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5138Les présidentielles USA2024, événement évidemment prévisible, se présentent de plus en plus comme un événement extraordinairement énigmatique, traversé de toutes les contradictions que les deux ou trois candidats, – importance du chiffre – apporteront avec eux, avec leurs positions diverses vis-à-vis d’évènements que personne ne contrôle plus, devant un public américain qui exprime plus qu’il ne l’a jamais fait une défiance complète vis-à-vis de la presseSystème, et s’informe donc largement aux sources de la presse alternative et dissidente dont on connaît la radicalité et la diversité, – très souvent contre la narrative officielle.
« Seuls 32% des Américains font confiance aux médias pour rendre compte de l'actualité de manière juste et précise, tandis qu'un record de 39% ne font pas du tout confiance à la presse, selon un sondage Gallup publié vendredi.
» La part des Américains qui expriment leur confiance dans les médias correspond au niveau le plus bas jamais enregistré par l'institut de sondage en 2016, tandis que le précédent record de méfiance totale était de 38%. »
Cette situation existait le 23 mars 2022, veille de l’attaque de l’Ukraine par la Russie, alors qu’il était acquis qu’il y avait trois prétendants sérieux (Biden, Trump et Robert Kennedy Jr.). Aujourd’hui, cela est plus vrai que vrai alors que deux crises se sont développées d’une façon explosive jusqu’à faire penser qu’elles vont jouer un rôle non négligeable dans l’argumentation des candidats et dans le choix des électeurs.
• Au début, disons dans la première année au plus, on pouvait penser que la crise ukrainienne pouvait être contenue dans une posture de faible influence aux USA même, avec le simulacre d’une Ukraine vaillamment presque-victorieuse et la stature d’un Zelenski plus proche “d’un héros que d’un zéro”. Aujourd’hui, tout a basculé comme l’équation proposée, et l’Ukraine de Zelenski, partout en retraite, coûte beaucoup d’argent au Trésor US, d’une façon de plus en plus contestée de divers côté. Les républicains sont très divisés à cet égard et les démocrates commencent à l’être... Et cela suit une tendance désormais bien affirmée du public.
• Là-dessus a éclaté la crise de Gaza, la “guerre Israël-Hamas”, qui a eu un écho considérable dans le monde entier, avec, au contraire de l’Ukraine à ses débuts, deux camps également puissants, y compris et de façon assez surprenante dans la politique intérieure des USA. La manifestation pro-palestinienne de samedi dernier à Washington a stupéfait tous les commentateurs en rassemblant autour de 300 000 personnes, – soit l’une des manifestations les plus puissantes dans le monde pour cette crise, et la manifestation politique la plus puissante aux USA sur une crise extérieure depuis le Vietnam (qui avait un puissant effet intérieur aux USA à cause de la présence de 500 000 soldats et la conscription, – que n'a bien sûr pas la crise de Gaza). Alors qu’au début le public américain était donné pro-Israël comme il était donné pro-Zelenski en février-mars 2022, son attitude est aujourd’hui un enjeu à la fois colossal et insaisissable des présidentielles, avec la seule certitude d'effets catastrophiques d'oires et déjà visibles pour la popularité de Biden.
Nous ne donnons aucune priorité ni direction d’influence à ces deux crises extérieures mais constatons qu’une des spécificités extraordinaires de ces présidentielles de 2024 est bien que deux crises extérieures qui d’habitude n’influent guère sur le comportement des votants, pourraient aujourd’hui tenir un rôle sinon inverse, du moins très différent... Tout, vraiment tout concourt à faire de cette élection USA2024 un événement sans précédent, et évidemment complètement crisique jusqu’à des hypothèses de déroulements et d’issues complètement inconstitutionnelles, sinon séditieuses.
La dernière en date des gâteries de USA2024, c’est un sondage “sur le terrain” qui donne à RFK, s’il parvient à ne pas être empêché de se présenter comme indépendant, une très solide place de troisième-menaçant-les-deux-autres avec 24% des votes contre 35% à Trump et 33% à Biden. Ci-dessous, on donne un texte détaillé de Eric Zuesse sur la nouvelle ; Zuesse, adversaire total de Biden (on le voit aux attaques très violentes qu’il porte contre la carrière de l’actuel président) et jusqu’alors plus ou moins pro-Trump par défaut, est devenu un fervent et enthousiaste partisan de Robert Kennedy. Il faut tenir compte de ce fait en lisant Zuesse tout en précisant que l’homme, s’il est très partisan (de gauche) garde en général une honnêteté très rare aujourd’hui chez les historien (de gauche et d’ailleurs). Le texte est repris de ‘TheDuran.com’ du 7 novembre... On le fait suivre d’une courte synthèse résumant, – si c’est possible, – le labyrinthe diabolique, ou divin, où se trouvent les candidats et la situation politique aux USA.
