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5899Dans une petite phrase au cours d’une interview, Robert Kennedy Jr. a laissé entendre qu’il envisageait des alternatives à une candidature démocrate si ce parti continuait à saboter grossièrement toutes ses tentatives pour être candidat au cours des primaires. C’est une nouvelle importantes, qui laisse envisager des perspectives inédites pour les présidentielles de 2024... Pour autant, comme c’est la coutume avec Kennedy, la nouvelle n’a pas fait sensation.
Un commentateur US, Ben Bartee, fait un point intéressant sur la position actuelle de Robert Kennedy Jr. (également sur ‘ZeroHedge.com’). Il constate tout d’abord que, bien qu’on n’entende plus guère parler de RFK Jr., – et pour cause, – le candidat “démocrate” imprévu est toujours en bonne position pour un homme totalement boycotté par les médias et par son parti. Il y a toujours au moins 20% des électeurs démocrates qui veulent l’avoir comme candidat.
« RFK Jr. a déjà fait ses preuves face aux attaques incessantes du Parti démocrate et des médias [de la presseSystème], – sans doute au même niveau à cet égard que “Teflon” Don [Trump]. »
Le blocage de la presseSystème (essentiellement les grands journaux et les grands réseaux) de la candidature de Kennedy a été, dès le début, d’une puissance absolument incroyable. On l’a vu presqu’aussitôt et le fait s’est confirmé avec une rigidité formidable, largement supérieure aux pratiques des régimes autoritaires, notamment communistes, en ce domaine. Cela est rendu particulièrement remarquable, comme une singulière performance, par le fait que la liberté et l’indépendance de la presseSystème US continuent à être affirmées avec un aplomb tout aussi extraordinaire, et par le fait annexe mais révélateur que des dizaines et des millions de “civilisés”, – nous, en Europe, en l’occurrence, – continuent à croire à l’American Dream et à toute ces symphonie des sornettes tragiques–bouffe.
Alors que la candidature de JFK Jr. avait été déclarée début avril, nous écrivions trois gros mois plus tard, le 14 juillet, presque admiratifs devant le comportement stakhanoviste et kagébiste d’organe libres–et–indépendants :
« Il est vrai que toute la presseSystème, obéissant à une consigne qui n’en est pas une, qui est plutôt la manifestation d’un instinct de survie touchant le Système et tous ses employés à la perception d’un danger majeur, s’est levée contre Robert Kennedy. On en a déjà souvent parlé ici, tant le phénomène est remarquable, bien au-delà d’une opposition orchestrée ou d’un “complot anti-complotiste”, – mais bien comme l’effet d’une perception extra-sensorielle, comme un journaliste de LCI saisi d’horreur à l’audition de quelques notes d’une symphonie de Tchaïkovski, – vous savez, le Russe...
» L’étendard de l’excellence semble devoir être remis au, – who else ?– New York ‘Times’, avec une majestueuse tempête d’articles attaquant Kennedy sous tous les angles, mais dans le seul domaine complotiste du vaccin, comme on l’a dit. Pour information, on reprend un extrait d’un article de la vivifiante Caitline Johnstone, effectivement en tournée d’inspection minutieuse dans les pages du quotidien global de référence. »
Dans son article qui nous donne la situation de RFK Jr., Bartee détaille la politique de blocage du DNC (direction du parti démocrate), absolument sans précédent et totalement anti-démocratique (pas de surprise). L’attitude absolument illégale et complètement arbitraire du DNC s’explique en grande partie par sa position désespérée avec la nullité totale, la corruption, le gâtisme institutionnalisé, la caricature de tout que constitue l’actuel président qu’on veut faire réélire.
Il s’en déduit également, et c’est une bonne chose, que le DNC est face à un dilemme et qu’il transgresse absolument et d’une façon dangereuse pour lui toutes les règles pour éliminer RFK.
« D’une part, le DNC se consacre pleinement à saboter sa campagne. En aucun cas, RFK Jr. ne pourra remporter l'investiture.
» Même s'il avait plus de 80 % de soutien de l'électorat, la triste vérité est que la direction du parti (influencée par les classes de consultants et de donateurs) préférerait perdre avec Brandon plutôt que de gagner avec RFK Jr. en raison de ce qu'il est susceptible de faire à l'État profond. et les largesses de DC s'il devait un jour prendre ses fonctions. Ce serait un bain de sang proverbial pour l’État administratif et tous les escrocs qui s’en nourrissent.
