RapSit-USA2023 : suicide sans ordonnance

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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RapSit-USA2023 : suicide sans ordonnance

21 janvier 2026 (19H25) – Cette fois, je ne justifierais pas ce texte par un fait, un événement, une mésaventure, une grotesquerie précise, mais pas une sensation générale éprouvée au long de quelques incidents récents, quelques visionnages impressionnants, notamment sur la chaîne tweeterX/NTC de Tucker Carlson, etc., en même temps que le poids de l’emprise d’une époque étrange, folle, catastrophique... Essentiellement, cela concerne les USA, devant laquelle quelques imbéciles stipendiés continuent à béer d’admiration alors que cette puissance est devenue archétypique des folies dégénérescentes de cette époque. On retrouve sous diverses plumes la même remarque concernant les USA, pleine de sarcasmes et de mépris, – au point que je ne sais qui citer et quand, sinon, disons, Dimitri Orlov dont c’est évidemment le style le plus aisément reconnaissable et évoluant comme un poisson dans l’eau :

«  Les États-Unis sont un pays en état de décomposition et de sécession...

» Voyez-vous, les DSA [États-Désunis d’Amérique]  ne sont pas une démocratie et peu importe qui en est le président : l’ensemble est jeté dans les mêmes toilettes dorées, peu importe qui s’y assoit. »

Il me semble que l’un des multiples aspects de la crise général du système de l’américanisme, la “crise dans la crise” ou la “sous-crise” qui devrait s’exacerber d’ici novembre (présidentielles), est celle de la frontière Sud et de l’immigration illégale. Je pense que les dégâts causés par cette crise sont extraordinairement spectaculaires et touchent au cœur et à l’âme les citoyens américains (éventuellement dans des orientations différentes, le masochisme de système devrait être une orientation sur-sexuelle à part entière). Ces dégâts sont au-delà de toute description et on a de plus en plus l’impression d’une totale perte de contrôle avec, d’un côté ceux qui en ont conscience et qui s’alarment de plus en plus tragiquement, mettant en avant l’effondrement, la ‘cancellation’ du pays ; de l’autre côté ceux qui ne voient rien “de mauvais”, – ne veulent, ne peuvent voir, ne songent à rien voir et ne voient qu’une folie idéologique chez ceux qui s’y opposent, – et s’acclament eux-mêmes en découvrant chaque jour une célébration d’une ère sans précédent ni rivale.

On notera ce fait très important que je ne veux pas faire à cet égard une opposition droite-gauche, républicains-démocrates, voire antiTrump et proTrump. Mon sentiment est que l’on trouve une répartition de plus en plus contrastée des arguments et des perceptions, essentiellement dans le camp des alarmistes tragiques, l’autre camp se trouvant caparaçonné dans une sorte de version moderniste de l’‘American Dream’ contre laquelle rien de rationnel et de logique ne peut être tenté, au risque du bucher des sorcières sans hésiter.

Par exemple, un court extrait du programme de Carlson (son réseau tweeterX renvoyant à TCN (‘TuckerCarlson Newtwork’) donne une idée de l’ampleur de ces dégâts, de leur caractère profondément déconstructionniste, de leur ambition purement nihiliste sinon à les considérer comme une sorte de folie sans retenue consacrée à une sorte de Dieu promis à resurgir des enfers et du désordre. L’extrait commenté par Carlson s’attache notamment à la situation de Chicago, avec des images surréalistes, où les postes de police sont devenus des entassements d’immigrants, où la partie principale du grand hall de l’aéroport O’Hare, cachée derrière un immense rideau noir gardé par des agents de sécurité payés par des associations, est devenu un immense dortoir de migrants.

On citera, extrait du passage, deux personnalités de la ville de Chicago, ville ouverte (“sanctuarisée”) à l’immigration selon la doctrine des démocrates qui y détiennent le pouvoir depuis des décennies. Les deux personnalités sont toutes les deux africaines-américaines, démocrates, l’une occupant la fonction de maire et s’affichant comme socialiste, l’autre dirigeant une association formée par des citoyens de la ville dans le principal quartier noir.

