RapSit-USA2023 : “Triumph” de Trump

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RapSit-USA2023 : “Triumph” de Trump

John Nolte, de Breitbart.com, avait dit (le 3 mai) toute sa frustration que le président Trump ait accepté de participer en vedette à un talk show de CNN, au St. Anselm College de la ville de Goffstown, dans le New Hampshire, le 10 mai. (Le New Hampshire est un État-vedette, le premier à faire connaître ses résultats un soir des présidentielles, et en général conforme au résultat final.) Nolte pensait que Trump aurait mieux fait d’accepter une présentation des candidats républicains plutôt que de faire faire de l’audience à un réseau qui le hait et qui entend profiter des déboires de Fox.News (départ de Carlson) pour remonter la pente.

Eh bien, dit Nolte, “J’avais tort, mais qu’est-ce que j’avais tort !”... Au contraire juge un Nolte subjugué, Trump a été fantastique dans son entreprise de tirer la dernière torpille contre cette espèce de ‘Titanic’ basé à Pearl Harbor qu’est devenu le réseau CNN...

« Le président Trump est apparu sur la chaîne d'extrême gauche CNN pendant 70 minutes la nuit dernière et dans ce qui pourrait être le coup de grâce asséné à un organe de propagande, alors que celui-ci était portant en train de prendre dix points d’avance à l’audimat.

» Les gars j’avais tort, mais qu’est-ce que j’avais tort ! Mea culpa, Monsieur le Président. Mea Culpa.

» Et vous ne pouvez pas imaginer à quel point je suis heureux d'avoir eu tort. Même si Trump s'est toujours bien débrouillé sur CNN, j’avais supposé que ce serait tout de même une victoire pour CNN. Eh bien, ce n’est pas du tout le cas. Au lieu de cela, ce fut une catastrophe pour le ‘Network-Bidon’, et c'est pourquoi, juste après la réunion publique, on pouvait entendre les larmes de frustration dans la voix de Jake Tapper, l'homme qui s'occupe de bidouiller l’annonce des résultats des élections. »

» Hier soir, Trump a fourni les lettres t-r-u-m-p de “triumph”. Il s'est présenté avec un plan, l'a parfaitement exécuté, a montré que la “modératrice” Kaitlin, dite “Nurse Ratched” Collins est bien la petite cervelle qu’on soupçonnait, et a charmé tous ceux qui regardent et qui ne sont pas des abrutis sans humour à qui il manque la grâce de la “joie”... »

Et Nolte continue de la sorte. Il est vrai que quelques extraits de l’émission montrent un Trump dans un état remarquable, notamment opérant avec un calme inhabituel et l’autorité qui va avec. De ce point de vue de l’intervention médiatique, Trump a montré une réelle maturité et une maîtrise efficace de son propos... Ainsi nous dit Nolte, qui paraît ainsi complètement conquis alors qu’il était plutôt de la catégorie des trumpistes déçus :

« Il a semblé froid, calme, préparé et imperturbable. Alors qu'elle chahutait et mentait, il s’est montré à la hauteur. Alors qu'elle bafouillait comme une stagiaire qui aurait un micro défectueux, il a procédé comme s’il présentait le ‘Trump Show’. Alors qu'elle tapait du pied, il a conquis le public et offert une vision d'un avenir plein de promesses et de prospérité. Il a flotté sur des fils d’équilibriste comme Fred Astaire, tandis qu'elle se tenait là, ressemblant à la dernière feuille d'un rouleau d'essuie-tout bon marché. »

La conséquence de cette soirée à haut risque où tout le monde voyait Trump perdant, c’est l’issue surprenante du réseau CNN qui devient l’objet de toutes les critiques, particulièrement sinon exclusivement dans son camp, et qui dégringole par conséquent dans la hiérarchie de réseaux d’actualité autant que dans son audience.

Nolte analyse les conséquences de cette soirée pour CNN, en insistant sur le fait que le réseau dispose d’une base d’un contingent de 450 000 à 500 000 téléspectateurs à l’opinion extrêmement affirmée, largement à l’extrême-gauche et d’une catégorie qu’on pourrait qualifier de wokeniste. L’invitation de Trump était une opération risquée : à la fois attirer des téléspectateurs conservateurs déçus par les revirements de FoxNews (départ de Carlson) et satisfaire sa base en “allumant” férocement Trump. Rien de tout cela ne s’est passé, et c’est maintenant la base de CNN qui est en danger, et toute la gauche/l’extrême-gauche qui attaque le réseau.

« Ce fait est la véritable raison pour laquelle la nuit dernière a été une catastrophe pour CNN. En offrant à Trump une tribune et en lui permettant de se montrer aussi bon qu'il l'a fait, – et il n'a jamais été aussi bon, – CNN a aliéné et exaspéré sa base. Regardez autour de vous. Le ressentiment de la Gestapo Woke est partout, et la Gestapo Woke ne pardonne pas.

» La mignonne petite Hitler que nous appelons AOC [Alexandra Otavio-Cortez] a parlé au nom de presque tous les téléspectateurs résiduels de CNN lorsqu'elle a tweeté ce délicieux morceau de Bien-Pensance la nuit dernière :

» “CNN devrait avoir honte. Ils ont perdu le contrôle total de cette ‘assemblée publique’ pour être à nouveau manipulés et servir de plateforme à la désinformation électorale, à la défense du 6 janvier et à l'attaque publique d'une victime d'abus sexuel. Le public l'encourage et se moque de l'animatrie.”

