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5147Parmi les gouverneurs d’État qui jouent désormais un rôle grandissant face à un ‘centre’ (Washington D.C.) dont le pouvoir est de plus en plus insaisissable autour d’un président réduit à un rôle de figuration sans aucune intelligence, les gouverneurs républicains jouent désormais leur rôle puissant d’une opposition de plus en plus ouverte au système mis en place par l’aile gauche extrême des démocrates ; et parmi ces ‘gouverneurs républicains’, une des voix les plus puissantes est celle du gouverneur de la Floride Ron DeSantis. Son cheval de bataille est une opposition affirmée à l’influence gauchiste de ce qu’on nomme le Big Tech, ou encore les GAFAM de Silicon Valley. DeSantis a fait une conférence de presse particulièrement tonitruante le 2 février, comme le montre cette vidéo d’un des moments les plus tendus ; il y annonçait les décisions prises par la Floride contre le Big Tech.
Sister Toldjah, sur le site RedState.com, rapporte l’épisode, et d’autres qui ont précédé, pour préciser l’attitude extrêmement offensive de cette personnalité qui commence à émerger comme un des leaders de l’opposition radicale au nouveau pouvoir (voir également ce texte, également du 2 février, ici consacré à sa politique de lutte contre la Covid). On reprend ci-après le compte-rendu de Toldjah (un autre texte détaille les mesures proposées à la Floride pour lutter contre les GAFAM).
« Comme nous l'avons signalé le mois dernier à la suite des émeutes au Capitole et de la répression de Big Tech contre les comptes et les plateformes républicains, le gouvernement de Floride, Ron DeSantis, a clairement fait savoir qu’il n’allait pas rester les bras croisés et accepter les sanctions que les géants des médias sociaux comme Facebook et Twitter infligent aux conservateurs pour le simple fait d’être des conservateurs.
» Dans un discours prononcé au Texas un peu plus d'une semaine après l’attaque du Capitole du 6 janvier, DeSantis avait déclaré que “la question législative la plus importante” pour l’État de Floride en 2021 était de contrecarrer la censure des contenus conservateurs par les grandes sociétés du Big Tech.
» “Nous devons vraiment réfléchir sur le fond, sur la question de savoir si nous acceptons d’être traités en une classe défavorisée à cause de nos principes, de nos opinions conservatrices, de notre foi chrétienne, bref de tout ce que vous pouvez dire qui n’est pas du goût de Silicon Valley. Je pense que c’est la question législative la plus importante pour cette année et l’année prochaine".
» Aujourd'hui [2 février], DeSantis a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé une proposition législative qui, si elle est adoptée, imposera notamment des amendes importantes aux sociétés de médias sociaux pour avoir déplateformé des candidats politiques, ainsi que la protection du droit à la vie privée des Floridiens.
» Pendant la conférence de presse, les journalistes ont été fidèles aux habituelles et agressives questions-pièges idéologiques [de la presseSystème]. [...]
» Le gouverneur s’est rudement accroché avec un journaliste qui lui demandait s’il était d’accord avec l’affirmation de Trump selon laquelle l’élection de 2020 avait été “volée”. Il a contre-attaqué en rappelant que les démocrates, y compris la Speaker de la Chambre Nancy Pelosi, avaient fait des affirmations similaires sur l’élection de 2016 sans aucune réaction de la part de Big Tech.
» “Combien de personnes ont tweeté en 2016 ... que la Russie avait volé les élections pour Trump ? Cela s’est fait chaque jour, des milliers de fois par jour. Pelosi a dit : ‘Les élections nous ont été volées par la Russie’. Est-ce que certains de ces gens ont été déplateformés ? Je ne me souviens pas que quelqu'un ait même demandé qu’ils soient déplateformés.”
» À un autre moment, un autre journaliste a signalé à DeSantis que certains comptes rendus avaient été déplateformés parce qu'ils avaient soi-disant tweeté quelque chose qui avait “suscité” l’attention de la plateforme pour la déplorer.
» DeSantis n’a rien accepté de toutes ces remarques :
» Donnant un exemple d’intervention de Big Tech pour bloquer des informations qui lui déplaisent, DeSantis a rappelé l’article du New York Post d’octobre 2020 sur les transactions étrangères [avec la Chine] de Hunter Biden bloquées par Twitter.
» “L’histoire de Hunter Biden est vraie. [La presseSystème] a choisi de l’ignorer. Elle voulait la peau de Trump”, a-t-il déclaré, ajoutant que le reportage sur le fils de Biden “n’a pas pu avoir l’effet qu’il méritait” dans la campagne des présidentielles.
