RapSit-USA2023 : La peau du DeepState ?

Brèves de crise

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RapSit-USA2023 : La peau du DeepState ?

Contrairement à 2015-2016, et à 2020 d’une certaine façon à cause de la crise du Covid, Trump aborde l’élection présidentielle de 2024 avec un objectif et un plan bien identifiés (en même temps, bien sûr, qu’une position pour l’instant très avantageuse, autant pour sa désignation comme candidat républicain que dans l’hypothèse d’un affrontement avec Bidon. On notera (on le verra plus loin) que c’est également le cas de Robert Kennedy, Jr, avec les mêmes plan et objectif d’ailleurs, – c’est-à-dire l’attaque du DeepState, l’État profond, selon une stratégie et une méthodologie parfaitement claire là aussi. Cette clarté du propos général de la stratégie, qui est certainement une chose nouvelle, indique très précisément, – justement, – l’ampleur et la force de la crise qui sous-tend l’élection de 2024. L’enjeu est d’une colossale ampleur car c’est la première fois que le DeepState affronte une opposition aussi affichée, de la part de concurrents importants.

Déjà, le 15 avril 2023 et lors d’une intervention publique mais d’une façon encore imprécise ou, dans tous les cas, assez dérisoire et démagogique par rapport à l’ampleur du projet, – mais la question de la possession d’arme à feu a une importance essentielle pour son électorat, plus que jamais aujourd’hui où le citoyen américain classique se juge physiquement menacé par le gouvernement, – Trump déclarait :

« Je vais démanteler et détruire l'État profond, nous avons fait de grands progrès. [...] Cela inclut les bureaucrates qui saisissent des armes à feu et qui persécutent chaque jour les propriétaires et les fabricants d'armes à feu. »

Ces derniers jours, on a vu et entendu des précisions sur les projets de Trump, y compris de ses opposants, – comme ici, son ancien chef de cabinet, le général des Marines Kelley, – qui, par la forme de leur critique, permettent de mieux comprendre ce que veut faire Trump.

« L'ancien président américain Donald Trump s'est souvent heurté à des responsables gouvernementaux et à des subordonnés qui lui ont souvent dit que certaines actions ou politiques qu'il voulait entreprendre seraient illégales ou recevraient trop de contrecoups.

» Le deuxième chef de cabinet de l'ancien président américain Donald Trump a été cité dans les médias américains comme ayant déclaré que le plan annoncé par l’ancien président (45) pour consolider le pouvoir au sein de l'exécutif provoquerait le chaos au sein du gouvernement.

» “Ce serait chaotique”, a déclaré John F. Kelly. “Ce serait tout simplement chaotique, car il essaierait continuellement d'excéder son autorité, mais les sycophantes l'accepteraient. Ce serait une bataille au couteau sans cessez-le-feu avec le Congrès et les tribunaux.

» Un média new-yorkais a rapporté dimanche que Trump et ses alliés prévoyaient de consolider le pouvoir si l'ancien commandant en chef était élu en 2024. Le plan, dont certaines parties ont été vantées dans les discours de campagne et par les alliés de Trump dans les médias, inclurait de placer des agences traditionnellement indépendantes sous la tutelle directe de la Maison Blanche. »

Parmi les mesures pratiques envisagées, il y a des attaques pour priver de leur indépendance par rapport au président certaines agences et ministères qui le sont complètement, – la Federal Trade Commission (FTC), la Federal Communication Commission (FCC) et surtout, surtout, le ministère de la Justice (DoJ) et son bras armé le FBI, – et d’autres, comme l’Agence de Protection de l’Environnement, qui bénéficient plutôt d’un statut de semi-indépendance.

Parallèlement, il s’agirait de rétablir la pratique de la “saisie” et du contrôle du financement de programmes que le président désapprouve, cette pratique qui a été interdite par le Congrès sous l’administration Nixon, au cœur de la crise du Watergate qui a constitué une crise terrible pour le pouvoir de l’exécutif.  

« Cette consolidation de l’exécutif fait partie de l’attaque globale contre ce qui est appelé “État profond” par Trump et ses alliés. Ils estiment que les employés du gouvernement qui ne sont pas sujets au roulement après chaque présidentielle sont devenus une faction autonome au sein du gouvernement. Trump et ses alliés estiment que cette faction préfère les démocrates aux républicains et a travaillé contre l'administration Trump lorsqu'elle était au pouvoir.

» Le concept de consolidation d'autres agences sous la branche exécutive a été lancé pour la première fois par des avocats travaillant pour l'ancien président américain Ronald Reagan, et a depuis été surnommé la ‘théorie de l'exécutif unitaire’.

» “Ce que nous essayons de faire, c'est d'identifier les positions indépendantes et de les réduire”, a déclaré Russell T. Vought, qui a travaillé à la Maison Blanche de Trump et dirige maintenant le groupe de réflexion conservateur Center for Renewing America.

» La théorie de l'exécutif unitaire postule qu'il est inconstitutionnel pour le Congrès d'empêcher la présidence de licencier les chefs d'agence ou de leur permettre de travailler de manière indépendante parce que l'article 2 de la Constitution place le pouvoir exécutif sous le pouvoir du président. La Cour suprême a statué à deux reprises, une fois en 1935 et à nouveau en 1988, que le Congrès avait le droit de protéger certains fonctionnaires d'être licenciés sans motif valable. Devenue entretemps plus conservatrice, la Cour laisse désormais la question ouverte.

