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5076• Une nouvelle fournée de mesures renforçant les pouvoirs de la présidence des États-Unis pour des « urgences de sécurité nationale » vient d’être mise à jour. • Depuis 2001, l’urgence ne cesse d’être plus urgente, et l’ordre dictatorial plus renforcé dans le désordre. • Contributions : dde.org, John & Nisha Whitehead.
Sur le site ‘Rutherford.org’ du 1er juin 2022, John W. Whitehead & Nisha Whitehead décrivent, révélés par des documents déclassifiés, de nouveaux pouvoirs “secrets” dont disposerait le président des États-Unis pour les cas d’« urgence de sécurité nationale ». Tout est extraordinairement vague : les conditions “permettant” l’activation de ces pouvoirs, la légalité (?) de ces pouvoirs qui sont par leur nature de secret nécessairement hors de toute législation ouverte, le vague également extraordinaire des conditions qui justifieraient l’activation de ces pouvoirs, etc.
Ces diverses dispositions très vagues et sans réponses précises relèvent des activités gouvernementales surtout depuis le 11 septembre 2001 et le Patriot Act voté immédiatement après par le Congrès. C’est dans cette continuité que se placent les nouvelles dispositions mises en évidence par les époux Whitehead. Il y a déjà eu un certain nombre de dispositions de cette sorte, plus ou moins activées selon les circonstances et qui s’inscrivent dans l’exercice du pouvoir, tout cela dans un ensemble qu’on n’ose qualifier d’illégal puisqu’en-dehors de tout cadre légal ; donc ni “légales”, ni “illégales”, des pouvoirs hors-forme et hors-normes.
Cette pratique relève notamment et dirait-on évidemment de ce qu’on nomme ‘the Continuity Of Government’ (COG), ou “pouvoir profond” de l’“État profond”, développé hors de toute norme gouvernementale et légale par divers personnages de l’establishment de sécurité nationale à partir des années 1980. On a déjà donné des détails sur le COG grâce à un livre d’Alexander Cockburn de 2007 (voir les deux articles du 21 octobre 2007 et du 21 octobre 2007), où l’on voit le rôle important que joua notamment Donald Rumsfeld (le 21 novembre 2007). Le développement de ces pouvoirs secrets, tout en alimentant abondamment toutes les théories possibles du type complotiste, avec une extrême véracité dans les complots divers, présente le caractère extraordinaire de développer d’innombrables structures d’un ordre quasiment dictatorial, dans le plus complet désordre. La cause en est que le pouvoir US est par nature déstructuré en plusieurs centres de pouvoir, qui n’ont cessé depuis de proliférer, ce qui développe un nombre considérable de structures disposant de pouvoirs exorbitants, sans qu’il ne soit en rien assuré qu’une structure centrale, ou suprême, puisse ordonner une coordination dictatoriale ; une dictature du désordre, ou le désordre des ordres dictatoriaux.
Quoi qu’il en soit, ce que décrivent les Whitehead est particulièrement impressionnant, et en même temps complètement baroque quand l’on sait que cela est donné à un personnage comme Joe Biden, dans l’état où il se trouve, sans qu’on sache par quelle tendance il est manipulé puisqu’entouré de délégués de différents centres de pouvoir, – dont, le plus récemment, d’un homme du Pentagone (John Kirby), placé au poste central de Directeur de la Communication Stratégique auprès du président.
On peut également faire l’hypothèse que le discours qu’a adressé la semaine dernière le président du Comité des Chefs d’état-major, le Général Milley, aux cadets de West Point, avait un rapport avec les nouvelles dispositions que nous révèlent John & Nisha Whitehead ; tant il est vrai que, dans un pouvoir perdu dans un extraordinaire désordre et disposant d’extraordinaires moyens d’action sans aucune contrainte légale puisque quasiment dictatoriales, c’est la force brute d’une intervention militaire qui peut être la seule issue...
Milley à West Point : « Vous ne prêtez pas serment à un dictateur ou à un aspirant dictateur, ou à un tyran, vous prêtez serment à la Constitution des États-Unis d'Amérique... Nous devons être apolitiques... Nous restons en dehors de la politique du jour et nous respectons notre serment à la Constitution, quel que soit le parti au pouvoir. »
Voici ci-dessous l’article de John & Nisha Whitehead, publié sur le site ‘Rutherford.org’ du 1er juin 2022. John Whitehead est un activiste libertarien qui s’oippose azu pouvoir central, et dans tous les cazs à un pouvoir cebntral fort, et qui juge qu’une bataille intérieure est à cet égard iunévitable (voir ses livres ‘Battlefield America : The War on the American People’ et ‘The Erik Blair Diaries’).
