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5332Doug Sanders est un de ces commentateurs indépendants US qui aiment bien faire des prévisions radicales, éventuellement apocalyptiques. On l’a déjà lu dans ces colonnes et il poursuit inexorablement sur la même veine, absolument apocalyptique.
Note PhG-Bis : « “Comme nous, diraient certains”, murmure PhG pour lui-même, pensant à ce site ‘dedefensa.org’. La prévision apocalyptique, – certains nomment cela “collapsologite aïgue”, – est le seul rythme essentiel et métahistorique de notre temps, d’autant plus que cette prévision générale et suffisamment imprécise est confortablement installée dans une époque où il est devenu impossible de faire la moindre prévision. Par conséquent, prévoyez le pire, car de “possible” depuis 1992 (émeutes de Los Angeles) il est devenu “probable” depuis septembre 2001 (attaqe 9/11) et, avec le temps qui passe, “inévitable” depuis 2015-2016 (Trump candidat-élu). C’est de cette façon que certains, – d’autres “certains”, dans ce cas, – remarquent : “C’est comme dire qu’il n’y a qu’une seule chose d’assurée dans la vie, c’est la mort”. »
Cette fois, Sanders, – Doug, pas Bernie, – tout en restant assez aisément dans sa veine de guerre civile, s’attache à Robert F. Kennedy Jr. Manifestement, il a de l’affection pour ce RFK, et nous constatons que l’écrasante censure installée pour le bâillonner (RFK) n’empêche nullement qu’on parle beaucoup de lui. Sanders parle de Kennedy en termes précis pour certaines de ses intentions et, surtout, pour certains des dangers qui l’attendent, qui tous ont une seule source créative. C’est une sorte de rengaine de l’interview que cette haine du DeepState, de l’Etat profond, à son encontre. C’est une affaire qui remonte lui et touche au plus profond des âmes des êtres et même de l’âme collective... Partout dans les remarques de Sanders, comme dans les discours de RFK, éclatent cette obsession, cette mission, de poursuivre l’œuvre de son oncle et de venger sa mort dont il ne cesse de désigner l’assassin, – le vrai, disons...
D’où la haine en question, certes ! Et, qui plus est, une élection présidentielle étrangement marquée par le souvenir de l’assassinat de Dallas, comme si le passé ressurgissait au cœur de cette Amérique en décomposition ultra-rapide.
« Une chose qu'il souligne toujours est son aversion pour le complexe militaro-industriel. En particulier la CIA, mais il semble sincèrement détester les agences gouvernementales puissantes en général. Cela signifie que les membres de l'État profond le considèrent comme un ennemi, quelqu'un qui pourrait briser leurs bols de riz. Ils s'opposent à lui non pas parce qu'il a une philosophie différente, comme Ron Paul, mais parce qu'il est un outsider qui menace leurs intérêts.
» Le fait est que le pouvoir en place, le complexe militaro-industriel, corporatif, académique et médiatique, l'État profond si vous voulez, est tellement engagé dans la guerre en Ukraine, les vaccins et le wokisme qu'il ne peut presque pas faire volte-face à ce stade.
» Que ces personnes l'apprécient personnellement ou non, ou qu'elles aiment ou pas les politiques généralement étatistes de la famille Kennedy, elles sont déterminées à promouvoir leur programme et donc à essayer de démolir politiquement Bobby. »
... D’où cette impression que l’interview de Sanders sur RFK est une sorte d’exercice de répétition, – ou, peut-être mieux dit, un exercice de simplification puisqu’avec la haine duDeepState beaucoup mieux identifiée que dans le cas de Trump-2016/Trump-2020, etc., on trouve complètement identifié dans toute sa puissance et son illégitimité ce qui forme le cœur diabolique du système de l’américanisme. D’où (suite) ce pronostic décidé quant au sort de RFK dans le corps du parti démocrate :
« C'est dommage pour lui qu'il fasse partie du parti démocrate. Ils le traiteront comme ils ont traité Bernie Sanders. [...] Ils aiment les hommes de paille qui “jouent le jeu”. Kennedy a son propre programme, tout comme Sanders. Cela me fait dire qu'il n'a aucune chance d'être désigné.
» J'ai écouté un certain nombre de discours récents de Kennedy. Il passe beaucoup de temps à promouvoir la paix et à défendre son point de vue sur COVID. En tant qu'anarcho-capitaliste, tout ce qu'il a dit sur ces sujets m'a touché.
