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5653On ne dira pas tout de même que plus personne ne s’intéresse à l’Ukraine, que l’Ukraine est passée au second plan, mais sans aucun doute la situation aux États-Unis dans les perspectives des présidentielles devrait impérativement s’installer comme un aspect au moins aussi important, pour l’entretien de la dynamique de la GrandeCrise. Décidément, c’est bien de « Wokrisis-Ukrisis » qu’il s’agit.
Trois événements, qu’il faut nécessairement interpréter, sont venus aggraver encore le désordre, les tensions, le tourbillon crisique qu’est décidément le pouvoir du système de l’américanisme ; peut-être même l’ont-ils, – encore secrètement pour notre perception, – transformé de fond en comble, et alors le ‘wokrisis’ d’il y a quatre jours n’est plus celui d’aujourd’hui... Ces trois événements sont d’un tout autre ordre que ceux que l’on mentionnait dimanche (la dédollarisation touchant la situation intérieure US). Ils sont éminemment politique et, au contraire de la dédollarisation qui serait plutôt une conséquence d’un flux d’importants événements, ils sont d’une certaine façon inédits et créateurs de conséquences nécessairement imprévisibles.
Ils ont des caractères singuliers :
• D’une part, rien ne dit qu’ils soient liés les uns aux autres, même secrètement, ni même qu’ils se soient influencés les uns les autres, dans tous les cas sur le moment, – à un point où l’on pourrait parler de “simultanéité coordonnée”.
• Pourtant, justement, ils se produisent selon une chronologie quasiment de la simultanéité, justement comme s’ils étaient coordonnés alors qu’à notre sens ils ne le sont pas.
• L’effet de ces remarques, lorsqu’elles sont ajoutées les unes aux autres, est d’installer dans la psychologie, même d’une manière inconsciente, une perception d’assimilation de ces événements, cela conduisant effectivement à la perception de l’accélération de la dynamique de transformation du pouvoir, et cette perception étant paradoxalement un facteur objectif poussant à cette “accélération de la dynamique de transformation”. En un sens, l’on pourrait dire que si vous percevez (inconsciemment) l’accélération d’une dynamique sans qu’il y en ait véritablement une, vous la suscitez du fait même, – comme d’un mouvement collectif.
Voyons de plus près les trois événements mentionnés ci-dessus.
Le départ, – la “liquidation” par FoxNews sans préavis ni le moindre avertissement, – du présentateur-vedette de FoxNews Tucker Carlson, est présenté comme ceci par un parmi la myriade commentateurs, – et ceci résumant complètement l’événement, et expliquant l’importance que nous lui accordons par rapport à la personnalité, l’influence et l’engagement de ce journalistes éminemment populaire et populiste :
« Le départ de Carlson de FoxNews n’est pas seulement un événement médiatique, c’est un événement politique... Un coup d’État de l’État profond...»
• “Événement médiatique” sans aucun doute, et tout à fait extraordinaire. L’effondrement de l’audience chez Fox est stupéfiant : de 50% à 70%. Le prime time de Carlson (20H00-21H00), mardi 18 avril, enregistrait 3 223 000 téléspectateurs ; avant-hier, le lendemain de son départ, ils étaient 481 000 à regarder le même segment. Le plus remarquable est que tous les segments de Fox enregistrent une baisse catastrophique, et pas seulement celui de Carlson.
• “Événement politique”, certes, par le simple fait de l’“événement médiatique” et de la personnalité de Carlson, – mais dans quel sens, cet événement ? Quelle que soit l’activité de Carlson, l’acte de censure, ou ce qui paraît l’être, a été unanimement perçu, avec tous les effets négatifs que l’on imagine. Il y eut même des explications sophistiquées quoique sans surprise, comme celle de Scott Bennett, ancien officier de guerre psychologique de l’US Army
« Selon Bennett, Carlson représentait une menace trop importante pour le pouvoir institutionnel parce qu'il transformait les Américains en véritables “chercheurs et penseurs"”.
