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4802Qui a peur du Grand-Méchant Trump ? Personne parmi les amateurs de contines, parce qu’il ne montre absolument aucune méchanceté, se taisant avec obstination sinon fin-calcul. Mais pour les autres ! Pour une partie d’entre eux, il est Saint & Martyr ; pour l’autre partie, il est une sorte d’Incarnation-Haute de la Terreur et du Mal de l’Enfer ; ces deux perceptions, selon la position où l’on se met, dans une Amérique conduit par une flambée extraordinaire d’affrontements et de paroxysmes pathologiques extrêmement durables au contraire de leurs définitions courantes (“flambée” et “paroxysme”, quoique violentes, sont en général très rapides).
Il est vrai qu’à ce jeu-là dont il n’est même pas l’initiateur ni le provocateur, Trump qui était il y a quinze jours le bouffon de la Maison-Blanche ou l’inspirateur de l’Insurrection-du-siècle, devient, dans son silence, comme un acteur tout en retenue dont la stature ne cesse de grandir alors que la place est prise par un déchaînement de communication de terreur, de menaces, de peur-panique, d’adoration sans mesure, – le concernant directement, lui le rentier-retraité sur son green de l’Olympe.
Tout le monde, d’une façon ou l’autre, a les yeux braqués sur Mar-a-Longo, sa résidence de Floride, alors que tout se passe dans les psychologies exacerbées et dérangées de ces millions de spectateurs. Une brave journaliste de Politico, impeccable média en ligne de la gauche progressiste et wokeniste, est allée tremper avec prudence et discrétion son doigt de pied dans l’eau brûlante du Wyoming, et elle en est revenue abasourdie et fortement ébranlée. Ce n’est qu’une brave journaliste, mais l’exemple est bon, parce que pris sur le vif, par des personnages secondaires qui n’ont pas à trop surjouer leur rôle dans le simulacre.
Voici le témoignage de la gentille Tara Palmeri, entre tweets et entretiens télévisés, qui était partie pour recueillir les échos de la gloire de Liz Cheney, la fille de son père et la députée du GOP (parti républicain) la plus haute placée dans la législature du Wyoming, sur ses terres... Le résultat est rapportée d’une manière un peu sarcastique qui ne surprendra pas de la part de RedState.com :
« Tara Palmeri, de Politico, a déclaré vendredi à Nicolle Wallace de MSNBC qu'une “croisade” est maintenant menée au nom de Trump dans des endroits comme le Wyoming, comme le rapporte Fox News, où l’ancien président est “bien plus populaire” que la députée Liz Cheney, qui est l’objet d’un feu nourri à cause de son vente en faveur de la mise en accusation de Trump.
» “Les gens ne veulent rien entendre contre Trump. En fait, plus il reste à l’écart des médias, plus il devient ce martyr, cette figure transcendante flottant au-dessus du GOP”.
» Palmeri a dit à Wallace qu'elle était arrivée à sa conclusion sur la popularité de Trump dans le Wyoming après avoir parlé avec les gens du vote de Cheney pour mettre Trump en accusation, alors qu’elle était dans l’Etat pour couvrir un rassemblement anti-Cheney mené par le député républicain de Floride Matt Gaetz.
» La journaliste de Politico, visiblement désemparée, a déclaré à Wallace qu'elle avait fait tout son possible pour trouver des gens qui défendraient Cheney, la députée du GOP le plus importante au Congrès du Wyoming.
» “Je me suis donné un mal fou pour trouver quelqu'un qui la défendrait et je n’ai trouvé personne. Son nom, qui est très connu en raison de son père, ne lui donne aucun avantage. Je suis entrée dans une quincaillerie et j’ai dit son nom, et cela a amené instantanément une menace contre elle.
» Bien que ddésillusionnée, Palmeri a dit à Wallace qu'elle ne regrettait pas d’avoir été dans le Wyoming.
» “Je ne pense pas que nous puissions ignorer ça, [...] cet énorme fossé entre Washington et le reste du pays.”
» [...Et] le Wyoming n’est pas un ‘Loup Solitaire’ du soutien à Trump. Le spécialiste des sondages de l’équipe Trump, John McLaughlin, a déclaré à Greg Kelly, de Newsmax TV, que les efforts pour “annuler Trump” [“to cancel Trump” selon la “cancel culture”] se retournent contre leurs initiateurs. […]
» “Ça leur revient en pleine poire. Ce qu’ils font avec la destitution, les gens l’interprètent comme injuste, inconstitutionnel, comme une vengeance personnelle contre le président...” »
Maintenant, voici le témoignage de l’immensément populaire commentateur-radio (populiste, certes, et partisan de Trump), Rush Limbaugh. Lui, il est plus intéressant du point de vue indirect que du point de vue des effets de tout cela sur la position de Trump. L’intérêt, pour notre compte, c’est qu’il montre l’intensité extraordinaire, là aussi, de la haine contre Trump, – autre sentiment qui aurait dû disparaître, ou au moins diminuer, une fois la bestiole liquidée, – mais non, pas du tout ! Là aussi, le paroxysme, par définition très court, dure, dure, dure...
