ayant une “grande confiance” dans les forces), selon une enquête statistique d’une fondation spécialisée dans les questions et les symboles de sécurité nationale. Il s’agit du Ronald Reagan Institute et de son enquête sur la sécurité nationale dans l’opinion publique, datée de novembre 2021.
Jusqu’alors, la confiance très élevée dans les capacités, le professionnalisme et surtout le haut statut moral des forces armées constituait la dernière référence de stabilité de la confiance du citoyen dans les institutions des Etats-Unis. L’armée était la dernière “vache sacrée”. Le passage à moins de 50% de “grande confiance” est donc considéré à juste titre comme un événement important de la communication dans le domaine du symbolique, et un facteur significatif du déclin, sinon de la décadence des USA dans la perception de ses citoyens, et notamment des plus conservateurs et des plus traditionnalistes.
La chose est d’autant plus à considérer qu’elle se place dans un moment de dynamique d’effondrement : en 2019, la “grande confiance” se trouvait chez 70% des personnes consultées, elle est à 45% cette année. Premiers extraits de l’article de RT.com :
« La dernière enquête sur la défense nationale réalisée par l'Institut Ronald Reagan, publiée à la fin de la semaine dernière, a montré que seulement 45% des Américains ont une “grande” confiance dans leurs forces armées. C’est la première fois que moins de la moitié des personnes interrogées dans le cadre de ce sondage ont exprimé une forte confiance dans les troupes.
» La confiance de l’opinion publique a chuté de 25 points de pourcentage, passant de 70%, au cours des trois dernières années. La cote a chuté de 11 points au cours des neuf derniers mois, sous la direction de l’administration Biden... [...]
» Parmi les personnes interrogées qui ont exprimé peu ou pas de confiance dans l'armée américaine, la raison la plus souvent citée est le “leadership politique”, a indiqué l’Institut. Ceux qui ont exprimé une forte confiance ont été le plus influencés par leur haute estime pour les militaires de base. [...]
» Le Pentagone a été critiqué cette année pour son adhésion présumée à l'idéologie “antiraciste” et pour avoir donné la priorité aux initiatives de justice sociale, telles que la levée de l'interdiction des troupes transgenres, plutôt qu’à la préparation au combat. Le retrait chaotique de l’administration Biden d’Afghanistan, au cours duquel 13 membres des forces américaines ont été tués et des centaines de citoyens américains se sont retrouvés bloqués dans le pays contrôlé par les talibans, a déclenché davantage d’indignation publique.
» L’enquête Reagan a montré que 62% des Américains interrogés désapprouvent la façon dont le retrait d’Afghanistan a été géré. Près de la moitié des personnes interrogées ont blâmé le mauvais jugement de Biden, tandis que 20 % ont cité une mauvaise planification militaire. »
Bien entendu, l’enquête ne donne aucune indication satisfaisante sur l’état véritable (opérationnel) de l’armée, non plus qu’elle ne témoigne d’une grande connaissance sur ses capacités de la part des personnes interrogées. Le mythe de la puissance militaire US, de sa quasi-invincibilité, de sa supériorité reste fort, malgré les démonstrations du contraire, notamment en Afghanistan, – et sans craindre la contradiction avec la perception d’une armée qui s’affaiblit au niveau moral grâce à la wokenisation.
« Selon l'enquête, 42 % des Américains ont une grande confiance dans la capacité de l'armée à gagner une guerre à l'étranger. De même, 40% croient fermement que l'armée agira d’une “manière professionnelle et apolitique”. À la question de savoir quel pays possède la meilleure armée, 69 % ont choisi les États-Unis, tandis que 17 % ont choisi la Chine... »
Les autres résultats de l’enquête confirment l’impression général de déclin sinon de déroute, la chute de la confiance, le choix des postures défensives, la rupture entre les citoyens et leurs élites, dans le climat de désordre et de confusion que connaissent aujourd’hui les États-Unis.
• 32% estiment que les USA utilisent trop la force armée dans des situation où la diplomatie serait préférable ; l’idée d’un « leadership mondial actif des Etats-Unis » est en net recul (42% en faveur, contre 51% en février 2021) : 27% des personnes interrogées veulent que « l’armée réduise sa présence à l'étranger et ne déploie des troupes qu’en cas d’agression ».