» Carlson offrait un “intellectualisme, une véracité et une profondeur d'analyse qu'aucune autre personnalité de l'information n'a jamais fait dans l'histoire des États-Unis, aussi loin que je me souvienne”.
» Il devait être “réduit au silence” parce qu'il représentait une trop grande menace pour “les pouvoirs et les principautés, les institutions et les programmes qui recherchent une population non éclairée, non informée, semi lobotomisée et quasi attardée qui ne pose pas de questions, ne fait pas de recherches, n'analyse pas, mais se contente de digérer et de suivre les instructions”, selon Bennett. »
D’autre part, l’absence de Carlson n’interrompra aucun mouvement de révolte ou de changement d’opinion, lesquels ne se manifestèrent en aucune façon durant son règne, et malgré son exceptionnel talent. Par contre la censure “officielle” de ce talent a des chances de faire naître une frustration que des apparitions de Carlson dans la presse alternative entretiendront.
Carlson peut-il jouer un rôle politique ? Peu importe : placé comme il l’est, cette possibilité existe, et la possibilité suffit pour entretenir en permanence un effet de menace constituant pour l’instant le véritable poids politique de Carlson. Cet effet de menace se traduit par un désordre supplémentaire dans les rangs d’élitesSystème totalement schizophréniques et paranoïaques. Le talent de Carlson est pour l’instant celui de l’absence angoissée et du désordre par omission.
Il y a réellement une “percée” du candidat pour les présidentielles de 2024 Robert Francis Kennedy Jr. (RFK Jr.), dans le commentaire et dans ce que nous nommons le “bruit de fond” de la communication, – c’est-à-dire cette impression générale recueillie dans des lectures rapides, “en diagonale”, dans des analyses où il est mentionné, dans les commentaires prospectifs, etc. Le “bruit de fond” est quelque chose qui entre et se fixe dans la structure du système de la communication, qui acquiert ainsi une sorte de légitimité.
On a déjà vu combien certains aspects des intentions de ce Kennedy sont en rupture avec lapolitiqueSystème. La méfiance du Système à son égard, – disons même “à son encontre”, – est complète. Là aussi et encore, schizophrénie et paranoïa, de la part d’une entité à la fois complètement sur le mode de l’offensive hégémonique et à la fois complètement aux abois, – toujours cette équation surpuissance-autodestruction. Même si RFK Jr. n’est pas aussi extrémiste que les gardiens du temple l’imaginent en le craignant affreusement, il le deviendra par effet contradictoire, et parce que, étant un Kennedy, il ne peut se rallier aux imposteurs héritiers des assassins de son oncle et de son père, aux serviteurs de “l’Indicible”.
L’appréciation prospective de PhG du 7 avril est à notre sens complètement rencontrée :
« Il est évident que la candidature de Kennedy va perturber le système de l’américanisme, – notamment parce que, à cause de son nom, il est plus difficile à écarter, à ostraciser, voire à être éliminé, – terme délicat pour un Kennedy. En bonne logique, on peut admettre que la candidature Kennedy peut trouver une ouverture en offrant aux démocrates une perspective nettement anti-guerre. On peut imaginer des alliances étranges, entre cette sorte de démocrates, – Tulsi Gabbard pourrait redevenir démocrate ! – et la droite populiste et libertarienne du parti républicain. Et pendant ce temps, les “fédéraux” seraient à la poursuite de Trump pour le mettre en prison sous le regard des balbutiements de Biden ? Vous imaginez le cirque ?! »
Depuis le 7 avril, on a pu mesurer l’extraordinaire résilience du nom des Kennedy dans la mémoire de la communication, – montrant, au-delà, l’importance métahistorique de l’assassinat du 22 novembre 1963 et le lien que nous faisons entre cet événement et ceux de nos temps extraordinaires. C’est à la fois un avantage et un fardeau pour RFK Jr. Il se lance dans la politique avec un formidable avantage du nom, et des obligations irréfragables, comme celle de ne pas céder aux pressions des gens du Système, – ou dans tous les cas, de ne pas céder sans se battre et sans dénoncer les méthodes du Système, au risque d’événements imprévisibles. On ne plaisante pas avec la légende des Kennedy.