Ils sont tous prisonniers de cette haine, et non seulement les démocrates, mais aussi les républicains les plus proches de l’establishment-DeepState, dont on découvre (oh, sans surprise hein) qu’ils entretiennent la même haine contre Trump et son foutu MAGA (‘Make America Great Again’) que lorsque, en 2016, il s’est imposé comme leur candidat. C’est un bien étrange comportement, chez ces gens-là, hormis l’explication psychiatrique : on dirait qu’ils veulent faire de Trump un monument extraordinaire, – peut-être bien pour justifier leur haine ? Effectivement, il est question de psychiatrie...
La parole à Rush Limbaugh, par ailleurs homme courageux puisqu’en pleine bagarre politique alors qu’il a un cancer en phase terminale, mais qui tient à régler ses comptes jusqu’au bout, particulièrement avec les mandarins corrompus de l’establishment républicain (modèle McConnell) :
« “La but du jeu est la destruction de l'ensemble du mouvement MAGA, même si le parti républicain doit sombrer dans l’oubli et dans une traversée du désert pendant 30 ans. Nous allons nous débarrasser de MAGA [disent-ils], cela n’aura rien à voir avec l’avenir du parti républicain. C’est la bataille au sein du parti républicain. Le parti républicain a sa propre faction de l’establishment. Ils ont des membres qui sont aussi favorables au DeepState que les démocrates”, a-t-il déclaré à ses auditeurs vendredi... »
Limbaugh cite le précédent de Bush-père succédant à Reagan en 1989, où il voit la même trahison qui est en train de se faire contre Trump :
« “Le parti républicain a immédiatement commencé à éliminer tout ce que Reagan avait à voir avec la politique”, a-t-il dit. “George H. W. Bush s’est présenté aux élections en prétendant être le troisième mandat de Reagan. Et il a été élu sur cette base. Mais il a commencé à augmenter les impôts. Il a fait tout le contraire de ce que Reagan avait fait, il a conclu des accords avec les démocrates. Et la raison en était que l’establishment républicain de l’époque n’avait aucune affinité avec les conservateurs, aucune affinité avec nous, aucune affinité avec le conservatisme.”
» Limbaugh a dit que c’est encore bien pire aujourd’hui, après l'impact de Trump sur la nation pendant quatre ans.
» “La haine pour Trump dans l’establishment de Washington, qu’ils soient des républicains ou des démocrates, est si virulente, si puissante, si dévorante qu’elle prend le dessus sur tout le reste’”, a-t-il expliqué. “C’est un signe de l’efficacité de Trump. C’est un exemple de sa qualité, de son efficacité. Ils ont encore peur de lui, après qu’il ait battu en retraite et qu’il se soit replié à Mar-a-Lago [en Floride] où ils pensent qu’il organise un centre de résistance, ils ont encore peur de lui. C’est pourquoi ils veulent le ‘destituer’ [alors qu’il n’est plus en fonction]. C’est pourquoi ils courent dans tous les coins en clamant qu’il ne pourra plus jamais se présenter aux élections. Tout ce qu’ils font à Trump est inconstitutionnel, mais ils s'en foutent. S’ils peuvent le faire, ils le feront.”
» Il a souligné que près de 75 millions de personnes ont voté pour Trump.
» “C’est un parti politique, ça, les gars. Et il faut l’organiser. Si vous faites partie de l’establishment de Washington, vous ne pouvez pas laisser aller les 75 millions de personnes qui ont voté pour MAGA, qui ont voté pour Trump. Donc, non seulement il veulent éliminer Trump, mais il faut aussi détruire son programme en même temps. Vous ne pouvez pas laisser quelqu’un d’autre prendre le relais", a-t-il déclaré. »
Nous, nous ne nous attarderons pas trop, ni sur cette idée d’un parti trumpiste, ni sur le sort de MAGA, ni sur Trump lui-même. Les perspectives politiques pour Trump sont encore à envisager, et il n’est pas assuré du tout, ni que les événements attendent son retour, ni qu’il soit la personne adéquat pour quoi que ce soit. Ce sont les événements qui sont les maîtres du Temps, pas nous. On s’attachera plutôt à leur ‘haine extraordinaire’, et par conséquent à la ‘fureur extraordinaire’ que cela provoque chez les 70 millions et quelques qui ont voté pour Trump. C’est au nom de cette haine, et croyant ainsi éteindre par la force cette fureur, qu’est conduite cette absurde procédure de la destitution de l’homme-qui-n’était-plus-institué.
