Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
524911 février 202 (17H20) – Il y a encore un peu plus d’un an, nul ne doutait de la candidature de Trump pour 2024, ni de sa popularité au sein du parti républicain. Peu à peu dans les mois depuis cette certitude, cette image simple et forte s’est brouillée (l’“usure des certitudes” est à notre époque un redoutable danger, au rythme où vont les simulacres). Le résultat des élections midterm, où nombre de candidats qu’il soutenait ont été battus, lui a porté un rude coup.
Pas si vite ! Il s’avère qu’il n’a pas dit son dernier mot, selon une ligne tactique nouvelle qui a commencé à apparaître le 15 novembre, lors de l’annonce de sa candidature. A chaque sortie, il le répète : il est le seul président à ne pas avoir provoqué de guerre depuis au moins la fin de la Guerre Froide. Et l’on sait bien qu’il s’agit d’un argument qui est très bien accueilli par les républicains. Un article du Ron Paul Institute for Peace’ présente et commente un article paru lundi dans ‘Politico’, qui fait de Trump “le candidat de la paix” parmi les républicains qui pensent aux présidentielles
« Les personnes proches des opérations de la campagne de Trump disent qu'il prévoit d'essayer de se dépeindre comme une colombe anti-guerre parmi les faucons. Ils pensent que cela trouvera un écho auprès des électeurs du GOP qui sont divisés sur le soutien à apporter à l'Ukraine dans sa guerre avec la Russie, mais qui se méfient de plus en plus de ce soutien. »
L’article du Ron Paul Institute for Peace, où l’on cultive une position contrastée et changeante vis-à-vis de Trump (selon les évolutions du redoutable animal), reconnaît qu’effectivement Trump a commencé à développer une sorte de “pré-campagne” fortement marquée par sa position anti-guerre vis-à-vis de la crise ‘Ukrisis’ et du conflit ukrainien.
« Une telle stratégie serait conforme à la manière dont Trump a présenté sa campagne depuis le début, – dans son discours d'annonce de candidature du 15 novembre. Dans ce discours, Trump faisait référence au fait qu'il n'avait pas déclenché de nouvelle guerre pendant son mandat présidentiel en déclarant que, “contrairement à Biden qui pourrait nous entraîner dans une troisième guerre mondiale, ce qui peut sérieusement se produire, je maintiendrai l'Amérique en dehors des guerres étrangères stupides et inutiles, comme je l'ai fait pendant quatre années consécutives”. »
Le fait est qu’un candidature antiguerre est électoralement un bon coup à tenter, – outre les arguments objectifs et moraux qu’on peut avancer. Les candidats potentiels déjà plus ou moins déclarés du côté républicain (Nikki Haley, Mike Pence, Mike Pompeo) sont tous des super-faucons. Quant à l’adversaire le plus sérieux, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, jusqu’ici essentiellement connu (et très populaire) pour ses engagements intérieurs, l’équipe Trump a commencé à dresser un réquisitoire.
« “Trump est le président de la paix et il est le premier président depuis deux générations à ne pas avoir commencé une guerre, alors que si vous regardez le bilan de DeSantis au Congrès, il a voté pour plus d’engagement et plus d’interventionnisme militaire à l'étranger”, a déclaré une personne proche de la campagne Trump, qui a parlé sous couvert d'anonymat pour décrire des discussions internes. »
DeSantis a été député de Floride à la Chambre des Représentants des États-Unis de janvier 2013 à septembre 2018 (démission à la fin de sa campagne pour l’élection [gagnée] de gouverneur de Floride). Nommé à la commission des affaires étrangères de la Chambre dès son arrivée à la Chambre et ensuite président de la sous-commission de la sécurité nationale à la commission de surveillance et de réforme du gouvernement, il a évidemment « de nombreux antécédents en matière de guerre et de paix » que l’équipe Trump décortique pour trouver des arguments contre lui, au nom de la paix dans le monde.
Un peu comme le Ron Paul Institute, j’ai moi aussi “une position contrastée et changeante vis-à-vis de Trump”. Je l’ai vu en « idiot utile », en « faux-fou qui les rend fous », en « désordre-bouffe », en « Eltsine américain », en « logocrate » (sans oublier, – voir plus loin, – le « cocktail-Molotov humain »). Je ne le crois pas plus populiste que socialiste, libéral ou conservateur ; il est hâbleur, bateleur, démagogue, exceptionnel dans l’utilisation de l’image médiatique, avec comme seule ligne de conduite l’intérêt (dans ce cas présidentiel, l’intérêt des États-Unis, ce qui fait de lui un ‘American Firster’ assez naturel). Il est à des années-lumière des neocons et n’aime pas les globalistes, ainsi que de la plupart des théoriciens. Sa plus grande faiblesse est d’être un marginal de Washington, détesté par le DeepState, son plus grand défaut est de céder aux apparences de la flatterie et de faire des choix absolument catastrophiques pour les postes politiques de gouvernement.
