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5324• Un projet de 2020 qui se développe avec un succès grandissant : faire passer 15 Comtés conservateurs de l’Oregon qui développe une politique hyper-wokeniste et progressiste dans l’État de l’Idaho, voisin et conservateur. • C’est une nouvelle forme de sécession qui est tentée aux États-Unis pour entériner géographiquement et juridiquement un antagonisme sans issue. • C’est cette forme de changement qui regroupe les tendances ennemies et irréconciliables ou c’est la “guerre civile hybride”, – ou bien : n’est-ce pas cela, la “guerre civile hybride” ?
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Depuis 2020, un mouvement s’est développé dans l’État de l’Oregon, aux USA, tendant à la sécession de comtés dans l’Est et le Nord-Est, pour être rattachés à l’Idaho, pour des raisons politiques et surtout sociétales. Les populations de ces comtés, faites notamment de bucherons n’ont vraiment rien à voir ni à faire avec le courant progressiste-sociétal qui domine dans l’Oregon, l’État le plus wokeniste des USA avec la Californie.
C’est autour du 20 février 2020 que l’on a commencé à parler d’une telle possibilité, qui avait pris le nom de ‘Project Greater Idaho’ :
« La nouvelle concernant l’Oregon et le Greater Idaho est publiée le 19 février 2020 dans USA Today.
» “Frustrés par les politiques libérales, certains habitants de l'Oregon ont demandé à quitter l'État, – en déplaçant la frontière avec l'Idaho vers l'ouest.
» “Le mouvement a obtenu l'approbation initiale de deux comtés et vise à obtenir suffisamment de signatures pour mettre la proposition aux voix en novembre, selon le groupe appelé Greater Idaho.”
» Si le groupe réussit, les électeurs du sud-est de l'Oregon pourraient avoir à répondre à la question de savoir si leur comté devrait faire partie de l'Idaho selon un redécoupage de la frontière de cet État.
» “Les comtés ruraux sont de plus en plus scandalisés par les lois émanant de l'assemblée législative de l'Oregon qui menacent nos moyens de subsistance, nos industries, notre portefeuille, nos droits aux armes à feu et nos valeurs”, a déclaré Mike McCarter, l’un des principaux pétitionnaires, dans un communiqué de presse. “Nous avons essayé de voter le retrait de ces législateurs, mais l’Oregon rural est en infériorité numérique et nos voix sont maintenant ignorées. C'est notre dernier recours”. »
C’est un signe de la vigueur et du succès du mouvement, qui touche 15 comtés désormais (à partir des eux comtés initiaux), toujours avec le même leader Mike McCarter qui est entré seul dans la bagarre en 2020 avec $70 000, qu’il ait acquis une telle visibilité que le ‘Daily Mail’ lui ait consacré un article détaillé (repris par ‘ZeroHedge.com’). Les 15 comtés qui soutiennent McCarter représentent 63% du territoire de l’Oregon, ce qui donne une mesure de l’importance du mouvement
« ... Mike McCarter a vu ses alliés présenter une loi en Oregon le mois dernier. Il a également un projet de loi prêt à être présenté en Idaho qui accélérerait les discussions pour que 15 comtés fassent immédiatement sécession. “Je pense que les gens aux États-Unis observent le mouvement de l'Oregon, en espérant qu'il établira une voie pour eux à l'avenir”, a-t-il déclaré au Mail.
» Le bureau de McCarter, orné de fusils à chargement par la bouche et de la tête d'un cerf musqué, “ne pourrait pas être plus éloigné de l'image de l'Oregon en tant que havre pour la politique woke, où une majorité a voté pour dépénaliser les drogues dures en 2020, où les vallées côtières fournissent le climat parfait pour le délicat raisin pinot noir et où le style de vie libéral a été déployé dans la comédie télévisée ‘Portlandia’. Il s'agit de Portland, avec ses campements de sans-abri devant les magasins de beignets artisanaux.
» En revanche, le centre et l'est de l'Oregon sont une terre de ranchs, de bûcherons et de travailleurs de scierie. Là où les températures diurnes sont descendues en dessous de zéro le week-end dernier après une tempête de neige ; là où les habitants disent avoir plus en commun avec l'Idaho voisin qu'avec Portland et ses cafés lattes à 6 dollars.
» “Notre mouvement est basé sur des valeurs”, dit McCarter, 75 ans, pépiniériste à la retraite qui organise des cours pour les personnes souhaitant obtenir un permis de port d'arme. “Vous savez, les valeurs traditionnelles de la foi, de la famille, de la liberté et de l'indépendance. Nous ne voulons pas que le gouvernement s'occupe de nous. En d'autres termes, si mon électricité tombe en rade, j'ai un générateur, j'ai de l'eau, tout... des réserves de nourriture.
» Alors que l'Amérique se divise entre villes et campagnes, villes démocrates et prairies républicaines, l'Oregon oriental est à l'avant-garde du remodelage des frontières des États. »
Même si les 15 comtés concernés sont pour la séparation (11 ont déjà formellement voté),il y a une très dure bataille à envisage pour obtenir gain de cause, ne serait-ce que parce que ces 15 comtés représentent 63% du territoire de l’Oregon. Quoiqu’il en soit, en décembre 2022 les législateurs de l'Oregon ont présenté une loi obligeant l'État à entamer des discussions avec l'Idaho.
