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2010• Constantin von Hoffmeister, commentateur et philosophe, homme de la tradition et résolument antimoderne, présente le candidat Donald Trump comme « ...un personnage clé dans une lutte mystérieuse contre des forces de décadence profondément ancrées ». • C’est-à-dire qu’il offre une analyse absolument spirituelle d’un « personnage mystique » engagé dans une bataille métaphysique alors que notre civilisation s’effondre à une vitesse remarquablement élevée. • Certains seront surpris de découvrir Donald Trump dans un tel équipage.
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Nous citons d’une façon assez régulière Constantin von Hoffmeister (par exemple, voir décembre 2023, le 4 septembre 2024, le 7 septembre 2024). C’est un penseur absolument acquis au courant de la tradition primordiale, donc résolument antimoderne. Sa technique d’interprétation est complètement spirituelle et métaphysique. Il est de ceux qui voient notre civilisation en plein effondrement, au terme d’un cycle complet selon la conception cyclique de l’histoire, ou métahistoire, de cette école de pensée par ailleurs très diversifiée et qui s’exprime aujourd’hui de plus en plus ouvertement comme si elle sentait que son heure est venue.
De même que le fait cette école, qui s’est ainsi adaptée au courant phénoménologique de la spiritualité s’exprimant directement dans l’actualité, von Hoffmeister déchiffre volontiers l’actualité la plus brûlante. Ici, c’est un texte de lui publié dans RT.com, – le premier dans ce genre d’une analyse de Trump, bénéficiant d’une diffusion importante, – à partir de son livre publié début septembre, ‘Esoteric Trumpism’. On comprendra qu’il nous intéresse particulièrement, nous-même qui nous efforçons à tous propos d’avoir une interprétation métahistorique d’une époque catastrophique, et donc en pleine métahistoire.
Malgré les caractères du personnage (Trump), nous avons effectivement toujours tenté de nous intéresser à lui en tant qu’“objet” de la métahistoire qui “est agi” par la métahistoire, c’est-à-dire effectivement d’un point de vue spirituel et métaphysique. Même si cela est dit en termes lestes qui conviennent à l’homme, le fond est bien de ce point de vue :
« Depuis un certain nombre de mois, nous explorons épisodiquement le phénomène-Trump, défini comme une sorte de sapiens-téléréalité. Dans tous les cas, de plus en plus tout au long des présidentielles USA-2016, la question du caractère et des capacités de la personne-Trump nous est apparue comme secondaire au regard et au profit de la question du rôle presque inconscient, nullement conceptualisé dans tous les cas, de causeur de désordre au sein du Système qu’a joyeusement assuré le candidat-Trump, puis le président-Trump dans la foulée...
» La meilleure définition que nous avons retenue de lui était sa fonction d’objet perturbateur et explosif, plus précisément de “cocktail-Molotov humain”, selon la définition de Michael Moore. »
Nous déroulions avec ce genre de remarques une vision terrestre, politique voire polémique, du phénomène (sans en ignorer le sens métahistorique). Von Hoffmeister ne l’entend pas de cette oreille, – ce qui s’explique par ailleurs par le laps de temps (7-8 ans) accélérant la catastrophe qui s’est déroulé entre notre méthode de traitement et la sienne. Il fait de Trump, comme l’exprime son titre, « une figure mystique » qui a été glissée (plutôt que “s’est glissée”) dans l’histoire pour en prendre ses proportions, lesquelles deviennent métahistoriques par le fait, confirmant les caractères étonnants de l’actuelle période.
Toute son approche méthodologique est résumée par son premier paragraphe, où Trump est présenté comme « un rempart du traditionalisme et un champion de “l’Amérique d’abord” » pour le camp qui lui est favorable, et comme « un agent du chaos perturbateur et trompeur » pour le camp adverse. Il est au reste ceci et cela selon les points de vue, et le constat suffit alors de le décrire, en prenant un point de vue plus élevé, comme
« ...un personnage clé dans une lutte mystérieuse contre des forces de décadence profondément ancrées ».