Notre grand pote Jonathan Turley, tout de majesté et de qualification constitutionnalistes paré, adversaire affirmé de Trump, juge impartial des procédures ayant tout de même un faible contre Trump, se trouve dans ce cas en train de poursuivre un tir de barrage à boulets rouges contre les crétins du Congrès, particulièrement de la Chambre, particulièrement du parti démocrate dont il est proche. Il s’arrache les cheveux d’un beau gris plein de sagesse, devant l’extraordinaire (un de plus) saccage des procédures constitutionnelles que constitue cette destitution, – laquelle, bien entendu et sans guère de douter, ne sera pas votée, – tout ça pour ça... Oui, mais “tout ça” pour l’extraordinaire (repetitat) coup de fouet en retour que cette procédure provoquera en hyper-paroxysant (là on peut tenter le néologisme un peu leste) le paroxysme anti-establishment des électeurs de Trump, et d’un certain nombre d’autres devant la crétinerie de la haine regnante.
D’une des récentes (29 janvier 2021) leçon de chose de Turley :
« Au lieu de soumettre un dossier insuffisant, elle [la Chambre, c’est-à-dire Nancy Pelosi] n’a soumis aucun dossier lors d’une seconde mise en accusation du même président. Pour les institutionnalistes du Sénat, cela apparaît comme une provocation. Même une seule audition à la Chambre aurait pu fournir des preuves sur l'intention de Trump pour les émeutes au Capitole. Les témoins auraient pu indiquer si le déploiement de la Garde nationale avait été proposée au Congrès à l’avance ou si Trump avait fait obstruction à cette assistance. Des réponses auraient pu être exigées de la Maison Blanche. Par exemple, le ministre de la défense par intérim Christopher Miller a donné des interviews sur des discussions qu’il a eues dans le Bureau ovale à ce sujet mais n’a pas été appelé à témoigner.
» Je n’ai aucun problème avec la destitution d’un président le dernier jour de son mandat, car la mise en accusation joue un rôle important dans la condamnation des actions illégales. Mais il doit y avoir un compte-rendu et pas seulement une déclaration concluante dans une mise en accusation rapide. Comme la question du seuil constitutionnel, la question du seuil prudentiel relève du Congrès et non de l’accusé. Il ne s’agit pas de ce que Trump a fait, mais de ce que la Chambre n’a pas fait en envoyant un simple article au Sénat, auquel on a effectivement demandé de porter le fardeau pour les deux chambres. Avec un acquittement maintenant probable, ces préoccupations importantes du seuil prudentiel seront amplifiées pour les institutionnalistes du Sénat à l’avenir. »
Quelle étrange situation : faire de Trump une stature de Commandeur, une icône, un Martyr chrétien, sans qu’il en souffre de la moindre des façons, confortablement barricadé dans sa forteresse de luxe de Mar-al-Lago, sans que sa popularité en soit affectée bien au contraire, et tout cela d’abord et prioritairement dans l’ordre chronologique et dans l’ordre du feu qui les brule, – pour justifier leur haine. Ils n’ont pas agi autrement le 6 janvier, en montant cette formidable tragédie-bouffe de l’‘attaque’ du Capitole par les hordes des Marx-Brothers, mais au moins cela avait un sens tactique. Dans le cas de Trump, de sa stature, de tout le bénéfice qu’il peut retirer d’une destitution-bidon ratée, contre leur attente et leurs besoins pressants, ce n’est que pour justifier leur sensibilité de fillette, leur affectivisme wokeniste... Mais bon, on est LGTBQistes, après tout.
Il lui font subir un traitement de choc sans aucun choc, sans lui procurer le moindre souci dans sa vie courante et dorée et en lui faisant faire l’économie d’un très coûteux service de relations publiques pour rétablir et magnifier son image en le faisant passer du stade épouvantable du président-félon à la statue de Saint-Martyr de la Grande République. Les sénateurs républicains, dont un nombre non négligeable le haïssent et veulent sa mort au moins politique, vont même se trouver obligés de voter pour l’acquitter et lui permettre d’affirmer sa stature politique, parce qu’ils ne peuvent pas complètement se saborder aux yeux de leurs électeurs après tout. Nous dirions même que cette attitude des républicains fait qu’il va devoir continuer à se taire et nous verrons grandir encore cette stature de Saint-Martyr, parce qu’il semble bien qu’il devra le faire au moins jusqu’au vote sur sa destitution courant mars simplement parce qu’il ne veut pas compromettre ce vote. (C’est même, paradoxe des paradoxes, – sur les conseils de Turley, que son équipe a consulté, que Trump ne se rendra sans doute pas à son procès.)