Alors, pourquoi lui, pourquoi parler de lui ? D’un autre côté, sa plus grande qualité est de paraître populiste alors qu’il ne l’est pas, et de souvent sentir les grands courants populaires, ce qui fait la substance même du populisme. Dans le cas qui nous occupe, il est bien possible qu’il ait senti qu’un grand courant antiguerre, allant de pair avec un courant isolationniste, est en train de se lever au sein du parti républicain. Ce n’est pas pour rien que les Matt Geitz, Marjorie Taylor Greene et autres, – ceux de la “terrible twenty”, – sont en même temps parmi les plus jeunes et parmi les vedettes de la nouvelle Chambre, et caractérisés par une opposition de plus en plus affirmée au soutien de l’Ukraine par les USA.
D’autre part, je suis prêt à mettre quelques euros dans un pari concernant une évolution du gouverneur DeSantis, qui va commencer à nous parler d’Ukraine et des charmes du rétablissement de la paix. Ce qui signifie, si mon hypothèse est bonne, si la guerre continue à durer, si les dirigeants de “l’Ouest collectif” continuent à montrer la même extrêmement-collective sottise, – beaucoup de “si” sans grand risque, – que la campagne des présidentielles de 2024 aux USA pourrait trouver comme point central de débat la guerre en Ukraine.
Je ne le cache pas, – peu m’importe que Trump soit réélu, que DeSantis se transforme en colombe, que Joe Biden installe la Maison Blanche au Psychiatric Institute of Washington et refuse d’en sortir. Par contre, il importe énormément que tous ces gens s’empoignent à propos de l’Ukraine, qu’enfin il y ait un débat public sur cette affaire qui n’a jusqu’ici provoqué qu’une succession de réflexes de Pavlov robotisés dans le cadre d’un débat limité à l’encolure des tee-shirts “de guerre” de couleur kaki de Zelenski, qu’on nous passe et qu’on repasse dans les zones cloutées d’un conformisme de plus en plus serré...
De ce point de vue, il y a une certitude : si Trump sent que cette approche peut lui ouvrir des perspectives, alors il s’y précipitera avec ce qu’il a de meilleur, – cette capacité, définie en 2016 par Michael Moore, de se transformer en « cocktail-Molotov humain ».
« Au cours de son interview, Moore a déclaré que les Américains considéraient Trump comme un cocktail-Molotov humain”. “À travers le Midwest, à travers la Rustbelt, je comprends pourquoi beaucoup de gens sont en colère”, a-t-il déclaré. “Et ils voient Donald Trump comme leur cocktail-Molotov humain qu’ils pourront aller sur notre jeter dans notre système politique, dans l'isoloir le 8 novembre”. “Je pense qu'ils aiment l'idée de faire exploser le système”. »
... Tant il est une évidence qui doit conduire nos réflexions : seuls les États-Unis, dans leur état de désordre et de multiples mésententes, au milieu des ambitions que leurs hommes-sandwich politiques conduisent au gré des soutiens par $millions et des opportunités démagogiques, sont capables de susciter un affrontement qui éclairerait brusquement le simulacre où nous nous trouvons. Éclairage imprévu et inattendu, et sans vertu je le concède, mais l’éclairage d’une vérité-de-situation, sans l’avoir voulu eux !
Nos pauvres débris de civilisation sont incapables d’un tel effort, enfermés comme avec les effluves d’un délice presque paradisiaque dans des narrative qui nous donnent à crédit et hors endettement le plus beau rôle du monde, – celui du jardinier répandant l’engrais de la marque Borrell dans les superbes allées du “jardin à l’européenne” protégé par des palissades en moraline authentiquement humanistes des cris barbares et sauvages venant de la jungle du reste du monde, – cette jungle qui l’envie, qui la guigne et qui l’assiège, nous qui faisons de notre hyper-civilisation la jalousie du monde entier.
... Imaginez, par ailleurs et outre le dévoilement du simulacre-Zelenski, les tête successives et tordues d’angoisse des Borrell, Ursula, Charles Michel, et du petit Micron, si on leur annonçait la possibilité du retour de l’Affreux, du Monstre, de l’Im-Monde, de l’Épouvantable, – la possibilité d’un ‘Trump, le retour’, sur grand écran transatlantique !