Mais, quoi qu’il en soit des batailles terrestres d’opinion et de la hauteur d’où on le considère, Trump reste bien “un objet”, et il “est agi” ; ainsi est-il un facteur constitutif d’un constat qui le précède, et non pas un facteur de création de ce constat :
« Cette interprétation postule que l’ascension et l’influence continue de Trump reflètent des catalyseurs métaphysiques plus profonds à l’œuvre dans le crépuscule de la civilisation occidentale, comme l’avait prédit l’historiographe Oswald Spengler dans les années 1920 et 1930. »
Von Hoffmeister en fait donc un “César” attaché à la défense des valeurs de sa civilisation contre les courants nihilistes de déconstructuration et de désintégration, – à l’image des derniers Césars de l’empire de Rome qui tentèrent d’arrêter le processus de pourrissement et d’effondrement.
Nous comprenons évidemment la logique métahistorique de von Hoffmeister, et ainsi combien peu intéressant est le fait de connaître les péripéties qui l’attendent tant il est inséré dans un courant qui le dépasse évidemment. A ce point se situe un argument difficile pour von Hoffmeister :
d’une part, arguer en faveur de Trump, c’est défendre l’acte de la défense de la civilisation en cours d’effondrement et menacée par les forces de décomposition ;
mais d’autre part, cet “effondrement” et ces “forces de décomposition” sont le produit de cette civilisation, et défendre cette civilisation n’implique-t-il pas que l’on favorise un nouveau cycle d’effondrement et de décomposition ? (Cette question se pose avec particulièrement d’acuité lorsqu’il s’agit de l’Amérique, mère de toutes les outrances et inversions de la modernité.)
Cette délicate situation où l’on peut être conduit à hésiter entre la défense de la civilisation et la participation active à sa décomposition pour que survienne une “ère nouvelle”, un nouveau cycle, selon des fondements complètement renouvelés, se reflète dans diverses remarques :
« Ces actions reflètent l’image spenglérienne d’une civilisation s’efforçant de maintenir sa vitalité, même si elle se rapproche de sa chute inéluctable. »
« Comme les Césars de Rome, l’ascension de Trump est présentée comme l’émergence d’une nouvelle forme de leadership adaptée aux défis d’un monde en décomposition. »
Il n’est peut-être pas très utile de poser comme dilemme politique essentiel et demandant à être résolu cet espèce de “choix cornélien” dans la dimension cosmique. Il est de toutes les façons acquis que, si l’on accepte cette interprétation métahistorique, on signifie effectivement que l’on n’est pas maître de la marche de l’histoire, et par conséquent qu’il n’est pas question de “choix” pour nous. Il suffit de suivre ce que le jugement de l’esprit et le caractère de l’élan vital qui vous habite vous invitent à faire pour maintenir votre dignité et votre honneur, – si l’homme accepte de n’être qu’un homme, – ce qui le grandira suffisamment pour qu’il se sente honoré d’avoir vécu ce qu’il a connu ; s’il accepte, l’homme, de faire ce que Talleyrand prônait pour la France post-napoléonienne, débarrassée de ses conquêtes :
« En cessant d’être gigantesque, la France redevenait grande. »
Cela implique que nous ne jugeons pas du tout inutile que Constantin von Hoffmeister ait écrit ce qu’il a écrit. L’aventure continue et l’on s’arrête là, bien incapable de vous annoncer qui l’emportera le 5 novembre et ce que l’événement provoquera aux États-Unis et dans le monde ; – pourtant, ceci tout de même : jamais le destin brisé de l’Amérique qui croit avoir influencé, bouleversé et dirigé le monde pendant tant de temps, n’a autant compté pour notre destin commun.
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Pour ses partisans, Donald Trump est un rempart du traditionalisme et un champion de « l’Amérique d’abord ». Pour ses détracteurs, il est un agent du chaos perturbateur et trompeur. Mais une approche plus philosophique le présente comme un personnage clé dans une lutte mystérieuse contre des forces de décadence profondément ancrées.
Le trumpisme ésotérique est une interprétation profonde, presque mystique, du parcours politique de Donald Trump, qui le situe non seulement dans le cadre de la politique contemporaine, mais aussi comme une figure d’importance cosmique et historique mondiale. Cette interprétation postule que l’ascension et l’influence continue de Trump reflètent des catalyseurs métaphysiques plus profonds à l’œuvre dans le crépuscule de la civilisation occidentale, comme l’avait prédit l’historiographe Oswald Spengler dans les années 1920 et 1930.