« Le New York Times rapporte que « des documents récemment divulgués ont mis en lumière les plans secrets de l'exécutif pour des scénarios apocalyptiques, – comme le lendemain d'une attaque nucléaire, – où le président peut activer les pouvoirs de guerre pour des urgences de sécurité nationale ».
Le problème, bien sûr, est que nous sommes devenus une nation en état d'urgence permanent.
Assoiffé de pouvoir et sans foi ni loi, le gouvernement a militarisé les crises nationales les unes après les autres afin d'étendre ses pouvoirs et de justifier toutes sortes de tyrannie gouvernementale au nom de la sécurité nationale.
Les graines de la folie actuelle ont été semées il y a près de vingt ans, lorsque George W. Bush a furtivement publié deux directives présidentielles qui accordaient au président le pouvoir de déclarer unilatéralement une urgence nationale, vaguement définie comme « tout incident, quel que soit le lieu, qui entraîne des niveaux extraordinaires de pertes massives, de dommages ou de perturbations affectant gravement la population, les infrastructures, l'environnement, l'économie ou les fonctions gouvernementales des Etats-Unis ».
Comprenant le plan de continuité du gouvernement (COG) du pays, ces directives (National Security Presidential Directive 51 et Homeland Security Presidential Directive 20) fournissent un schéma extrêmement approximatif des actions que le président prendra en cas d’« urgence nationale ».
Le type d'actions que le président entreprendra une fois qu'il aura déclaré l'urgence nationale peut à peine être discerné à partir de ces directives sommaires. Cependant, une chose est claire : en cas d'urgence nationale, les directives du COG confèrent au président un pouvoir exécutif, législatif et judiciaire incontrôlé.
Le pays serait alors soumis à la loi martiale par défaut, et la Constitution et la Déclaration des droits seraient suspendues.
Essentiellement, le président deviendrait un dictateur à vie.
Cela s'est déjà produit.
Comme nous l'avons vu ces dernières années, cette urgence nationale peut prendre n'importe quelle forme, peut être manipulée dans n'importe quel but et peut être utilisée pour justifier n'importe quel objectif final - tout cela sur ordre du président.
Les pouvoirs d'urgence dont nous savons que les présidents peuvent se prévaloir pendant de tels états d'urgence sont vastes, allant de l'imposition de la loi martiale et de la suspension de l'habeas corpus à la fermeture de toutes les formes de communication, y compris la mise en place d'un coupe-circuit Internet, et à la restriction des voyages.
Pourtant, selon des documents récemment obtenus par le Brennan Center, il pourrait y avoir beaucoup plus de pouvoirs secrets que les présidents peuvent instituer en temps de soi-disant crise sans contrôle du Congrès, des tribunaux ou du public.
La nature de la crise importe peu, – troubles civils, urgences nationales, « effondrement économique imprévu, perte d'un ordre politique et juridique fonctionnel, résistance ou insurrection intérieure délibérée, urgences de santé publique généralisées et catastrophes naturelles et humaines » – tant que cela permet au gouvernement de justifier toutes sortes de tyrannie gouvernementale au nom de la soi-disant sécurité nationale.
La guerre contre le COVID-19, la guerre contre le terrorisme, la guerre contre la drogue, la guerre contre l'immigration illégale : tous ces programmes ont commencé comme des réactions à des préoccupations nationales pressantes et sont devenus depuis des armes de conformité et de contrôle aux mains de l'État policier.
Déployant la même stratégie que celle utilisée lors du 11 septembre 2001 pour acquérir des pouvoirs accrus dans le cadre du Patriot Act, l'État policier, – alias le gouvernement de l'ombre, alias l'État profond, – planifie et se prépare à de telles crises depuis des années maintenant, rassemblant discrètement une liste de possibilités de pouvoirs de verrouillage présidentiels qui pourraient être proposés et approuvés à tout moment.