En guise de hors d’œuvre et pour nous donner le sens de la rapidité des choses, de leur (r)évolution, on citera ce commentaire absolument lunaire et intergalactique du journal québécois ‘La Presse’, nourrie au bon lait du jeune Trudeau. Il s’agit d’un article du 6 avril 2023 pour l’élection de Johnson, repris du New York ‘Times’, mais chapeauté par cette forme de commentaire en effet, qui nous fait sortir de la galaxie où nous ramènera le commentaire de Johnson de début 2024 cité plus loin :

« La victoire à la mairie de Chicago mardi de Brandon Johnson, progressiste peu connu et ancien enseignant, sur un vétéran plus modéré du monde politique de la ville, a redonné confiance à l’aile la plus à gauche du Parti démocrate – et a peut-être montré la voie à suivre par le parti sur la question délicate de la criminalité. »

Retour à notre galaxie et en avant donc pour les deux commentaires extraits de la vidéo réalisée par Tucker Carlson et diffusé le 15 janvier 2024 :

Brandon Johnson : « Sans un investissement immédiat et massif du gouvernement fédéral, la ville de Chicago sera incapable de poursuivre sa mission. C’est le sort du pays dans son ensemble qui est maintenant en jeu. »

André Smith, association ‘Chicago contre la violence’: «  Je suis Andre Smith CEO, de l’association ‘Chicago against the Violence’. Je ne connais pas les chiffres nécessaires, mais je sais que les villes sanctuaires, les comtés et les États sanctuaires auraient dû avoir un plan [face à l’immigration illégale] alors que les évènements conduisent à une destruction massive. J’ai vu les pires des pires choses à Chicago,. Mais la vision de cette crise de l’immigration est la pire des choses que j’ai jamais vues. »

On trouve énormément de documentation sur ce sujet, qui devient absolument central au débat politique, y compris présidentiel. En passant, je signale donc le même Carlson interviewant Robert Kennedy qui a passé quelques jours sur la frontière, auprès du pseudo-mur, parlant avec des migrants. « Situation intenable », dit RFK jr.

Tout cela s’inscrit dans le cadre plus vaste de la révolution-Woke, même si la crise de la Frontière a une dimension politique politicienne intérieure incontestable (assurant au parti démocrate une majorité électorale considérable ad vitam aeternam, ce qui constitue une affirmation politique complètement farfelue, également du côté de la ‘Fantasy’  du ‘Democratic American Dream’). Dans ce contexte plus large, la révolution-Woke fait des dégâts extraordinaires qui, à côté de l’immigration illégale, accélèrent jusqu’à la folie la crise du système de l’américanisme. L’immigration illégale a d’ailleurs un rôle important à jouer dans les conséquences structurelles, industrielles, technologiques, en plus des aspects social et sociétal de ses conséquences.

Voici un exemple que vous pouvez multiplier par autant de cas, d’emplois spécialisés notamment industriels, y compris t surtout des industries avancées, comme autant de positions de professeurs, d’officiers, de médecins, etc., que vous voudrez. Il vient de Robert Bridge, commentant dans RT.com le récent accident d’un Boeing 737 MAX, qui a fait vertigineusement chuter les actions de Boeing (le 737 MAX a eu tant d’ennuis) et fait craindre à certains commentateur (‘Le Monde’, notamment) la possible chute finale de l’énorme société aérospatiale. Quand il cite le ministre (Transports) Buttigieg, Bridge nous parle d’un homme qui a acquis une grande célébrité politique en 2016, comme le premier candidat à l’investiture du parti démocrate à la présidence s’affichant comme ouvertement gay et proclamant la nécessité d’affirmer les droits des minorités, sexuelles notamment comme on l’aura compris.

« Pendant ce temps, la Federal Aviation Administration, supervisée par le département des transports de Buttigieg, qui vient de dévoiler son nouveau programme “Diversité et Inclusion” visant à embaucher des personnes souffrant de “déficience intellectuelle sévère” et de “handicap psychiatrique” quelques jours seulement après qu'une catastrophe aérienne ait failli se produire lorsqu'une porte a fait exploser un Boeing 737 Max, suscitant un examen plus minutieux de la ruée vers l’inclusivité.

» “Les handicaps ciblés sont les handicaps sur lesquels le gouvernement fédéral, dans le cadre de sa politique, a identifié une attention particulière dans le recrutement et l'embauche”, peut-on lire sur le site Web de la FAA. “Ils incluent l’audition, la vision, les extrémités manquantes, la paralysie partielle, la paralysie complète, l’épilepsie, une déficience intellectuelle grave, une déficience psychiatrique et le nanisme”.