« RFK Jr. à 24%, – Eric Zuesse
« Un nouveau sondage réalisé dans cinq États par Siena College, commandé et publié le 7 novembre dans le New York Times, montre que si le 5 novembre 2024, le scrutin présidentiel américain inscrivait sur sa ligne présidentielle non seulement Joe Biden et Donald Trump, mais aussi Robert F. Kennedy Jr, puis Biden obtiendraient désormais 33 %, Trump 35 % et Kennedy 24 %, ce qui 24 % est de loin le pourcentage le plus élevé jamais affiché pour Kennedy en 2017. les sondages pour l’hypothétique primaire du Parti démocrate qui apparaîtraient sur le bulletin de vote Biden et Kennedy mais (puisqu’il s’agirait d’une primaire du Parti démocrate, au lieu des élections générales) pas Trump. Dans ces précédents sondages Biden contre Kennedy, Kennedy obtenait entre 15 et 20 % des voix, et Biden autour de 60 %. Ce sondage de Siena est le premier à trois (Biden, Trump, Kennedy) et – montrant Kennedy à 24 % – il indique que Kennedy a la possibilité de remporter la présidence en se présentant comme indépendant.
» Par conséquent, à moins que les partis démocrate et républicain ne parviennent à exclure des scrutins du 5 novembre 2024 (et des débats) tout troisième candidat à la présidentielle susceptible de l'emporter et qui n'a été désigné par aucun des deux partis, – et si le deux partis ne parviendront pas non plus à bloquer l'accès au scrutin de Kennedy dans suffisamment d'États pour que Kennedy ne puisse pas remporter la présidence, – alors tout ce que Kennedy aurait besoin de faire pour emporter la présidence serait de parvenir à grapiller des 33% de Biden et des 35% de Trump suffisamment de partisans pour gagner 9% supplémentaires ou plus, afin de remporter un tiers (33%) ou plus du total des suffrages exprimés et comptés, ce qui lui donnerait alors un possibilité de devenir le prochain président.
» Voici la partie cruciale du rapport de sondage détaillé, « Tabs croisés : Sondage Times/Siena d'octobre 2023 sur les affrontements des élections de 2024 » :
« Si vous deviez décider aujourd'hui, penchez-vous pour un seul candidat ? »
• Joe Biden, démocrate à 33% ;
• Donald Trump, républicain à 35% ;
• Robert F. Kennedy Jr., indépendant à 24 %» Biden obtient 50 % des Noirs, et Trump 40 % des Blancs (en revanche, les électeurs de Kennedy se révèlent remarquablement équilibrés, environ 24 % dans les trois groupes ethniques répertoriés : Blancs, Noirs et Hispaniques), et c'est intéressant car Trump et Biden se sont tous deux opposés à la mise en œuvre de la décision Brown contre Board of Education de la Cour suprême des États-Unis, qui exigeait la fin de la ségrégation raciale dans les écoles. Trump et son père s’y opposèrent parce qu’ils étaient dans l’immobilier et que les bénéfices dans ce secteur d’investissement sont plus élevés en raison de la ligne rouge et d’autres formes de discrimination commerciale. Biden, lui, mena les démocrates du Sénat américain qui coopérèrent avec Jesse Helms, organisateur de l’opposition républicaine contre cette mesure antiraciste [par le biais des lois sur le transport scolaire]. La grande chance qu’avait eu le sénateur Bernie Sanders lors des primaires du Parti démocrate de 2020 contre Biden était que Sanders ait déclaré publiquement en Caroline du Sud que Biden (qui avait menti aux Noirs en disant qu’il avait été l’un des principaux partisans de la déségrégation au Sénat) avait dirigé les démocrates. au Sénat américain pour bloquer la mise en œuvre de la décision Brown contre Board of Education exigeant la fin de la ségrégation dans les écoles, mais Sanders a refusé de le faire ; et, ainsi, Biden, dont le soutien parmi les Noirs lors de la primaire cruciale de Caroline du Sud était énorme, a pu garder son racisme secret envers les Noirs, et en conséquence, il a obtenu la quasi-totalité des voix noires là-bas et a submergé Sanders dans cette primaire cruciale et puis dans les jours qui ont suivi dans tout le Sud, également parmi les Noirs lors du Super Tuesday et directement dans l'investiture du Parti à la présidentielle. Mais RFK Jr. n’aura pas à faire comme Sanders, car Kennedy se présente désormais comme indépendant. Ainsi, ces 50 % du vote noir pour Biden ne tiendront pas nécessairement si Kennedy joue la dure politique et expose Biden comme le menteur qu’il a toujours été. Et s’il fait ainsi baisser les 33% actuels de Biden de 6% à 27 %, et fait également baisser les 35% de Trump de 4% à 31%, et augmente ses propres 24 % de 10 % à 34 %, alors malgré les deux partis contrôlés par les États-Unis, il pourrait gagner. Ce n’est pas probable mais ce serait possible. »
Eric Zuesse »
Passé l’enthousiasme de Zuesse, on propose un rapide coup d’œil sur les trois possibles candidats, puisqu’il semble que RFK, malgré le silence sépulcral qui accompagne sa candidature, puisse tenir une place si peu négligeable qu’elle pourrait nous valoir une belle surprise.