• Les autres institutions essentielles de sécurité nationale et d’influence de la direction du système de l’américanisme ne sont pas plus gâtées : toutes en recul, et particulièrement depuis que Biden est au pouvoir...
« ...Seuls 19 % des Américains interrogés ont une “grande confiance” dans la présidence en novembre 2021, contre 30 % en février 2021, selon l’enquête de l’Institut Reagan. Ce même sentiment pour les forces de l'ordre [police, FBI, etc.] est tombée à 33% contre 50% au cours des trois dernières années, tandis que les médias [de la presseSystème] ont conservé la confiance de seulement 10% des personnes consultées, contre 16% en 2018. »
Il y a longtemps que le complexe militaro-industriel pose d’innombrables problèmes de développement et de fonctionnement, de corruption, de gaspillage, de dépassement astronomique de devis et de contre-performances. Depuis la fin de la Guerre Froide, cette situation est devenue l’une des Sept Plaies de l’Empire, telle que l’avait dénoncée le 10 septembre 2001 Donald Rumsfeld, le dernier grand secrétaire à la défense avec son successeur Robert Gates. Comme un signe du Ciel, cette course à l’effondrement, ou à l’implosion par inefficacité, commença effectivement au même moment où était lancé le programme JSF (1993).
En même temps, avec le triomphe de la première Guerre du Golfe (1990-1991), l’armée elle-même gardait tout son prestige que n’avait pas entamé la catastrophe vietnamienne mise essentiellement au débit d’un pouvoir civil complètement prisonnier du DeepState depuis l’assassinat de Kennedy. D’une façon d’une ironie grinçante, c’est à peu près au moment de son plus grand triomphe de la Guerre du Golfe que les armées commencèrent à montrer, surtout dans leurs directions, les mêmes vices que ceux qui affectaient le Pentagone. Le public ne s’en avisa pas trop, restant dans l’illusion des souvenirs des grands chefs que cette structure essentielle de l’américanisme produisit (ceux de la Guerre de Sécession, y compris les chefs du Sud comme Lee et Jackson, Pershing en 1917-18, ceux de la Deuxième Guerre, Marshall, MacArthur, Eisenhower, Patton, Bradley, Nimitz, Halsey).
Alors que toutes les structures se dégradaient à très grande vitesse à partir de GW Bush, il apparut comme une note rassurante que l’armée restât la seule institution très populaire dans le public, et particulièrement chez les citoyens américains conservateurs des classes modestes. Pour ces derniers, ce lien était très nécessaire, à la mesure de leur extrême hostilité au centralisme de Washington.
Mais soudain, c’est la chute !
Les chiffres correspondent bien à l’évolution politique et sociale-sociétale (wokenisme) imposée d’une main de fer par l’administration Biden : les 70% de “grande confiance” dans l’armée en 2019 passent à 45% aujourd’hui, alors qu’elle était encore à 56% en février. Cet effondrement de la popularité de l’armée, qui est comme un référendum permanent en temps réel de la destruction structurelle des USA, devrait se poursuivre à un bon rythme. Il s’agit d’une conséquence directe de la folle idéologisation (la wokenisation) de l’armée par l’administration Biden ; et de la destruction systématique de tous les aspects de sa tradition, notamment la rapidité avec laquelle les chefs militaires se sont soumis aux exigences “antiracistes” des lobbies-woke en désacralisant tous ses symboles et célébrations de l’armée sudiste qui constituaient l’un des garants les plus symboliques de la “réconciliation” post-1865.
Ainsi se poursuit la destruction systématique du dernier lien sérieux, collectif et “au-dessus” des partis, entre la population, et les structures et institutions du pouvoir. L’absence totale de conscience de cette catastrophe et au contraire leur zèle à y participer, de la part des chefs militaires, et particulièrement du plus important d’entre eux, le général Miley qui se mit en état d’insubordination vis-à-vis de Trump et montre depuis un zèle peu ordinaire sur la voie de la wokenisation, montre l’état de désagrégation où se trouve l’armée, évidemment soulignée par la catastrophe d’août 2021 en Afghanistan.
La chose (la GCES) trace son sillon à la mesure d’un abîme.
Mis en ligne le 7 décembre 2021 à 18H35