Selon la théorie cyclique de l’histoire de Spengler, chaque grande culture passe par des étapes de croissance, d’épanouissement et de déclin, pour finalement se transformer en civilisation. Selon Spengler, une civilisation est le stade final et ossifié d’une culture – marqué par le matérialisme, un appareil gouvernemental dystopique et la stagnation – où l’esprit créatif originel s’est estompé. Dans cette phase, les institutions démocratiques commencent à se dégrader, conduisant à l’émergence de dirigeants autocratiques, ou Césars, qui affirment leur volonté en tant que derniers défenseurs des dernières lueurs de vitalité de la civilisation. Trump, dans ce récit, apparaît comme un César de l’Occident, luttant contre les forces du chaos et de l’entropie qui menacent d’engloutir les vestiges des réalisations de la culture.
Le marais, dans le contexte du trumpisme ésotérique, éclipse sa métaphore politique conventionnelle en tant que terme désignant des agences retranchées, secrètes et subversives. Au lieu de cela, il prend vie de lui-même, représentant une entité chthonienne primordiale dont les tentacules ont atteint le cœur du pouvoir américain. Il ne s’agit pas d’un simple bourbier politique, mais d’une force ancienne, antérieure à la République elle-même, alimentée par ce que l’on ne peut décrire que comme des énergies surnaturelles. La lutte de Trump contre cette présence sombre est dépeinte sur des tons lovecraftiens, où les enjeux ne sont pas seulement des victoires électorales ou des changements de politique, mais l’âme même de la nation. Sa présidence devient une bataille métaphysique, Trump étant présenté comme un héros moderne qui, comme les Césars imaginés par Spengler, refuse de capituler devant la pourriture qui enveloppe sa civilisation. Chaque décret exécutif, chaque manœuvre politique, est compris comme une tentative audacieuse de démanteler cette machine des Grands Anciens qui a fonctionné de manière invisible pendant des siècles. Le défi de Trump est décrit comme une prise de position courageuse, presque tragique, contre l’inévitable. Il ne se bat pas pour son gain personnel, mais pour conjurer l’obscurité qui menace l’Occident. Selon le philosophe ontologique Martin Heidegger, le Dasein (littéralement “être-là”) désigne le mode d’existence distinctif qui caractérise les êtres humains, défini par leur capacité à prendre conscience de soi et à reconnaître et à exploiter leurs propres potentialités. Contrairement aux autres êtres, les humains sont conscients de leur propre existence dans un contexte temporel et historique, conscients à la fois de leurs limites et de leurs possibilités d’action. Le Dasein n’est pas seulement être présent dans le monde ; il implique un processus actif de compréhension et de déchiffrage de la place que l’on y occupe, façonnant et étant constamment façonné par son environnement. En ce sens, le Dasein n’est pas du tout individuel, mais complètement lié à son contexte historique et communautaire, un être-au-monde qui est fondamentalement façonné par sa place dans le continuum de l’histoire. Le populisme de Trump, vu sous cet angle, peut être vu comme un réveil du Dasein collectif du peuple américain. Sa rhétorique de revendication de l’identité nationale et de la souveraineté est donc une invocation à la réalisation d’une existence authentique, où les individus ne sont plus perdus dans les tyrannies impersonnelles du globalisme et de la bureaucratie. Son appel aux « hommes et femmes oubliés » puise dans une angoisse existentielle, reconnectant les individus à leur noyau communautaire et historique, les poussant à s’élever de l’aliénation de la vie moderne et à réaffirmer leur Être dans l’arène politique.
Heidegger parle du Dasein comme étant fondamentalement préoccupé par sa propre temporalité, conscient de sa finitude éventuelle et animé par le besoin de se projeter authentiquement dans le futur. Le populisme de Trump reflète cette structure du Dasein, où son appel à “Make America Great Again” sert de pont temporel entre un passé nostalgique et un futur projeté qui cherche à retrouver une essence perdue. Au sens heideggérien, le mouvement de Trump peut être vu comme une réalisation collective du “rejet” du peuple américain dans une existence globaliste inauthentique. Son message populiste offre un moyen de se réapproprier le destin historique, de sortir du “soi” d’une existence anonyme et aliénée et d’entrer dans un mode d’être plus authentique.