• Joe Biden : il paraît qu’il est président des Etats-Unis. On ne peut rien dire de bien nouveau sur cette situation extraordinaire d’une superpuissance à la dérive qui s’offre un président en état de démence sénile, couturé de corruption et de scandales prêts à éclater en justice quand une justice existera aux USA, d’une incompétence avérée pour quelque observateur sérieux de la vie politique à Washington D.C. depuis 1970. On a lu que Zuesse est là pour lui asséner quelques mauvais coups derrière la tête. On se demande dans quel état il parviendra à se sortir du bourbier sanglant de Gaza après avoir plongé l’Ukraine dans une catastrophe non moins sanglante, tout cela sans la moindre explication de texte ni stratégie de sortie. Son équipe étant aussi nulle que lui, la presseSystème ne sachant plus faire que ce pour quoi elle est faite, qui est de ne faire rien qui désavantage Biden, on en vient à entendre des voix de son propre parti susurrant qu’il serait peut-être préférable qu’il s’en allât. A moins d’une aide massive des comptabilités électroniques et électorales comme la Grande Démocratie américaniste a le secret, on ne sait que dire de ce que sera le destin de Biden. D’ailleurs, il ne nous reste plus aucune force pour imaginer l’Amérique avec un second mandat Biden.
• Sur Trump, on a tout dit, ses énormes défauts, ses qualités inattendues et le reste. Il y a surtout le fantastique imbroglio judiciaire où il se trouve, avec des inculpations dans tous les coins, allant du motif d’une insurrection type 1789 à celui d’un nœud de cravate mal serré. Trump est capable de tout et de son contraire, la justice américaniste aussi quand il s’agit de le haïr. Qu’importe, il est toujours en état de bombe à retardement prête à l’emploi. Au fond, n’est-il pas celui qui correspond le mieux à la situation, et capable, s’il le faut, de liquider l’Empire ?
• ... Dans ce dernier cas, il aura un coup de main de RFK, le dernier-venu, qui veut aussi liquider l’Empire. Un homme étonnant, un nom prestigieux, un projet fou (liquidation de la CIA, la vérité sur la mort de son oncle et de son père). La majorité des 250 membres de la famille Kennedy sont contre lui mais il semble n’en avoir cure. Il est dénoncé par tous les gens chics, du ‘Monde’ au ‘New York Times’, comme un complotiste avéré puisqu’anti-vaccin de type-maxi. Il s’en fiche également et prêt à se battre là-dessus. Le point le plus difficile : comment ne pas succomber au barrage d’obstacles plus ou moins légaux, – plutôt “moins” que “plus”, – que vont ériger les deux partis pour son inscription sur les listes électorales des États de l’Union ? Le point le plus nébuleux, le plus incertain, le plus mystérieux, est aussi une nouveauté : il a toujours été pro-Israël et naît la question de savoir s’il le sera encore, et jusqu’où, alors que son électorat, plutôt de gauche, est nettement pro-palestinien sur cette affaire ?
Agitez le tout, n’oubliez pas de touiller et de saler et installez-vous pour assister au “plus grand spectacle du monde”, – dont nul ne parle bien entendu dans les salons et sur les plateaux huppés où l’on en est encore à mesurer en centimètres la marche de Zelenski sur Moscou. Il s’agit pourtant de l’apothéose de notre séquence crisique terminale.
Mis en ligne le 8 novembre 2023 à 17H45