Tout cela laisse donc de un à deux mois pour continuer à poursuivre le comportement de la démence crétiniste en cours, qui contribue à toujours hisser plus haut la stature et la statue du Commandeur. Qu’on songe donc à cette interrogation, suggérée plus haut : “ C’est un bien étrange comportement, chez ces gens-là, hormis l’explication psychiatrique : on dirait qu’ils veulent faire de Trump un monument extraordinaire, – peut-être bien pour justifier leur haine ? Effectivement, il est question de psychiatrie...”
Pour être complet, il faut mettre en évidence une deuxième face de cette étrange évolution de la situation de politique intérieure aux USA. D’une part, nous avons, depuis des années dans un remue-ménage mi-complotiste mi-excommunication, une constante action de diabolisation de tout ce qui n’est pas le Système, selon l’appréciation abrupte et un peu courte que Trump représente l’antiSystème. Depuis l’élection du 3 novembre 2020, le brouhaha s’est structuré et est devenu programmatique, sous la forme d’innombrables suggestions, de plus en plus radicales, de plus en plus grotesques, de toutes les mesures à prendre contre tous ceux qui font partie, soit de la ‘Dissidence’, soit de la ‘Résistance’ (depuis que ce mot jusque-là antitrumpiste est abandonnée puisque cette ‘résistance’ initiale l’a emporté), bref de tous ceux qui sont de la sorte trumpiste. Menaces de votes, de décrets, de purges, de listes noires, jusqu’à l’embastillement, la ‘goulagisation’, et enfin, pour ces 70 millions et quelques des réfractaires, la ‘reprogrammation’ (lavage de cerveau style-Corée du Nord années cinquante + nouveau disque dur avec un téléchargement automatique de l’Évangile selon Marx-Dorsey).
Cette idée est présente, par exemple, dans un film comme 'Skin’, qui est ainsi présenté, comme s’il venait à point (programmé le 30 janvier 2021) (*), pour nous donner le ‘Reset’ d’un plat succulent permettant de reprogrammer 70 et quelques millions de Deplorables Américains :
« Peut-on se débarrasser de ses idées extrémistes quand on est un suprémaciste blanc ayant grandi dans la haine et la violence ? C’est en tout cas le vrai parcours de Bryon Widner qui est évoqué dans ce biopic interprété par un époustouflant Jamie Bell faisant corps avec son personnage et son parcours de rédemption. Un portrait percutant dressé avec sobriété. » (*)
Tout cela attend d’être mis en place selon le scénario ainsi développé, dans un pays dont on nous avait dit pourtant qu’il était devenu un État policier imperméable à tous les terrorismes et à tous les citoyens rétifs depuis le Patriot Act de l’automne 2001, accouché par l’administration GW Bush. Le bouillonnement est là aussi extraordinaire mais essentiellement de type communicationnel ; les effets semblent de plus en plus ceux de la confusion et d’un désordre de plus tandis que le parti des Jacobins au pouvoir semble voué à se fractionner de plus en plus, entre groupes et conceptions différentes, tandis que le pouvoir se noie lui-même au gré de son impuissance et de sa production zélée d’une répression bureaucratique qui a autant de chance de bien fonctionner qu’un JSF devenu opérationnel, et qui est aussi attachée que lui à la dimension du simulacre communicationnel.
Autrement dit, tout reste à faire tandis que la destruction du système de l’américanisme retoqué en bolcho-américanisme se poursuit à un bon rythme. Ainsi soit-il et, désormais, on peut constater que le seul résultat tangible obtenu jusqu’ici est bien d’avoir suscité une radicalisation extrême des Deplorables, comme l’a constaté mademoiselle Palmeri, de Politico, ou, comme l’écrit Jim Quinn :
« Leur classification et leur traitement de 75 millions d’Américains [ceux qui ont voté pour Trump] en soi-disant ennemis [transforment] ces citoyens en véritables ennemis. »
(*) Nous n’avons pas vu le film, – certainement excellent, vive le cinéma !, – nous ne vous dirons pas d’où nous tirons cette présentation, nous en tenant simplement à l’occasion d’un texte de présentation sur un médias passe-partout qui sait se saisir de l’occasion de la bienpensance multiplié par la repentance d’un Blanc douteux. Nous constatons simplement que l’idée de ‘reprogrammation’, – ou « rédemption » pour les amis, – est dans l’air, qu’elle est chérie depuis bien longtemps, et qu’elle peuple les rêves de la modernité-tardive pour préparer l’étape ultime du transhumanisme.
Mis en ligne le 31 janvier 2021 à 16H15