Trump reflète également la vision du philosophe idéaliste Georg Wilhelm Friedrich Hegel, dont le concept d’esprit du monde représente le déploiement de la raison universelle à travers le processus historique, où la conscience de soi de la liberté se manifeste à travers différentes nations et époques. La caractéristique dialectique de l’esprit du monde révèle que rien n’est permanent, car tout est en constante évolution, s’efforçant d’atteindre une réalisation supérieure. Comme l’affirme Hegel, « ce qui est rationnel est actuel, et ce qui est actuel est rationnel », et le populisme de Trump peut être interprété comme un moment essentiel, une réaffirmation de l’esprit intrinsèque de l’Amérique contre les impositions de la modernité technocratique. Le populisme trumpiste reflète l’effort de la nation pour préserver sa manifestation unique de l’esprit du monde, renforçant le patriotisme comme force de base et principe directeur dans le processus historique en constante évolution. Ainsi, Trump a complété le système de l’idéalisme allemand. Le nationalisme économique de Trump et ses politiques visant à restaurer l’autarcie américaine – par le biais de droits de douane, de contrôles de l’immigration et de réduction des dépendances mondiales – sont emblématiques du dernier effort d’une civilisation mourante pour se préserver. Spengler a écrit qu’à mesure que les civilisations entrent dans leur phase finale, l’État devient avant tout un objet économique, la compétition pour les ressources et la souveraineté prenant le pas sur d’autres préoccupations. Les guerres commerciales de Trump avec la Chine et ses efforts pour relancer l’industrie américaine ne sont donc pas de simples stratégies politiques, mais les actions d’un César cherchant à préserver l’autonomie matérielle et culturelle de son peuple face à un ordre mondial envahissant. Ces actions reflètent l’image spenglérienne d’une civilisation s’efforçant de maintenir sa vitalité, même si elle se rapproche de sa chute inéluctable.
Dans le trumpisme ésotérique, Trump n’est pas considéré comme une aberration mais comme une figure prédéterminée, un produit du moment historique. Ses tendances d’homme fort et son rejet des normes démocratiques libérales de l’après-guerre sont considérés comme des réponses nécessaires à l’effondrement des structures de gouvernance occidentale. Le trumpisme ésotérique présente ces traits non pas comme des défauts mais comme des vertus chez un dirigeant confronté à la fin d’une civilisation. Comme les Césars de Rome, l’ascension de Trump est présentée comme l’émergence d’une nouvelle forme de leadership adaptée aux défis d’un monde en décomposition.
Les confrontations de Trump avec l’agenda globaliste, notamment dans les domaines de l’environnementalisme et de la politique économique, reflètent également les thèmes spenglériens. Spengler était sévèrement critique envers la société technocratique moderne, mettant en garde contre ses effets déshumanisants. Le rejet par Trump des initiatives de lutte contre le changement climatique et son adhésion à la croissance industrielle peuvent être considérés comme une réaffirmation de l’esprit faustien – un refus de céder aux tendances passives et nihilistes qui apparaissent dans les civilisations en phase avancée. Son insistance sur le nationalisme économique et l’indépendance énergétique reflète un désir de maintenir le contrôle sur la nature et les ressources, en accord avec la quête faustienne du pouvoir que Spengler voyait comme caractéristique de la civilisation occidentale.
Le trumpisme ésotérique positionne le phénomène Trump comme une défense cruciale, bien que controversée, contre la putréfaction culturelle et politique qui assaille l’Occident. Le rôle de Trump va au-delà des simples décisions politiques et entre dans le domaine du leadership emblématique – une figure de proue luttant contre l’hydre de la dissolution qui érode la civilisation occidentale depuis des décennies. Son rejet du “wokenisme” et du programme libéral extrême – qui se manifestent dans des politiques culturelles prônant un multiculturalisme sans contrôle, des idéologies radicales de genre et la suppression des valeurs traditionnelles – illustre ce conflit plus large. La résistance de Trump à ces idéologies – comme son opposition à la théorie critique de la race dans l’éducation et les programmes fédéraux de formation, et sa défense de la liberté d’expression contre la censure des médias sociaux – signale un refus de permettre au programme “progressiste” de dissoudre les fondements culturels de l’Occident. Les guerres culturelles auxquelles il a participé ne sont pas de simples escarmouches, mais symbolisent un affrontement plus vaste entre les entités malveillantes qui cherchent à démanteler l’identité fondamentale de la civilisation occidentale et les gardiens, comme Trump, qui visent à la préserver.
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