» D’un autre côté, ils doivent garder RFK Jr. dans le giron du Parti démocrate, car s’il devenait un voyou et dirigeait un troisième parti – ce qu’il, franchement, aurait dû faire depuis le début – ce serait un véritable glas pour le parti. Les perspectives de l’entité Brandon en 2024, qui sont pourtant très minces.
» Quelle que soit la menace perçue par Cornel West pour la réélection de Brandon avec sa candidature au Parti Vert, multipliez cette menace par 10, 100 et vous êtes à peu près dans la fourchette de ce que RFK Jr. ferait au parti. Il n’est pas étrange de supposer qu’un parti tiers fort dirigé par RFK Jr. pourrait littéralement briser le Parti démocrate pendant des années, voire pour toujours. C’est dire à quel point ses propres membres du parti, sans parler des indépendants et des non-votants (le plus grand bloc électoral non desservi du pays), qui en ont assez des ordures du parti. »
Bartee cite une interview de RFK (il y en a tout de même quelques-unes) sur la chaîne de Forbes, le 7 septembre. Les questions portent essentiellement sur l’action du parti démocrate contre lui, pour l’empêcher de participer aux primaires et éventuellement, sinon évidemment lorsqu’on considère l’état actuel du président et de sa politique, de battre Biden. Bartee cite cet extrait de l’interview, qui est sans aucun doute le plus intéressant puisque Kennedy évoque la possibilité pour lui de se passer de l’investiture démocrate (et de concourir comme indépendant, ou à la tête d’un troisième parti qu’il fonderait).
« Si le DNC veut réussir, il va truquer [les primairesÒ] de telle sorte qu’il soit tout simplement impossible pour quiconque de défier le président Biden, et vous savez que je dois examiner d’autres alternatives. Parce que je ne peux pas retourner vers les gens qui me soutiennent, vers mes donateurs, et leur dire, vous savez, je vais juste le faire, je suis juste là pour faire valoir un point, je dois leur montrer le chemin de la victoire. »
Le passage essentiel est bien ce membre de phrase, après avoir évoqué le blocage du DNC (direction du parti démocrate) :“vous savez que je dois examiner d’autres alternatives”, qui conduit Bartee à suggérer que, ce disant, RFK adresse une menace au DNC (voir son titre : « RFK Jr. télégraphie une menace de quitter le Parti démocrate »). Bartee est absolument d’avis que Kennedy doit choisir l’option d’abandonner le parti démocrate, ce qui aurait au moins pour résultat de couler la candidature Biden :
« Ce qui constitue pour l’instant une menace – bien qu’apparemment sincère et crédible – doit être encouragé par tous pour devenir réalité.
» L’abandon des démocrates par RFK Jr. garantirait pratiquement une défaite de l’entité de Brandon – et une défaite brutale et écrasante – en 2024, ce qui ne peut être qu’une bonne nouvelle pour tous les Américains, même pour les démocrates loyaux et illusoires qui ne comprennent pas. leur propre intérêt. »
Si l’on admet que nous devisons plus à propos des présidentielles de 2024 que du seul candidat Kennedy, on admettra qu’une intervention inédite du président Poutine a toute sa place ici. Dans un discours au Forum Économique Oriental, Poutine a largement évoqué les élections US sous la forme de jugements sur l’un des candidats, Trump naturellement, et sur l’évolution, – ou plutôt, la non-évolution, – de la politique étrangère US. D’une façon remarquable et somme toute inattendue, Poutine a fortement insisté sur l’incapacité, sinon la volonté, de Trump de modifier la politique étrangère US et d’arrêter la guerre en Ukraine. (“D’une façon somme toute inattendue” parce que Poutine aurait pu éviter ou adoucir le sujet.)
Voici une partie du compte-rendu qu’en fait le ‘Libertarian Institute’
« Le président russe Vladimir Poutine ne croit pas que l'ancien président Donald Trump pourrait mettre fin à la guerre en Ukraine s'il était réélu. M. Trump a reproché au président Joe Biden d'avoir laissé la guerre en Ukraine échapper à tout contrôle et a promis de mettre fin au conflit dans les jours qui suivraient son entrée en fonction.