» Dans l'esprit tordu et dément de la Gestapo Woke, Trump a lancé une “attaque publique contre une victime d'abus sexuel”. Le fait que CNN ait permis cela sera considéré comme impardonnable. Mais pour toute personne saine d'esprit, Trump s'est défendu en soulignant le caractère totalement ridicule de l'histoire de son accusatrice.

» Et la mignonne petite Hitler blâme uniquement CNN. Voici son tweet de suivi :

» “C'est la faute de CNN. Tout le monde ici a vu exactement ce qui allait se passer. Au lieu de cela, ils ont mis une victime d’abus sexuel en danger pour sa personne. Ils ont choisi de diffuser des mensonges sur l’élection et le 6 janvier sans rien faire lorsque leur modératrice était interrompue.”

» C'est la mort de CNN.

» Hier soir, CNN a commis le geste le plus stupide qu'une formation politique puisse faire : elle a trahi sa base. Fox News, bien sûr, a trahi sa base à plusieurs reprises. Mais il n'y a pas beaucoup d'alternatives à Cuck News. Il y a beaucoup d'alternatives à CNNLOL, et hier soir, CNN a commis le plus grand péché que l'on puisse commettre à gauche : elle a permis à Donald Trump de briller. »

Il n’est bien entendu pas nécessaire de prendre au mot le mot de John Nolte : « C'est la mort de CNN »). On peut tout de même observer que les remous au sein de la presseSystème (TV) sont excessivement importants depuis quelques jours, avec le départ de Tucker Carlson de FoxNews. C’est en effet ce départ qui a conduit CNN à inviter Trump, – pour récupérer des habitués de FoxNews du temps de Carlson, – contre toutes les habitudes, les démangeaisons et les consignes de la foule wokeniste ; donc, qui a conduit à hausser d’un cran le statut médiatique déjà haut du plafond de l’ancien président.

Trump en “inspirateur”

Ce n’est pas un événement sans suite autre que la banalité jusqu’à l’oubli, nous voulons dire un simple événement médiatique avec tout son éclat de l’instant et son absence de substance et de durée par conséquent. Cette “performance” de Trump renforce remarquablement sa position au moment où plusieurs événements l’ont fait sortir de la période d’effacement des élections de novembre dernier où nombre de “ses” candidats furent battus, et bien entendu jusqu’à cette absurde inculpation qui constitue un coup de maître de ses adversaires pour le remettre en selle... Et voilà qu’à nouveau “ses adversaires” (CNN après un procureur élu sur les fonds-Soros) lui donnent un coup de main supplémentaire, cette fois pour l’installer dans une position assez paradoxale de débateur calme, sûr de lui, maître de ses émotions et de ses “trucs” trop faciles, sans lui faire rien perdre de la vigueur et de la radicalité de sa critique. ; quelqu’un qui balaiera Biden d’un simple éternuement...

Ainsi peut-on constater que la violence (la haine) antiTrump, qui non seulement n’a jamais cessé mais n’a fait que s’amplifier, a pour effet de renforcer une maturation du comportement de Trump, quelque chose comme une expérience politique qui s’installerait sans rien ternir de son élan qui le fit triompher en 2016. Cette fois, en 2024, ce sera un candidat aussi différent de celui de 2016 (la surprise venue de nulle part) que de celui de 2020 (le handicap obligeant à la défensive de l’opposition de la bureaucratie fédérale et des effets de la crise du Covid). En fait le Trump-2024 s’affiche de plus en plus comme l’un des représentants d’une évolution politique que le nouveau-venu Robert Kennedy Junior souligne de son côté, de façon beaucoup plus explicite, – c’est-à-dire l’arrivée à maturité d’un courant populiste aux USA, avec une composante de droite et une composante de gauche.

Note de PhG-Bis : « C’est une remarque intéressante faite (et indiqué d’ailleurs) sur la vidéo de ‘Unherd’ avec l’interview de RFK-Jr. (414 000 visions en 9 jours, depuis le 2 mai). La partie “la plus re-visionnée”, selon les indications inscrites sur le fil de la vidéo est celle de la 14ème à la 18ème minutes, portant sur les relations entre les populismes de gauche et de droite, ou encore “Kennedy pourrait-il un jour envisager une sorte d’accord avec un Tucker Carlson ?”. La question résume un passage où RFK-Jr estime effectivement qu’il existe une poussée populiste à droite et à gauche, qui tend à brouiller cette différenciation, tout en éludant, – tactiquement, dirais-je, – une réponse directe à la question précise d’un travail en commun. »

Ainsi, et progressant dans notre réflexion, nous parvenons au constat paradoxal qu’une amélioration spectaculaire de la parole publique de Trump, tout en aboutissant bien entendu au renforcement de sa position, conduit à citer d’autres noms du populisme gauche-droite aux USA, et donc au constat du renforcement de ce courant d’une façon générale. Le paradoxe serait bien qu’une personnalité aussi exclusive et narcissique que Donald Trump participât, sans nécessairement le savoir bien entendu, – surtout pas ! – à la poussée d’un mouvement collectif dont il ne serait pas le seul inspirateur-involontaire.

Cela signifie, selon notre perception, qu’il faut effectivement envisager pour les USA, peut-être bien en 2024 puisque tout y pousse, la possibilité d’un mouvement collectif (et populaire) important, en réaction à la crise générale (la GrandeCrise), bien plus que le renforcement d’une personnalité. Les USA sont certainement le pays le mieux à même d’exprimer un courant populiste dans la mesure où cette tendance n’est nullement diabolisée malgré les efforts constants de tout l’appareil du système de la communication.

 

Mis en ligne le 12 mai 2023 à 20H00