RapSit-USA2024 : La chasse aux “conneries-Woke

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RapSit-USA2024 : La chasse aux “conneries-Woke

• Au travers d’une interview du ministre de la défense-désigné Pete Hegseth faite avant sa nomination par Trump, on peut avoir une idée précise de la façon dont il envisage son travail. • Priorité des priorités : la chasse à tout ce qui relève des “conneries-Woke comme il dit, y compris la chasse aux généraux. • Ce n’est pas une tâche accessoire : l’administration Biden, qui a favorisé au maximum l’infection-Woke, a totalement transformé la psychologie et le comportement des forces armées, et très fortement diminué leurs qualités combattantes.

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Pete Hegseth, le présentateur de Fox New dans l’émission du dimanche ‘Fox &Friends’, est le choix de Trump-II Pour diriger le Pentagone. Hegseth n’a guère d’expérience de la gestion bureaucratique, – et Dieu sait s’il en faut pour le Monstre dit-‘Moby Dick’. De même, il n’a pas d’expérience stratégique et de politique extérieure. Comme disait Larry Johnson : “A quoi Trump joue-t-il ?”.

Justement, on rappelle ce que Johnson disait du choix de Hegseth :

« Waouh ! Hegseth, en dehors d’avoir servi dans l’armée, n’a aucune expérience de la gestion d’une bureaucratie gargantuesque comme le ministère de la Défense. A quoi diable Trump joue-t-il ? 

» Finalement, je pense que c’est simple : il installe à des postes clés des loyalistes qui ne sont pas compromis ou redevables au complexe militaro-industriel ou aux lobbyistes de la défense à Washington. [...]

» Hegseth n’est pas non plus une créature de l’un des nombreux ‘think tanks’ de Washington, financés en grande partie par le complexe militaro-industriel et le lobby sioniste. Trump n’a pas choisi Hegseth parce que l’ancien officier de l’armée a un grand plan pour réformer le complexe de défense américain, gonflé et corrompu. Il l’a choisi parce qu’on attend de Hegseth qu’il suive les ordres et fasse ce que Trump veut. Quelqu’un veut-il parier qu’Elon Musk et Vivek Ramaswamy, qui ont été annoncés pour superviser le Département de l’efficacité gouvernementale, vont s’en prendre durement au DOD ? »

Néanmoins... Hegseth, qui se désigne lui-même comme « un neocon en convalescence » (il le fut comme on est malade et maintenant il mesure les désastres causés), a quelques idées drôlement précises sur le Pentagone. Son terrain d’exception, c’est la “chasse aux Woke ”, – impitoyable. Son jugement est résumé par une expression anglo-américaine qu’on peut traduire en français par une sorte de : “Le Pentagone a perdu les pédales”.

Il en a parlé le 8 novembre dans le ‘Shawn Ryan Show’ où il faisait la promo de son livre ‘The War on Warriors: Behind the Betrayal of the Men Who Keep Us Free’... Nous sommes d’avis qu’il n’a  pas dit tout cela par hasard, car il parlait très-probablement avec la possibilité de la nomination à l’esprit. De toutes les façons, la tâche d’essayer de sortir l’armée du piège des “conneries-Woke” comme il dit  (à moins que vous ne préfériez  “shit woke”, qui est l’expression qu’il emploie, et que nous trouvons bien plus swing), est extrêmement importantes pour l’équilibre psychologique des armées et, par conséquent, pour leur compétence et leur efficacité.

Virez tout le monde

Le site ‘Breaking Defense’ a repris le 13 novembre divers extraits des déclarations de Hegseth, reflétant très largement le contenu de son livre. Tout vraiment tout tourne autour des “conneries-Woke” qui se trouvent dans les armées : initiatives de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI), et aussi la CRT (“Critical Race Theory”). Hegseth juge que ces gâteries intellectuelles n’ont rien à voir dans la constitution, l’entraînement et l’utilisation des forces armées en combat.

Solution ? Virez tout le monde, supprimez tout ce qui a trait aux “conneries-Woke”. Ce qui signifierait la départ en priorité de général (africain-américain) de l’USAF CQ Brown, président du comité des chefs d’état-major.

« Tout d’abord, vous devez licencier le président [du Comité des chefs d’état-major interarmées] et… évidemment, vous allez nommer un nouveau secrétaire à la Défense. Mais tout général impliqué – général, amiral, peu importe –… dans toute la merde Woke-DEI doit partir. Soit vous êtes dans la guerre, et c’est tout, c’est le seul test décisif qui nous importe.

» Il faut se débarrasser de la DEI et de la CRT  des académies militaires. Vous ne formez pas les jeunes officiers dans ce type de pensée. »

Breaking Defense’ (Ashley Roque) ajoute :

« Le Wall Street Journal a notamment rapporté plus tôt cette semaine que l’administration Trump envisageait de créer un conseil qui licencierait un certain nombre d’officiers généraux trois et quatre étoiles considérés comme trop investis dans les questions de DEI, tandis que Politico et le Washington Post ont évoqué la possibilité que Brown soit démis de ses fonctions de plus haut gradé en uniforme des États-Unis. »

Les femmes au combat ? C’est compliqué

Lorsqu’on lui a demandé s’il aimait les femmes au combat, Hegseth a nettement répondu par la négative.  Cependant, sa position s’est nuancée au fil de l’entretien. Les femmes pilotes ont son soutien inconditionnel, sinon enthousiaste. Mais les femmes placées devant des missions et des tâches physiquement plus difficiles ne l’ont pas.