» Il est totalement opposé non seulement à la guerre insensée en Ukraine, mais aussi aux guerres en général. Bien sûr, il est célèbre pour son point de vue sur les vaccins. Il s'agit de deux questions majeures aujourd'hui, et il semble avoir raison à 100% sur ces deux points. »
Il n’empêche, dans le cours de l’interview de ‘International Man’, on trouve des indications intéressantes, des bribes d’hypothèses qu’on rencontre désormais de façon ouverte (comme cette hypothèse de “l’élection de 2024 n’aura pas lieu”, comme dit Macgregor). On trouve également, dans le discours même de Sanders, des contradictions ou des paradoxes qui sont autant les nôtres lorsque nous nous essayons à plus de précision. Notons-en deux :
• L’affirmation que RFK n’a aucune chance d’être désigné, essentiellement du fait d’une manœuvre démocrate, passant d’ailleurs, – surprise, surprise, – par l’élimination pour cause d’ambulance de Joe Biden. Sanders la complète par l’affirmation que le parti républicain se débarrassera de Trump. Alors, ni RFK ni Trump ? C’est alors que surgit le monstre du Loch Ness : un troisième parti avec l’un et avec l’autre, – c’est-à-dire avec les deux ? Ou bien une candidature (des deux ?) au nom du parti libertarien... Etc.
• L’affirmation de l’inéluctabilité d’une guerre civile pour cette vraie-fausse élection/non-élection de 2024. Par ailleurs, Sanders détaille tous les arguments de l’emprise de l’État et de l’appareil de sécurité sur les citoyens, interdisant toute révolte sérieuse... Mais alors, dans ce cas, qui va faire la guerre civile ? Pas de réponse à tout cela, sinon notre habituelle référence aux tendances sécessionnistes et autres face à un pouvoir central à la fois totalitaire et à la fois déchiré, – il n’y a qu’en Amérique qu’on trouve cette combinaison...
Là-dessus, nous dirons une fois de plus, car la perception se confirme, que cette élection de 2024 est marquée, à cause de la présence de RFK, par l’ombre tragique de l’assassinat de Dallas. On croyait la chose passée dans les poubelles et dans le Panthéon de la métahistoire, et la page déchirée définitivement tournée. Il n’en est rien, puisqu’il reste cette vérité-de-situation qui fait frissonner : l’assassinat de Dallas, soixante ans après, est plus “vivant” que jamais pour étendre son ombre tragique sur la Grande République aux abois.
Maintenant, ci-dessous, la deuxième partie de l’interview de Doug Casey.
‘International Man’ : « Alors, pourquoi détestent-ils généralement la famille Kennedy, et RFK Jr. en particulier ? »
Doug Casey : « Dans son récent discours au St. Anselm College, il a mentionné que son oncle, JFK, voulait briser la CIA en mille morceaux et la disperser dans le vent. RFK Jr. veut suivre ce qu'il pense être les traces de son père et de son oncle, et non suivre les instructions de l'État profond.
» Il est farouchement, et semble-t-il sincèrement, anti-guerre. Dans le monde d'aujourd'hui, le gouvernement américain, par l'intermédiaire de la CIA, du ministère de la défense et d'autres agences, fait tout son possible pour contrarier d'autres pays, y compris des pays dotés de l'arme nucléaire comme la Russie et la Chine. Je pense qu'il comprend que nous sommes à un cheveu de la troisième guerre mondiale et qu'il veut désamorcer l'escalade. Bravo. Il est idiot pour un empire en déclin et sclérosé de jouer les durs et de chercher la bagarre.
» Et il souligne que lorsque son oncle était au pouvoir, les conseillers qui l'entouraient, la Nomenklatura, étaient tous favorables à plus d'interventions à l'étranger, plus de dépenses militaires et plus d'aventures militaires dans le monde. Il en va de même pour les États profonds partout dans le monde.
» Le pire membre d'un gouvernement n'est pas toujours celui qui est au sommet. Les conseillers qui l'entourent tirent généralement les ficelles. En fait, ce sont eux qui volent la plus grande partie de l'argent. »
‘International Man’ : « Comment voyez-vous le déroulement des primaires et de l'élection présidentielle de 2024 dans les mois à venir ?
Doug Casey : « Il est hors de question que le vieux Joe Biden, dément et incohérent, se présente. Il se passera quelque chose avant l'élection pour l'en empêcher.
