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3442Le premier conflit légal d’importance pour la séquence ouverte par les crises du wokenisme et du Covid19 (fin de la présidence Trump, début de la présidence Biden) vient d’éclater entre Washington D.C. et l’État du Texas. Il s’agit d’une crise dite “de nullification”, dont l’archétype est la crise entre le président Jackson et la Virginie du Sud en 1831-1832 ; un cas où le pouvoir fédéral porte devant les tribunaux pour l’annuler une loi édictée par le gouverneur d’un État pour son État, qui ordonne ce qui aboutit à constituer la “nullification” d’une loi fédérale sur son territoire.
(Dans le cas de 1831-1832, la crise avait été marquée principalement par l’opposition entre Jackson et son vice-président Calhoun, justement de Virginie du Sud. Finalement, Calhoun avait démissionné pour devenir sénateur et mener plus à son aise le combat contre Jackson.)
C’est un article du New York Post qui est ici utilisé pour décrire les facteurs déclencheurs de cette crise, pris en référence par le site Turcopolier.com du colonel Pat Lang.
« L’administration Biden a intenté une action en justice contre l’État du Texas vendredi [30 juillet] dans le but de bloquer un décret autorisant les policiers de l’État d’arrêter les véhicules soupçonnés de transporter des immigrants illégaux au motif qu’ils pourraient propager le COVID-19.
» Cette action en justice fait suite à une lettre du procureur général [ministre fédéral de la Justice, chef du DoJ] Merrick Garland avertissant le gouverneur du Texas Greg Abbott que le décret promulgué mercredi [28 juillet], est à la fois “dangereux” et “contraire à la loi fédérale”. Dans sa requête, le gouvernement fait valoir que le décret pourrait entraver les opérations fédérales en matière d’immigration, notamment le transport des migrants.
» En vertu de l’ordonnance de Abbott, le département de la sécurité publique du Texas peut arrêter tout véhicule privé “en cas de soupçon raisonnable” qu’il transporte des immigrants illégaux. Si la suspicion est confirmée, les policiers peuvent alors renvoyer les véhicules à leur point d’origine ou les mettre en fourrière.
» En réponse à l’action en justice, Abbott a affirmé dans une déclaration vendredi [30 juillet] que l’administration Biden “a créé une crise constitutionnelle entre le gouvernement fédéral et l’État du Texas” en “important sciemment du COVID-19 au Texas depuis l’autre côté de la frontière, exposant ainsi les Texans et les Américains”.
» “Le président Biden a le devoir et la responsabilité de protéger et de défendre la souveraineté de notre nation, mais il a depuis longtemps abdiqué l’autorité permettant de les assumer”, a ajouté Abbott. “En tant que gouverneur du Texas, j’ai la responsabilité de protéger les habitants du Texas, une responsabilité qui devient de plus en plus urgente chaque jour alors que l’administration Biden laisse faire sans réagir. »
En rapportant cette affaire, Lang se réfère explicitement à la crise Jackson-Calhoun (« Calhoun vs. Jackson re-dux? »), considérée en général comme le premier signe légal d’importance annonciateur de la Guerre de Sécession, – non pour la question de l’esclavage (la polémique de 1831-1832 portait sur des taxes fédérales à l’exportation) mais pour la réelle cause du conflit de 1861 : la concurrence d’autorité et de légitimité entre le centre fédéral et le pouvoir d’un État sur le territoire de cet État.
Lang remarque que, dans sa réponse à l’assignation du DoJ, Abbott aurait dû écrire à propos de Biden, “a abdiqué sa responsabilité” plutôt que “a abdiqué son autorité”, marquant par-là caractère principal de l’administration Biden qui est de prendre des mesures sans assumer aucune des conséquences, comme l’on ouvre des robinets dans un récipient, en se lavant les mains (!) des conséquences à terme, du débordement et de l’inondation (des migrants) qui suivront. Par contre, il est vrai que ce comportement réduit de plus en plus l’autorité et la légitimité du gouvernement fédéral.
