Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
363325 août 2021 – On ne peut dire réellement à quelle folle vitesse tourne la vie politique entre les diverses crises qui s’entrechoquent et interfèrent entre elles. La crise Covid et, dans la crise-Covid, la crise du vaccin constituent un cas particulièrement poignant sinon héroïque à la façon d’une tragédie-bouffe, lorsqu’on mesure les effets des interférences politiques.
Il y a le cas-Trump et le vaccin, auquel on s’attache aujourd’hui, “incident” tout à fait dérisoire qui commence à prendre des proportions notables, qui peut conduire à des révisions étonnantes...
Hier, dans son Journal.dde-crisis, l’auteur-PhG avait glissé une remarque finalement accessoire pour l’essentiel du propos, venant simplement renforcer la dimension politique de la question du vaccin , tout en en rappelant la paradoxale origine Elle concernait l’ex-président Trump, venu en Alabama faire un meeting qu’il prévoyait triomphal, et qui connut un instant difficile.
Voici l’extrait concerné, que l’on prend avec son contexte pour mieux fournir tous les éléments de la complexité folle des positions, de l’évolution des positions, de la difficulté de garder une cohérence et une stabilité de sa propre position ; et finalement, pour le commentateur, de la difficulté d’envisager les considérables bouleversements que des événements très accessoires, ici une maladresse anodine, peuvent éventuellement susciter.
Il faut avoir à l’esprit vif une citation d’un autre texte figurant dans ce contexte, qui constituait dans l’intention de l’auteur, disons une piqure de rappel pour nos élites vaccinatrices, pour qu’elles aient à nouveau à l’esprit d’où et de qui viennent le vaccin et l’évolution considérable que son apparition a fait subir à la crise-Covid :
« “...l’on se rappelle qu’il y eut une réunion le 2 mars 2020 (je répète : ‘2020’), à la Maison-Blanche, entre Trump & son équipe d’une part, les grands patrons-friqués de Big Pharma d’autre part. Le 2 avril 2020, il y eut le lancement par la Maison-Blanche du programme ‘Operation Warp Speed’, Trump annonçant que par ce processus pouvoir fédéral/secteur privé accéléré, il y aurait des vaccins à la fin de l’année (2020).”
» Ainsi, le sommet de drôlerie dans cette caverne qui prend avec grande joie les rayons de la lumière comme leur bateau pourri prend eau, c’est bien cet écho qui nous est venu d’Alabama, où l’ex-président et futur-candidat qui terrorise toutes nos élitesSystème “sophisticated-vaccinated” tenait meeting, avec grand succès et beau rassemblement de foule, et qui oublia dans quel sens tournait, aujourd’hui, les aiguilles d’une montre, s’emportant jusqu’à exhorter ses partisans à se faire vacciner comme au bon vieux temps des débuts du Covid ; et alors, devant les réactions de la foule entretemps décillée, semblant un instant presque ressembler à Joe Biden slalomant au milieu des nouvelles de l’aéroport de Kaboul :
» “Et vous savez quoi ? Je crois totalement en vos libertés. J’y crois. Vous devez faire ce que vous avez à faire, mais enfin je vous recommande ceci : Faites-vous vacciner. Je l’ai fait. C’est bon. Faites-vous vacciner”, a déclaré le président Trump, puis cette déclarations provoquant aussitôt de très fortes huées de la part de la foule. “Vous avez... non, c’est bon, c’est bon. Vous avez vos libertés, mais il se trouve que j’ai pris le vaccin. S’il ne fonctionne pas, vous serez les premiers à le savoir, [je vous le dirais]. D’accord ? J’appellerai l’Alabama et je dirai : ‘Hé, vous savez quoi ?’ Mais pour l’instant ça marche. Mais euh, bon, vous avez vos libertés. Vous devez les protéger, vous devez les maintenir. Vous devez maintenir vos libertés et vous devez ramener vos enfants à l’école. » (Le coup des “enfants à l’école”, c’est beaucoup plus assuré que l’encouragement au vaccin, on se rattrape comme un peu.) »
On comprend bien que Trump, à ce passage de son discours, s’aperçut qu’il avait considérablement gaffé en oubliant que le vaccin tant applaudi en mars 2020 était désormais très fortement maudit et honni. Il tenta assez misérablement de se rattraper à la première bouée de sauvetage disponible. Mais trop tard, peut-on avancer, le mal était fait : Trump a rappelé à ces foules qui le soutiennent et qui sont généralement oublieuses, qu’il était vacciné, et au-delà, qu’il était effectivement le maître d’œuvre initial de cette manœuvre qu’elles ne cessent de dénoncer.