« J’aime les femmes militaires qui apportent une bonne contribution, elles le font souvent d’une manière incroyable. Mais dans les domaines où elles sont moins à l’aise, c’est beaucoup plus difficile.  Tout ce qui concerne les hommes et les femmes qui servent ensemble rend la situation plus compliquée, et la complication au combat signifie que les pertes sont plus importantes.

» SEALS, Rangers, bérets verts, MARSOC [Marine Forces Special Operations], vous voyez, enfin les unités d’infanterie, de blindés, d’artillerie… Je parle de quelque chose [où] la force est un facteur de référence et de différenciation essentiel, et là cela ne leur convient pas du tout.  Mais pilotes, par exemple ! Donnez-moi une femme pilote 24 heures par jour et 7 jours par semaine. Je n’ai aucun problème avec ça. »

Les femmes ne servent dans toutes les fonctions militaires que depuis le début de l’année 2016. Elles doivent néanmoins satisfaire aux mêmes exigences physiques que leurs homologues. C’est là la base de la complexité que craint et rejette Hegseth. D’une façon générale, il exprime clairement l’idée que  l’armée s’est trop éloignée de sa base de recrutement traditionnelle.

« Il n’y a pas assez de lesbiennes à San Francisco pour satisfaire les besoins en effectifs de la 82e division aéroportée. En essayant de résoudre ce problème, ils ont perdu les gars du Tennessee, du Kentucky et de l’Oklahoma, les gars traditionnels qui le faisaient parce qu’ils le voulaient, parce qu’ils aimaient leur pays, ou parce qu’ils voulaient l’aventure, ou parce qu’ils voulaient essayer des choses difficiles, ou parce qu’ils avaient besoin de sortir de leur communauté. Peu importe ce qu’ils voulaient, mais si je veux me jeter dans les conneries woke, il y a le collège communautaire ou  l’université locale pour ça, pas l’armée. »

Revenir aux noms confédérés

En 2023, le Pentagone a renommé neuf bases qui avaient honoré des généraux confédérés. Pendant la campagne électorale, Trump a promis de changer tous les noms, et Hegseth est tout à fait  d’accord, qualifiant cette décision d’erreur de l’ancien chef d’état-major interarmées, le général Mark Milley.

« Soudain, après George Floyd… après avoir démantelé la police, il est devenu à la mode d’insinuer que les rangs militaires étaient infectés de racistes, que ce sont tous ces nationalistes blancs sous le radar, les tatouages qui n’attendent que d’apparaître, et en fin de compte, du côté du recrutement, ce que vous avez fait, c’est que vous avez allumé une bombe à retardement comme le boycott de Bud Light. »

Breaking Defense’ signale pourtant que rétablir les noms de généraux confédérés pour les bases affectées pourrait être difficile car le Congrès pourrait intervenir. C’est dans tous les cas certainement un sujet qui sera abordé lors des auditions sénatoriales de confirmation du nouveau secrétaire à la défense.

L’utilisation des forces armées

C’est à ce propos que Hegseth se déclare (depuis six ans) un « néocon en convalescence », sorti de la maladie du neocon. Désormais il peut observer et juger d’un point de vue libéré combien les interventions militaires américaines dans le monde entier constitue « une folie ». Dans presque tous les cas, ils ont « créé quelque chose de pire ».

Rétrospectivement cette liste comprend deux endroits où il a servi : l’Irak et l’Afghanistan. Et bien qu’il n’ait pas indiqué la manière dont il entendrait remodeler les opérations militaires dans le monde, il ne conseillera certainement pas de lancer des opérations de contre-insurrection.

« L’orgueil du Pentagone est qu’il veut maintenant dire aux autres pays comment mener une contre-insurrection en se basant sur ce que nous avons fait en Irak et en Afghanistan. Vous voulez rire ! Ils n’ont vraiment rien appris.

Selon ce point de vue, il apparaît qu’il s’opposerais autant que faire se peut à l’envoi de troupes américaines en Ukraine.

« La confiance dans le fait que nos dirigeants politiques ou nos généraux auraient à cœur nos meilleurs intérêts est totalement brisée. Totalement brisée. Je le reconnais complètement, et la dernière chose que je veux, c’est que mon fils soit déployé dans le Donbass pour défendre l’est de l’Ukraine. »

L’Ukraine et Poutine

Lorsqu’il a évoqué la guerre en Ukraine – que Hegseth a décrite très-très joliment comme « la merde de notre  propre guerre que Poutine nous renvoie » – il a exprimé son scepticisme sur l’idée selon laquelle il est nécessaire de soutenir Kiev pour empêcher la Russie de pénétrer sur le territoire de l’OTAN.

« J’ai des amis qui seraient probablement d’accord avec nous sur la plupart des choses. Mais ils disent : “Eh bien, si vous ne les arrêtez pas en Ukraine, alors il ira jusqu’en Pologne”. Je ne pense pas qu’il le ferait, – je veux dire, peut-être que dans un monde parfait où il aurait des capacités illimitées et où il pourrait se couronner roi de l’Europe, il lancerait un invasion, mais là... Je pense que Poutine en sait probablement assez pour savoir que cela n’ira probablement pas beaucoup plus loin en Ukraine. Et je ne pense pas qu’il soit un maniaque suicidaire déterminé à provoquer un Armageddon par la guerre nucléaire.

» Donc si l’Ukraine pouvait… se défendre contre cette formidable menace c’est très bien, mais je ne veux pas que l’intervention américaine s’enfonce profondément en Europe et donne à Poutine le sentiment qu’il est tellement sur ses gardes qu’il doive aller jusqu’à l’extrême car, au début, il parlait d’armes nucléaires. »

Mis en ligne le 15 novembre 2024 à 17H30