L’administration Trump a même demandé au Congrès de l'autoriser à suspendre certaines parties de la Constitution chaque fois qu'elle le juge nécessaire pendant la crise du COVID-19 et d’« autres » urgences. Le ministère de la Justice (DOJ) est allé jusqu'à présenter et tester discrètement une longue liste de pouvoirs terrifiants qui priment sur la Constitution.
Nous parlons de pouvoirs de verrouillage (à la fois au niveau fédéral et au niveau des États) : la capacité de suspendre la Constitution, de détenir indéfiniment des citoyens américains, de court-circuiter les tribunaux, de mettre en quarantaine des communautés entières ou des segments de la population, de passer outre le premier amendement en interdisant les rassemblements religieux et les assemblées de plus de quelques personnes, de fermer des industries entières et de manipuler l'économie, de museler les dissidents, « d’arrêter et de saisir tout avion, train ou automobile pour enrayer la propagation d'une maladie contagieuse », de remodeler les marchés financiers, de créer une monnaie numérique (et donc de restreindre davantage l'utilisation de l'argent liquide), de déterminer qui doit vivre ou mourir.
Ce sont des pouvoirs que l'État policier aimerait désespérément rendre permanents. Dans un tel climat, le président américain devient un dictateur doté de pouvoirs permanents : impériaux, incontrôlables et anticonstitutionnels.
N'oubliez pas que les pouvoirs que le gouvernement a officiellement demandé au Congrès de reconnaître et d'autoriser ne représentent qu'une infime partie des pouvoirs étendus que le gouvernement s'est déjà arrogé unilatéralement.
Officieusement, l'État policier dirigé par le président fait fi de l'État de droit depuis des années sans que le Congrès, les tribunaux ou les citoyens ne fassent mine de limiter ou de restreindre ses prises de pouvoir.
Bien que la Constitution investisse le président de pouvoirs très spécifiques et limités, ces dernières années, les présidents américains ont revendiqué le pouvoir de modifier complètement et presque unilatéralement le paysage de ce pays, en bien ou en mal.
Les pouvoirs accumulés par chaque président successif par le biais de la négligence du Congrès et des tribunaux, – des pouvoirs qui s'ajoutent à une boîte à outils de terreur pour un dirigeant impérial, – permettent à celui qui occupe le bureau ovale d'agir comme un dictateur, au-dessus de la loi et au-delà de toute responsabilité réelle.
Comme l'explique le professeur de droit William P. Marshall, « chaque utilisation extraordinaire du pouvoir par un président élargit la disponibilité du pouvoir exécutif pour les futurs présidents ».
En outre, il importe peu que d'autres présidents aient choisi de ne pas tirer parti d'un pouvoir particulier, car « c'est l'action d'un président qui utilise le pouvoir, plutôt que de renoncer à l'utiliser, qui a valeur de précédent ».
En d'autres termes, chaque président successif continue d'ajouter à la liste d'ordres et de directives extraordinaires de son bureau, étendant la portée et le pouvoir de la présidence et s'octroyant des pouvoirs quasi dictatoriaux.
Tous les pouvoirs impériaux amassés par Barack Obama et George W. Bush, – tuer des citoyens américains sans procédure légale, détenir des suspects indéfiniment, priver des Américains de leurs droits de citoyenneté, surveiller en masse des Américains sans motif raisonnable, suspendre les lois en temps de guerre, ignorer les lois avec lesquelles il pourrait être en désaccord, mener des guerres secrètes et convoquer des tribunaux secrets, autoriser la torture, de contourner les législatures et les tribunaux par des ordres exécutifs et des déclarations de signature, d'ordonner à l'armée d'opérer hors de portée de la loi, de faire fonctionner un gouvernement fantôme et d'agir comme un dictateur et un tyran, au-dessus de la loi et au-delà de toute responsabilité réelle, – tous ces pouvoirs ont été hérités par Donald Trump et transmis à Joe Biden.
Ces pouvoirs présidentiels, – acquis par le biais d'ordres exécutifs, de décrets, de mémorandums, de proclamations, de directives de sécurité nationale et de déclarations de signature législatives, et qui peuvent être activés par tout président en exercice, – permettent aux 1présidents passés, présents et futurs d'agir au-dessus de la loi et hors de portée de la Constitution.
Ce sont les pouvoirs qui continuent à être transmis à chaque héritier successif du bureau ovale, au mépris de la Constitution. C'est ce qu'on pourrait appeler un coup d'État furtif, rampant, silencieux, au ralenti.