Ici, on proposera quelques précisions, des événements du passé et de l’événement d’avant-hier en Alabama :
• Il nous paraît assuré, connaissant un peu Trump et ses façons spontanées et impulsives de s’exprimer, que l’ancien président a parlé sans réaliser qu’il avait devant lui et autour de lui une foule qui lui était certes acquise, mais qui également avait notablement évolué depuis mars 2020 jusqu’à changer complètement sa position puisque se situant désormais à la pointe de la croisade de résistance anti-vaccinale ; il leur a parlé, à eux qui était venu écouter Trump, comme le ferait aujourd’hui un Biden ou un docteur Fauci ;
• car effectivement, lorsque Trump lança la production accélérée (et peut-être imprudente) des vaccins, Trump avait toutes ses troupes derrière lui parce qu’il faisait cela essentiellement pour contrer les démocrates, leurs “gestes-barrière”, leurs masques, leurs confinements”, etc., qui portaient des coups terribles à l’économie, et tout cela devant être éliminé par les vaccins ; en effet, à ce moment, les pro-Trump, les populistes, les Carlson et les Alex Jones (voir plus loin), étaient à fond contre les mesures de restriction des libertés des démocrates, et donc favorables aux vaccins qui semblaient encore bien loin et dont nul dans cette cohorte n’imaginait l’effet pervers et les manipulations manifestement diaboliques et infernales qu’ils allaient faire naître.
Quoi qu’il en soit, il y a eu des prises de position sévères et sonores dans ce grand débat sur les vaccins, à l’occasion ou parallèlement à l’incident-Trump en Alabama, bien entendu dans le sens d’une opposition farouche à leur encontre, au nom de la sauvegarde des libertés (les mêmes libertés que Trump prétendait sauvegarder en mars 2020 en lançant la production de vaccins).
• Tucker Carlson, la ‘star’ de FoxNews et le présentateur-TV le plus populaire des USA, et certainement l’une des voix maîtresses de la croisade de résistance anti-vaccinale, a tonné hier soir contre la manœuvre colossale en cours pour faire d’une partie des citoyens américains « des serfs ». Bien entendu le moyen principal employé est le vaccin, et la ségrégation de facto qu’il impose, entre vaccinés et non-vaccinés. S’il n’a pas cité Trump, il sera difficile de ne pas penser que Carson n’y a pas pensé avec force, qu’il était évidemment informé de la gaffe de l’ex-président, et qu’il y avait là un message sévère pour lui même, – même s’il parle encore des « partisans de Trump », – ou peut-être même, justement, parce qu’ils parlent d’eux en ces termes...
« Le présentateur de FoxNews Tucker Carlson a lancé un avertissement sévère mardi, soulignant que “nous voyons maintenant ce qui se passe lorsque des pays tolèrent des actes d’autoritarisme, même pour un temps limité”, alors que les populations du monde entier sont sommées de se soumettre à des “règles” de plus en plus draconiennes dans le sillage de la pandémie.
» Carlson a noté : “Y a-t-il jamais eu une opportunité plus claire pour nous lancer dans la société qu'ils essaient de construire ? Notre nation qui était fondée sur une classe moyenne très forte, qui est devenue une classe de serfs. Ce sont eux qui portent les masques, qui sont forcés de prendre des médicaments dont ils ne veulent pas, à qui on dit de ne pas communiquer entre eux, sauf par les canaux numériques que le parti démocrate contrôle.”