» Un projet de décret exécutif a été rédigé sous l'administration Trump qui aurait obligé pratiquement toutes les agences du gouvernement fédéral à soumettre toutes les actions à la Maison Blanche pour examen. Le DoJ aurait donné le feu vert au décret, selon le camp Trump, mais il n'a jamais été signé. »

Le redoutable DoJ

Jusqu’ici, l’affaire pourrait paraître lutôt anodine, de même que la définition implicite qui est offerte du DeepState. Cela peut nous surprendre parce que nous pensons d’abord à des organisations telles que la CIA, le Pentagone, le Complexe Militaro-Industriel, les milieux des experts stratégiques, les divers “influenceurs” et idéologues de type-neocon, etc. Mais le DeepState est quelque chose d’à la fois bien plus vaste et puissant, bien plus vague également, mais aussi paradoxalement avec des points précis, parfaitement identifiés, qui constituent de redoutables potentiels d’action.

On s’est largement aperçu ces dernières années que le ministère de la Justice (DoJ) est l’un de ces points les plus redoutables, – sinon le plus redoutable. Le ministre peut certes être démis de ses fonctions par le président, mais dans son action il est indépendant. Outre le structure juridique comprenant les procureurs et le pouvoir de nommer des procureurs spéciaux pour enquêter sur des faits qui sont hors de la procédure légale, c’est lui qui contrôle le FBI, qui est devenu une puissance policière et de renseignement sans précédent. (C’est un peu comme si, en France, le ministre de la Justice contrôlait, outre la magistrature, la police nationale et tout ce qu’on regroupe sous le sigle DGSI, – les Renseignements Généraux, l’ancienne DST, etc.) Certes, tous ses services ont des services concurrents dans d’autres ministères et agences, mais c’est le DoJ qui détient véritablement les pleins pouvoirs de l’ordre et de la répression au niveau fédéral.

Trump a eu beaucoup à souffrir de la part du DoJ et du FBI depuis 2016, y compris depuis 2020. A côté de cela, on peut mesurer l’extraordinaire immunité non seulement de Biden, mais du “gang Biden” ( la famille Biden), encore probablement illustrée par la probabilité de l’absence d’action du DoJ à la suite de la publication des “e-mails Hunter-Burisma” (une affaire évidemment liée à la corruption ukrainienne, voir Mercouris-Christoforou sur ce point), – dont Mercouris, en bon juriste, nous dit toute l’attention que la justice devrait se juger obligée d’y porter, avec la possibilité assez forte et lourde d’une destitution, avec en plus le passé épouvantable du gang à cet égard. Trump a justement conclu que la DoJ et lez FBI sont totalement pénétrés par les démocrates, c’est-à-dire par la courroie de transmission préférée du DeepState.

On se rappellera les ennuis catastrophiques sans nombre que Nixon eut avec son ministère de la Justice, avec trois ministres mis à pied successivement, lors de l’affaire du Watergate, en 1973-1975. On sait aussi depuis 2007 que le FBI, qui avait fait profil bas dans toute l’affaire Watergate, – après la mort de Edgar Jay Hoover en 1971, on croyait le Bureau maté alors qu’en fait il se transformait en un monstre sans tête et utilisable pour qui avait l’habileté de la manœuvrer, – fut le principal informateur de Bernstein-Woodward du Washington ‘Post’, notamment dans le chef de leur source anonyme dite ‘Gorge Profonde’ ; et ce sacré ‘Deep Throat’, du titre d’un film-porno glorieux de l’époque, se révéla être le n°2 du FBI comme Woodward nous l’apprit après le décès de son informateur en 2006. Tout cela avait été certes déclenché par le Joint Chiefs of Staff (président l’amiral Moorer, et son conseiller renseignement jusqu’en 1971, l’enseigne de vaisseau ... Bob Woodward), comme cela est détaillé dans le livre ‘Silent Coup’, – tous ces gens des organes de sécurité également membres du DeepState. On voit que le DoJ, et le FBI en première ou seconde ligne, sont les principales courroies de transmission pour éliminer “légalement” les gêneurs sur la randonnée du DeepState.

Gunfight à D.C. Coral

Il ne fait aucun doute que, si Trump est élu, on va vers un affrontement colossal entre la présidence, de DoJ-FBI, le Congrès et la Cour Suprême. Accessoirement, si RFK est dans le coin ou plus ou moins associé, c’est également la CIA qui devra se garer, – également membre d’honneur du DeepState... (Finalement le DeepState, c’est un peu tout en partie et rien complètement. C’est, si l’on veut, l’expression bureaucratique, psychologique et narcissique de l’hubris de l’Empire, – aveugle et irrésistible idéal de puissance pour la seule jouissance de la puissance.)

L’année 2024 sera grande et belle. Nous pourrons nous mettre en ordre avec les autorités d’En-Haut en réservant un certain nombre de confessions avec des curés de l’ancien style.

 

Mis en ligne le 17 juillet 2023 à 14H55