De Clinton à Bush, d'Obama à Trump, et maintenant Biden, c'est comme si nous étions pris dans une boucle temporelle, forcés de revivre les mêmes abus encore et encore : les mêmes assauts contre nos libertés, le même mépris pour l'état de droit, la même soumission à l'État profond, et le même gouvernement corrompu et intéressé qui n'existe que pour amasser du pouvoir, enrichir ses actionnaires et assurer sa domination continue.
Nous perdons nos libertés si progressivement depuis si longtemps – on nous les vend au nom de la sécurité nationale et de la paix mondiale, on les maintient par le biais d'une loi martiale déguisée en loi et ordre, et on les fait respecter par une armée permanente de policiers militarisés et une élite politique déterminée à conserver ses pouvoirs à tout prix – qu'il est difficile de déterminer exactement quand tout a commencé à se dégrader, mais « We, the people » en payons le prix maintenant.
Nous en payons le prix chaque jour où nous permettons au gouvernement de continuer à mener sa guerre contre le peuple américain, une guerre qui se déroule sur de nombreux fronts : avec des balles et des tasers, avec des caméras de surveillance et des lecteurs de permis, avec de l'intimidation et de la propagande, avec des décisions de justice et des lois, avec la collusion de tous les bureaucrates qui dansent au rythme des subventions des entreprises tout en étant payés par le gouvernement, et surtout, avec la complicité du peuple américain, qui continue à se laisser facilement manipuler par ses politiques, distraire par ses loisirs et s'habituer à un monde dans lequel la corruption du gouvernement est la norme.
Si rien ne change dans la façon dont nous traitons ces abus de pouvoir flagrants et continus, les prédateurs de l'État policier continueront à faire des ravages dans nos libertés, nos communautés et nos vies.
Si nous continuons sur cette voie, il n'y a aucune surprise quant à ce qui nous attend à la fin. Après tout, c'est une narrative qui nous a été racontée maintes et maintes fois au cours de l'histoire sur la facilité avec laquelle la liberté s’abaisse et la tyrannie s'élève, et cela commence souvent par un petit acquiescement apparemment sans conséquence de la part du peuple de compromettre ses principes et de saper l'état de droit en échange d'une assurance douteuse de sécurité, de prospérité et d'une vie sans soucis.
Malheureusement, le processus visant à déloger un dictateur et à limiter les pouvoirs de la présidence est loin d'être simple, mais il doit au moins commencer par « We, the People ».
Pour commencer, comme je [John Whitehead] l’explique clairement dans mon livre ‘Battlefield America : The War on the American People’ et dans son pendant fictionnel ‘The Erik Blair Diaries’, nous devons rétablir l'équilibre des pouvoirs.
Commencez localement, – dans vos propres communautés, dans vos écoles, lors des réunions du conseil municipal, dans les éditoriaux des journaux, lors des manifestations, – en vous opposant aux lois injustes, aux services de police qui vont trop loin, aux politiciens qui n'écoutent pas leurs électeurs et à un système de gouvernement qui devient chaque jour plus tyrannique.
Ce dont nous avons désespérément besoin, c'est d'un engagement collectif et concerté en faveur des principes constitutionnels de gouvernement limité, d'un système de freins et de contrepoids, et de la reconnaissance du fait qu'ils, – le président, le Congrès, les tribunaux, l'armée, la police, les technocrates, les ploutocrates et les bureaucrates, – répondent et sont responsables devant « We, the People ».
Cela signifie que les Américains devront cesser de laisser leurs politiques personnelles et leurs allégeances partisanes les aveugler face à la mauvaise conduite du gouvernement et à ses prises de pouvoir.
Cela signifie qu'ils devront tenir les trois branches du gouvernement responsables devant la Constitution (c'est-à-dire voter pour les démettre de leurs fonctions si elles abusent de leurs pouvoirs).
Et il faudra demander au Congrès de mettre fin à l'utilisation des ordres exécutifs présidentiels, des décrets, des mémorandums, des proclamations, des directives de sécurité nationale et des déclarations de signature législative comme moyen de contourner le Congrès et les tribunaux.
En d'autres termes, nous devons commencer à obliger le président et l'État policier à respecter les règles de la Constitution. »
Mis en ligne le 2 juin 2022 à 16H10