» Carlson poursuit : “Nous avons maintenant deux groupes d’Américains opposés, et non plus une puissante classe moyenne centriste. Les favorisés et les défavorisés. Les croyants et les damnés. Les vaccinés et les non-vaccinés. C’est ce que les architectes de cette opération veulent pour le pays.” »
• Alex Jones, lui, est bien plus direct. Il désigne Trump et le cloue au pilori sans violence excessive mais tout de même avec détermination. Alex Jones est, pour le commun des élitesSystème, un personnage éminemment détestable bien qu’il vienne de remporter une victoire importante en étant reconnu par le tribunal innocent de toute idée d’insurrection (celle du 6 janvier, qui se réduit comme peau de chagrin, selon le FBI lui-même) ; plus que jamais, il possède un énorme système d’information avec un public à mesure, et surtout il fut et de loin l’un des soutiens les plus efficaces et les plus puissants de Trump pour son élection de 2016, l’appuyant ensuite sans désemparer... Mais le coup du “je suis vacciné” lancé en Alabama a violemment heurté Jones.
(On notera que, dans ce compte-rendu, Trump est désigné comme un [nouveau] partisan du vaccin, – alors qu’il l’avait lancé en mars 2020, signe au niveau du commentateur comme de nombre des partisans de Trump que la séquence de mars 2020 était oubliée et que le rappel de Trump sonne effectivement, quoique faussement, comme un soutien au vaccin.)
« Alex Jones fait partie des personnes mécontentes du récent soutien proclamé par l’ancien président à la vaccination. Lors de son émission quotidienne de son réseau ‘InfoWars’, Jones a suggéré que Trump, – jusqu’ici personnalité régulièrement acclamée dans cette émission, – pouvait être après tout un “crétin”.
» “Honte à toi, Trump. Sérieusement. Hé, si tu n’as pas le bon sens de te sauver toi-même et ta carrière politique, c’est ton affaire”, a déclaré Jones. “Au moins, tu vas faire élire de bons républicains, et on t’aimera bien”.
» Il a poursuivi en disant que “peut-être” Trump n’est “pas si intelligent”, qu’“en fait c’est un abruti”.
» Lors de cette émission couvrant le récent meeting en Alabama de Trump, il a accusé l’ancien président de travailler aux mêmes objectifs que CNN, un réseau que Trump critique régulièrement.
» “CNN claque des doigts. Jeff Zucker [président de CNN] claque des doigts, et Trump fait claquer ses talons, se met au garde-à-vous et dit : ‘De quelle hauteur voulez-vous que je saute, patron ?’”, a-t-il déclaré. »
Il est impossible de dire bien entendu dans quelle mesure cet impair de Trump, réveillant les mémoires et faisant bien mal fonctionner la sienne, va affecter son destin politique. Il est assuré qu’il va nettement tempérer l’enthousiasme des foules populistes en sa faveur, alors que Trump a besoin pour réussir, pour bien “fonctionner”, d’être soutenu par un enthousiasme populaire. De ce point de vue, sa position pourrait devenir très délicate, d’autant plus qu’il ne manque pas de candidat alternatif (le gouverneur de Floride DeSantis, par exemple) pour prendre sa place dans un courant qui devrait conduire à une candidature républicaine en 2024. On voit qu’il s’agit de possibilités d’une réelle importance.
Que dire alors sinon redire l’extrême fragilité des positions dans une époque où la communication est d’une extrême puissance, où la mémoire est fragile et très courte, où les engagements (pro-vaccin, anti-vaccin) changent d’un jour à l’autre dans des affaires qui ont été extraordinairement politisées, mais qui ne sont en rien d’une nature politique et réclament donc une constante interprétation politique. Dans ce cas comme dans nombre de pays, comme on le voit partout, un changement brutal éventuel de la position d’un leader politique, même et surtout par inadvertance et inattention, ne profite guère à ses adversaires (Biden n’en est pas plus populaire pour ça !).
Cette mésaventure de Trump, partie comme une plaisanterie anodine dans une époque où la plaisanterie est rare et où pas grand’chose n’est anodin, doit renforcer le commentateur dans le constat de la difficulté extrême de poser des jugements qu’il voudrait décisif et définitif. Cela vaut pour tous les camps, tous les actes, toutes les déclarations et tous les complots. Par contre et comme d’habitude, le désordre sort trs-grand gagnant de l’épisode, plus renforcé que jamais.
Mis en ligne le 25 août 2021 à 18H10