» Il a ajouté que les journalistes n’auraient pas hésité à s'en prendre à lui s’il était le sujet de la même histoire.
» “Vous essayez de me dire que s’il y avait des informations fuitées qui pourraient me nuire, vous ne les imprimeriez pas ? Lâchez-moi un peu !”, s’est-il exclamé. “Vous l'imprimeriez tous les jours si vous le pouviez. Et Big Tech permettrait de proliférer 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.”
» Voyez la vidéo :
» DeSantis n’était manifestement pas d’humeur à jouer le jeu convenu, en s’engageant dans le piège du Politiquement-Correct [des journalistes-Système]. »
» DeSantis a bien noté que certaines formes de discours dépassaient incontestablement les limites (comme la menace de dommages physiques), mais il a également soulevé une question importante derrière les discussions sur la censure de Big Tech :
» “Dites-moi, qui prend ces décisions [sur ce qui constitue de la ‘désinformation’] ?”
» DeSantis a soulevé un point capital : qui exactement décide ? »
On observera la vigueur et l’intensité de cette intervention, la force de la tension existant entre les deux extrêmes du spectre politique du système de l’américanisme et des États-Unis tout court ; et l’on comprend bien que ces deux ‘extrêmes’ sont en fait les deux seuls composants du spectre, que le ‘spectre politique’ aux USA est composé désormais et uniquement de ses deux extrêmes formant les deux partis antagonistes, sans séparation graduée et ‘modérée’. Le ‘parler-vrai’ (!) du gouverneur DeSantis, qui possède une puissance dialectique incontestable, permet à la partie d’habitude en accusation dans le tribunal du wokenisme de retourner l’attaque contre les accusateurs, cela montrant et démontrant que la communication bien maniée démolit complètement la prétention à l’objectivité de ces accusateurs. L’on se retrouve alors dans un antagonisme irréconciliable, reflet exact de la situation.
DeSantis conduit là une opérationnalisation de deux phénomènes très importants :
• D’abord, le constat que le véritable affrontement se situe effectivement, toujours et de plus en plus selon une logique sécessionniste : les États contre le “centre’, dès lors que le ‘centre’ est complètement investi par le gauchisme wokeniste qui pratique l’entrisme pour orienter les politiques d’un ‘pouvoir’ réduit à la sélénite inconsciente de Biden. Le contraste est saisissant entre l’attitude extrêmement offensive de DeSentis (et de quelques autres gouverneurs républicains, notamment Abbot du Texas et Kristi Noem du Dakota du Sud) d’une part ; et d’autre part, la position de la représentation républicaine à Washington, qui peut être extrêmement ferme (Rand Paul) mais qui est le plus souvent capitularde (McConnell), et qui est de toutes les façons sur la défensive. Cela s’explique aisément : à Washington, les républicains n’ont plus aucun pouvoir, par contre dans chaque État le gouverneur est maître chez lui. Cette simple évidence, dans un affrontement si extrême et sans possibilité de compromis, explique que la bataille est dans une logique sécessionniste.
• DeSantis montre que les États de l’Union sont capables de faire contre Big Tech (GAFAM et toute la clique) ce qu’aucun pays européen en tant que tel, – pour prendre l’exemple le plus significatif, – n’est capable de faire : s’opposer frontalement à ce Big Tech au nom de la défense, non seulement d’un principe politique (la liberté de parole contre la censure), mais plus précisément au nom de la défense des valeurs et principes conservateurs. Deux pays de l’UE tentent plus ou moins de suivre une telle ligne, mais sans soutien de l’UE évidemment : la Hongrie et la Pologne, et ils le font moins pour défendre un principe (liberté de parole) que pour défendre le conservatisme, sinon le traditionalisme (Pologne). Ces deux pays n’agissent donc pas au nom des ‘valeurs’ européennes, anesthésiant habituel du bloc-BAO. Les ‘valeurs’ européennes constituent l’habituelle pâte mollassonne des démocraties dites-libérales, qui sont quasiment prises dans un piège à double mâchoire : piège de leur couardise inhérente à leur état d’une part ; piège de l’utilisation contre elles et à front-renversé de leurs valeurs prises en otage par les gauchistes wokenistes au nom du Politiquement-Correct. On comprend bien que ce n’est pas demain l’avant-veille qu’un Charles Michel parlera à des journalistes comme un DeSantis le fait avec une incroyable vigueur.