D’autre part, une séparation aurait des avantages pour les progressistes de l’Ouest de l’État. Les économies d’argent permettant d’accélérer les programmes progressistes seraient considérables dans la mesure où tous les résidents ruraux (très nombreux dans les15 comtés) sont subventionnés à hauteur d'environ 500 dollars par personne et par an. Les démocrates progressistes disposeraient d’une super-majorité sans les querelles constantes avec les républicains conservateurs, qui leur laisserait complètement les mains libres pour poursuivre la fabrication d’un État complètement woke.
Michael Snyder écrivait en 2020, lorsque le projet fut lancé, précisant qu’il devrait emporter dans son sillage une partie non négligeable de la Californie du Nord
« ... Il ne sera pas facile d'y parvenir. Il faudra obtenir l'approbation des législatures des États de l'Oregon, de la Californie et de l'Idaho, ce qui représente un véritable défi. En plus de cela, le Congrès américain devra approuver le plan, et il faudra probablement un miracle pour y parvenir.
» Mais une chose que ce mouvement a en sa faveur est le fait qu'il a été soutenu par quelques grands noms de la législation de l'Oregon, y compris le principal républicain du Sénat de l'État... »
Cette citation d’un texte de 2020 permet notamment et néanmoins de faire renforcer le constat sur la durée de la solidité du projet, lorsqu’on voir où il en est arrivé aujourd’hui.
L’Oregon présente un cas absolument archétypique de la division de l’Amérique entre la partie urbaine, fortement progressiste, tenue par les démocrates, cette partie où le wokenisme est en pleine expansion, et la partie plutôt rurale, appuyée sur des valeurs de tradition, républicaines et surtout populistes. L’exemple de l’Oregon esquisse certes une sécession à l’intérieur d’un État, mais aussi et à l’inverse, une évolution vers des rassemblements d’États ou de parties d’États de même tendance. La partie détachée de l’Oregon et d’un peu de Californie ralliant avec l’Iowa les États ruraux du Nord (Montana, Wyoming, les deux Dakotas), l’Oregon originel s’amalgamant à la côte Ouest, également très démocrate avec la Californie.
D’une certaine façon, cette formule de morcellement des États répond à l’extrême difficulté de retrouver la réunion géographique d’États de mêmes tendances comme ils existaient du temps de la Guerre de Sécession, pour effectivement envisager un ou des séparatismes intérieurs si la crise endémique et gravissime actuelle se poursuit jusqu’à un paroxysme nécessitant des mesures séparatistes. Il s’agit d’une formule encore plus radicale que les déplacements de population et d’entreprises que l’on a déjà observés (notamment, de la Californie ou de New York vers la Floride et le Texas, au niveau des affaires).
Effectivement le projet ‘Greater Idaho’ est suivi avec grand intérêt dans la mesure où il offre une porte de sortie à la crise actuelle dont nul ne voit la fin et qui est même devenue endémique, presque comme un caractère d’une formule de ce qui serait devenu les États-(dés)Unis. Si le projet réussit, il ne fait aucun doute qu’il sera imité dans divers autres cas.
Aujourd’hui, les conditions sont plus favorables qu’en 2020. Il n’est peut-être plus nécessaire d’un “miracle” pour que le Congrès approuve un tel projet s’il est mené à terme, parce que le climat au Congrès n’a cessé de s’alourdir et de susciter un désordre en continuelle expansion. Il est d’autre part assez possible, sinon probable, qu’un tel projet, au lieu d’aller devant le Congrès tel qu’il est, suscite une réunion fondamentale du corps législatif étendue à divers échelons, en une assemblée de réforme de la Constitution permettant d’aborder les problèmes fondamentaux d’une Union qui aura bien du mal à subsister longtemps sous sa forme actuelle. Pour certains, une telle démarche est le seul moyen d’éviter une sorte de “guerre civile hybride” marquée essentiellement par le désordre et l’illégalité.
Il reste évidemment à voir comment envisager la cohabitation, non plus de populations et de leurs représentations divisées, mais d’États voisins fortement divisés. Il paraît assez difficile de ne pas rechercher des regroupements d’États de même tendance dans des fédérations indépendantes et disposant d’assez de puissance pour défendre leurs grandes orientations.
Ce développement est ici privilégié dans la mesure où toutes les voies doivent être explorées (“Je pense que les gens aux États-Unis observent le mouvement de l'Oregon, en espérant qu'il établira une voie pour eux à l'avenir”, dit McCarter). Il ne fait aucun doute que, dans les conditions actuelles, les USA ne peuvent durer dans leurs structures présentes, totalement vermoulues, paralysées et impuissantes. Il leur faut trouver une voie de sécession et de séparatisme pour éviter la “guerre civile hybride” qui se développe par le désordre ; ou bien, est-ce justement cela, la “guerre civile hybride en douceur ?
Mis en ligne le 6 février 2023 à 16H50