» Le fait que Kamala Harris et le maire Pete soient des candidats de premier plan montre à quel point le parti démocrate est dégradé. Il semble que Gavin Newsom, le désastreux gouverneur de Californie, soit une possibilité. Il est élégant, a fière allure et parle de manière cohérente, même si tout ce qu'il préconise est horrible.
» Du côté républicain, qui sait si Donald Trump obtiendra ou non l'investiture ? Il y a environ une douzaine d'autres républicains qui veulent devenir président. Certains d'entre eux, comme Mike Pompeo, John Bolton, Liz Cheney et Nikki Haley, sont détestables. Malgré tous les défauts de Trump, ils seraient probablement pires que lui. Ron DeSantis a pris des mesures intéressantes ces dernières années, mais il semble être une créature des Bush ; je ne suis pas un fan. Ce n'est qu'un politicien vénal de plus.
» Il est tout à fait possible que Kennedy, réalisant qu'il va être exclu, crée un troisième parti ou se présente en tant que membre du Parti de la Constitution, bien que cela soit peu probable étant donné qu'il n'est en lice que dans 13 États. Il est possible que Trump se présente également en tant que candidat d'un tiers parti si les Républicains l'excluent.
» Trump ou Kennedy pourraient-ils se présenter en tant que libertariens ? Ni l'un ni l'autre n'est, même de loin, un libertarien. Ni l'un ni l'autre n'a même un noyau philosophique de cette sorte. Mais le parti libertarien n'a plus de noyau philosophique non plus, comme en témoigne le fait qu'il a présenté des candidats étatistes comme Bob Barr et William Weld. Les libertariens accueilleraient probablement n'importe quel grand nom, juste pour montrer qu'ils sont réellement des acteurs. C'est vraiment dommage.
» Étant donné que l'armée est à peu près le seul élément du gouvernement américain qui bénéficie encore d'un minimum de confiance et de respect de la part des Américains, il est possible que les Démocrates et les Républicains choisissent tous deux un général comme candidat. La situation pourrait être suffisamment chaotique en 2024 pour que le pays soit mûr pour un “homme fort”.
» Il est même possible, – oserais-je le dire ? – qu'il n'y ait pas d'élection si l'économie, la société ou une guerre devient trop incontrôlable. Après tout, dans notre 51e État, l'Ukraine, Zelenski a annulé les élections.
» Quoi qu'il en soit, je parie que les démocrates gagneront pour un grand nombre des six raisons pour lesquelles j'ai choisi les démocrates pour gagner en 2020. »
‘International Man’ : « Que suggérez-vous aux gens de faire pour se préparer à l'éventualité d'une augmentation des troubles politiques aux Etats-Unis ? »
Doug Casey : « Il est important de se rappeler que même si la plupart des membres de la police et de l'armée sont des gens honnêtes et généralement conservateurs, ils suivront les ordres, même s'ils ne les aiment pas. C'est parce qu'ils sont entraînés à le faire. Mais c'est aussi parce qu'ils ne veulent pas avoir d'ennuis : ils doivent tous payer leur maison, leur voiture, leur carte de crédit et d'autres dettes. Ils ne peuvent pas se permettre de perdre leur emploi, une dynamique bien différente de celle qui prévalait à l'époque de la Révolution ou du XIXe siècle.
» Ils feront ce qu'on leur dit de faire. C'est un véritable danger lorsque des jacobins contrôlent l'appareil d'État, comme c'est le cas aujourd'hui.
» En ce qui concerne l'Américain moyen, y compris ceux qui lisent ces lignes, lutter contre l'État est dangereux et impossible en pratique. Si vous le faites, vous serez tout simplement arrêté et emprisonné.
» Ce serait comme ce qui s'est passé le 6 janvier, multiplié par cent. Fuhgedabowdit.
» Cela fait des années que je dis que les États-Unis sont au bord d'une véritable guerre civile parce que les factions du pays se détestent vraiment et qu'elles n'arrivent pas à communiquer. Si la situation devient vraiment grave, il pourrait être judicieux d'être à l'étranger, tout comme il était judicieux d'être hors du pays pendant la guerre entre les États de 1861 à 1865.
» Il est dommage que les États-Unis n'aient plus l'équivalent de la Californie en 1860, un endroit où vous pourriez vous rendre, chercher des opportunités et rester à l'écart de toutes les bêtises.
» Préparez des plans d'urgence. Mais n’oubliez pas que le temps presse. »
Mis en ligne le 7 juillet 2023 à 13H55
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