... Mais peut-être Poutine le ferait-il, lui ?
En effet, on lit dans le plus récent article (3 février) du site WhatDoesItMean (voir la référence notre), ce passage :
« En constatant que les géants américains de la technologie de gauche aident Biden et ses forces socialistes, le président Poutine fait cette observation : “Ces plates-formes sont, bien sûr, avant tout des entreprises... Et quelle est la préoccupation première d'une entreprise ?.. Faire des bénéfices... Ils se moquent de savoir si ce contenu-ci ou ce contenu-là cause un préjudice aux personnes auxquelles il est destiné... Après tout, ces sociétés informatiques modernes commencent de plus en plus à contrôler la conscience des gens... Nous devons y réfléchir et y réagir... Mais nous ne devons pas prendre de décisions qui limiteraient les libertés humaines, – la liberté de choix et la liberté d'expression”.
» Après avoir fait ces observations sur le danger que ces géants technologiques de gauche représentent, il est remarquable de constater que le président Poutine est sur la même ligne que l’un des leaders du parti républicain, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui a déclaré hier [le 2 février] la guerre à ces géants technologiques en les poursuivant massivement en justice, avant de laminer littéralement en conférence de presse les journalistes de gauche qui essayaient de l’entraîner dans le piège du ‘Politiquement-Correct’. »
Il est de fait que Poutine se manifeste beaucoup à propos des excès des GAFAM, de leur posture absolument hors de tout contrôle. Ainsi est-il intervenu le 27 janvier à Davos, lors de la ‘session spéciale’ assez informelle et en petit comité, où l’on devait effectivement refaire le monde (Great Reset ou ‘plat du jour’). Poutine est intervenu en appui du discours du Chinois Xi, introduisant effectivement sa préoccupation de la puissance des GAFAM :
« Après avoir exprimé un intérêt de pure forme pour [le plan de Reset de] Schwab et applaudi à l'extension du traité START avec les États-Unis, Poutine a souligné dans son discours de Davos du 27 janvier que la dynamique générale sous Biden continue à être dégénérative, nous conduisant vers une guerre mondiale avec des parallèles frappants avec les années 1930. […]
» Poutine a amplifié les remarques précédentes de Xi, en définissant trois domaines de réforme, à commencer par 1) le développement économique pour tous, 2) la prévention de la prise de contrôle de la politique mondiale par les géants de la technologie [GAFAM & Big Tech] en disant “ils sont de facto en concurrence avec les États”, et 3) une réforme vers des relations internationales gagnant-gagnant... »
Ces remarques viennent d’un texte de Matthew Ehret sur cette réunion de Davos, qui n’a nullement consisté en un couronnement du Great Reset prenant toute la civilisation dans ses mâchoires orwelliennes. Tout au contraire, on y a vu une mise en évidence d’une formidable puissance (à la mesure du choc de la Covid) de la persistance sinon de l’accroissement des divisions d’une part ; de l’énormité des ambiguïté et des paradoxes des deux grands courants qui s’affrontent, et même objectivement pour ambiguïté et paradoxes, d’autre part.
(Il s’agit de la contradiction stratégie-tactique pour chacun, donc de l’extrême difficulté de définir sa propre position, et sa constante fluctuation, par rapport à la problématique du Système et de l’activisme antiSystème.)
Néanmoins, si l’on veut surmonter cette “extrême difficulté” de se définir soi-même dans un flux constant des ambiguïté et des paradoxes, on constatera que l’une des rares références disponibles pour se définir reste la contradiction entre le courant traditionnel au sens culturel le plus haut de la Tradition (venue de la Tradition Primordiale) d’une part ; et la modernité d’autre part. Il se fait que c’est par rapport à cette constante-là, dans ce domaine très précisément fixé, que l’on retrouve, côte-à-côte, Poutine et le gouverneur DeSantis.
Il n’est pas nécessaire de singer la surprise ou d’ironiser... C’est une proximité qui n’est pas nouvelle, si l’on mesure la force de la tradition russe dans la perception poutinienne, dans le cadre très précisément fixé au seul domaine culturel (avec une tangente religieuse, certes) ; et la force pas loin d’être aussi grande des valeurs traditionnelles chez les républicains soit populistes, soit ‘paléoconservateurs’. Nous nous faisions l’écho, en décembre 2013, de l’interrogation du républicain Patrick Buchanan :
« Is Putin One of Us? – Is Vladimir Putin a paleoconservative? » Poser la question, c’est y répondre.
Mis en ligne le 4 février 2021 à 11H15