» S'exprimant lors du Forum économique oriental, M. Poutine a fait remarquer : “Je pense qu'il n'y aura pas de changements fondamentaux concernant la Russie dans la politique étrangère des États-Unis, quel que soit le président élu”. “M. Trump dit qu'il résoudra les problèmes aigus, y compris la crise ukrainienne, en quelques jours, cela ne peut que plaire”. Néanmoins, “lui aussi a imposé des sanctions à la Russie pendant sa présidence.” »
Poutine développe les arguments que l’on connaît, la façon dont Trump a développé une politique étrangère plutôt erratique et qu’il ne contrôlait guère, mais aussi certains actes hostiles qu’il a lui-même ordonnée (comme l’assassinat du général iranien Soleimani, un allié de la Russie). Ces jugements n’empêchent évidemment pas Poutine de dénoncer le traitement qui est fait à Trump, et de s’en réjouir indirectement parce qu’ainsi la “pourriture” du système politique US est exposée à tous.
Que pourrait précisément signifier cette intervention de Poutine ?
• Soit Poutine présente son analyse objective, la façon dont il a perçu l’action politique de Trump ; soit il prend, pour l’aider indirectement, ses distances de Trump pour tenter de désamorcer les accusations de complicité avec Poutine qui sont lancées contre lui aux USA.
• ... Soit les deux, qui se complètent d’ailleurs. Cela permet d’éviter une prise de risque inconsidéré et préserve la position de grande fermeté de la Russie dans l’affaire ukrainienne. Dans les deux cas, Poutine se met en situation éventuelle de quelques avantages politiques si Trump veut vraiment manœuvrer pour terminer Ukrisis sans susciter les attaques des extrémistes et du DeepState. De toutes les façons, cette intervention aura sans doute peu d’effet dans un paysage communicationnel gavé de propagande et de simulacres, où les attaques contre Trump sont désormais essentiellement de type criminel et à consommation intérieure, plutôt que de politique extérieure.
Par contre, Poutine n’a pas dit un mot de Robert Kennedy. On dira que c’est normal, vu le peu d’institutionnalisation du candidat haï par le DNC. Cela fait qu’on ignore ce que pense le gouvernement russe de RFK Jr., s’il a pris conscience de l’importance potentielle de cette candidature, s’il l’ignore par souci tactique (comme avec Trump) ou par simple désintérêt.
Il est possible que les Russes n’aient pas pris conscience de toute la potentialité disons “révolutionnaires” des présidentielles de 2024, et donc de la candidature de Kennedy. Il est possible que leur légalisme les freine un peu dans leurs jugements à cet égard, et par conséquent également dans l’appréciation de la puissance du DeepState par rapport à un président-élu, mais aussi de la vigueur de l’affrontement potentiel entre ces deux forces.
Dans ces conditions, nous ne sommes pas loin de penser que Kennedy tient les clés de cette élection, parce que les diverses haines, encouragements et indifférences feintes ou pas qu’il reçoit vont dans le sens du renforcement dans la discrétion de sa position, – dans le paradoxe que la haine extraordinaire du DNC contre lui peut le pousser à prendre une position extrême qui pourrait briser le parti démocrate. Kennedy a de loin le taux d’estime du public le plus élevé des candidats et autres figures politiques (rapport entre les capacités politiques, la perception de l’honnêteté, etc.) et il intervient alors que le fantôme de l’assassinat de Dallas est plus que jamais présent, – jusqu’à des témoins qui se rétractent.
Tout se passe comme s’il existait une opportunité, dans un temps où les “époques” se succèdent à un rythme fou : la fin de l’“époque Trump”, l’homme qui le plus contribué à précipiter le bouleversement, le début de la seconde “époque Kennedy”, à l’heure où les comptes se font...
Personne ne l’attendait, personne n’y croit vraiment. Bobby a beaucoup d’atouts pour réussir, et surtout la sensation qu’avec lui, ce sera du sérieux, – comme s’il y avait une vengeance de justice à accomplir, en souvenir de Dallas. Aujourd’hui, sourdement, tout le monde réalise que l’agonie de l’Amérique a commencé à Dallas en novembre 1963, et qu’il s’agit de trancher après ces décennies de pourriture.
Mis en ligne le 14 septembre 2023 à 15H10
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