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3657La crise de la frontière Sud des USA se poursuit, se renforce, accélère. Elle fait naître des scénarios extrêmement inquiétants, dont l’un qui est lié au mouvement de “débudgétisation” de la police dans la plupart des grandes métropoles dirigées par des démocrates. Il s’ensuit évidemment une augmentation exponentielle des crimes et délits dont certains craignent qu’ils finissent par être fédérés par un processus mexicain (“mexicanisation”) de regroupements en gangs puissants et ramifiés, éventuellement, et même quasi-certainement aidés sinon dirigés et organisés par les cartels et gangs mexicains.
Certains chefs de cartels mexicains rêvent d’une sorte de ce qu’on pourrait désigner comme une “zone de libre-criminalité organisé”, comme un sinistre pendant et accomplissement d’une zone de libre-échange et de libre circulation du crime organisé, pour le crime organisé sur le continent nord-américain. (Dans une telle hypothèse, le Canada, qui dispose d’une pègre puissante, serait amené à suivre à coup sûr.)
L’un des plus célèbre commentateur radio indépendant, de tendance populiste droitière, évoque cette possibilité dans une très récente intervention (le 16 juin 2021)
« Le roi du podcast Joe Rogan a émis un avertissement sévère cette semaine concernant la campagne gauchiste en cours visant à défrayer les services de police dans tout le pays, notant que les États-Unis pourraient bientôt ressembler au Mexique si cela continue.
» “Les flics ne font rien si un braqueur saute dans le jardin de quelqu'un, ils ne l’arrêtent pas, – comme si vous deviez faire un vol d'au moins 900 $ avant qu'ils ne vous arrêtent”, a déclaré Rogan, ajoutant : “S'ils vous arrêtent, ils vous remettent tout de suite dans la rue.”
» Rogan a noté que les choses ont empiré “après la débudgétisation”.
» L’animateur a ajouté que “la débudgétisation de la police à Austin a été un désastre, et aussi à New York. C’est terrible partout. C’est une idée terrible.”
» Rogan a en outre noté que “l'idée que vous allez envoyer des travailleurs sociaux pour gérer le cas de violence domestique de quelqu’un est une putain de dinguerie !”
» Il a affirmé que le mouvement “Defund the police” est soutenu par “beaucoup de gens qui ne comprennent pas la violence et qui pensent que c’est OK, et ils ont cette idée utopique.”
» “Ce qui se passe au Mexique pourrait facilement se produire ici sans présence policière. Les gens doivent comprendre cela”, a insisté M. Rogan. »
Cette observation d’un commentateur qui est beaucoup suivi et en général regardé comme “dissident” par la presseSystème & le reste, et souvent taxé de “complotisme”, doit être prise désormais avec la plus extrême attention. Deux facteurs importants sont à considérer, comme servant de supports à une telle évolution :
• L’instabilité et la sécurité sont actuellement en augmentation exponentielle aux USA dans toutes les grandes villes US (le plus récemment, les exemples de Portland et de New York City). Ce même texte qui nous présente l’intervention de Rogan, détaille des jugements sur les conséquences des “débudgétisations” de la police, notamment de la part du professeur de Harvard Roland Fryer. Cet universitaire africain-américain est fameux pour ses travaux statistiques qui ne cessent de démontrer que la diminution des capacités et des actions de la police coûtent de plus en plus de vies d’Africain-Américains (si “Black Lives Matter” réellement...).
• L’autre aspect doit être considéré, qui va également dans le sens d’une “mexicanisation” des USA : la pénétration des cartels et des gangs venus du Mexique sur le territoire US, avec des activités annexes de rackets ou de “protection” des immigrants clandestins. (Le gang le plus célèbre aussi bien pour sa puissance que pour la multiplicité de ses activités, dont certaines à prétention humanitaire vis-à-vis des populations de migrants, est le MS-13, – MS pour “Mara Salvatrucha”, comptant plusieurs dizaines de milliers de membres de la frontière jusqu’à Los Angeles, et au-delà, jusqu’à Chicago ; constitué dans les années 1980 pour “protéger” les migrants illégaux colombiens.)