L’extraordinaire et surréaliste événement, parfois marmonné par l’actuel président, se trouve authentifié par une communication officielle : Biden est candidat pour un second mandat. Il n’est pas utile de répéter tous les caractères hors du commun de cette succession de soi-même d’un vieillard de 80 ans, homme politique sans brio et corrompu dans sa carrière, et évidemment atteint aujourd’hui de dementia senile ; et cela, secondé par la femme politique sans doute la plus nulle de toute l’histoire politique des USA, et certainement à son niveau d’une incompétence qui défie toute concurrence. Cette équipe du type “Pieds-Nickelés-Woke” cumule tous les superlatifs, avec une sorte de recherche de la perfection. On comprend qu’elle (l’équipe) jouisse d’une grande faveur dans les milieux du wokenisme et de la cancellation.
Dans une période de crise de dégénérescence impériale sans précédent et parfaitement exposée par une activité impitoyable du système de la communication, il s’agit d’une situation sans précédent et d’un extraordinaire échec de la mécanique du Système qui devrait normalement veiller à la bonne marche de ses divers ustensiles. Il est inutile également de faire de Biden une « marionnette de l’État profond » : celui qui pense cela n’a jamais eu affaire à un vieillard dans cet état, pour le croire aisément manipulable, y compris par une cohorte de neocon ; au contraire, la “marionnette” est totalement incontrôlable.
Effectivement on a pu développer et décrire cette aimable tectonique du pouvoir du système de l’américanisme dans ses multiples tremblements, sans dire un mot de l’agitateur dont semblerait dépendre tout le désordre politique depuis sept ans à ‘D.C.-la-folle’ ?! Cela montre tout simplement que tout le désordre de la capitale US n’est pas dû au seul Donald Trump même s’il y a évidemment sa part.
Effectivement et quoi qu’il en soit, en plus de tout ce que nous avons observé, il y a bien entendu Donald Trump, en prison ou pas dans une affaire d’une non moins extraordinaire stupidité, signe effarant d’impudence de la politisation complète de la justice. Si les USA se transforment en un régime autoritaire, c’est d’un autoritarisme totalement fou de désordre et d’incontrôlabilité qu’il s’agit et les adversaires de Trump ont montré qu’en ce domaine ils n’ont de leçons à recevoir de personne.
La folie n’est plus seulement un trait humain à ‘D.C.-la-folle’ mais une sorte de caractère collectif créé par la capitale de l’empire en état de dégénérescence accélérée et qui paraît toucher une forte proportion de la population politique. Les différences partisanes sont, malgré les votes au Congrès, de moins en moins conformes aux affrontements idéologiques et l’on mesure essentiellement une rupture totales entre les élites institutionnelles (élitesSystème) et les personnes à tendance antiSystème (aucun vaccin n’ayant encore été développé contre cette pathologie). Les affaires étrangères (guerre, hégémonies mondiale, cancellation de la Russie, CMI & Pentagone, etc.) apparaissent comme autant de signes de cette folie et l’on peine, selon notre perception, à y distinguer l’habituel complot des neocon qui se débattent plus dans leur propre tourbillon crisique que dans des plans mûrement réfléchis.
Il n’est pas temps de faire des pronostics ou des appréciations assurées. La situation aux USA est totalement, intégralement hors de contrôle. Tout, absolument tout peut arriver, et chaque événement nouveau qu’on enregistre apparaît comme un élément de désordre de plus, même s’il prétend chercher à apporter un peu d’ordre.
Quoi qu’il en soit et par conséquent, l’année 2024 et les élections associées vaudront le coup d’œil.
Mis en ligne le 27 avril 2023 à 20H10