Lang poursuit son commentaire : « En fait, le décret d’Abbott est rédigé de manière à exclure les véhicules officiels et les véhicules sous contrat avec le gouvernement fédéral. Alors, que vont faire Biden et sa bande de marxistes pour que les ordres de Garland soient respectés au Texas ? Vont-ils fédéraliser la Garde Nationale du Texas ? Vont-ils ordonner à l’armée régulière de sortir de leurs bases de l’État telle que celle de Fort Hood (dont le nom n’a pas encore été changé) pour occuper ce qui était autrefois la République du Texas ? Le FBI va-t-il chercher à arrêter le gouverneur Abbott ? »
C’est une affaire importante, parce que nous entrons sur le terrain légal dans le conflit entre les deux pouvoirs (fédéral et État), à propos d’une affaire qui réunit trois sous-crises majeures dans là crise fondamentale qui déchire les USA :
• la crise des frontières, ouvertes par un décret du type “irresponsable” de l’administration Biden : on ouvre, non pas les robinets mais les frontières Sud à une immigration sans le moindre contrôle, et le Texas est de loin l’État le plus affecté ;
• la crise sanitaire, puisque l’argument d’Abbott est qu’existe la possibilité (très forte) que des personnes infectées-Covid sans la moindre surveillance ni vérification pénètrent au Texas ;
• enfin, la crise du pouvoir de l’américanisme, avec le conflit entre les États républicains et le centre fédéral actuellement détenu par les démocrates, à l’occasion d’une nouvelle politique “révolutionnaire”.
On verra bien ce que dira la justice, selon les cours impliquées :
• Suspendra-t-elle la décret d’Abbott en attendant un jugement ?
• Ou bien au contraire, laissera-t-elle ce décret d’application jusqu’à un jugement ?
• L’une ou l’autre partie appliquera-t-elle la décision transitoire ?
• Ce jugement, éventuellement d’appels en appels, montera-t-il jusqu’à la Cour Suprême, celle-ci pouvant éventuellement se défausser comme elle l’a déjà fait en décembre 2020, justement à propos d’un litige furieux sur plainte du Texas ?
Mais surtout, ce que nous signifie Lang avec ses hypothèses radicales, c’est qu’on se trouve vraiment au cœur de la crise générale de l’américanisme, cernés de toutes parts par les échéances électorales (autant Abbott au Texas que les démocrates pour le Congrès, tous pour les élections de novembre 2022). Tant la gravité de la crise que les intérêts électoraux poussent à l’intransigeance des deux côtés, quoi qu’en veuillent les acteurs qui, évidemment, ne cherchent pas l’affrontement (y compris armé, certes)... Mais on admettra que les psychologies, surtout avec un président dans un état proche de la démence sénile, peuvent transformer des psychologies habituées aux arrangements dans le cadre du Système, jusqu’aux extrêmes de la brutalité ; c’est presque déjà le cas si l’on s’en tient à la réponse d’Abbott, très rapide et sans la moindre hésitation, parlant d’une “crise constitutionnelle” déclenchée par la démarche légale du ministre Garland.
C’est dire qu’il est très possible qu’aucune des deux parties n’acceptent une décision de justice qui lui serait défavorable, s’il y a décision, ni de céder d’elle-même s’il n’y a pas de décision. Effectivement, dans ce cas c’est la force qui supplée à la loi, et chacune des deux parties a des forces à sa disposition, dont nul ne sait la réelle fiabilité, mais dont tout le monde sait que leur emploi aurait dans le pays un effet de contamination encore plus grave et puissant que celui du Covid, et posant en termes brutaux et concrets la question de la sécession.
C’est exactement le scénario de « La seconde Guerre de Sécession » (“The Second Civil War”), de 1997, de Joe Dante, un téléfilm dont la notoriété a largement atteint celle de grands films de cinématographe. La référence est d’autant plus pertinente si l’on prend en compte des conditions intérieures et extérieures générales infiniment pires aujourd’hui qu’en 1997.
Mis en ligne le 1er août 2021 à 11H10