• Parce que c’est très largement documenté, on connaît bien le rôle des cartels et des gangs dans la manipulation et l’opérationnalisation de l’immigration illégale. Dernièrement, cette dynamique en pleine explosion est devenue une source importante de revenus ($3 000 pour un enfant, $10 000 pour un adulte, pour la protection et la conduite d’un passage des frontières de l’Amérique Centrale aux USA). Ainsi ces cartels et ces gangs ont-ils, en plus de leurs positions structurelles, un rôle important dans la dynamique de la crise de l’américanisme et bien sûr aux USA même dans sa dimension de la crise des frontières. Cela existe au moment où les forces de sécurité intérieure des USA traversent la crise qu’on sait, à partir de la poussée idéologique d’extrême-gauche.
On comprend qu’il s’agit là de deux facteurs évolutifs d’une réelle importance, qui rendent l’hypothèse de la “mexicanisation” très plausible. L’événement potentiel et en développement qu’on décrit, se forme essentiellement autour de la crise des frontières (de la frontière mexicaine) délibérément déclenchée par l’administration Biden et complètement laissée à sa propre dynamique crisique. Cette crise provoque, en contrecoup, une réaction de plus en plus vive des États tels que le Texas et l’Arizona, qui sont engagés désormais dans le processus d’une action autonome, sinon indépendante (du centre fédéral), éventuellement avec l’aide d’autres États. On le notait rapidement dans le texte d’hier sur le sommet Poutine-Biden :
« ... Tandis que la Floride offre de prêter au Texas et à l’Arizona des policiers pour la protection des frontières que le centre fédéral abandonne, et que le gouverneur du Texas annonce qu’il a décidé de reprendre la mise en œuvre du Mur anti-migration lancé par Trump et liquidé par Biden dès son investiture, et passe immédiatement à l’acte. »
Il s’agit de zones des USA qui sont les premières concernées par l’hypothèse de la “mexicanisation” que porte de plus en plus évidemment l’immigration illégale manipulée par les cartels et les gangs. C’est une affaire à suivre, non pas dans une optique de confrontation entre le Mexique et les USA, mais dans une optique de possible “alliance” entre la direction mexicaine et certains de ces États, contre la politique d’abandon des frontières par l’administration Biden.
Le président mexicain Obrador (MLP) a déjà laissé échapper en confidences qu’il ne serait nullement hostile à un Texas indépendant, « parce qu’il serait plus facile pour le Mexique de s’entendre avec un Texas indépendant, plutôt qu’avec les USA de Washington D.C. ». Cette remarque qui portait sur le plan économique, pourrait s’entendre également sur le plan d’une sécurité nationale partagée, si le Texas s’engageait, sous le poids des nécessités et devant l’absence complète du pouvoir fédéral, dans une lutte structurée contre les cartels et les gangs, donnant ainsi à Obrador une aide inespérée dans la mesure où ces cartels/gangs assiègent également le pouvoir politique au Mexique même.
On comprend alors combien une telle dynamique implique une accélération d’une tendance centrifuge des États-frontières, avec l’aide sinon la participation effective d’autres États amis (la Floride), pour en revenir à la question centrale de l’unité structurelle des USA évoluant vers un mode de déstructuration (vertueuse dans ce cas) portant la menace de l’éclatement des USA. Dans ce cas, la “mexicanisation” évoquée n’est plus une question de sécurité publique aux USA, mais un ferment de déstructuration explosive des USA eux-mêmes.
On devrait rapidement en arriver à des conflits d’autorité et de légitimité, avec les décisions prises dans divers États, notamment le puissant Texas : relance du Mur frontalier, mais aussi, dans des domaines connexes, une loi passée cette semaine par le gouverneur Abbott pour assurer le permis de disposer et de porter des armes contre la campagne anti-armes entreprise par l’administration Biden. On comprend que cette agitation, qui ne peut que cloître, va conduire effectivement à des conflits d’autorité sans possibilité d’arrangement.
« See you in court »... On se retrouverait aisément devant la Cour Suprême, une Cour qui joue de plus en plus son propre jeu sur des questions sociétales brulantes, contre les menaces de réformes radicales des démocrates en alignant des votes à l’unanimité ; par conséquent, une Cour dont on ne sait vers quel côté elle pencherait, mais dont on sait bien que, dans cette situation de tension radicalisée portant sur des cas existentiels, chacune des parties contestera selon ce qu’elle percevra par rapport à ses intérêts de la décision de la Cour, jusqu’à la rejeter.
... A partir de là, terra incognita, et l’on s’y retrouve si vite par les temps qui courent à une vitesse insensée.
Mis en ligne le 18 juin 2021 à 20H00