» La FAA ne précise pas l’éventail de postes que ces recrutements issus de la diversité occuperont, laissant simplement entendre dans une réponse à Fox News que, comme tout autre employé, ils “doivent répondre à des qualifications rigoureuses qui, bien sûr, varieront selon le poste”. Pourtant, les critiques de cette décision craignent que l’accent mis sur les politiques DEI ne rende les vols moins sûrs. Il s’agit notamment d’Elon Musk, qui a tweeté “Voulez-vous voler dans un avion où ils ont donné la priorité à l’embauche de DEI plutôt qu’à votre sécurité ?”

» Cependant, l’incapacité des radicaux Woke à suivre les règles des capacités professionnelles n’a jamais été aussi flagrante que lorsque les annonceurs d’Anheuser-Busch ont choisi l’influenceur transgenre des médias sociaux Dylan Mulvaney pour chanter les louanges de [la bière] Bud Light, anéantissant ainsi une grande partie de son influence sur la classe ouvrière, [grande] consommatrice de bière. Mulvaney n’était clairement pas “l’homme” idéal pour ce poste. »

Bien entendu, on peut rapprocher, pour ce qui est des affrontements, des acteurs et des guerriers, la question de l’immigration de celles de la diversité et du wokenisme. Cela implique une sorte d’unité géographique, accélérée par des mouvements démographiques importants suivant les choix politiques des entités, et par des mouvements d’entreprises d’État à État (Musk faisant passer ses usines Tesla de la Californie au Texas). L’issue de cette crise, selon des termes poussés à l’extrême n’est plus alors la guerre civile et la chaos mais plutôt une alternative : la guerre civile et le chaos ou une sécession à trouver selon un type postmoderne. C’est-à-dire quelque chose d’au-delà de ce que prévoit ironiquement le toujours sarcastique Orlov :

« Je crois que les États Désunis d’Amérique vont se transformer en un amas désordonné d’États et de comtés chamailleurs, perturbés et démunis, de ghettos urbains en guerre et de tout un tas de terrains vagues, marqués au fer rouge et toxiques. À l’heure actuelle, ils sont à peine capable de survivre grâce à un sac d’air chaud connu sous le nom de dette fédérale, qui ne cesse de croître et de se réchauffer. La dette s’emballe, se transformant en papier à plus court terme et à taux d’intérêt plus élevé jusqu’à ce que… pouf ! Passé ce dernier “pouf”, le gouvernement fédéral cesse de fonctionner ; c’est fini. »

Des gens proches de Trump, certains de très mauvaise réputation comme l’hyper-controversé Steve Bannon, peuvent être supposés travailler sur des hypothèses extrêmes de type révolutionnaire, en regroupant dans un ensemble antagoniste les entités dites “sanctuarisées” (pour l’ouverture complète à l’immigration intégrale, mais où fleurit en général à la manière des Cent-Fleurs de Mao le wokenisme également intégral). Le moins qu’on puisse dire est qu’il s’agit d’une perspective absolument révolutionnaire, qui suppose effectivement la désintégration des USA tels qu’ils sont, – ce qui ferait fortement hésiter sur la validité du programme...

D’autre part, il est vrai que l’évolution de la situation aux USA, telle qu’on la voit progresser, et à quelle vitesse, est elle-même si extraordinaire qu’elle pourrait justifier de telles hypothèses. Ce qui se passe aux USA est une véritable révolution culturelle. Dira-t-on que c’est une sorte de maoïsme sans Mao ? Certains aspects y font penser, d’autres pas du tout. Mais le plus important est bien que la révolution culturelle de Mao avait un but et un chef. Il s’agissait clairement d’une lutte pour le pouvoir, Mao s’appuyant sur des classes non directement impliquées dans la mécanique du Parti (du Système dirait-on pour les USA ?) pour faire sauter la bureaucratie et la classe dirigeante en place qui avait restreint de plus en plus son propre pouvoir, – et ainsi, pour ce dernier, reprendre ce pouvoir à son compte, si nécessaire en liquidant grâce au soutien de l’armée une partie des révolutionnaires (les ‘Gardes Rouges’) qui avaient permis la liquidation  du pouvoir en place.

Pour les USA, nous avons un autre schéma. Pour nous, ce qui dirige, ou plutôt manipule l’actuel mouvement de “révolution culturelle”, c’est la très-fameuse politiqueSystème. Cette dynamique de surpuissance, jusqu’alors uniquement dirigée vers l’extérieur, s’est divisée, – ou multipliée c’est mieux dit, – depuis 2-3 ans, en produisant une branche à destination intérieure, ce qui est effectivement progresser dans le sens de la transmutation de sa surpuissance maximale, en une hyperpuissance pouvant enfin accomplir son but ultime d’autodestruction.